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332 D I S S E R T A T I O N S SUR LA
pjs d'attendre le Synode general. Du refte il n'y a rien de fort particulier â
remarquer touchant ces Synodes, finon qu'on ouvroit le Synode vers le loir
& dans un Temple après le fignal de la cloche; que l'on foupoit fraternellement
tous enfemble; que pendant la feance du Synode, ou prechoit tous
les matins ôc l'on fàifoit regulieremcnt la priere l'après-midi & le foir ; qu'un
jeûne accompagné de prières prccedoit les éleftions indiquées pour remplir les
places vacantes du Confiftoire, ôc que l'on faifoit une Cene generate & foiennelle
dans le Synode, apparemment à l'ouverture de cette aflcmblée. Elle
finiflbit par des exhortations qui témoignent affes combien la Difcipline des
Bohemiens étoit rigoureule. Je n'en indiquerai qu'une preuve, (a) Le Pafteut
ou Miniftre étoit exhorté à donner aux pauvres tout ce qu'il polTcdoit de revenu
en argent au delj de deu% cens thalers, ou de convertir le furplus en
oeuvres pies. On dcfendoit aulTi d'infinuer à perfonne, foit par confeils ou autrement
, aucune difpofition teftamentaire. Tel croit le defmtercllcment de cette
Herefie Bohémienne, pendant que l'Orthodoxie fe trouvoit fl corrompue.
A l'égard des Ordinations : Il n'y a rien à remarquer dans celle des Acoly.
thes & des Diacres, qu'un examen q^ui la precede, la teurc qu'on leur fait
de leurs devoirs, & la promeffe qu'ils font de les oblerver : après quoi celui
qui efl: reçu & ceux qui reçoivent lè donnent mutuellement la main droite,
ce qui s'appelle la Main d'^ffbciaîion. La benedidion fuit pour cekii qu'on
vient d'ordonner Diacre ou Acolythe. L'éleilion ou l'ordination des Miniftres ou
Pafteurs efl: tout audi fimple. Des certificats d'une bonne vie (la reforme les appelle
Attejlations) un triple examen dans le Synode, & des repréfentations vives Se
fouvent reiterées fur les devoirs, les travaux & les dangers du Miniftere, voilà
ce qui précédé cette Ordination. Après ces repréfentations, fi le poftulanc
ne le dédit pas, ce qui n'arrive jamais, on le fait mettre à genoux, & il 6it
là priere avec l'aflèmt liée des fidelles. On lui Ut enfuite les devoirs de la charge
paftorale, il jure fidélité à Dieu & i l'Eglife. Alors les Atltiftes le confirment
dans le Miniftere en pofànt les mains fur û tête, & priant pour lui dans
cette pofture. Après cette impofition des mains, toute l'affemblée chante le
Veni Sfiritus SanBe. Enfin on lui préfente la Main d'Ajfeciatim. Mais quoi que
reçu dans le Miniftere, il n'en &it pas d'abord les fondions : il faut l'introduire
dans fon Eglilè. Ici celui qui l'introduit fait une exhortation au nouveau
Miniftre & à fon troupeau; au premier, fur le devoir de la cliarge, à l'autre,
fur la foumiffion & le refpcfl. Le Miniftre réitéré les marques de fon humilité,
& fe recommandant aux prières de fon Eglife, fe met à genoux & prie
avec elle. Les prieres étant faites, l'introduéleur prend le Miniftre par la main,
le conduit à l'Autel (ou à la table facrée) lui met (}) le Rituel entre les mains,
& lui ordonne de commencer d'exercer le pouvoir des Clefs par l'adminiftration
des Sacremens. Ceft alors, dit la Difcipline, que les Speftateurs verfent ordinairement
des larmes. Ces ceremonies, ajoute-t-elle, n'ont été conlèrvées que
pour donner quelqu'idée de la dignité du miniftere, ^ peur exciter le reffeU
des fidelles pour fOecmmîe de' Chrifi, mais non pas pour leur perfuader qu'elles
foient nécelTairps à la Religion. Qui doute de ce premier but ; Cependant elles
(a) Omen'ms i» mit ad Difcipl. cap. z.
{(>) Ces Rituels, dit Comenius, ne font jamai?; à la fuite des Carecliifmes de: livres de prieres, afin
qu'ils ne foient pas trop expofés l la curiofité du peuple. lU reftent toujours entre les mains des Miniltres
: & pourquoi cela, ajoute-t-il ? Voici la reponfe : il n'f a pas de md ^ue les Mnijlres de U Religion
fe refervent ^uelijne chofe de mijlerieux. Le peuple méprife ce eju'il connoii irep. La Seligitn Aime d'tirevoilte.
