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342 D I S S E R T A T I O N S SUR LA
cette pracelTion. L'on fe rendit ainfi i l'Eglife, on y chanta des Cantiques au
fou des inftrumens de Mufique ; après quoi le furintendmt prêcha fur la folennité
de la ccrenionie ; & afin que les fens euflènt auffi leur part de la fête,
un fcftin en fit la clôture, où l'on (ê régala des mieux. Mais cependant,
s'il faut en croire notre hiftorien, tout s'y f a f i dms la crainte de Dieu. H décrit
une autre Eonfecration, qui eft celle tfune Eglife de Pilnitz, très remarquable
felon lui & très digne de paffer à la pofterité. Mais comme je ne fais
pas profcffion d'ennuyer les leûeurs par des repetitions inutiles, il fuffit de lui
aprendre que cette confccrarion de Pilnitz fiit honorée d'une proceffion plus
nombreufi, & qu'après la predication, la Communion fiit adminiftree aux
principales perfonnes de k Proceifion par le Pafteur ordinaire du lieu, qui
avoir pour fon afliftant un autre Palleur, le Te Dem ayant été chanté auparavant
en mufique. Paffons à quelque cholê de plus digne d'attention, à
quoi donne lieu l'anniverfaire de la fondation d'une Eglife. C'eft, dit-on,
l'ufage dans prefque toute l'Allemagne de celebrer ces anniverfaires en Autonne
fous le nom de Kirchweie ( Dédicacé d'Eglife ) & de là font dérivées ces
fêtes connues en Alleman fous le (a) nom de Kirch migi. Elles confiftent d'abord
en quelques dévotions, mais l'elTentiel eft toujours de s'aflèmbler entre
parens & amis pour fe regaler. L'hiftorien des Ceremonies ecclefiaftiques de
Saxe écrit que ces fçtes fe celebrent en Autonne plutôt qu'en une autre faifon,
parce que d'ordinaire les •nouvelle! EgUfes font achevées de ha'tir en Ammne.
Quoiqu'il en foit ces Kirch-miffe ont donné leur nom aux foires, parce que les
alfemblees des parens & des amis, & fans doute aufli la devotion, qui fàifoit
l'ouverture de l'anniverlàire, attirant inlënfiblement beaucoup d'étrangers, on
jugea que ce tems étoit très propre pour négocier &c. Ajoutons d'autres circonftances
très propres à établir les foires fous les aufpices de ces fêtes anni-
Ver&ires. C'efl que les Seigneurs des lieux donnoient alors des feftins au peuple
i on fiilbit des réjouiffances à l'honneur des Saints auxquels les Eglifes étoient
dediees, on {kfoit des proceffions folenneîles. Enfin le Clergé, (bus
le beau prétexte de (èrvir Dieu & d'exciter la pieté des peuples, leur étalloit
alors avec les Reliques & les autres objets de dévotion, toutes fes richelfes Se
la magnificence des Eglilès, fur tout dans les endroits où les Prélats croient
devenus Seigneurs temporels. Cette origine n'empêche pas que ces Fêtes ne
foient conformes en certaines chofe aux Feriis Se aux Nundinal des Romains,
qui avoient comme les nôtres leurs plaifirs, leurs privileges, leurs exemtions
de certains droits &:c.
Je ne touche ici ni aux droits & privileges des Eglilês, ni à leurs revenus.
Les Eglifc ont perdu la plus grande partie de ces avantages depuis la Reformation.
Quoique quelques bonnes ames de la Reforme regardent comme un
aâe de pieté de faire du bien aux Eglifes & à leurs Miniftres, il ne leur eft
jamais permis de ruiner leurs familles & de faire des donations injuftes pour
enrichir des Pafteurs, pour bâtir des temples, ou pour d'autres femblables
motifs, moins fondés fouvent fur la pieté d'un mourant que fur la crainte de l'avenir,
ou fur la foibleffe de l'efprit. Peut être que la Reforme porte trop loin
k
(<•) En Latin ; ou plûtôt en Grcc, Ea^^; ra^math^ts: Un Amcnr nu! a filt eh Hollindois le
cunera te»,A remarque, à la ve'rité après pMeurs autti», que ce mot eftcompole
de deux autres qui fignifient EgUfi & M^,, parce qu'en dédiant l'Eglife on y celebroit la premie-
S ÏT'Î' 'tHoliandois ^™rm °s°, De là cette fête amuelk 1 fti nomme'e Kirdmh, eo
RELIGION DES PROTESTANS. 343
Cl {èveritc fur cer artiçle, mais auflî d'ils qUel excès ne tombe t'on pas quelquefois
chez les Catholiques ? Je ne iàurois m'empêcher d'en remarquer un qui
a ffiit be-aucoup de mal en France. Autrefois celui qui ne leguoit rien par re(-
tfiment à l'Eglilc étoit privé des honneurs de la fepulture -, & fi l'on mouroit
Çtns tefter, un Prêtre autotifé par le Pape fiipplcoit à ce défaut , dreffoit un
teftamçnt & faifoit la part de l'Eglife telle qu'il le jugeoit à propos. L'Eglife
étoit en trop bonnes mains pour devoir craindre que la portion fijt petite. Le
Parlement abolit enfin ce pernicieux u&ge, qui étoit dii fans doute à la maxime
feçrette de la pliîpart des Ecclefiaftiques, jae U Refuhli^ue eji dms l'Eglife , au
lieu que felon l'ordre naturel du gouvernement, (a) l'Eglife ejidansla République.
