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R E L I G I O N DES GRËCS. m
de ces baifcrs de dcfemonié, dont je viens de parler à l'Otdination du PrêtW, &
terminée par quelques benediflions. Entre ces benediaions il faut remarqueï
fur tout celle de la Chaire fufrcmc, ou pour mieux dire, du Confeil jupime,
qui efl:, felon (a) l'Evcque de Vabres, la Sainte Trinité ac l'aflemblée celefte
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Anges & des bienheureux. Sur cette Benediftion le fàvant Prélat remarque
fort bien qu'il ne faut pas la confondre avec les autres. Celle-ci tend
à honorer Dieu, à lui témoigner notre obeilTance &c. Cela (bit dit ici en
palTant. Je ne 6is aucune mention de quelques récits & leçons de divers
paflâges de l'Ecriture , & de quelques verlëts des Plëaumes, ni de l'encens
dont le Diacre parfume le Patriarche, les Prélats affiftans, le relie de la Hiérarchie
& l'Autel, ni de la leûure de l'Evangile par un Diacre, ni de cette
autre benediflion que ce Diacre demande à l'Ordinant pour le frédicatcur
de tEvangik, qui eft le Diacre lui-même. Je palTe enfin tout ce que le Pontifical
prelcrit enfuite pour s'acquitter dignement de cet exercice fpiritael, où les
évolutions, les repetitions & les ceremonies font tout auffi fréquentes , auHî
variées que les nôtres, 6c où je ne doute pas que la combinaifon des mouvemens
extérieurs du corps avec ceux de l'ame ne foit aufli difficile que chez
nous.
Quand je dirois au Lefteur , que la benediition de l'Evcque va devant
celle du Prêtre, & ainfî de fuite (èlon la dignité de celui qui donne la benediaion,
je ne lui apprendrois tien de nouveau. Je lui dirai donc (êulement,
que chez les Grecs le Prélat Officiant donne fi benediftion folemnelle à la
porte du Sandtuaire après la Communion générale. Chez les Lanns au contraire
l'Evcque la donne à l'Autel & avant la Communion. Je remarquerai
encore, que les Grecs ne fe mettent point à genoux pour recevoir la benediction,
ou que du moins ils ne s'y mettent que fort rarement, que l'Evêqué
Grec obfèrve, en donnant fi benedi£tion, de former avec les doigts les lettres
du nom de Jefus Chrift de cette façon I. C. X. C. Pour ce qui eil des myfteres
que l'on trouve dans cette main étendue & ouverte qui donne la benediftion,
je les abandonne à ccux qui ont cherché des types & des allegories
jufques dans la barbe d'Aron Se qui en trouveroient dans celle d'un Suisfë,
fi les Suiflès étoient aujourd'hui les gardes & les Miniftres de l'Autel, comme
les Levites étoient autrefois chez les Juifs.
Ce que j'ai dit des Moines dans la premiere Differtation ne fufit pas : il
faut en parler encore. Un ancien les a appelle les Philolôphes du Chriftianif
me. Ifidore appelle leur dilciphne la Philofophie Monaftique. Il y a eu tant
de fortes de Pliilofophes chez les Payens, & le Chriftianifme a vû naitre tant de
différens Ordres & de fmguliers caraderes de Moines, cju'on peut .appliquer à ceuxci
tout le bien & tout le mal des premiers, fanatilme, cliimeres, raifon,volupté,
temperance,orgueil, modeftie,folie, fageflè, pieté , fuperftition. En
general il y a cette différence entre les Philolophes & les Moines, que les premiers
ont entretenu les lumieres de la Religion naturelle dans le Paganilme,
& que les derniers ont allés fouvent oblcurci celles de la Religion revelée par
de taulfes fubtilités, par des queftions inutiles, par des imaginations nouvelles
& extraordinaires, dignes fruits de la triileflè des delèrts & de la fohtude des
Couvents ! que l'on n'a que trop malheureufcment honoré du beau nom de
Sainteté. Autrefois les Moines Grecs appelloient leurs retraites d'un nom que
les
(c) H^hert ubi fup. pag. 94.
Tome m . Part. I. H
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