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326 D I S S E R T A T I O N S SUR LA
bare 6c la refutation miferable. Il auroit plus de fond à faire fur le rapport
d'jEnée Sylvius, qui ctoit homme de gout & éclaire. Il faut prendre garde
auffi de ne pas confondre avec les Frem des Vaudois difperfcs dans la Boheme
avant la naifTance des Frens. Cependant il [s peut que dans la fuite ils
fe {oient communiqués mutuellement quelques Dogmes. Nous allons voir qu'il
y eut Qficâivement un comnettcemtnt de fraternité. 11 étoit même poflîble qu'elle le
fortifiât peu à peu,parce qu'ils étoient tous ennemis jurés du Pape, qu'ils appelloienc
l'Antechrift ; qu'ils rejettoient les uns & les autres les Prêtres pécheurs & vicieux
; qu'ils croyoient que l'autorité étoit détruite par le péché i qu'ils donnoient
unanimement [a) à tous la permiffion de prêcher; que tous enfemble ils
s'accordoient à retrancher les biens propres aux Ecclefialliques & aux Moines
&c. M. de Beaufobre [l] autorile d'autant mieux ce que je dis , qu'il
a divilc les Bohémiens en trois partis , i. des Calixtins , 1. de ceux qui
•vouhient une Refarmatim <J la Vaudoife, & admettoicnt avec (c) les Vaudois la
prcfence réelle & l'adoration, & 3. i s Picarts, véritables précurfeurs des Sacramentaires.
Les véritables Frens de Bofew«,foit qu'on lesappelle fimplement Huffites,ou qu'on
leur donne celui de Tûborites, aptes s'être feparés des [d) faux Huffites en i 4 5 7 commencèrent
d'établir en même tems des affemblées particulières & une forme regiée de
Confilloire (c'cll-à-dirc de Difcipline Ecclefiaftique) quelque tems auparavant ils a- *
voit oftert de s'unir à certains Vaudois réfugiés en Autriche : mais ces Vaudois furent
diffipés & leur Chef, B^i-fc, ou Evêque, nommé Etienne, brûle à Vienne avant
cfue l'union eut pil iè feire. Il y auroit quelque apparence que ces Vaudois,
dont parle Ccmemas, feroient les-Picarts dont parle yEnée Sylvius, qui arrivèrent
de France à Prague avec leurs femmes & leurs enfàns , fi l'on n'ajoutoit
que (e) Ziska aida lui-même à les exterminer ; ce qui étoit bim éloigné d'une
union propofée. On trouve auffi dans ce tems-là des Adamites répandus dans
toute la Bohême, qui (ƒ) felon M, de Beaufobre étoient des Vaudois & des
relies de FlageHaras qui courojent par toute l'Allemagne, & àpprochoicnt auffi
en quelques articles des Vaudois & des Taborites. Ce petit détail montre
alTés qu'il étoit dès-lors fort -aifé de confondre toutes ces Seâes tantôt fcus un
nom, tantôt fcus l'autre. Deux choies pouvoient contribuer .à cette confiifion,
I. le peu de liaxfon qu'on avoit alors avec tous ceux qui étoient cenfés
Herctiques. z. La haine & la mauvaile foi. Il eft d'autant moins (urprenant
que cette confùflon le foit vue alors, qu'aujourd'hui encore on confond chez
ksxJlés i f f w r m s & chez les b i g o t s , un Janfenifle & un Cahimjle, un j^rminien
& un Socinien, un Piet^e Se un L i k r t i x , un To/erM 6c un Deijle.
Mais tenons nous à ce qui concerne les Freres de Boheme. Depuis qu'ils le
forent feparés des Catholiques Romains & des Calixtins, oa faux HuJJites, ils
comia^
Voy. h DilTertation précédente.
(4) BM. Girm, Tome XXI.
(c) „ Les Vaudois, dit M. de Beaufobre; n: pifToiem pas pour nier cette Prcfcoce; comme on 1«
„ voit dans plufieurs auteurs qui raportent leurs fentimens, & ne faifoient aucune difficulté de fe met-
" ? ' " " fi'W'nt pas. Jl la virile il, m mj,:im f a , h
(d) A Cttlixlims illii fjittdo-Hajjîih fecejfmne fa^la Comen. ubi (up.
(r) Voy. ce que dit M. de Beaufcbrc Tome XXI. de la BiUiahfit Girmim fur cette affion
de Ziska.^ Ce General étoit,felon lui, du parti de ces Bohémiens qui croyoient !a Prefencc réelle
(& peut être aufiî la Tranfubftantiation) les Picarts au contraire nioient l'une & l'autre, & tenoient
feulement le pain & le vin pour iymboles du Corps & du Sang de J. C. En vertu de cette erreur
Zislta, qui n'aimoit pas moins à brûler que les Romains, fit périr de la même manière ces miferables PicaiTs.
