
192 III. D I S S E R T A T I O N SUR LA
pas &it par cette priere préparatoire. Apres la prière le Prêtre couvre le paiiî
& la patene d'un voile, le calice d'un autre, & le tout d'un plus grand voile.
Il baife l'Autel & defcend du Saniluaire pour faire la priere de l'abiblution fur
les Miiiiftres. Si le Patriarche ell: prefent, c'eft lui qui fait cette priere de l'abfolution.
Enfuite le Celebrant remonte à l'Autel, l'cncenfe & fut une autre
priere, pour demander encore à Dieu de le mettre en état d'offrir le facrifice
& c . après quoi il fait le tour de l'Autel, l'encenfe, le baife. Il encenfe audi
toute l'atremblée, chacun en particitlicr, pour fiirc lever ceux qui font a f f i s,
pour recevoir les offrandes, & pour voir s'il n'y a point d'infidelles ou d'heretiques
dans l'affemblcc, afin de les faire fertir. Rentre dans le Sanfluaire le
Celebrant fe proftcrne 6: prie pour le peuple. Les leftures fuivent, d'abord en
C o p t e , enfuite en Arabe pour le peuple, avec le chant du Trifigiati répété
trois fois. Enfuite le Prêtre Se le Diacre font le tour de l ' A u t e l , pour reprcfenter
les progrès de la predication de l'Evangile, qui en cette occafion cfl: potté
par le Diacre.
Avant la ledure de l'Evangile, le Prêtre étant debout devant le Sanduaire
ouvre le livre qui étoit pofé fur l'Autel, pour marquer que les paroles qu'on y
lira font forties de la bouche de J . C . Il &it aufli venir tous les Prêtres pour
voir l'Evangile. Les Prêtres le baifent ouvert, mais le peuple le baife fermé.
Lorfqu'on le porte au peuple pour le baifèr, il efl: couvert d'un voile. Je laifle
.quelques prières qui fuivent, le chant du (ymbole, le triple encenfcment du
Prêtre vers l'Orient, le lavement des mains, l'Oraifon pour bailêr la paix, &
le figne de croix fait fur le peuple. Apres cette derniere Oraifon, qui porte ie
n om d'Oraifan du haifer de paix, tous les Affiftans s'embraflènt.
A \'Amfhora (l'oblation) qui rcponJ au Canon des Latins, d'abord le Prêtre
tomt l'HolUe en trois parties, qu'il joint les unes aitx autres de telle maniéré
qu'elles ne paroillent pas divilées: & cela fe fait avec des prieres, & la devotion
convenables à la majefté du fujet. Cependant la veritable fradion n'a
lieu qu'après {a) l'nvocation du Saint Elprit fur k s dons & la commemoration
des Saints & des fidelles défunts. J e n'entre dans aucun détail fur tout le reftc
de cette Meffe des Coptes : je rapporterai feulement, (i) qu'à la cercmonie de
l'élévation, que le Prêtre fait avec le Dejpoticony lorfqu'il prononce ces paroles,
SanSa SmSis, les Diacres élevent les cierges & la croix, le peuple fe prollern
e , & dit à haute v o i x , Seigneur ajés pitié de mus. Une note du P. le Brm
ajoute, que fi l'élévation fe fiùt tin Dimanche, le peuple a la tête nue & baiffée,
fi c e l l un autre jour, on adore en tenant le vifàge contre terre & 6ns
bonnet fur la tête. Ainfi chez les Coptes l'adoration de l'Hoftie fuit la divif
i o n , & précédé immédiatement la Communion, {c) Un Miflionnaire nous
rapporte cette cercmonie de la maniéré (uivante „ l e Diacre avertit les affiftaiîs
„ a haute voix: comlés 'vos têtes de-vant le Seigneur, & le Prêtre fe tour-
„ nant vers eux avec l'Hoflie fur la patene l'cleve en difant : Voici le pain des
Saints. Les affiftans fe courbent profondement & répondent : fait hétiit a-
„ lui qui niient au mm du Seigneur. Cell par des inclinations & des pro-
„ fternations que les Orientaux marquent leur adoration ; cat ils n'ont pas.
c-ï) Dans le petit intervalle qui fe trouve entre cehe invocation & la vraye fraction , le Prêtre prononce
ces paroles, ftc hune patitm &c. fuiies île ce patn le corps &c. lefquelles renferménr la confccration.
