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238 IIL D I S S E R T A T I O N S U R LA
„ ne Sainte i où il parle principalement des Maronites qui habitent une partie
„ du Mont Liban appelle Quefroan. Ce Jefiiite croit que les Maronites tirent
„ leur origine de St. Maron Abbé Syrien , & non de l'Herefiarque Maronj
j, & entre autres preuves qu'il rapporte 3 il die cjue les Maronites ont ac-
„ coutume, après que le Clergc & le peuple ont elû un Patriarche, d'avoir
„ recours au Pape pour en demander la confirmation. Mais il devoit prendre
„ garde, qu'ils n'ont eu recours à Rome pour cela , que depuis leur grande
„ tiaifon avec l'Eglife Romaine. Il ajoute de plus, que Jean de Damas ne
,, pouvoir pas ignorer l'Herefie des Maronites, s'ils euflent été en effet Here-
„ tiques, parce qu'il étoit leur voifm j & cependant dans le dénombrement
,, qu'il fait des Hcrefics, il ne parle point d'eux. Mais cela n'étoit pas nécef-
„ {aire, puis qu'ils font compris dans l'Herefie des Monothelites.
„ Ce même Auteur touche en peu de mots ce que le Jefuite Dandini &
„ quelques autres de cette Société ont fait parmi les Maronites -, & c'efl ce
„ que nous avons rapporte plus au long avec les reflexions néceflàires. Tout
„ ce que Ton peut dire, c'eft que ce Miflîonnaire Jefuite me paroit enco-
„ re plus fimple que les autres, lors qu'il parle de la créance des Maroni-
„ tes. C'eft pourquoi je ne croi pas qu'on doive ajouter foi à un miracle
j, qu'il rapporte comme une preuve évidente de la croyance orthodoxe des
Maronites. Il affirme qu'à trois milles de Canubin, auprès d'un village nom-
„ me Eden, il y a une Eglilè Métropolitaine fous le nom de St. Sergius, &
„ qu'au defllis de cette Eglifè l'on découvre une Chapelle dediée i St. Abdon
„ & à St. Sennan, où il y a une fontaine d'eau vive , qui coule fous l'autel
„ pendant la MefTe, le jour qu'on célébré la fête de ces deux Saints. Il dit
„ de plus, que quoi que cette fête foit mobile, étant attachée au premier Di-
„ manche du mois de Mai, il n'y a pourtant jamais de changement dans le
„ cours de cette fontaine, qui eft toujours réglé au premier Dimanche de Mai,
, , même depuis que le Calendrier a été reformé par Grégoire XIII. Mais je
„ ne doute point qu'on n'ait fait cette hiftoire à plaifir , & peut être pour
5, autoriîer la reformation du Calendrier par Grégoire XIII. laquelle ces Peu-
„ pies ont refuCé de recevoir en plufieurs rencontres. Ce qui prouve encore
„ davantage que ce miracle eft fuppofc, c'eft que l'Auteur aifure que cette
„ fontaine qui court pendant la MelTe , jette de l'eau avec plus grande a-
„ bondance, lors que le Prêtre éleve l'HoIlie 5 fans prendre garde que l'é-
„ levation de l'Hoftie n'eft point en ufage parmi les Maronites de la ma-
„ mere qu'elle le fait parmi les Latins. Cependant le P. Beflbn rapporte ce
„ miracle, comme une preuve évidente pour autorifer contre les autres Na-
„ tions du Levant la devotion que les Maronites ont envers l'Eglilê Romaine,
„ fie en même tems pour établir la reformation du Calendrier. On lit aufli
„ dans cette Relation, que l'humeur des Maronites eft fort douce, & qu'ils
„ donnent au moins de bonnes paroles, en promettant de faire ce qu'on
,, defire d'eux; qu'ils dilènt fouvent que Dieu eft bienfaifânt, & qu'il fera
„ reuftîr la chofè qu'on leur propofè, (a) qu'ils ont toujours a la bouclie le
„ nom de Dieu, ou quelqu'un de fès attributs. Mais fi ces peuples font d'un
„ naturel bon & facile, ajoute le même Auteur, ils font aufli trcs-inconf
„ tans; quand ils ont entendu une bonne prédication, vous les voyez cn-
3, tieremenc refolus de fo convertir, & de faire une confefïion exaifle de
„ leurs péchés; mais quand il en faut venir aux effets, ils paroifTent infên-
„ fibles. Leurs femmes font , à la vérité, très-modeftes ; mais plus elles
„ font de qualité, moins elles vont à l'Eglife; de forte que pouc louer la
„ qua-
( r t ) Cet u/age e f t general c l i c z les O r i e n t a u x , Se f u r t o i i t parmi les Maliometans.