Ils trouvèrent plus de fupport après la mort de Ziska, puifque Iclon M. de Btatifobrc, ils fe
reunirent au fécond parti fous Procope.
f / ) Bibliolb. Qirm. ubifup.pag, 119, '
RELIGION DES PROTESTANS. 327
commencèrent de s'affembler , ainfi que je viens de le dire , & établirent
des Chapelles Se des conventicules dans toute la Boheme, autant du moins
que les pcrfecuiions le leur permirent. Comenius alfure qu'en l'année r j oo
il y avoit déjà deux cens Eglifes des Freres Bohémiens dans la Boheme Se
la Moravie , entre lesquelles plufieurs étoient entretenues par des Gentilshommes
du paru. Les Miniftres des Eglifes qui n'avoient aucun revenu s'entretenoient
comme chez les Vaudois par des travaux méchaniques. Et cornme
les perfécutions Se les fupplices les obligeoient de fe retirer louvent dans les
cavernes ôe les rochers avec iei urs petits troupeaux ; les Catholiques les appelloient
par mépris (a) Jamnifies, s , da 'uun mot apparemment Et lfccllaavvoonn,, qui id oit
fignifier une caverne. Ces pauvres fugitifs convoquoient leurs Synodes Se leurs
aflèmblées dans ces rochers, y faifoient leurs reglemens & leur exercices de pieté.
Que ces gens vivans, comme ils vivoient, errans, dilperfés, n'ayant d'ordinaire
ni feu, ni lieu, toujours en frayeur, toujours à la veille de fe voir brûles
ou malCicrés, ayent été parfaitement ignorans, groffiers, & peut être demi
fiuvages, jufqu'à peu près au tems de la Reformation de Luther, c'eft de quoi
il n'y a prelque pas lieu de douter. Avant cette Reformation leurs Pafteurs
ou Miniftres n'étoient guetesque des gens du commun, & par une jufte confequence
fort idiots. Soit ignorance, foit haine pour la Communion Romaine, ou
Ibit que par un excès de préfomption joint à l'ignorance, ils milfent leur Secte
au defliis de tout ce qu'il y avoit de Chrétiens au monde , ils rcbaptifoient
tous ceux qui venoient à eux des autres Eglifes ; & cela continua même
long tems après la Reformation de Luther, (h) fe trouve deux choies remarquables
dans la conduite des Fi-ec«, après leur Schiline. La premiere, que
de l'avis des Gentilshommes qui les protegeoient, ils envoyèrent quatre d'entr'eux
voyager en Grece, en Rulfie & même par tout l'Orient Se vers le Midi
dans l'elperance d'y retrouver le Chriftianifme que l'Europe avoit perdu fuiv.
ant eux, ôc dans la relolution de s'unir à ceux que ces Députés reconnoitroient
pour véritables Chrétiens : mjiis leurs courlès furent inutiles. Ils ne raporterent
à leurs Freres qu'un récit de la corruption du Chriftianifme dans tous
les p,iïs qu'ils a v o i e n t v û , ^ d'une croyance bien différente de celle qu'ils avoient
emhrafee. Ils ne s'accordoient qu'en un point, qui étoit de rejetter l'aijtorité
du Siege de Rome. L'autre chofe, qui n'eft pas moins remarquable, c'eft
le jugement d'Erafme. Les Freres lui envoyèrent leur Apologie, Se le prièrent
d'en donner fon jugement. Erafme repondit, qu'après l'avoir lue [c) il ^'y anioit
point trowui ierreurs , que cependant il ne lui cmuenoit pas de donner fon
témoignage éf que les Freres n'en avoient p.is hefom : mais dans un écrit qu'il
fit enfuite contre un certain Schlecht, il ne laiflà pas que de parler favorablement
de la Difciphne Ecclefiaftique des Freres. {d) „ Ils élilênt eux-mêmes
„ dit i l , leurs Prêtres (leurs Pafteurs) Se cela eft aflès conforme à l'ancien u-
„ fige . . . . ils les choililfent d'une bonne vie, Se en cela ils ne font point
„ fi condamnables,parcc que les bonnes moeurs font la compen&tion du (avoir. Ils
„ s'appellent entt'eux Freres ôc Soeurs. Plùt à Dieu que ces témoignages de
„ du -
Cd) Ptr ludibinm ab tioßihns Jumaki, ideß fptlwicales, diEli fiierwit, Comen. ubi fup#
Ci) Cmtni«, ubi fup. BolTuet H,ß. des K i m r . &c. L. XI.
(c) O/mçn. ubi fup.
(,d) Quad fibi Fratrei iiU ftcerdottt ipß eUjriint, mi rtbharret à cmfimtdiui •vsttrum . . ejund mdgäos,
takrMUui tjfe, ßvititfietas pçnfei entditioms inapiam. O^dfe imkern fratrei aefororei uppelUat, non video
cur deheJt reprehtndi: alette uiimm eadem appelUcio mmHx ekaritatii perfever^trer apnd Chrifiiams { e^tiod
mi»U! triifffjnt Do^oribus ejuam diainis voluminibut . . . reüe femimt. . . . De feßis diebifs no>t mulùtra
ttbeß iUeriim optnio a ßxuk Himnjmi. Nme in immenßtm erevit feßoritm lurbit. . . .
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