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242 III. D I S S E R T A T I O N S U R LA
pcct qu'ils ont pour les Prêtres ne leur permet plus de boire ni de manger àprès
que le Prctre a fait la clôture du repas par le figne de la Croix & pat
certaines prières qu'il recite.
Le Nonce Vandini rapporte que les Prêtres Maronites „ ne difênt {a) tous
„ les jours qu'utie Meilè pour chaque lieu & que parmi eux quelques uns
,, la difent pieds nuds; que les jours de jeûne ils attendent ju(qu'aprcs midi,
„ pour la dire & dans le Carême jufqu'à deux ou trois heures avant le coucher
du Soleil. La plupart, continue-t-il, tiennent leurs doits étendus aj,
près la confécration, comme auparavant, & touchent indifféremment touj,
tes fortes de choies
A l'Eglife les femmes ne fe rangent point parmi les hommes. Ceux<i (è
Elacent au haut de l'Eglife, les femmes au bas près de la porte, afin de forcir
;s premieres après l'Office & ainfi n'être vues de perfonne. Le P. Bejfon (b)
rapporte „ que non feulement les hommes ne vont pas dans l'endroit où font les
,, fcnimes,mais qu'ils ont même diffcrens Cures". Cependant les Millionnaire
Davdini dit, que les femmes entrent dans les Monafteres, s'y promènent,
y mangent,y couchent.
On a vû que les Maronites ne publient pas le mariage par des bans comme en
Europe, ils n'ont point recours à leur propre Cure pour fc marier, & ils prennent
indifféremment le premier Prêtre qu'ils trouvent. Enfin ils n'enregiftrent
ni les noms des mariés & des témoins, ni le tems & le lieu du mariage
: ce qui autorifè divers abus parmi eux.
L'Extrême-On(5tion eft aufli fort négligée, & les mourans le font bien autant
, puis qu'après leur avoir porté la Croix & l'encens , on les laiffe mourir
fans autre façon. Ils pleurent les morts avec des cris & des hurlemens accompagnés
de beaucoup d'agitation: ce q u i , comme j'ai déjà dit, peut fort bien
prouver que l'on fiit obicrvcr les ufàges de fbn pais. Par bienfèance on n'aprête
rien pendant quelque tems dans la maifon du défunt. Les parens & les amis
y apportent à manger & à boire, y mangent avec les afligés & les confolent.
Des N A S S E R I E S , des K E L B I T E S ,
C H R E T I E N S de ST. J E A N &c.
des
Il ne faut pas confondre les Naferies avec certains Nazarkns , (Nafairicm
chez les Mahometans) qui forment une Seûe parmi les Seftateurs d'Ali.
Les Nazariens Mufulmans foutiennent que la Divinité peut s'unir corporellement
avec les hommes. Fondes fur cette opinion puifée du Chriftianirme,
ils croyent que la Divinité s'efl: unie intimement à pluHeurs prétendus Saints
ou Prophètes du Mahometifme, & principalement avec Ali &c. Les Napriei
dont je parle ici ne font à proprement parler, ni Mahometans ni Chrétiens.
Voici ce que je trouve de plus détaillé fur les Naferies. (c) „ Le Kelbic eft
„ le nom d'un pais habité par . . . . ces Naferies . . . . nom qui
» M f i -
(d) Sur l'ufage de ne celebrer qu'une Meffe , voyés les Remarques du P. SimsH fur le Voyage de Ji(ai)n dSmjrii.e Sainte prem. Partie.
(c) Syrie Sainte ubi fup. pr. Partie Chap. 3.
