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60 D I S S E R T A T I O N SUR LA
Chrift: dans les fymboles confàcrés, prétendant cjue leur culte Ce termine à
Jefus Chrift dans le ciel. Ce cjiii les fortifie dans ce fcntiment, vient principalement
de ce C]u"on ne voit pas que les Grecs dans la célébration de
leur Liturgie, rendent beaucoup (<»3 d'honneur aux facrcs (ymbolcs après
leur conlccration, comme on £iit dans l'Eglife Latine. Mais on ne doit
pas juger toujours des choies par le culte extérieur j & c'eil en quoi plufieurs
Milfionnaires (è font trompés, aulïi bien cjue les Proteftans, quand
, ils ont voulu regler tes Orientaux fur les ufages de leur Eglife. Il eft cer-
, tain que nous (ommes beaucoup pins refpedueux à l'égard de Jefus Chrift
, dans l'Eiichariftie, que nous ne l'avons été avant le tems des Berengaiiens,
, & meme avant le tems des Proteftans, au moins pour tout ce qui re-
, garde l'exterieur. Ce n'cft: principalement que depuis la naidance du Nef-
, torianifme, qu'on a fait paroître un plus grand refpeét à la Vierge. L'E-
, glife Grecque de plus, n'a rendu des honneurs exceflifs aux Images , que
, depuis les emportemens des Iconoclaftes contre ces mêmes Images. On ne
, dira pas pour cela, qu'avant ces tems-là on n'honoroit ni la Vierge, ni les
, Images. Il en ell de meme des Grecs & des autres Orientaux qui font de-
, meures dans leur ancienne fimplicitc, parce qu'ils n'ont pas eu les mêmes
raifons que nous d'en brtir ; & (b) fi on les accufe de n'adorer point les
» fym-
Sacretnent. On a vû ci-defTus ce que le P. Simofi repond : voici ce quî l'on peut ajouter. La Liturgie
des Grecs m.irque l'adoration de V E u c l w i f t i c en ces termes: O Dien ayés piné de moi t^mjuis Ht
pauvre péckenr. Cette priere , q u e fait à voix balTe le Prctre G r e c , au moment qu'i' éleve le Sacrement,
prouve fans difficulté une adoration formelle. Avec un peu de chicane on dira que ce terme de
Dieu montre que l'adoration fe termine à Dieu & non pas au Sacrement. M^s que ne peut on pas
détruire avec un pareil fubterfuce? On ajoute encore que la Liturçie n'a pû prévoir les queftions fubt
i l c s & l e s mauvaifes difputes des derniers fiecles; qu'ainfi elle s'eft tenue à cette (implicite fi naturelle
à ceux qui vont droit au b u t , & qui a fait l'eflènce des travaux Apoftoliques. Cependant qui devoit
mieux prévoir que J ï f u s Chrift & les Apôtres tous les maux que les Herefies cauferoienc au Ciiriftianifme,
en s'écartant de cette fimplicité? De plus toute l'indévotion des Grecs prouve qu'à l'imitation
des autres Sedes & Religions ils agiflent autrement que les principes ne le demandent. Donnons
en un exemple, qui foit à portée des moindres ledeurs. Où eft l'ennemi du franc arbitre qui puilTe
éviter de démentir plufieurs fois le jour par des avions paifaitcment libres le Dogme dont il s'eft entecé?
