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ct'ordinaire d'avoir une croix a la main. Cette croix avec laquelle le Prc-
„ tre bénit le peuple, cft de metal, toute fimple & (ans aucune figure. L'Archevêque
pouvoit lailTer les Chrétiens de St. Thomas dans cette ancienne
,y fimplicité, parce cjue tout ce c|ui a été arrêté depuis ce tems-là touchant
rt les Images, n'eft que de Difcipline.
„ III. Il efl: bien vrai qu'ils n'adminiftrent pas le Baptême à la façon des
,, Latins : mais il ne faut pas pour cela croire, que la forme de leur Baptême
„ foie nulle j & encore moins étoit-il befoin de rebapti(êr ceux qui avoient etc
„ baptifcs (èlon le rite Chaldcen. Ce qui trompe les Miflîonnaires, quand ils
,, traitent d'affaires de Religion avec les Orientaux, c'eft qu'ils font préoccupés
„ de ce qu'ils ont appris dans les Ecoles touchant la matiere & la forme des
„ Sacremens. Quand ils ne voyent pas, par exemple, qu'on baptife l'cnfànc
„ en même tems qu'on prononce les-paroles qui marquent raâ:ion, ils croyent
„ que le Baptême efl: nul ; fans prendre garde que la manière d'adminiftrer
j, les Sacremens parmi les Orientaux conlifte principalement en de certaines
„ prières qu'ils recitent, & qu'ils ne font pas Ci grands Metaphyficiens que les
„ Latins: aufll ignorent-ils un grand nombre de difficultés que nos Tlieolo-
,, giens traitent avec beaucoup de {iibtilité ^ mais la creance des Neftoriens n'en
„ eft pas pour cela moins pure, ni moins ancienne.
IV. L'ondion dont ils le (ërvent après le Baptême, eft parmi eux le Sa-
,, crement de la Confirmation, qui elï bien différent de celui des Latins : &
„ il n'étoit pas befoin que l'Archevêque Menefés introduifit une autre onâàon
„ qui étoit en ufâge dans fon Eglife, & qui n'eft tout au plus qu'une fimple
,, ceremonic. Il devoit (avoir, que les Neftoriens, felon l'ancien ufige de
„ l'Eglilê Orientale, adminiftrciiL aux enfans la Confirmation & l'Euchariftie
j, avec le Baptême. Il étoit donc à propos d'examiner leurs Rituels, pour voir
„ s'il ne s'étoit point introduit quelques abus dans l'adminiftration de ce Sa-
„ crçment: au lieu que Mencîés femble ne s'être applique qu'à defttuire de
j, très-anciens ufàges, parce qu'ils n'étoient point conformes à ceux des
Latins.
,, V. (a) L'Archevêque Ce trompe, quand il dit que les Chrétiens de St.
„ Thomas n'avoient aucune connoiflance de la Confirmation, ni de l'Extrê-
„ me-Onâ:ion, dont ils ignoroient même les noms. Il (è peut faire, qu'ils
„ ayent ignoré les noms de ces Sacremens, principalement celui de l'Extrême-
„ Onétion, qui n'eft connu que dans l'Eglife Latine: car quoi que l'Eglife
„ Orientale ait l'uCage de l'on£tion des malades, conformément aux paroles
„ de St. Jaques , elle n'appelle pourtant point cette ceremonie Irxcrcme-
„ On£tion, pour les raifons que nous avons marquées ci-deflus en par-
3, laht des Grecs ; & ces mêmes raifons (è peuvent aufTi appliquer à la Con-
„ firmation. Les Prêtres donnent ce Sacrement parmi les Neftoriens, auffi
„ bien qûe parmi les Grecs, en même tems que le Baptême, dont il eft. Cej,
Ion eux, une perfeâion qui n'en doit jamais être ièparée. A l'égard de la
„ Con-
{a) M, de la Croze ^bi fup. tâche de refurer cet endpit & donneà entendre que M . Simon t f t de-mauvaife
f o i : pour moi je.ne vois pas ou efl: cette mauvaifefoi, M. Simon moiitre que'toute ladlTpute fe tcrmifte
à une-différence dé noms: ajoutés y celle de tems i Tégard de la Confirmation. Après tout la praiique
& . k but des deux ^acremens fopt toujours les mêmes fous difféi-entes ceremoniej & d'une autre
manière, quoi qu'en puilfe dire M . de la Crozc. Les paroles qu'il cite Se l'Archevêque Menez.es page
2 1 0 . & toute fa conduite prouvent, que par un méchanifme afTcs ordinaire à ceux qui font d'une Religion
par coutume, l'Archevêque Portugais ne connoifToit ni les devoirs, ni le- dogmes, ni les ufages
qu'autant que ces chofes i t o i w t conformes aux'idées qu'il avoit reçues dans fa nation. Pour en eue
convaincu il ne faut que lire les de'crets de (on Synode.
