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i68 IIL D I S S E R T A T I O N SUR LA
un nouveau Patriarche. Ils(è diftinguent par le nom de Chaldécns, évitant celui
de Neftoriens, qu'ils ont en horreur. Il cite des témoignages, qui montrent, qu'il
n'y a plus de vrais Neftoriens ni en Pcrfe ni en Arménie ; enlbrte, continue-t il,
qu'on croit qu'il n'y en a plus gneres qu'aux environs de Mouflbl, ou MofuI
ville où refide le Patriarche Ncllorien. Par ces mêmes témoignages on aprend,
qu'il ne reftoit qu'environ trois mille familles Neftoriennes en ces païs-là. )
„ PaiTons maintenant .aux autres articles de la creance des Neftoriens. Com-
.. me la Sefte des Neftoriens a été detachée de l'Eglife Grecque, aufli a-t elle
.. les mêmes opinions, à la refêrve de ce qui lui eft fingulier, & qui a été
.. la caufe de fa (èparation. Il (è peut faire néanmoins, que les Neftoriens (è
.. foient plus relâchés dans de certains points de Morale Si de Difcipline, que
.. les Grecs ; & c'eft fans doute en ce fens qu'on doit entendre ce que (a) Brere-
» wod rapporte touchant la Confèflîon, dont il nie que l'ufâge foit parmi eux.
.. Il eft vrai qu'ils la negligent beaucoup, & l'Archevêque Jofèph, Neftorien,
qui s'eft reconcilié depuis quelques années avec l'Eglife Romaine, a eu bien
de la peine à la rétabhr dans Diarbequer, parce que les Neftoriens, bien
•> qu'ils fuflènt la plupart latinifés, ne vouloient point s'y foûmettre, ainfi que
.. j'ai appris d'un autre Archevêque Chaldéen grand ami de ce Jofeph, qui' .1
.. beaucoup fouffert pour maintenir les intérêts de Rome. Il faut donc expli-
.. quer tous les autres points t]ui regardent la Religion des Nefloriens, par r.ap-
" porc aux fentimens de l'Eglife Grecque, qui eft l'origine de tout le Chriftia-
.. nilme dans le Levant. • :.
„ On ne peut nier ; que les Neftoriens ne confacrent en pain levé. Us
„ mettent de plus dans leur p.ain du fel & de l'huile, ainfi qu'on peut voir
„ dans les remarques fur les Ouvrages de Gabriel de Philadelphie, où cft rap-
„ portée la maniéré de faire ce pain Se de le preparer, pour le rendre propre à
„ être contàcré. Ils ont pour cela un grand nombre de prieres qu'ils reci-
„ tent. Ils oblêrvent pourtant moins de ceremonies que les Grecs, qui en
ont ajouté une infinité de nouvelles aux anciennes". (A l'égard de la
croyance des Neftoriens fur l'Euchariftie, le P. le Brm montre qu'elle a toujours
été conforme à celle de l'Eghfe Catholique.
(On croit avec raifbn, que les traduélions des Dogmes de Neftorius en
Syriaque, en Perûn & autres Langues de l'Orient, que les fauteurs du Neftorianifine
eurent foin de publier dés (a naiflànce, contribuèrent beaticoup à cette
vafte étendue qu'on donne à la Seûe de Neftorius. On trouve que dés le
commencement du fixicme fiecle elle avoir paftc de la Syrie Se de la Mefbpotaniie
en Perfe, & s'y étoit confiderablement multipliée. On prétend que vers
le milieu du même fîecle elle s'étoit déjà établie aux Indes, &: qu'environ cent
ans après les Neftoriens de Syrie portèrent le Chriftianiirne .à la Chine. L'é-
Mbliffement du Chriftianifme dans cette grande Monarchie fe prouve par des
Relations que l'Abbé Renaudot (J) a publiées, & par l'infcription trouvée à la
Chine en i t f z y . Ce Monument eft remarquable. Il nous aprend que le
Chriftianifine fut préché en S j f f . à la Chine, & l'on prouve invinciblement
par les caractères de ce monument ôc par quelques autres indices, qu'il y fut prêché
(a) Breyell/, des Lang. & Relig. ch. ip. il ajoure qu'ils n'ont point la Confirmation, ni l'image du
Crucifix fur Icure Croix. Il veut dire, l'Image de J . C. A l'e'gard de la Confirmation, BrerejmJ a pû
ou voulu ignorer, que les Chrétiens Orientaux joignent la Confii-mation au Baptême.