La préfence infinie & univ^i-fcUe de Dieu cmpcchc-t-elle les hommes d'agir comme s'il n'exiftoit
pas ? Et ces Théologiens qui fe déchaînent contre certaines explications fur le Menfonge, qu'ils appellent
desWrfyîA«w«,ncBratiqtientils pas tous les jours, dans les diffe'rens détails de la v i e , cecjuieft l'objet de ces
explications blafphcmatoiixs ? ne pourroiton pas dire d'eux, comme D a v i d , qu ilspéch»! (m moins)
fois le jour. Dj même les Grecs agiffcnt contre les principes en manquant de rcfpeft" & de dévotion i
r t u c h a r i f t i e . Toutes les Relations" que l'on cite pour montrer ce manque de dévotion montrent encore
mieux leur mifere & leur ignorance, un defordre d'idées fur la Religion, qui eft une fuite de l'une
& de l'autre. Si le Calvinifte objefte !a fuperftirion de ce culte, en faveur des Grecs & conformément
aux idées qu'il s'en fait, f u r quel fondement voudra-t-i! que les Grecs ayent cette dcUcatcfle, o u , fi l'on
veut,ccttc fpiriiuMré des Reformés, qui n'adorent J e f u s C h r i f t que dans les c i e u x ,& non dans les f y m -
boles confacrés, tandis que le culte desGrecsloind'admcttredesrafinemens.marqucend'autres o:cafions line
ignorance parfaite & les jette dans les plus groffiers excès ? T o u t ce que je viens de dire pourra fcrvir
3e fupplement à ce q^e le P. Simon va repondre. « , , •
(a) Arnaud au Livre X . C b p . 9. de la Perpéiiiiié de la Foi , s'eft donné toute la peine pollible
pour réfuter les Proteftans fur cet article & montrer que les Grecs adorent l'Eiichariftie fur l'Autel
d'une adoration fouveraine comme les Latins. Et parce que les Grecs ne donnent pas des marques
fort fenfibles de cette adoration fouveraine; que meme il y a quelques Auteurs Grecs modernes qui
femblent fe contredire à cette occafion , ce Dodleur établit deux fortes d'adorations , l'une volontaire
, l'autre de rite ou de ceremonie. L premiere, qui dépend dit-il, de la dévotion de chacun, coniifte
(principalement) à reconnoitre l'Euchariftie comme le corps de Jefus C h r i f t , avec une roiunifTion
intérieure. Cette adoration commence & parmi les Grecs & parmi les Latins fi-tot que le corps de
Jefus Chrift eft préfent fur les Autels. Ils font uniformes fur cet article. Pour l'adoration de rire,
ou de ceremonie, ies Latins la pratiquent plutôt, & les Grecs plus tard. Les Latins !a font incontinent
après la confécrarion, les Grecs la difFcrent j i i f q u ' i l'élévation de l'hoftie, qui fe fait plus tard
parnii eux & feulement un peu avant qu'on mette une partie de l'hoftic dans le calice , & que le
Prctre fe difpofe à communier. Tout le refte de ce paffage eft également curieux & ingénieux. Claude
employe autant d'adrefTée à refuter le fentiment qu'il renferme, qu'Arnaud de force & d'efpm
^ c V c a n r i ' c x t r a i t que j'ai dcja dté plufieurs fois de h Bibliothèque Univerfelîe , on trouve que
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„ fymboles, il faudra auffi accufer les Anciens de ne les avoir point adorez,
puis qu'on ne trouve rien dans leurs hvrcs, ni même .dans les Lij
, turgies, qui approche du culte extérieur d'aujourd'hui. C'eft de cette ma-'
, , nierc qu'il faut expliquer les paroles de Caucus, quand il alture qu'il n'y
„ a point de Nation qui rende moins d'honneur au Sacrement de l'Eucha-
, , riflie, que les Grecs; & on ne peut nier qu'il n'y ait de l'excès dans ce
qu'il en rapporte, les comparant aux Heretiques d'Occident. Mais, après
tout nous ne pouvons mieux juger de Ce qui s'obferve parmi les
Grecs, que par les livres qu'ils ont compofés fur cette matiere. Gabriel
„ Archevêque de Philadelphie, dont nous avons parle ci-defTus , établit (î
„ fortement cette adoration dans un livre qu'il a écrit exprès contre les Latins,
„ qu'il eft impolTible d'en douter. Cet Archevêque établit deux honneurs,
„ ou adorations, qu'on rend aux fymboles du pain & du vin. Le premier
, , n'eft qu'une fimple veneration qu'on leur rend, lors tju'ils ne font encore
„ que bénis Se antitypes. Mais le fécond dont on les honore, lors qu'ils font
, confacrés, (a) n'eft pas une fimple veneration, dit Gabriel, mais un culte
„ de latrie, ou véritable adoration. C'eft ce qu'il expliq^ue plus au long a-
„ près {h) Cabafilas, (c) Simeon de Theflàlonique, & plufieurs autres, qui
„ établi(fent aulfi ces deux fortes d'honneurs rendus (i/) aux fiints dons Ôc a-
„ vant & après la confécration. Il marque même le tems auquel fe fait la
„ derniere & véritable adoration,ïâvoir quand les fyniboles ont été confacrés,
j , que le Prêtre étant debout à la porte du Sandluaire , crie à haute
„ voix,
ces paroles, fi on accufe les Grecs &c. jufqu'au commencement de la période fuivante exclufivement, ont
été fupprimécs dans le livre de la Creance de l'Eglife Orientale.
