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„ ne, & qui femble avoir etc fuivie par quelques nouveaux Grecs, n'effi point
„ la véritable creance des Iberiens, qui faivent exa£lement la Foi de l'Èglifè
„ Grecque ; mais que ce qui aura donné occafion à leur attribuer cela, eft
„ parce qu'ils n'ont qu'un lieu, où ils mettent après la mort les ames des
„ damnés & de ceux qui ibnt cenfes être dans le Purgatoire. Or comme ils
„ prient indifféremment pour toutes les ames qui font reniermees dans ce lieu
„ qu'ils nomment Enfer, que Dieu les délivre des peines de l'Enfer, & qu'il
les veuille transferer de cette prifon obfcure au lieu de lumiere & de joye,
„ qui eft le Paradis -, il a été facile d'inferer de là, qu'ils ne croyent pas que
•„ l'Enfer foit pour toujours: ce qui fe doit entendre avec rcllriaion, & d
„ l'égard de certaines ames feulement, qui font leur Purgatoire en ce lieu-là.
„ Les Iberiens ont aulTî les mêmes (entimens de la Confellion que les Grecs,
„ & en parlent de la même maniéré" (mais, fnivant le P. Zamfi, les Mingreliens,
qui doivent être comptés entre les Iberiens , ne ic confèflcnt gueres;
pas même à l'article delà mort. Il ajoute que les Prêtres font payer fort
cher la.Confèllîon. Auili eft elle fort neMigce, ßc cela, comme on voit, fe
doit bien plutôt attribuer à l'avarice des Eccleliaftiqucs, qu'à l'ignorance & à la
pauvreté des peuples. Comme il eft ordinaire chez les Prêtres Grecs de fe prévaloir
des foiblefles & des frayeurs qui troublent les pénitens, & de les engager
à racheter leurs pèches par despréfens, les Papas deGeorgie, pour les imiter,
ont établi l'ufàge de faire aclieter la Confellion. 'Voilà la vraye origine de
cet abus. Ce même Millîonnaire ajoute auffi, que l'u&ge de ces peuples eft de
lê contenter d'un Confeflèur titulaire, qu'ils appellent Moraguary. Ils payent d'un
préfent le titre qu'ils lui deferent, & ne fe confeffent jamais. L'ufagc eft auflî
d'acheter l'abfolution des pèches paffés, préfens & à venir, mais cette abfclulion
êft fort chère. Les mourans l'emportent dans l'autre monde. Enfin, nous
dit on encore, les Ecclefiaftiques eux mêmes évitent la Confeflion, parce qu'ils
font très fouvent Polygamis, fornicateurs & adultérés. Au lieu de fe confeffer,
Ss vôht fe lavet dans une riviere âvant que de dire la Meffe. On peut voit
un plus grand détail de ces abus {a] dans la Relation du P. Zampi.) Je reviens
à celle ciuP. Amtaholis. „ Ils travaillent les jours de fetes les plus folennels,mêj,
me le jour de la Nativité de nôtre Seigneut : mais cela n'eft pas éloigné des
,, ufages des premiers fiecles. Leur maniéré de baptifer eft telle. Premièrement
„ le Prêtre lit un grand nombre d'oraifons fur l'enfant; & quand il vient au.r
„ paroles où nous faifons confifter la forme du Baptême, il ne s'arrête point,
, , mais il les lit de fuite fans baptifer en ce tems-là l'enfant : puis fi-tôt que la
„ leaure eft achevée, l'on dépouille l'enfant, & il eft enfin baptife par le
„ Parrain, & non par le Prêtre; ce cjui fe (àit fans prononcer d'autres paro-
„ les, que celles qiii ont été prononcées quelque rems auparavant. Ils ne fe
„ mettent pas fort en peine de recevoir le Baptême. Ils rcb.iptifent ceux qui
„ retournent à la Foi après avoir apoftafié. Le Prêtre feul eft parmi eux le
„ veritable Miniftre du Baptême: [b) de forte que faute de Prcnres, un en&nt
j, mourra fans être baptifé; & il y a quelques-uns de leurs Dofleurs, qui
„ croyent qu'alors le Baptême de la mere futh't pour fauver l'enfant. Ils don-
„ nent aux en6ns avec le Baptême la Confirmation & l'Euchariflie. Ils fe
„ confelfent pour la premiere fois, quand ils fe marient, ce qu'ils font auflî
„ quand ils fê croyent à l'extremité : mais ils fönt leur Confeflion en qu.atrc
„ mots. Si un Prêtre tombé dans quelque impureté s'en confellè, le ConfefTeur
„ ne
(a) Inferée cfèns le Tome VU. du Secutil de I^ojage, au Nari.
(t) InferiCHlaohillis^ßdeßtSMerdBi, irf^al mn baptt^A/nr.