R E L I G I O N D E S G R E C S.
rt w ngnifiemItalieHCto/j7M»i«rf»,c'éft-d-direniauvaisChrétien.Lepa;s qu'ils
j, habitent a deux journées d'étendue en longueur & en largeur. ]I s'étend le
„ longdelamerdepuisTortozejufqu'audelàdeLabdicéc. . . ces Naferies Coni
„ un peu (b) Larrons, mais d'ailleurs ils. . . . font fort chartes. . . les fem-
" 'i^'^ouvert. . . . ce qui n'eft point en uCige dans tout
„ le r d k de l'Orient. Si un étrângei: paflànt demande le chemin, quelque-
„ fois une jeune fille ira avec lui, durant une lieue où dav.inrage poUr le lui
enfèigner; ce qui néanmoins eft très dangereux, parce que fi ^l'étranger Vient
„ àjetterune oeillade, qui donne quelque foupçon à la fille. . . . elle le
„ tuera, fi elle peut, ou du moins criant à l'aide le fera affiffiner. ' La même
„ chofe arrive dans les maifons des particuliers) lorfque les femmes font à ta-
„ ble. . . .
. • j, (c) Ils haiîfent les Mahometans. . , . & l'Alcorari, bien qiie pouir fe ea-
,> rantir de roppreffion des Mahometans, ils k difent Turcs. . . perfonne ne
„ fiit le fecret de leur Religion, d'autant qu'il eft défendu au peuple & nom-
„ mément aux femmes de l'apprendre. Il n'y a que lés (</) Santons qUi ayent ce
„ pouvoir, & ceux qui ont charge de faire les prieres, d'apprendre la créan-
„ ce Sic.
,, Ils ont un Evangile," qu'un vieillard leur h t , & croyeiit, à ce qu'on d i tj
,) à la Sainte Trinité. Ils obfervent la Pâque & quelques autres fîtes des
„ Chrétiens. . i Noël, la Circondfion, l'Epiphanie. . . ils appellent le jour
„ de l'an ^ r a « , mot fans doute corrompu de celui d'eïréB«. . . llsontauffi
„ de la devotion pour Sainte Barhe. , . Leurs affemblées font fort fecretes ; ils
„ difcnt des Oraifons fur du pain & du vin, qu'on diftribue à toute l'alfem-
„ blée. Ils n'ont ni jeûne ni abftinence, finon qu'ils ne mangent jamais de li
„ femelle d'aucun animal. . . On remarque qu'ils jurent par Saint Mathieu
„ & Saint Simon, quoi qu'ils ne les connoiflènt pas:"; : On voit parmi eux.
„ . . . une Eglife. . . . femblable aux nôtres. . .
i . Cette Nation prefqu'inconnue, quoique logée dans le coeur de la Syrie j
„ femble tenir du («) Mahometan, de l'ancien Perfan & du Chrétien. Elle
„ ne mange point de pourceau avec le premier, quelques-uns difent qu'elle
„ (ƒ) adore le foleil avec le fécond : elle (g) boit du vin & fe moque de l'ab-
„ ftinence du Turc avec le troifième, 8c ce qui eft confiderable, (t) elle prie
„ pour la venue des Chrétiens.
„ Leur language eft Arabe. ; . " ils portent fur eux des billets talifaaniques
pour fe conferver la (anté. Cette fuperftition leur eft commune avec les
autres Orientaux.
Il y a apparence que les Kelhins ou Kelbites ne dilFérent pas dès Naferies,
&
(a) Il vaudix)it mieux dire que NaJferUt^ un nbm Corrompu de NaK,anaft ou î^azarie», que les Mahometans
donnent pat mépris aux Chrétiens. (b) A propos de ce penchant, je remarquerai ici une coutume que le P. Befo» attribue aux Syriensc'eft
de châtier le volem- & celui qui a été volé.. Par ce moyen, i f e n t - l l s , on rend les gens plus avifés'
Mats le Miflionnatre remarque fort bien, que la crainte du chîtiment empêche les gens de fe plaindre Se.
par confequent que les vols n'en font que plus fréquens.
(c) Ibid. Ch. 2. -i r t
id) Il veut dire fans doute les Prêttes.
( 0 Et du Juif.
(ƒ) Ce qui eli: fartx fuivant HiJ,. V o y . au Tom. II. des Mat. D i & t a t . fur la Relim« de. Cames.
fe) Le detail qu'on vient de donner prouve beaucoup mieux leur conformité avec le Chriflia.
mfme.
(h) Cependant ce Miflionnaire nous dit au même endroit, qu'ils fe donnent pour Turcs J ceux qui
leur ûemandenE compte de leui' Religion.
P p p 1.
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