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ConfelTion aiiriciitaire, dont ils avoient horreur, c'eft a(Kircment un abus
ui s'étoit introduit dans cette Eglifc, parce que l'ufage de la Confellion eft
. Tda ans i
tout le Levant, bien que la plupart ne croycnt pas y ctre obligés de
„ droit divin.
„ VI. Pour ce qui cft des erreurs que l'Arclievêquc pretend avoir trouvées
„ dans Icuis livres, jufqu'.i vouloir abolir entièrement l'Office de 1'Advent, il
„ étoit facile de donner un bon (èns ,à toutes ces prétendues erreurs ; outre que
„ la reformation qu'il a faite dans leur Liturgie étoit hors de propos : car il
„ n'y a rien de plus mal-digcré que la MelTe des Neftoriens, de la manicre
„ qu'elle a été reformée par Menefés, & qu'elle (è trouve inierée dans la Bi-
„ bliotheqtie des Peres. On y voit tout l'ordre changé, pour avoir voulu ac-
„ commoder cette Liturgie à l'opinion que les Théologiens Latins ont de la
„ confecration, qu'ils font confifter dans ces paroles. Ceci efl mm corps, e^c-.
„ au lieu que les Neftoriens croyent avec tous les autres Orientaux, que la
„ contècration n'eft point achevée, qu'après que le Prêtre a achevé la prière
„ qu'ils appellent l'invocation du Saint Efprit. Cependant Menefés fait adorer
„ aux Prêtres Neftoriens l'hoftie, aufli-tôt qu'ils ont proféré ces paroles, Ceci
„ ejl mon corfs, quoi qu'ils ne croyent pas qu'elle foit encore confacrée. On
„ peut confulter (ur cette queftion les Notes fur Gabriel de Philadelphie, où
„ l'Auteur juftifie en parriculier les Neftoriens, &: monftre évidemment, que
„ leurs Liturgies, même celles qui portent le nom de S. Neftorius, ne con-
„ tiennent rien que d'orthodoxe : ce qui eft fort éloigné du (èntimcnt de Menefés,
qui les traite d'impies & d'Heretiques, & qui n'appuye la correaion
„ qu'il a faite, que fur ces termes généraux, que ces Liturgies font remplies
„ de blafphemes. Ce même Auteur làît" voir,' que dans une des Liturgies à
„ l'ulàge des Neftoriens, qu'il avoit eue d'un Prêtre Babylonien, on y avoio
„ effacé le nom de Neftorius avec plufieurs autres choies, en y ajoutant d'au-
„ très qui n'étoient point de la même main, parce que ce Prêtre Neftorien
„ qui Ce fervoit de cette Liturgie, étoit réuni, au moins en apparence, avec
„ l'Eglife Romaine; ce qui l'a voit obligé de reformer d.ins fon Miilel tout' ce
,, qui pouvoit choquer les Théologiens de Rome. Les Neftoriens en ont
„ aulli ufé de la même maniéré dans une autre occafion, comme le rappor-
„ te (a) Stroza: car aulfi-tôt qu'ils viennent à Rome, & quils entendent
„ parler de Neftorius comme d'un impie & d'un Heretique, ils déchirent les
„ pages de leurs livres où il eft &it mention de lui, étant tout ce qu'ils croycnt
„ être contraire à la Theologie de l'Eglife Romaine.
„ v u . On ne doit p.is mettre au nombre des erreurs l'ufâge qu'ils ont de
j, confacrer en pain levé, y niellant de l'huile Sz du fel, puis que cela ne
„ change point la nature du pain. De plus la ceremonie, qu'ils obfervent
„ pour rendre en qtielque façon ce pain plus ^int avant la confecration, eft
„ louable, & même dTés ancienne. Ils diftinguent par-là, auffi bien que les
„ Grecs, le pain deftiné pour être &it le Corps de Jefus Chrift, d'avec tous
„ les autres pains, qu'ils regardent comme pro&nes, avant que d'avoir recite
„ delTus un certain nombre de prieres de Pfèaumes.
,, v i n . Il n'eft pas étonnant, que les Chaldéens ne difent pas fi fôuvent la
„ Meffe que les Latins, & que plufieurs Prêtres afliftent à la Meffe de l'Evê-
„ que, Se prennent la communion de Ces mains. Cet u&ge cft ancien dans
„ l'Egli-
(h) Petr. StrozA de Dogm, Chald. Au refte on peut voir les Liturgies des Neftoriens dans les DiJferU'
tivm fur la Liturgns par le P . It Bmn Tome I I L Dificrnt. X I I .
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