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293 D I S S E R T A T I O N S SUR LA
Explication & lui fit découvrir hcureufement dans la cercmonie de l'Agneau paC.
cai rapportée dans l'Exode un palîàge tout lèmblablc lèlon lui à cette nouvelle
explication. '
Il paroiflbit de tems en tems des livres remplis de fentimens extraordinaires
& opofês à l'Egli(è Catholique. La Faculté de Paris en condamna un où
elle fit l'extrait de trente-cinq Propofitions pour la plupart Luthériennes. En
I J 2.5. elle en condamna qui étoient tirées auffi {a) d'auteurs fufpciSs de Lutheraniftne
&c d'autres opinions contraires à la doétrine établie dans l'Eglilê Catholique.
Cette même année Strasbourg Se Francfort commencèrent à avoir du gout pour
le LutHeranifme. Les Souverains de Saxe, de Heffe & de Brunswick pcnchoient
auffi déjà vers la nouvelle Reforme: ils ne tardèrent pas à (ê déclarer Lutheriens.
Albert Grand Maitre de l'Ordre Teutonique luivit leur exemple & fe maria
en 151.(3.
Enfin Luther s'étoit marié auffi avec la Religieufe Catherine Borre. Occolampade
l'imita l'année fuivante 1 5 1 « . , & pour mieux refifter à l'humanité,
qu'il ne hailToit pas, non plus que Luther, il épcufa une belle jeune fille.
Les foins du mariage n'empêcherent pas le Dodteur Saxon d'écrire en termes
fort peu mefurés contre Erasme fur le libre Arbitre. Il etfaya aufli de gagner
Geori^e Duc de Saxe & Henri VIIL Roi d'Angleterre. Celui-ci répondit
très vivement, ce qui lui attira de la part de Luther une répliqué encore plus
vive & même très-peu relpeélueufè : mais malgré les oppofitions du Roi d'An-
»leterre le Luthéranisme fit quelques elques progrès progrés
dans fes Etats, & Luther tâcha
de les rendre plus confiderables s par la traduétion tradui
qu'il fit faire du Nouveau
conformément à la verfion & aux explications qu'il
Tellament en Anglois,
avoit donné en Alleman. A la Diette tenue à Spire au mois de Juin, où l'on
propolà des rcglemens {ïlr les différens de Religion, toutes les délibérations ïè
terminèrent inhru Erudtueufement "
& l'on fe fépara avec plus d'aigreur qu'aupari-
vant.
Pendant que les deux partis s'aigriflbient l'un contre l'autre en Allemagne,
rUniverfité de Paris continuoit lès Cenfures. Elle cenfura une féconde fois
le nommé Louis Berquin , qui f e fit enfin brûler à Paris en 1 5 1 9 . Elle
cenfura aufTi quelques Ouvrages d'Erasme, Se principalement fes Colloques,
où l'on trouve des traits vifs contre les excès des devotions monachales &c contre
la preference que leur donnent les bigots fur la véritable pieté & fur le culte
que l'on doit à Dieu, avant quelqu'autre hommage que ce foit. Quelques
proportions d'un Religieux nommé Bernardi furent auffi cenfurées. Je pallê
ici les commencemens de l'affaire du Divorce d'Henri VIII. qui donnèrent
lieu à ceux de la Refomation Afigltcatie.
La nouvelle Reforme étoit divilée alors (en i 5 1 7 . ) en Lutheriens & en Zwingliens.
Ils écrivoient & difputoient fortement pour la défenfe des opinions
qui les avoient desunis. Luther fe détermina pour Whi^uité-, ce fentiment
qui confifte à mettre l'humanité de J. C. par tout où efi fà divinité, felon
le
r , p a r laquelle d'autres pr^-
1 inconnu. Quoi qu'il en
qui a de'terminé i ces traductions c'eft l'exprefTion rf'er an tilbus, hUnc eut
tendent que Zwingle a voulu fimplemenc donner à entendre que c'étoit un inconnu. Quoi qu'il
foit , les Lutheriens ont attaqué les Saci-amentaires fur le longe de leur Apôrre, fans penfer que
ceux-ci pouvoient récriminer par la conference de Luther avec le Diable. Voy. là-delTus Hafpinitn ubi
fupr.
