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rcment,comme legitime. Au relie, j'ai évite de m'étendre dans cette Diflèrtation
fuccinte fur toutes les voyes de conciliation, de reunion, & de pacification
propofccs depuis les commencemens de Luther julcjti'à la fin du Concile
, pour rameyier les hrehïs égarées au bercail y & lûr les disputes peu E'vangeli-
J»«,qui scleverent entre les Zwingliens & les Sacranientaires, dont on trouve
un ample détail dans l'Hijloire Sacramentaire d'Hofpinien. A l'égard des projets
de reconciliation propofes depuis le Concile , il fuffita d'indiquer en peu
de mots ces reunions propofces de tems en tems par des particuliers ou par des
Synodes entre les Communions différentes, Cadioliques, Luthériens & Calviniftes.
Celle des Luthériens & des Calvinilles à été tentée dans le Colloqiie
de Montbeliard en 1 5 8 ^ . & dans plufieurs Synodes tenus tant à la fin du feiùeme
fiecle,quedans le dix-lêptième. Je trouve dans le ÏG. qu'en l'année i 570.
au mois d'Avril il (c tint à Sendomir en Pologne, un Synode general entre
les Miniftres des Confeilîons d'Augsbourg, de SuifTe & de Boheme, où l'on
déclara que ces trois Confelfions s'accordoient dans les points capitaux avec
l'Ecriture. A l'égard de l'affaire de l'Euchariilie, on '{a) s'expliqua fuivant la
Confefllon de Saxe : par ces paroles : „ nous nous accordons à croire unani-
„ mement &; à confeflér que J . C. eft vraiment & fubftantiellement prelènt
„ dans la Communion. . . , La prefence fubftantielle de J . C. n'eft pas (êu-
„ lement fignifiee par la Cenc, elle eft même rendue prcfente, diftribuée &
„ donnée à ceux qui y mangent, les fignes étant joints à la choie même &
J , n'étant nullement nuds, felon la nature des Sacremens". Je ne doute pas qu'un
leéteur intelligent ne fente l'équivoque 6c l'obfcurité de ces termes. Quoi qu'il
enlôit, cet accord fut ratifie en 1 5 7 5 au Synode de Cracovie, en i $ j j à
celui de . . . . en I 5 8 ; à celui de 'Wlacliflaw, & enfin à celui de Thorn
en 1 5 5 5. La même reunion fut l'objet du Colloque du Montbeliard. Les Théologiens
Luthériens, dont les principaux étoient(J)JaquesAndré,ou d'André &Luc
Ofiander, y disputèrent mr les- points controverles contre Theodore de Beze,
Mulculus S: quelques autres. La Conference fe termina (ans rien faire après
avoir duré neuf jours. Les Luthériens refùlèrenc la main de fraternité à
Beze, offrant feulement de la donner en Jigie ihumanité. Beze la refiifà, en déclarant
qu'il ne la recevoir point de ceux qui refiifoient de le reconnoitre pour
frere. [c] Le Synode tenu à Vitré en l'année 1 5 8 3 . avoit auffi chargé le
Miniftre Chandieu, & à (on défaut de Serres d'un projet de reunion avec les
Eglifes d'Allemagne. Les éloignemens des Lutheriens n'empêcherent pas que
(d) celui de Charenton tenu en i6;7. ne déclarât les Freres Lutheriens admiffibles
à la Communion des Eglifes Reformées fans faire abjuration, & capables
d'être vrais Se legitimes Parrains des en&ns qu'ils prélênteroient au
Baptême. Para:us Théologien Proteftant travailla au(H pour la reunion de ces
deux partis vers l'année i S i 4. Environ dix-fept ans après, il y eut une conference
à Liplig entre les Théologiens des deux Communions. A peu près
dans
f4) Convimtnm Ht crtdamHt tir confittimur, JUf/Jiantiabm prdfeittiam Oirijil non ftgnifmn tlii>irAx4t, fU
litre M CMA ta vefcentibHl, reprafititari ^ dipritm ^ exhiberi Corpus ^ Sm^uimm Vomim, Jjwbath ttdjeiîis
t^ rei mimmè nudis, ficmdum jacrjtmentorum rmuriim &c.
C^) Jaques André fumommé Schmidlm,'i caufe qu'il étoit Serrurier de fon métier. Cet homme Te
fit Théologien & fut Miniftre du parti des Lulheiien'i Vèiqitijles, pour le malheur de l'Allemagne,
dit Hofpinitn, Hiji. Sucrtm. part, alters pac. 664. totins Germanii fato Ttmbgus fA^lai tjî. Le même
auteur qui me fournit cette petite relation du Colloque de Montbeliard, le traite" à'hommt ntBnJlrneuftmiit
hitrdi ^ impudefnmtm ambitieux ^ homo monjlro/ljfimè aitdax ^ impttdmtijftme itmliitiojiit.