R E L I G I O N DES GRECS. 239
" Dame, l'on dit d'elle, qu'elle n'emend U Meffe qne le joiir
„ de Pâques, & encore cela n'arrive-t-il pas tous les ans. Lors qu'une fille
eft mariée, elle demeure deux ans chez elle làns .iller à l.i Meffe, & elle va
„ cependant aux bains & aux noces. Il femble qu'elles foient bannies des Eglifes,
„ comme les femmes Maliometanes font bannies des Mofqiices. Il y a pourtant
„ un Monaftere de Religieufes, qui font de l'Ordre de St. Antoine , & ce
i, Monaftere eft en grande reputation de fainteté. Leur bâtiment ne conlifte
prefque qu'en une Eglife, où ces filles font logées , comme des pigeons
„ dans leurs nids, en de petits recoins pratiqués entre l'élévation de la voûte
„ & b terraffe. Ces cellules font fi baffes, qu'elles ne peuvent s'y tenir de-
„ bout, & à peine y a-t-il place pour y tenir leur corps. Tout leur emploi
„ confifte à chanter l'Office, à méditer, à prier & à travailler. Leurs prie-
>1 res commencent vers les deux heures du matin ^ & elles travaillent dès le point
M du jour, s'occupant à cultiver leurs jardins & les terres de leur Monaftere.
„ Enfin le P. BefoK affurc dans la fécondé partie de fon livre,où il fait voir
» la grande antipathie qui fe trouve entre les Syriens ôc les Francs , que dans
i, la Syrie l'on ne dit d'ordinaire qu'une Meffe chaque jour, & même les Di-
„ manches; qu'il y a peu d'autels, & encore moins de celebrans ; que tous,
„ excepté les Maronites, conlâcrent avec du pain levé ; que les Prêtres qui ne
>, celebrent point, ne laiflènt pas d'affifter à la Meffe,& d'y tenir leur rang, mais
M avec un habit commun, à la referve de ceux qui fervent de Diacres où de
Soudiacres; qu'enfin chacun communie fous les deux efpèces , horsmis les
i! Maronites, qui communient (ans celebrer la Liturgie, & reçoivent une pariicù-
» le trempée dans le läng de Notre Seigneur.
Supplément à C6 c^ui u été dit touchüfit les
MARONITES.
« Qiioique ce qui a été rapporté ci-deffus touchant les Maronites p.iroifle
i> appuyé fur de bonnes raifons, un favant Maronite qui profeffe la Langue A- •
„ t.ibe dans le College de la Sapience i Rome, a fait tout fon poflîble pour
„ rnontrer que fa Nation n'étoit jam.lis tombée dans l'Herefie dont on l'accu-
„ fe, & que Maron a été véritablement ortliodoxe & faint, & non pas un
„ Hérétique. Gabriel Simita, Se ^ipiès Im J^rahaM Ecchelienfis, ont auffi eu
i, deffein de faire une Apologie pour ceux de leur Nation & pour leur pré-
„ tendu ^ t . Maron i mais ces Apologies n ont point paru. Fauße HaitOTi, pa-
„ rent d'Abraham & fon Succcifeur, a entrepris depuis peu de faire cette AI,
pologie dans une (a) Diffcrtation imprimée à Rome, où, félon le fentiment
j, commun des Maronites, il prouve par les témoign.iges de Theodoret, de St.
li Jean Chryfoftomé, & par quelques autres Auteurs, que Maton, dont les
)j Maronites tirent leur nom, eft le même qui vivoit vers l'an 400. & dont il
» eft p.irlé dans le Ménologe des Grecs. 11 ajoute, que les Difciples de cet
» Abbé Maron fe répandirent dans toute la Syrie , où ils bâtirent plufieurs
I) Monafteres, & entre autres un fort célébré fous le nom de Maron près du
» fleuve Oronte. Le même Auteur prétend de plus, que tous ceux d'entre
„ les
(4) Dijferi, de Brigittejum, de Rtlig. Mmn. tiinere FMßo Nttiyansy edit, Roma, mn. 1079.
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