Les Eglilês ont des (5) adminiftrateurs de leurs revenus, & afin que tout fe pafle
dans les regies, ils font obligés de rendre compte de leur adminiftration & de
leur recette au Magiftrat. Il faut, dit (c) d'un auteur Alleman, confiderer les
Eghlès comme des pupilles, & ces adminiftrateurs comme leurs tuteurs & leurs
curateurs, qui doivent conferver 8c augmenter même les biens dont ils font
dcpofitaires, s'en fervir pour les befoins de leurs pupilles, les employer à des
reparations & à des embelliflèmens convenables 6c néceffaires. Venons aux
Miniftres de ces Eglifos,
Il ne s'agit ici pour nous ni de leur vie, ni de leurs études. Cela eft du
reflôrt de l'examen qu'ils doivent fubir, lorfqu'ils fe prélèntent comme Candidats
, pour être admis au Miniftere. Ordinairement deux Théologiens font
commis pour l'examen du Candidat. Outre le mérite & les talens corporels,
par exemple l'étendue & la beauté de la voix, la fànté &c. on examine quelle eft
leur capacité dans les langues, & dans la conttoverfe tant offenfm que défenfi-ve
fur tout on examine l'habileté du Candidat dans cette controverfe que j'oferois
bien nommer UUeufe, qui trouve partout les Papifles , & par tout les attaque
(ans ménagement. On examine auffi la dodrine du Candidat : il eft important
6c jufte qu'elle foit orthodoxe, c'eft à dire qu'elle foit conforme à la Religiqtl
qu'il doit enfeigner, à l'Eglilc qu'il deflèrvira ôc au tems qu'il exercera
fon Miniftere. Ces trois citconftances font abfolument néceffaires pour définir
juftement l'orthodoxie. Après tout cela on donne un texte au Candidat
afin qu'il prêche devant les examinateurs, (i) Depuis quelques années, dit
l'hiftorien Saxon, l e q u ' o n examine prêche deux ou trois fois devant des
juges qu'on lui donne d'entre les Théologiens du Confiftoire, lelquels cenfu-
(ent tour i tout le prêche. Le Candidat ayant été trouve capable, on peut lui
donner une Eglife : cependant la Difcipline de Saxe veut qu'avant que de le
déclarer Miniftre de tel ou de tel lieu, on l'y fallè prêcher plufieurs fois, Se
qu'enfuite on (àche du troupeau qu'on lui deftine , s'il l'agrée pour Pafteur.
Il n'eft pas dit que cela s'obferve li rigoureufement, qu'on n'employé jamais
ni intrigues, ni cabales, ni furprilês ; mais une choie que je ne dois pas oublier
, c'eft que k nouveau Miniftre doit (e) foufcrirc en perfonne, 6;: jamais
par procuration, lé Formulaire de ta Cmcorde.
Dans le fiecle palfé il y avoit en Saxe Se en d'autres Païs Proteftans un ordre
de Miiùftres tout particulier. C'étoient de vieux Candidats âgés de quarante
ou
M XifpMca «m ifii« EccUfii,f,d EidifA i» Rifuhliia.
(i) On les appelle en Saxe Kirchvàter, pere de l'E^iifi, eu Hollande Xerkrttetjltr, mgîtrt de l'E^lifi.
(e) Carpzovius in jHriJpymhtùA EccUJittJiicA,
(d) Hi/lmre des Oremmitt Sec.
(O CarpxMVÎHI ubi fup.
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