R E L I G I O N D E S G R E C S . lyi
„ ne lai permet pas de dire ia Meffc : auffi les Prêtres évitent t'ils de k confeflerde
ces péchés, [a) Ils donnent la communion auxenfans en mourant, & les adul-
„ tes ne la reçoivent que rarement. Il y en a même plufieurs cjui mearenc
„ (ans la recevoir. Le Prince contraint les Eccléfiailiques, même les Evêtjues,
d'aller cl la guerre: & au retour de la ils celebrenc la Mefle, fans aucune diC.
,, penfê de leur irrégularité. Ils font dans ce fèntiment, qu'en un jour on ne
„ doit dire qu'une Mellè fur un autel, non plus que dans chaque Eglifê. lis
„ confâcrent dans des calices de bois, & (h) ils portent TEuchariltie aux mala-
„ des avec une grande irrevcrence, fans aucune lumiere & fans convoi. Eu
„ de certains jours de fêtes les Prêtres affiftent enlèmble à la Meflè de l'Evê-
„ que, qui leur donne l'Euchariftie dans leurs mains, & ils la portent eux-
„ mêmes à la bouche. Les Eccléfiaftiques ne recitent pas tous les jours le
,, Bréviaire 5 mais un ou deux {êulement ie recitent, & les autres écoutent.
„ Celui qui récité l'Office eft d'ordinaire Prêtre, ôc ceux qui y affilient n ecou-
„ tent pas le plus fouvent. La plupart des Iberiens lavent à grand peine les
„ principes de la Religion. S'ils n'ont point d'enfans de leurs femmes, ils les
j, répudient avec la permiffion des Prêtres, & en époufent d'autres ) ce qu'ils
,, font auffi en cas d'adulterc & de querelle. Ils prétendent qu'il ne (è fait
y, plus de miracles dans l'Eglilê Romaine, & (c-) que le Pape ne peut don-
,, ner des difpentes, que dans les choies qui font de droit poiitif, Qc encore
„ eft-il nccefinre qu'elles ne foient pas de grande conièquence.
„ (d) Le Perc Avitabolis décrit dans la même lettre au Pape Urbain VIII,
„ l'état politique des Iberiens i &: il remarque entre autres chofos, la grande
,, autorité des Princes & des Nobles: caries Princes, làns (è foucier de tout
j, ce qu'on appelle liberté ou immunité Eccléfiaftique , le letvenc des Prêtres
yy comme de valets. Ils méprilent les Evêques, Se les châtient. De plus ils
„ n'obéiffient point au Patriarche, qui- prend la qualité de Catholique ou Uni-
„ verlel ; &: partant ce n'eft point le Patriarche qui tient le premier rang pour
„ le fpiritucl, mais le Prince, qui eft le maître abfolu tant dans le temporel
„ que dans le {pirirucl. Les Nobles font aulli la même cho{è dans les terres
,, de leur dépendance à l'égard des Evêques Ôc des Prêtres. Le Prince a foa
„ fuftVage dans l'éledion du Patriarche avec les Evêques, & tous élifent celui
„ qu'il fouhaite. La volonté du Prmce & de chaque Seigneur en particulier
„ dans lès terres leur fert de loi, ils n'ont point de Juges pour examiner la
„ juftice des caufes; ils n'ont point aulli d'ordonnances particulières (iir lef-
„ quelles ils (c puisent regler, n'admettant pas même les témoins. Les Pria-
,, ces difpoiênt à leur volonté des biens de leurs Sujets, aulîi bien que de leurs
3, perfonnes. Entîn le Patriarche de Conftantinople envoyé fouvent en ce païs-
„ là des Calogers, pour les entretenir dans l'inimitié contre le Pape.
„ Cette lettre a été écrite en 1 <3 5 1 . au Pape Urbain VIII. par le P. Avita-
,, bolis, qui ctoit alors à Goris dans la Géorgie ou Iberie, & l'on a infère dans
„ le même livre de Galanus les lettres du Prince des Georgiens à Urbain
„ VIII. qui font dans les Archives de la Congregation de Propaganda Fide.
3, Ce Prince remarque entre autres choies dans là lettre , que la foi a été
, , confervce pure dans fes Etats depuis Conftantin le Grand, jufqu'à foiî
j, tems, & il accorde une Chapelle aux Millionnaires de Rome, afin de
(.1) Piicris morUntibus prdent EncharißUm,
(l>) Eitchariß'him difcunt ad infirmas maxima i
(0 SoitÎHHt PoMificem in jure äwtttixat foßtivi
Çd) AvnJj. Rel. Thovm.
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t irrevtrtntia, fini cmitatu é" luminiiw
ifftnjart pojfe, ftä in rs Itvi, no» gravi,
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