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376 D I S S E R T A T I O N S SUR LA
vans. Si l'on n'a rien à dire des morts, ou fi l'on a plus de mal que de bien
à çn rapporter, l'Ecriture Sainte ne manque pas au befoin & peut fournir dequoi
nourrir la pieté de l'aiTemblée. C'eft ainfi que s'exprime mon Auteur
Saxon. Il feroit bien à fou'.iaiter que tous les faifeurs d'oraifons funebres &
de panégyriques conniifTent cette méthode, au lieu de confondre fi fouvent &
fi hardiment des -vices fardé: fous le nom de Vertus Chrétiennes.) „ Après
,, que le Sermon efl: fini , on lit encore en public un abrégé de la vie du
„ défunt, on fait des éloges à ceux qui s'en font rendus dignes par leur pic-
„ té, & s'il y en a qui ont mal vécu, on ne laiflè pas d'en faire mention
j , pour la corredion des vivans. La coutume efi; aufli de faire des proceflïons
„ fonebres pour accompagner le corps du défunt au tombeau. On chante
3, alors des Cantiques convenables à cette ceremonie. En quelques endroits
3, on invite les principaux de la Ville à ces procelïîons funebres, du moins fi
„ le mort étoit une perfonne diftinguée; & ceux qui affilient à cette ceremo-
3, nie reçoivent une retribution, chacun felon fon rang & ià diftin£lion. Les
„ funerailles des pcrfonnes riches font fort avantageufes aux Codeurs Se à d'au-
„ très perfonncs de cet ordre, & font pour ainfi dire une partie de leurs reve-
,3 nus".
Le jour de l'enterrement, dit l'Hiftorien des Ceremonies de Saxe, les parens
, les voifins &: les amis s'étant alTemblés dans la maifon du défunt, un
ou plufieurs Minières Lutheriens, s'y rendent aufii avec un cortege plus ou
moins nombreux de jeunes écoliers, qui ont à leur tête leurs maitres d'école.
Cette troupe d'écoliers chante d'abord devant la porte deux ou trois Hymnes
ou Cantiques funebres 3 après quoi ils marchent devant le convoy funebre,
ayant eux mêmes un grand Crucifix devant eux ou une croix fimple. Un
petit Clerc 3 ou quelqu'autre jeune écolier 3 marche près du corps avec une petite
croix que l'oa mer enruieo fnr l'ciiJluic J u t-iiiictictc où le mort a été enterré.
Les p.irens & les amis fuivent le corps, les Jmmmes. l<!s_pt«nkis , les
femmes enfuitc3 & pendant la marche on fonne ordinairement les cloches3ce
qui {è fait feulement pour honorer le défunt 3 on chante des Hymnes & des
Cantiques. L'ufàge efl: aulli, nous dit-on, d'ouvrir la bierre près de la fèilè,
& de regarder le mort, après quoi on la referme en chantant un cantique
convenable. Enfuite le Miniflrc dit une colleéle & prononce la benediélion.
La proceffion fiinebre fè rend à l'Eghfè lorfqu'il doit y avoir un Sermon à
l'honneur où à l'intention du mort.
Tous ces ufages ont dégénéré, dit on, à Hambourg & en d'autres endroits
d'Allemagne en des excès & des ftiperfiuitcs ridicules & fouvent même onereufes
aux familles. S'il en faut croire un écrivain qui cft lui-même de Hambourg
, (a) les obféques des habitans de cette ville y font chargées de petits
détails auxquels on s'attache aufli ièrieuièment qu'a des a£tes de Religion, &
que la vanité de ces Marchans a rendu comme eflèntiels à leurs funerailles.
Il paroit encore qu'on y a beaucoup d'attention à recommander par des claufes
teftamentaires l'exade obfervation de ces détails. Il faut à quelque prix que
ce foit un éloge funebre au mort, êc même un éloge circonfl:antié, où, s'il
faut ainfi dire, l'on a grand foin de remplir par des amplifications tous les
vuides de {à nailfance Se de fa vie. Quelque roturier que fut le défunt fon
cerf.
