
272 III. D I S S E R T A T I O N SUR LA
,, à ce mort les raifôns qu'il a eu tie mourir, Ci Ces affaires n croient pas en
„ bon erar, s'il n'avoir pas dcquoi vivre &c. (Le mort ne repondant point)
j , l'on commence par faire un préfênt de biere, d'eau de vie & d'hidromcl au
Prêtre, afin qu'il Bfle des prieres pour l'ame du défunt. On lave bien le
„ corps, & après l'avoir revêtu d'une chemife blanche, ou envelope d'un
, , liiaire, on lui chauffe des louliers de cair de IhiUie^ & on le met dans le
„ cercueil les bras pofcs fur l'ellomac en forme de croix. Les Mofcovites
„ font les cercueils du tronc d'un arbre creufé. On couvre ce cercueil d'un
„ drap, on bien de la cafàque du défunt, (mais on ne le porte à l'Eglilè
„ qu'après l'avoir gardé huit ou dix jours au logis, pourvu que la fàilôn le
„ permette, ou que cela s'accorde avec la condition du mort. Qui croiroit
„ qu'une vanité fi ridicule pût mettre de la différence entre le Gentil homme
„ & le bourgeois, le pauvre & le riche î On s'imagine (ans doute qu'on doit
„ être beaucoup mieux reçu dans l'autre monde, pour avoir été gardé plus
„ long rems dans celui-ci. Qiioiqu'il en foit) le Prêtre donne de l'encens & de
„ l'eau benite au mort jufqu'au jour de l'enterrement.
„ L'ordre du convoi (e fait de la manière fuivante. A la tête marche un
„ Prêtre, qui porte l'image du Saint que le mort a reçu pour Patron à [on
„ Baptême. Il efl fuivi de quatre filles proches parentes du défunt, qui fer-
„ vent de pleureufes, (ou à leur défaut de quelques femmes louées exprès pour
„ cette lugubre ceremonic. ) Après cela fuit le corps que fix hommes por-
„ tent fur les épaules. Si c'eft un Religieux, ou une Religieulê, (es confreres
„ ou (es compagnes lui rendent ce dernier devoir. D'autres Prêtres marchent
„ aux deux côtés du corps & l'encenfent en chantant, pour éloigner les mau-
„ vais efprits. Les parens & les amis fuivent. . . . chacun le cierge à la
„ main. . . . Lorfqu'on ell arrivé à la folfe, on découvre le cercueil & l'on
„ tient l'image du Saint fur le mort, tandis que le Prêtre fait les prieres, ou
„ recite quelques paflàges de la Liturgie. Après cela les parens & les amis,
„ diftnt adieu au défunt en le baiCint, ou en baiûnt fon cercueil. Le Prêtre
„ s'approche Se lui met le palîèport dans la main. Ce palTeport eft figné du
„ Métropolitain & du Confeifeur, qui le vendent (plus ou moins cher) fe-
„ Ion (les moyens &) la qualité des per(ônnes qui l'achetent. " (a) ( Il contient
un témoignage de la bonne vie, ou tout au moins de la répcntance du
mort.) (h) Quand un mourant a reçu la derniere benediction du Prêtre, &
qu'après fa mort il tient fon certificat à la main, on ne doute plus qu'il ne
foit reçu dans le Ciel. Le Prêtre adreffe prefque toujours le mort à Saint Nicolas.
Enfin l'on ferme le cercueil, on le delcend dans la f o f f e , le vifage du
mort efl: tourné du côté de l'Orient, Se l'on prend un dernier congé de lui par
de véritables pleurs, ou du moins par les pleurs qu'on a acheté.
On diftribue fbuvent des vivres & de l'argent aux pauvres qui le trouvent
près de la foffe : mais un ufage peut être plus commun encore, c'eft que fuivant
Olearius, „ o n noye (on deuil & fon afBidion dans l'iiidromel, & dans
„ l'eau de vie." On fait que les Ruffes & plufieurs autres Nation, principalement
les Septentrionales, ont conlervé la coutume de làirc des repas funebres,
& il n'arrive encore que trop fouvent qu'on s'enivre en cette occafion à l'honneur
des morts; même chez quelques Nations des mieux policées de l'Europe.
Pen-
(n) On peHt voir un de ces pafleports dans Olearint.
0) Perrj ubi fup. p. z i i .J
R E L I G I O N DES G R E C S . 273
Pendant le deuil qui ell de quarante jours, on fiit trois fcflins mortuaires
i aflavoir le troifieme, le neuvième & le vintième jour de la fepulture Un
Prêtre payé pour le foulagement de l'ame du mort doit employer les quiirante
jours a prier foir & matin pour ce mort dans une tente dreilee exprès fur le
tombeau. On célébré auffi tous les ans la commemoration des morts laquelle
confiffe principalement à pleurer fur les tombeaux, & à les fiire'encenfer
par des Prctres mercenaires, [a) qui, outre la piece d'argent qu'ils reçoivent
pour leur encens, ou plutôt pour la cire, dont ils parfument les fepulcres
profitent auffi de plufieurs fortes de mets que l'on y porte, ou des Aumônes
qu'on y laiffe pour les pauvres. A propos de ces Aumônes, il ne faut pas
oublier {h) la remarque d'un Voyageur. Les Mofcovites les employeur comme
une compenfation de leurs injulHces. Nous connoiffons trop le mérité de
cet ufage pour douter de fa vérité. Combien d'oeuvres pies & de fiintes donations
ne lui doit on pasî Les donateurs lui doivent auffi (c) des certificats de
vertu & de (âinteté.
(.») Okar'mt ubi fup. Livre I.
C^) Le même Livre I IL
w C»-»;»" Liv. V I I de fes Mémoires rapporte, qu'un de ceux qui lui montrèrent àPavie le corps
U y .. lui demandai, dit C « , pouî-
„ quo il lappello.t W & qu ,1 pouvoir voir pcmtes à l'entour de lui les armes de plufieurs me's
, , q u d avo,D ufurpees, où ,1 n'avoit nul droit il me repondit tout bas : J„U.n, , „ » „ „
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