Les Catholiques trouveront ce raifonnement très favorable ï leur caufe.
RELIGION DES PROTESTANS. 333
:s frappent les felrs, & le peuple leur doit les larmes qu'il verfe. D'ornouveau
Miniftre n'eft d'abord qUe l'adjoint d'un autre plus vieux Si'
plus.experimenté : Se cela pendant les deux premieres années de fon miniftere,
afin qu'il acquiere de l'experience, 6c qu'il aprenne par l'exemple la pratique
comment il doit gouverner les confcicnces.de fon troupeau 6c pourvoir it
leurs befoins.
L ' é k a i o n de XAntiftis eft un peu plus folennclle. Après la mort d'un An-
(»7?« on doit aflembler un Synode general, ou (èulement un particulier, s'il
n'y a pas long teiiis que le general a été alfemblé. On commence par un'jour
de jeûne 6c de prieres. On fait un prêche fur les devoirs de l'Evcque. Aprèsle
prêche on procédé.à l'éleaioll par des billets, & l'on remplit ainfi la place
vacante à la pluralité des voix. Le jour d'après, on annonce aux fidelleS que l'él
e f l i on a été faite, & que Dieu a montré comment on doit reparer la brèche
faite à fon Eglife. Alors \Antiftei ordinant exhorte celui qui a eu pour lui les
fuffrages de fe produire .à la face du troupeau. En même tems un autre Afitiftes
l'appelle. Il fè prefente. On lui demande s'il reconnoit véritablement cette
vocation pour une vocation divine ; s'il promet d'en remplir les engacremens.
Après une reponfe convenable, on lit le formtilaire Scc. comme i Pordination
du Miniftre.
Des Miniftres de l'Eglife il eft naturel de paffcr à l'ordre des devotions, à la
maniéré d'adminiftrer les Sacremens &c. Les fidelles s'alfemblent quatre fois
chaque dimanche, 6c en été cinq fois à commencer depuis Pâques. Cette cirtquième
fois eft pour la jeunneeffllee Se l' es d' omeftiques : on l•e ur expl-i quv, -^^
Catechifme Se on les examine. Aux quatre autres aflèmblées on explique l'ancien
& le nouveau Teftament. L'affemblée s'ouvre pat le chant d'un hymne
ou d'un Cantique. La priere fuit le chant Se le Sermon fuit la priere. Aprèï
le Sermon l'on fait une autres priere, on chante. Se le Miniftre termine cet
exercice de devotion par la benediftion qu'il donne à fes auditeurs. Après les
prêches les jeunes hommes Se les jeunes filles doivent refter pour être examinés,
les mis par le Miniftre 6c quelques Anciens, les autres par les Matrmei
dont j'ai parlé. La Difcipline nous dit que ces prêches font très fimples, fans fleurs
d'éloquence^ 6e compofés uniquement de paroles S: de pafliges de l'Ecriture.
Le Baptême des »eres n'a rien qui. le diftingue de celui des Reformés j
(Cilviniftes) auquel je renvoye. La Cene, qui en general eft auffi la mêmô
chez les uns Se les autres, a pourtant ce qui fuit de remarquable, qu'avant
de la faire, les Miniftres doivent demander à leurs Confiftoires l'état du troupeau,
s'il n'y a pas quelque fcandale,ou quelque malverfàtion qui oblit^e de
reculer la Cene. Selon la Difcipline le pere de famille doit en cette circonftance
rendre lui même compte de l'état de fa maifon en ce qui concerne la confcience;
il doit s'examiner devant le Pafteur, lui découvrir fon ame, pour ainfi
dire. En un mot c'eft ici une efpèce de Confeffion, après laquelle on eft cenfuré.
Se même fufpendu de la Cene, f i l'on le mérité, ou lî l'on ne témoione une
repentance bien fincere. il paroît par cette Difcipline, que chez les Yreres on communie
, ou l'on communioit (a) les enfans, du moins ceux qui approchoient de l'adolefcence.
Ces Freres prenoientla Cene à genoux, feldn que cela s'eft pratiqué (h) à
Zuric depuis la Reforme : mais, nous dit-on, en 1 4 s 4 on avoit introduit la coutume
de communier debout, (c) L a perfccution que cette coutume caufa la fit abolir.
{a) Primh viri, rum aMefeentel, tandimpH!ri accidAitt. ^^
(ù) Holpinian. f» Hiß. SAcrnm,
(cj Excitata ob id atrockrc perfecittioiK, deßßcre fmmt coa^i.
Tome III. Part. II. PPPP
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