( t ) Voy. a-delTus les DilTertations de l'AbW RemuJn, fijr deux anciennes Relations des Indes &
de la Chme p. 1 2 8 . & fiaiv. On y trouve des chofes curieufes fur l'ctabliffement du Cliriftianifinc j
la d u n e . Voy. auffi le P. le Bmn Liturgies Tome I I I . il a copie' l'Abbc' bmrnht.
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R E L I G I O N DES GRECS. 1 6 9
thé par des Prêtres vernis de Syrie; mais cependant les raifons qu'on allégué
pour prouver qu'ils étoientNeftoriens ne font pas, ce me fcmble,dcs plus convaincantes;
& tout au moins on peut dire que le Neftorianifme des MiClîonnaires
Syriens ne peut fe prouver par la doûrine contenue dans l'Infmption,
puifque le Pere Kircher l'a trouvée fort («) Orthodoxe. On fait d'ailleurs que
dans la plus grande vigueur du Neftorianifme , il y avoit un grand nombre
d'Orthodoxes en Syrie. Mais qu'importe, après tout, que des Neftoriens ou des
Orthodoxes ayent été les Apôtres de la Chine ; Puifque leurs difputes ne confiftoient
qu'à fe chicaner par des expreftions fubtiles qui ne leur perhiettoient:
pas de s'entendre les uns les autres. Je viens aux ufiges qui font une partie ci;
ièntielle de cette Diffcrtation.
Avant le fixième fiecle, le Patriarche des Neftoriens portoic déjà le titre de
CathoU^m, qu'il a toujours porté dans la fuite. Son Clergé, comme celui des
Grecs de Conftantinople, eft compofé de Prêtres mariés Se de Prêtres Religieux.
(.h) En Syrie Se en Mefbpotamie ceux-ci font habillés de noir, avec un
capuchon qui couvre le haut de latere comme une calote & pend derriere les épaules
comme un voile. Par deffus ce capuchon ils portent un turban, dont le
bonnet & la toile font d'un bleu foncé. Le Patriarche & les Evêques ne font
proprement diftingués des Prêtres que par le Bâton Paftoral & par la croix
qu'ils portent à la main & qu'ils donnent à baifer. Ce Bâton Paftoral efl
terminé indifféremment en potence ou en croffe. Les Prêtres mariés font aufîî
vêtus de noir, ou du moins d'une couleur fort brune; mais au lieu de capuchon
ils portent un bonnet rond, avec un gros bouton au haut du bonnet.
Outre les Religieux Prêtres, il y a dans la Mefopotamie des Couvens de Religieux
qui ne le font pas, & qui fe difent de l'Ordre de S. Antoine. L'habil-
Jeinentde ces Religieux Neftoriens eft une foutane ouverte, noire, ferrée d'une
ceinture de cuir, la robe pat deflùs, dont les manches font aftes larges, au lieu
de capuchon un turban bleu. A minuit, le matin & le foir ils dilent l'Officej
le relie du jour ils s'occupent à l'agriculture. Palfons aux Eglifês de ces Schif^
matiques. (c) Elles font divifées par des baluftres, il y a un lieu feparé pour les
femmes. Le B.aptiftaire efl place du côté,du midi: pour prier & pour adorer,
on fè tourne vers l'Orient. Avant que d'entrer dans ces Eglifes, on trouve
communément une grande cour, où l'on entre par une petite porte. Cette
cour, dit le P. le Brun, a pû être le lieu deftiné aux pénitens, &: fervir à
empêcher les prophanes de voir & d'entendre tout ce qui f i difoit & fe faifoit
dans les affemblées Clirétiennes.
Outres les jeunes ordinaires aux Chrétiens du Rite Grec, les Neftoriens don:
je parle ici ont un jeune de trois jours, qu'ils appellent le jeune de Nmiue,
parce qu'ils imitent les Ninivites répentans, qui pleurerent trois jours après là
predication du Prophete Jonas. Ce jeune précédé le Carême.
Les mêmes Chrétiens de Syrie Se de Mefopotamie ont ajouté à leur Calandrier
la Fête du hon larrm que nous n'avons pas. Cette Fête s'appelle chez eux Lajfal-
.jemin, c'eft-à-dire k larron de la main droite. Elle tombe dans l'Odlave ds
leurs Pâques,
il
W Voy. Kircher dans fa CVm Hkpréc: au refle M. de la Crifa pretend que cette infcription elt
une picce fiipofce. V. Hill, du ChriJIUmfiie des Indes. D'autres l'avoient crû «»int lui : font ils mieux
fondes à la croire fupofée que nous 1 la croire autencique ?
(é) Le P. le Brm Tome III. p. 565.
( 0 Le P. le Br»rs ubi fup. p. j ; . ^.
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