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288 D I S S E R T A T I O N S SUR LA
CCS qu'il eut enfuitc avec l'Elefteur de Treves. Après avoir rejette toutes les
contritions que ce Prélat lui propofa , il lui repondit, comme Gamaliel aux
J u i f s , „ fi l'entreprife eft humaine, elle avortera. Le Pape doit être content;
„ fi le deffein étoit l'ouvrage des hommes , on le verroit manquer bientôt ":
reponfe , dont les Mahometans ont droit de (è prévaloir contre les Chrétiens,
& qui peut s'appliquer à toutes les revolutions. On objede aulTi que Luther
découvrit le foible de fon Apoftolat, lors que par un artifice purement humain
il fe fit enlever à Eyfenac. Cela étoit du genie & de la politique du fiecle, mais
fort peu de celui de l'Evangile. Cet enlevement fuppofé irrita les partifans du
Lutheranifme, Se excita prefque une fcdition dans Wörmes.
Toute efperance de ramener ce Religieux étant entièrement perdue , l'Empereur
donna un édit contre lui le tf. Mai 1 5 1 1 . Environ un mois auparavant
l'Univerfité de Paris .ivoit cenfuré fa doélrine: Melanchton écrivit contre
la cenfure. Luther de foti côté répondit fort aigrement au Roi d'Angleterre
Henri VITE qui avoit écrit contre lui. L'Apôtre de la Saxe oublia pour^lors ce
qir'il devoir à la Majcllé Royale. Cet écrit fi peu refpeaueux, fi pea convenable
à un reßam-ateur de la Religim E'vangelique attira beaucoup de blâme à
fon auteur. On peut voir à cette occafion comment (0) Erafme caraélerifoit
Luther. Je ne dois pas oublier ici que le Pape avoit excommunié Luther par
la Bulle in ctena Vamini pendant la tenue de la Dictte de \^ormes. Le Docteur
Saxon répondit à cette Bulle par une autre Bulle, qu'il appella la Bulle
ér Reformation du Do&ear Luther. Dans cette Piece (h) qui étoit comme
une déclaration de guerre à toute l'Eglife Romaine, il invitoit les writahles
enfans de Dieu à employer leurs forces & leurs biens pour ravager les Evcchés
& pour abolir le gouvernement des Eveques.
Le nouveau Dofteur paffa neuf mois dans un ch.îteau de l'Electeur de Saxe;
après fon enlevement fuppofé. Ce fut dans cette (c) lie de Patlmos , qu'il mit
la derniere m.ain à la Refàrme projettée. Les Méfiés privées furent abolies dans
Wittemberg Se enfuitc dans toute la Saxe. Cette abolition fut le refultat d'une
conference que Luther eut avec le Diable, qui lui reprocha que pendant
quinze ans, c'eft-à-dire environ jufqu'à l'année i j i i . o u 1 5 2 , 1 . il avoit commis
idolâtrie en célébrant des Meffes privées : (d) furquoi les Catholiques objeftent
qu'à proprement parler le Diable eft le reformateur de cet abus. Carloitad
renvertà les Images, ôta l'élévation du Sacrement, rétablit la Communion
fous les deux Efpèces. Des changemens fi rapides parurent déplaire à
Luther,
(a) Erafme dans «ne lettre à Melanchton.
C^) Vide BnUam in Oper. Luther. &c.
( c ) Il appella ce Château l'Ile de Pathinos, à caufe qu'à l'imitation de St. Jean qui écrivit fes
Revelations dans cette I l e , Luther acheva dans ce Château fon plan de Reformation Evangeliqiie,
Xd) L'Auteur de b Défenfe de U Riformatio» a voulu faire pafTer cette Conference pour une efpèce
de parabole. Voy. 1 . pai'tie de ce livre, pag. î î ^ . à l'endroit qui commence , Luther, fiiivaul le Jiyls
des mines de ee tems-là 5:c. On avoue enfuitc ejttt celte maniéré d'exprimer les ckefts fiui U forme duti
amhM eiiiiire le Diable eß m feu iloiffte'e dt [„f,ge amm,«. . . . On défend Luther, par un avis mêl
é d'excufe qu'il donne aux ledeurs, de lire fes ouvrages avec pre'caistim dr en fe rejfauvenant loiijostrs cjsf'il
a Été Moine. Enfin l'auteur de la Défenfe récriminé par un endroit de la Legende de St. Dominique,
ofi il eff parlé de quelques abus que le Saint "corrigea dans fes Religieux, fur les indices qu'il
trouva dans un catalogue qu'il avoit arraché au Diable. Bx^le dans fon 'Oiétionnaire prétend qu'on
ne fauroit prendre pour une parabole tout ce récit de Luther, & cite des endroits du Iï.eformateur Saxon,
qui font mention des mattvaifes nuits ^tte le DiMe lui a fait pafer. Auß connoifoil il à fond cet cfprit
mal,n, corume xyant masige'pltts d'an boiffeasi de fel avec Itti. Le DialsU, difoit encore le Reformateur,
couche olusfiuvent avec moi t^ue ma chere Catherine. Je tire tout ceci des notes fur l'article de Luther,
Hofpimen parle auffi de l'entretien que Luther eut avec le Diable & de la maniéré dont le dernier lui
fit
RELIGION DES PROTESTANS. 289
Luther, (a) peut ctre à caufc qu'ils avoient été faits pendant (â retraite. Carloftad
fe maria bientôt après & fut le premier cjui montra l'exemple aux Eccléfiaftiqucs
qui renoncerent à la Communion Romaine.