(c) Voy. ^hei des Sjnodes Nttiomttx T o m . I. X I I . Synode,
i t ) Idem Tom. I f . X X V I . Synode.
RELIGION DES PROTESTANS. 307
dans le même tems un certain Dura;us EcolTois voulut audi fe mêler de cette
reunion, & fut même aidé dans ce grand projet par des Evêques d'Angleterre.
Dans la fuite il étendit fon projet & voulut reunir tous les [a) Chrétiens.
La reunion fut auffi entreprife en l'année iif ; i . entre les Catholiques &
les Lutheriens à l'occafion du Landgrave de Helfe Erneft, qui s'étoit (ait Catholique.
La conlèrence fe tint à Rhinfeld entre fept Théologiens , trois de la
Confellion d'Augsbourg & quatre de la Romaine. On dit qu'un de ces derniers
avoua qu'on ne pouvoir prouver la fupreme Jurisdiélion du Pape ni pat
l'Ecriture ni par les décrets de l'l:glife.
^ Dans la Republique des lettres du mois de Mars année 11587. cl parlé
de l'Ouvrage d'un Lutherien, où la reunion entre la Confeffion d'Augsbourg
& la Religion Evangelique cft propofée en 1 4 . articles, dix-huit dogmatiques
& fix pratiques. 11 ne paroit pas que l'auteur & fon projet ayent
jamais été avoués. Je n'ai rien dit du DialkSicm, ou Conciliateur de Mathieu
Bochart : mais en voici un que je ne dois pas oublier. Cell M. Jurieu qui fe mit au(^
fi fur les rangs. Pour reunir, felon lui, plus efficacement les Lutheriens &
les Calvinirtes, il fit un ouvrage intitulé , Confiiltation amiable fur la paix entre
les Proteflans. Je n'ai pas ce livre, & je fuis obligé de m'en rapporter à l'extrait
qu'en donne l'Evêque de Meaux (BofTuet) dans fon Hipire des Variations
&c. Il paroit par cet extrait, que le fort du livre confifte en des recriminations
contre les Lutheriens & que l'on y étale bien des contradiffions dans le
fyflême de la grace & de la juftification défendu par les Lutheriens : contradidions
qui ont augmente en renonçant aux principes de Luther. On y
étale auffi les dé&uts de Wbiquité. On traite fort mal ce dogme , & l'on
prétend qu'il renferme l'Eutychianifhie. . . Tant de reproches finiffent pourtant
par l'offre d'une tolerance mutuelle que M- Jurieu propofe. Ceft une
efpèce de compenfation, dit le Prélat: pafes mus telle erreur, nms 'vms en pafferons
telle autre heamoup plus étrange &c. Je laiffe le refte de cet extrait ou le
Prélat poufle affés vivement le Miniftre, Ala Diflertation ne doit pas être un
traité de Controverfe,
Je ne dois pas oublier que dans notre fiecle le Roi de Prulfe défunt à travaillé
auffi à la reconciliation des Lutheriens & des Calviniftes, & que B
Piftet célébré Miniftre de Geneve a écrit en faveur de cette reconciliation!
mais jufqu'à préfent les derniers projets n'ont pas été mieux favorifés que les
premiers.
A l'égard des projets de reunion entre les Catholiques & les Calviniftes
voici ce que je trouve de plus remarquable. D'abord il ne faut pas oublier
les livres qui ont été faits pour modérer cette obftination prétendue-Chrétienne
qui repréfente à chaque parti les points conteftés comme autant de
pides infidclles qui éloignent du chemin des Cieux. Camus Evêque de Bellay
eft compté pour un des premiers qui ont effayé de ramener les Reformés
par cette moderation. Il publia pour cet effet l'Awifmement des Proteflans à
l'Eglife Romaine. Veron fit enfuite (h) la Regie générale de la Foi Catholique. L'Eyêque
de Meaux (Bolfuet) ne donna que long tems après fon Expofiim de la
Foi
(a) Voy. Dia. de Bayle articles Durits Se Ferrj.
(S) fero^. qui avoit été Jefiute & qui .felon le pt Simon Tom. I. Lett. 3 î . ne quita la Société que
pour travailler plus librement i b converfion des Caraïtes (Calviniftes) dédia fon livre au Clereé en
1 1 : 4 5 . Le_P. i l » . » loue beaucoup ce petit livre, & dit que les belles maximes dont il eft rempli vec
S l Richelieu que de Veron, qui „'étoit qu'un inftrument employé par le
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