( « ) r4. d'un nommé Mesgric, j t . d'un ctn^nTVolf^dng Schut. Elle condamna aufli quelques ouvrages
de cet auteur , plufieurs propofitions d'un certain Pierre CaroU, plufieurs autres de ^attm Se dî
Saunier,
RELIGION DES PROTESTANS.
le raifonncment le plus fingulicr qui fe puifle faire 5 puis t
C. e j i nnie 4 /a Divinité, donc l'humanité eji par tout.
2 9 3
? î'humanité de T.
Pour les Zwingliens, ils
prétendoient que Dieu même ne peut mettre le Corps de I. C. en différens
lieux, & il eft vrai que fi l'on s'en rapporte à la voix de la raifon feule;
cela implique contradidlon felon nos idées. Jaques (a) Faber donna grand
cours à Whiquité de Luther. Pour donner quelque idée au leéVeur de cette
Vhiquité Luthericnne, on fàiira qu'elle fut inventée 'pour défendre la Préfence
réelle du Corps de J . C. fans la deftruftion de la fubllance du pain, contre
la Tranfublbntiation qu'on avoit refolu de rejettcr ; & que pour établir
une union corporelle entre le pain de la Communion & le Corps, on employa
des (h) termes obfcurs & exlraordin.-iircs, par lesquels le communiant ne
reccvoit aucune notion plus diftmae de l'effcnce du Sacrement. C'étoit pourtant
dans CCS variations, dans ces incertitudes, (c) dans ces divifions , qu'on
foiitenoit l'évidence de l'Ecriture, l'invincible nécelfité de l'examen, & la posfîbiliié
de fe rendre raifon à foi même des myfleres de la Religion (ans Concile,
fans décifions de l'Eglife & fans autre interprête que la fure f m k de
Dieu.
En ce tems - l.i Berne propofa une conference fur dix points qui faifoient
l'effence de la Reforme La conference fut tenue au commencement de l'année
1 5 1 8 . Les dix points y furent approuvés, & le refult.ât fut l'abolition de
l'ancienne Religion. La Reforme y eut lieu felon la doftrine de Zwingle.
Cette même année le Cardinal Duprat Archevêque de Sens tint un Concile
à Paris contre la dodriiie de Luther, & pour le maintien de la difcipline
& des moeurs. Le Concile défendit deux choies également prophanes ôc
ridicules, dont l'ufàge s'étoit introduit & maintenu à la honte de la Religion
; l'une étoit l'ufâge d'avoir des bateleurs dans l'Eglife pour y jouer des
airs lafcifs ou chlnter des chanfons malhonnêtes, l'autre étoit la Fête des Fols.
Un autre Concile tenu à Bourges imita celui de Sens.
La MelTe fut abohe à Strasbourg en l'année i j z j ) . elle le fut encore a' B.ifle.'
Un nouveau Décret du i î . Avril cm.iné de U Diette de Spire, mais qui déplut
aux Allemans de la nouvelle Religion, donna lieu à la protellation du i<).
du mcnie mois en vertu de laquelle les Ludieriens acquirent le nom de Proteftans,
qui depuis a ctc communiqué aux Seâ:areurs de Zwingle , Calvin ôcc. Cependant
le Landgrave de Hefle eflaya de concilier les Lutheriens & les Zwingliens
fur les points qui les divi(oient, donc le principal étoic ccrcainement celui
de l'Euchariftie. Les deux partis curent une conference à Marpourg,
C^uoi que la conference for compofee des plus h-ibiles gens des deux partis,
il leur arriva de demeurer (eparés, fins autre avantage que celui d'avoir bien
difputé pour fe haïr un peu plus qu'auparavant. Les Zwingliens demandèrent
pourtant à Ludier qu'il les regardât comme les freres : mais au rapport de plufieurs
Ecrivains de ce tems-là Luther rejetta la fraternité. Au refte on ell en droit
de remarquer ici une choie qui lera reconnue véritable, pourvu qu'on ne
foie point aveuglé par fes préjuges. Cell que les nouveaux Dodeurs qui prêchoient
aux peuples qu'il falloir reconnoitre l'Ecriture (eule & rcjettcr les décifions
de l'Eglife Ôc des Conciles, décidoienc ponant eux-mêmes pour les peuples
(a) Sehmidlin.
(^b) P.inis carnmus, vhmmfangHiKum. Pain charnel, vin fanglant.
Co „ Il eft ridicule, difoir Calvin, que nous nous accordions fi peu entre nous dans le coinmen^=
"„ cément de notre reforme". Epiji. ad Melancht. pag. 1 4 5.
Tome IIL Part. IL Eeee
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