En l'année 1 5 1 1 . Luther donna la verfion du Nouveau Teftament en
Alleman. Comme il avoit répandu (a dodrine dans cette Verfîon & dans les
Notes qui l'accompngnoicnt, les Princes Catholiques d'Allemagne en défendirent
Tufege avec beaucoup de féverité. Luther écrivit contre ces Princes un
Traité de la Puifame feculiere. En l'année 1 5 x 5 . il preferivit un nouveau
formulaire de MefTe à l'Eglife de Wittemberg. Par ce formulaire il rejettoit
le Canon de la MefTe Romaine, les Offertoires, les Colledtes, les Proies,
excepté celle de Noël & du St. Efprit. Il y rejettoit auffi les Mefles des
morts & les Mefles votives. Pour la Communion, il laiflbit la hberté de
mêler de l'eau avec du vin, ou de n'en pas mêler. Il faifoit fuivre immédiatement
les premieres paroles de la Préface de celles de l'Inftitution , après
quoi le Chccur devoit chanter Iç SanBus, & l'on devoit élever le Pain & le
Calice au BenediBus. Suivoit l'oraifon Dominicale & immédiatement après
{ans autre oraifon. Pax Votnini. Cette priere, qui eft j ^ e efpèce d'abfolution.
étant prononcée, le Prêtre devoit {ê communier & communier le Peuple, pen-
'ant le chant de X'A^us Dei. „ L'Evêque, difoit Luther, pourra tenir les
deuxeîpcces, & (è communier lui & le peuple de l'efpèce du pain, avant
„ que de bénir celle du vin. Le Celebrant pourra fe fervir de la formule or-
„ dinaire, Corpus Domini &c. Mais comme dans les dernieres Collectes, il y
5, eft presque toujours parlé de làcrifice, on les obmettra en fubftituant à leuc
„ place quelqu'autre Oraifon. Au lieu d'ite Mijfa ejî y on dira Benedicamus
„ Domino. On finira par la benediction qui eft en ufage , ou par une autre
„ tirée de la Sainte Ecriture". Il exhorta de fe préparer à la Communion
par le jeune & la priere: & quoi qu'il ne crut pas que la ConfelTion {êcrete
fut nécelTaire, ni qu'on la dut exiger, il la tint pourtant pour utile, & ne
voulut pas qu'on la méprisât, il ne blâma pas les Heures Canoniales, mais
il ordonna que l'on s'aflèmblàc le Dimanche deux fois à l'Eglile j le matin pour
la MefTe, le foir pour Vêpres, que le matin on expliquât l'Evangile du Dimanche
&c le foir l'Epitre , qu'on retranchât toutes les Fêtes des Saints, ou
qu'on les transférât au Dimanche. Il écrivit cette même année contre la Proè
f f i o n des Reli^ieufes. Il difoit du voeu de chaftetc, qu'il étoit auffi peu poffible
de l'accompir, que de {è dépouiller de fôn (èxe. Ce fiit lâns doute l'impuifTance
d'accomplir ce voeu qui porta l'Apôtre de la Saxe à le marier avec
une des neuf Religieufes qu'un de (es Sedateurs tira du Couvent le Vendredi
Saint de cette année. Les imitateurs ne manquèrent pas â Luther : cette
permiffion donnée anx Miniftres de fa Reforme de fe (h) marier fut certainement
un des moyens le plus efficaces pour l'accroilTement du parti. Ces
Miniftres, défroqués pour la plupart, couroient alors fi rapidement au mariage,
qu'Erafeie n'a pû s'empêcher de s'en divertir, „ il fêmble , difoitiU
fît connnitre divers abus de la MefTe pag. 40. ffiJl.Sacram. 2. part, où il défend en même tems lefonge
de Zwingle contre les Saci-amentaires.
(а) luil.'crus in Epift.
(б) Voy. dans Bay le Nouv. Lett, fur rUifl. du Cdv'm'ifmt lettr. 13. le raifonnement par lequel it
prétend Juflifivr le mariage des premiers Profelytes de la Reforme. Il renferme bien des fubtilités capa*
blés d'elDlouïr les bonnes ames du parti. Mais fans m'amufer i le réfuter , j'y remarque deux fophifmes,
l.-i faujfe fuppofiiion & le dtnombrmm imparfait, ce rcnverfe abfolumsnt le diltmmi qu' i l ftiç
pour juftifier ce mariage.
Tme I I I , Port. II. D d d d
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