(a) Gabriel Philad. ia ^poL Or.tt. Ut.
(b) Claude cite auffi Cabufilis, Evêque de Dyrraclùum, qui vivoit au i j . fiecle,& fe couvre contre
Arnaud des propres paffages du Grec. A propos de l'autorité de ces padages de Cabafilas également
employée par les deux partis, je ne faurois laifler pafTer cet endroit du Mi'niftre, que je tire du Ch. 7.
l i v . 5. de fa Repcnfe k la Perpttuité. Sur ce que le Grec approuvé qu'on rende k s honneurs (de l'adoration)
à l'Euchariftie après la confécration & c . & que leJDoâeur Catholique fe prévaut de cette approbation,
comme d'un témoignage autentique, le Miniftre répond au D o f t e u r , „ que les Grecs fe prof-
„ tcrnent devant le livre de l'Evangile, & qu'ils lui parlent comme à J . C. fans que pourtant on puif-
„ fe conclurre qu^ls adorent le livre même d'une adoration abfolue & qui le termine i l u i , comme fi
le livre étoit en effet Jefus Chrift même & c . " Ne pourroit ot\ pas accorder aux Catholiques R o -.
mains un peu de cette charité que le Miniftre t é m o i ^ e fi Chrétiennement aux Grecs ? Pourquoi attribuer
fi decifivement aux premier ces adorations grofiieres du bois, de la pierre, du pain & c . pourquoi
leur imputer,avec toute lapaffion qu'une haineinvéta-éc & devenue héréditaire peut fuggerer, cette adoration
abfolue, dont on fait grace à ces Chrétiens Orientaux, fi generalement reconnus pour groffiers &
fuperftitieux dans leur culte. ^ ^
(c) Les Ouvrages de ce Simeon de TheiTalonique auteur du 1 5 . fiecle, ont été imprimes in folio à
jalTy en Moldavie en i 6 8 j . par les Grecs Scliifimtiques & aux depens du Vaivode. On voit à la tête
une Epitre dedicacoire de Dofithée, Patriarche de Jerufalem, au Pnnce de Moldavie. Simeon de
Theflàlonique maltraite les Latins dans fes ouvrages. '
(d) Sur l'adoration des dons le P. Simon d i t , dans fa Cre.wce de l'Eglife Orientale, „ que les Grecs
„ confiderent le pain & le vin qui ont été bénis, comme les images du corps & du fang de J . C. qui
, , doit être bien-tôt o f f e r t . . . . " C'eft pourquoi ils leur rendent tous les honneurs extérieurs, qu'ils ont
accoutumé de rendre aux images. C'eft-à-dirc, des honneurs fort inférieurs à ceux qui font diis à Dieu^
Dans le Tome premier de la Bibliothèque Critique Ch. X L le P. Siwon prend un autre tour, & nie
tbut couit que les Grecs adorent le pain avant que d'etre confacré. Il renvoye fur cette difpute à l ' A -
pologie de Gabriel de Philadelphie, qu'il (le Père Simon; a faite imprimer à Paris, avec des remarques,
qui éclaircilTcnt cette matière.
(») Claude, après s'etre moqué fans beaucoup de ménagement, de la foumijjion intérieure & volon'
taire du Doftcur de Sorbone, attaque Vadoraiion de rite du même D o f t e u r , & aie auflî contre Arcudius,
que le peuple fe prejlerne m SaxEla SaiHis pour adorer le Sacrement de l'adoration de Latrie. A
l'égard du tems cfe l'adoration, il eft certain que la Liturgie de Saint Chryfoftome imprimée à Venife
in 4 . en 1 5 8 7 . la met entre la priere qui commence Rejpice &c. Regardés Seigneur & le Sanfta Sanéiis. Si
Arcudius a manque d'exactitude, c'eft qu'ilfwoit très peu les rites de fi» paa,p^rce qu'il avoit été amené en Italie
ayant à peine dix eins. Mais venons à ce qui fait le plus eflentiel de la difpute. Le Miniftre refufant toujours de
rcconnoître l'adoration de latrie, témoignée par Arcudius, fuppofe encore que l'adorïtion des Grecs eft
Tome HL Part, h <X.