
m :
•1 i
s >
372 D I S S E R T A T I O N S SUR LA
Eraves, & plus les mariés & leurs parens fe félicitent de tant d'honneur : auffi
: mariage eft il annoncé folemnellemenc chez les principaux bourgeois de b
Viile par des Valets d'Eglife établis pour annoncer ceux qui (ont morts
& pour faire les enterremens. Je laiflè le refte du détail de cette premiere cérémonie
que la taille douce reprefènte beaucoup mieux qu'il n'eft poflible de l'exprimer
par des paroles, & je me contente de remarquer que les hommes ne font point dans
l'apartemcnt où les mariés reçoivent les félicitations. lis s'alTemblent dans une
autre où je ne trouve rien de fingulier que beaucoup de bruit, une joye quelquefois
tumultueu{è que la circonftance du jour autorife, & que le vin anime
au millieu d'une tabagie perpetuelle. Le Vendredi qui précédé le mariage,
ou la (urveille de ce grand jour on fait une autre ceremonie trop bien exprimée
dans la figure qui la reprcfente , pour que je m'amufc à y ajouter quelque
cholè. Le jour même de la noce, qui ell afles fbuvenc un Dimanche,
le marié fort de chez lui pour (è rendre chez (a maitrefTe : mais il But dire auparavant,
que l'on a foin d'orner l'entrée de fi niaifon & d'en joncher toutes
les avenues de feuilles dorées, pour apprendre fans doute au public qu'il doic
(è marier ce jour là. Qiiand il fort, une jeune fille lui jette de ces feuilles au
vifàge, après quoi il entre dans une voiture tirée par un cheval qui a la tête ornée
d'une houppe ou d'une aigrette, couvert d'une belle houfle ôc paré ibuvent de beaux
rubans ôc de fleurs. C'eft une femblable voiture qui mène les mariés à l'Eglife : cette
voiture, que les gens du Pais nomment Siée y eft toujours à quelque diftance
de la maifon de la mariée, afin que les nouveaux mariés puiHent ctre contemplés
de tous les voifins & du peuple qui aborde de tous côtés à cette maifon,
pendant qu'une jeune fervante,& bien fouvent même une jeune demoifelle,leur jette
au vi(àge & fur la tête les fueilles dorées qu'elle porte dans un petit panier d'olîer
garni de fleurs & de rubans : mais l'uCige ne permet pas de jetter de ces
feuilles à un veuf ou à une veuve. Etant arrivés à l'Eglife un Miniftire les
marie de la maniej^-ciu:«« U -roiv itl.
Lois que-CCS mariés ont le bonheur de parvenir à la 1 5 année de leur maria^
e ils renouvellent (au moins exterieuremenr) leurs premieres noces, & cette
ceremonie s'appelle les tiôces d'argent. S'ils accomplifient les 50 ans, ils celebrent
les noces d'or. Aux unes & aux autres on imite les plaifirs & les agremens
qui accompagnent les véritables noces : mais l'amour ne revient gueres
dans un chemin fi battu, & ces noces repetées ne fervent tout au plus qu'à
rechaufFer l'amitié, & fortifier l'habitude,qui dans un long mariage vaut d'ordinaire
autant que l'amour. Les perfonnes riches diftribuent des médaillés à l'honneur
de ces rioces d'or ^ d'argerit, les Poëtes du païs font des cpitalames fouvent
aulîi froids que les mariés qu'ils chantent: mais ces cpitalames peuvent du moins
fervir d'épitaphes à des amours furannées.
Un certain Gaya, qui a recueilli fans choix & (ans jugement plufieurs ceremonies
nuptiales, dit qu'on trouve fort mal feant chez les Flamans bc chez les
habitans des autres Provinces voifines , qu'un jeune homme époufè une vieill
e , ou un vieillard une jeune fille. Voilà une remarque bien rare ! ces mariages
font blâmés par tout, & cependant il s'en fait dans tous les païs du monde.
Il ajoute „ qu'on ne voit jamais (chez les Flamans & leurs voifins,) com-
„ me en France, qu'un maitre cpoufe (à chambriere, & une maicrcfle fon va-
„ l e t " , la remarque ell encore très faulTe. Ces mariages font beaucoup plus
communs & beaucoup moins deshonorables chez les Flamans & dans les Provinces
Unies qu'en France.
Les Noces de Dantfig font plus remarquables que tout cela, felon la defcription
Tonv JU- N'/S
I.
l '
i
ir