i) Extrait d'un Ouvrage Allcman qu'on appelle le Patrhle dans les Ltttr, Stritufis bnHinu Tom,
V I L pr, p. -
RELIGION DES PROTESTANS. 377
cercueil doit être armorie. Il (a) s'y montre aux fpedateurs en belle perruque
Se en habits de ceremonie, éclairé de plufieurs bougies & gardé par des femmes,
qui,Ièlon les termes de cet Auteur Alleman, fa-vent comnent il faut -viin-e aijec
les morts dy fi cmvoipnt en préfages. Le cercueil répond à la magnificence de
l'appareil. On oblèrve toujours de le faire auffi riche Se auifi propre qu'il foit
polîîbie. Je fuis perfuadé que le fafte de cette ceremonie peut fort bien effacer d.ans
l'efprit des (peâateurs plufieurs défauts capitaux du mort,& fouvent même affurer
le mérite de Ca vertu devant les hommes. Ce fafte continue du même air lors
qu'on ferme le cercueil, à {h) la collation que l'on iert alors, à l'égard des porteurs
(c) que l'on employe pour porter le corps au cimetiere. Se même aux aumônes
que donnent ceux qui mènent le deuil.
Paffons à divers autres ufages : je ne fai fi celui-ci eft particulier aux Danois,
(i) Quand le corps a été mis dans la foflè, le Pafteur jette deifus trois fois de
la terre : à la premiere fois il dit, îii ès né de la terre, à la lèconde, tu rede-
-viendras terre , & à la troifième , tu rejfufciteras de la terre. Après cela ceux
qui ont porté le corps achèvent de remp ir la fofle. L'Oraifon funebre fuit
la (èpulture, fi les parens la veulent payer, ou fi le mort a laiifé de l'argent
à cette intention. Qiiand on enterre tout à la fois plufieurs morts, on peut fe d if
penièr du détail Se faire pour tous une feule oraiîbn funebre. A Dantzig {e)
le voyageur qui luivit le Comte d'Avaux dans le Nord vit un enterrement
dont la ceremonie étoit telle que voici. 3, Les écoliers marchoient à la tête aj3
vec leur maitre 3 tous dans leurs habits ordinaires. Les principaux écohers
,3 marchoient les premiers, Se les moindres les derniers. "Tout cela chantoit
„ à la Lutheriene. Le corps fùivoit porté fur un brancart par huit hommes,
), tous honnêtes bourgeois, & portant à la main une maniéré de bouquet fait
5, de fil d'or Se d'argent. Apres le corps marchoient quatre fils de la défunte
,3 (c'étoit l'enterrement d'une ineic-dt- fim.aïc) -iiin^i J m r n 3 les deux plus
3, jeunci cnfiilr», .ou« longs mantcaux de deuil Se le chapeau baiffé fur les
j , yeux. Le mari, qui venoit après fes fils, étoit habillé de même. Se fecou-
„ vroit le vifage avec fon manteau. Il étoit accompagné & fuivi des proches
3, parens, qui précedoient immédiatement les principaux de la Ville & les Ma-
„ giftrats. Se ceux-ci précedoient à une diftance raifonnable la marche des
,3 femmes. A la tête de celles ci on voyoit les filles de la défunte 3 qui fe
33 cachoient le vifâge avec un mouchoir 3 Se marchoient en s'appuyant fur
,3 des fervantes. Les autres femmes venoient enfcite toutes en noir Se mar-
33 chant gravement deux à deux. Les filles font exclues de cette ceremonie.
33 Après l'enterrement ce convoi funebre entra dans l'Egliiè. L'on y chanta
„ Se l'on y pria Sec. "
L'ufage de couronner les morts connu Se pratiqué dans l'antiquité eft reftc
aux jeunes filles Se aux jeunes garçons en frife 3 du moins en quelques endroits.
Divers Allemans l'obfervent auffi, mais principalement pour les enfans.
Autrefois les Hollandois & les (ƒ) Erifons mettoient trois couronnes
fur
(A) On obferve le même ufagc en d'autres Etats d'Allemagne.
(l>) Selon h defcription de ce PAtriote „ on fert des bifcuits avec une couronne de fucre candi, ou
7, un bouquet de cire entoure de maflèpains, où l'on lie en lettres de lucre le^ nom & l'année du dé-
„ cés du mort."
(c) Il y en a douze : ce font des huiflïers de la V i l l e , dit ce Patrine , quatre autres huifTierî ayant d«k
baguettes à la main les conduifent.
id) Terpager Ritualt Ecclef. Dama Sci.
(e) Ogerii Ephemerides ,Jîve lier DM, &C.
(f) Imrod. Aft ceremonial des merremns par M. van Alkemade pag. iff & 17.
Tome III. Part. II. Ccccc
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