Avant cela les efpèces font appellees pain & le vin. Enfuite on les appelle Corps & Sang &c. Voy.
une citation dans le P. le Eriin ubi flip,
(é) Après la véritable fiaiflioh.
(c) MiJJions dn Ltvtmt Tome IIR
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comme nous, l'ufage de faire des genuflexions & de fe mettre à genoux ".
A l'égard des autres ufages : Brere-oeood rapporte que les Coptes confèrent let
Ordres mineurs aux cnfans même, & cela fouvent après le Baptême. Leurs
parens s'engagent alors pour eux jufqu'à l'âge de quinze ou feize ans. Cet
engagement confifte à garder la challeté, à jeunet le Mercredi & le "Vendredi
, & à obferver les (<i) quatre Carêmes de l'année.
Les Moines Coptes font aufli méprifés. Se generalcment aufli méprilàbles
que les autres Moines Grecs , principalement ceux des environs de
l'Egypte. Cependant les Moines du Mont-Sinaï font exempts {h) du Charatfch,
& de tout autre tribut, en vertu d'im privilege que Mahomet leur accorda,
pour l'amour du bon traitement qu'on lui fit dans le tems qu'il étoit
encore réduit à garder les chameaux de ce Couvent. Ils n'ont d'autre charge
que celle de Elire l'aumône aux Arabes, mais ceux-ci la font payer quelquefois
avec toute l'infolence de ces pauvres qui Éivent fe prévaloir du pouvoir
de la Religion domiiuntc. Au refte je ne trouve rien de fort particulier dans
les u&ges des Moines Coptes, (c) Ils doivent renoncer (d) pour toujours au
mariage, même aux defirs de la chair, à leurs parens & aux biens du monde.
La Regie veut aufli qu'ils prient toujours, que même ils penfent toujours
à Dieu, qu'ils jeûnent & travaillent fans relâche. Ils doivent s'habiller de laine,
fe ceindre d'une couroye, ne boire jamais d e v i n , vivre toujours dans le dcfert,
coucher par terre fur une natte. Ce proflrerner tous les foirs cent cinquante
fois le vifage & le ventre contre terre, les deux bras étendus en crobc & la
main fermée. En fe relevant on doit &ire le figne de la croix, & tout ceb
lâns préjudice à fept autres prpftrations qui précèdent les ièpt heures Canoniales
, une profl:ration par heure. Les Caloyers de l'Eglifc Grecque obfcrvent
à peu près la même difcipline dans leur devotion. Je ne dis rien de leurs
habits, & je ne donnerai pas non plus le détail de leurs travaux, ni celui de
leurs alimens &: de tout ce qui peut concerner encore leur genre de vie. Il efl plus
important d'obferver, que là comme ailleurs chaque Monaftere & chaque Eglife
a fes traditions, fesSaints, fes miracles, & ce qui efl: encore plus fingulier, des
Saints Se des miracles admis par des dévots de deux Religions oppofées d.ins les
pratiques , dans les dogmes & dans les principes. On trouve plus d'un
exemple de cela dans les Relations du Levant : celui-ci fuffit. Les Coptes & les
Mahometans reverent également un (f) Saint qui étoit autrefois Evêque, &
foufiirit enfuite le martyre. Par cette derniere qualité il eft le Saint des Coptes,
j'ignore quelle efl; celle qui le fait celui des Maliometans. Cette Société' de
CrJfee étoit ordinaire dans le Paganifme des Anciens, où l'on voyoit les Seftes
& les Nations éloignées & même ennemies irréconciliables fe communiquer
leurs Divinités, leurs Syftemes Se leurs miracles. A l'égard de ce dernier article,
les Mahometans regardent afles indifféremment ceux des Chrétiens qui vivent
fous leur domination, quelquefois pourtant ils les refpeaent : mais que ces miracles
foient vrais ou f a u x , (fi le Souverain ni fes Miniftres ne s'en embaraflent
(4) Les quatre grans jeûnes.
(é) Tribut que les Mahometans exigent des Chrétiens.
(c) Rektim Scc.
( J ) Tout ceci regarde les Moines de St. Antoine.
(«) V o y . RelM. du P. fanflei.
(ƒ) La tolerance des Souverains Mahometans eft telle, qu'on ne leiu- appliquera jamais cette faillie
un nlaifant,d d'un certain plaifmt, au fujet dee qquueellqquueess mi iracles déconcertés par le moyen d'une Autorité fuperieure,
De par ie Rai defettfi à Biea
De faire mirACtt trt ce Heu,
Tome III. Part. L C c c
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