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196 III. D I S S E R T A T I O N SUR LA
de yammj k i , pour montrer de quelle façon en matiere de Voyages,
fait enchérir fur le precedent : & c'eft ainfi qu'on tâche de fe
l?e:
le dernier
venu lait enchenr lur preceaent K c eit amu qu on tacne ae faire valoir
au public credule.
Vanjîeh ajoute, j,que les Maliomerans, quoi qu'ennemis jurés des Coptes,
,, gardent encore en cette occafion des coutumes qui rellèmblent à celles qu'ils
„ {les Coptes ) prariquoient dans le tems que leurs Prêtres mefùroient le
„ Nil : . . . ils ne font cette fonction qu'au tems de 'Vcjprcs, c'eft-à-dire, à
„ trois heures après midi. Ceux qui le mefurent doivent être Cadis ou juges,
„ qui eft parmi les Mahometans une charge eccleliaftique. Ils ne le font qu'a-
„ près s'être purifies fie avoir dit leurs prieres des Vêpres, ce qui a du rap-
„ port à la Melfe des Coptes ". Vmi(lci auroit dû fe relfouvenir que le Mahometifnie
eft en partie une imitation du Chriftianifine. D'ailleurs comme la
contagion mutuelle des maniérés & des moeurs fe remarque dans tout l'Orient,
malgré la haine irréconciliable que la différence des Religions a fiit
naître , il n'eft pas étonnant que les Mahometans, en s'établilfant fur
les ruines du Chriftianifme d'Egypte, ayent confervé divers ufages des Coptes,
comme ceux-ci à letir tour en ont pris des Mahometans. L'experience
de nos jours montre que la haine & l'antipatie, qu'il lèmble que l'on entretient
fouvent avec une efpèce deplaifir, n'ont pas le pouvoir de garentir d'une
imitation mutuelle. Elle gagne infenfiblement dans les moeurs & dans les
manières, (a) Les peres prennent les débuts de leurs enfans, les enfans prennent
ces défauts dans leur nouvelle patrie, & perdent peu-à-peu les bonnes
[uahtes de leurs peres. Cela Élit bientôt un caraftère mixte, où les mauvaiqualités
dominent beaucoup plus que les bonnes.
Je n'ai plus qu'un mot à dire des Ceremonies Nuptiales des Coptes.
Quoiqu'elles ne différent pas abfolument de celles des Grecs, je tranfcrirai
ici la delcription que Vaiipeh en donne. „ Apres l'Oraifon de Minuit, ou
„ comme nous dirions, après Matines, on conduifit premièrement l'Epoux,
,, enlîiite l'Epoulè de la niaifon nuptiale à l'Eglilè, éclairés par quantité de
„ cierges & de flambeaux allumés. Pendant la marche on chantoit des
,, hymnes en langue Copte, ^ l'on laiîoït la mefitre ou ton accompa^oH ce
„ chant en frap.int avec de petits marteaux de bois contre de petites regies
„ d'cbeine. L'Epoux fut mené dans le Choeur intérieur de l'Eglife
„ l'Epoufe fut menée à l'appartement des femmes. Alors les Prêtres & le
„ peuple commencèrent dans le Choeur des pieres mêlées d'hymnes. Cette de-
„ motion fut longue. Sur la lin le Prêtre qui fiiifoit la ceremonie du Mariage
„ alla trouver l'Epoux & leur trois ou quatre Oraifons, Éiifint fur lui le figne
„ de la croix au commencement &; à la fin de chaque Oraifon. Enfuite il fit
„ alTeoir l'Epoux à terre, le vilàge tourné vers le Heikel. Le Prêtre, qui étoit
,, debout derriere l'Epoux, tenoit une croix d'argent fur là tête. Il continua les
„ prieres dans cette poflure.
„ Pendant que cette ceremonie (è Éiifoit dans la Choeur intérieur, le (àcrif-
'„ tain avoir mis un banc hors de la porte du Choeur e,xterieur, pour y faire
„ affeoir l'Epoufe avec une de fes parentes. Les Prêtres ayant achevé dans le
„ Choeur intérieur ce que les Coptes appellent l'Oraifon du noeud, celui qui fài-
„ foit la ceremonie du mariage revêtit l'Epoux d'une aube, le lia d'une ceintu-
„ re autour des reins & lui mit une nappe blanche fur la tête. L'Epoux ainfi
„ équipe' fut mené auprès àe l'Epoufe : le Prêtre le fit affeoir auprès d'elle & les
„ cou-
(4) Les R. . : . ;
R E L I G I O N DES GRECS. 197
„ couvrit tous deux de la nappe, dont l'Epoux avoir auparavant la tête cou-
, verte. . . . après quoi il les oignit l'un & l'autre d'hui e au front & au del^
„ fus du poignet. Pour finir la ceremonie, ils fe donnèrent mutuellement la
main : le Prctre leur leur tout haut l'exhortation qui contient les devoirs que
,, l'on fe doit réciproquement dans le mariage. . . . Diverfes prieres fuivirent
1', encore. . . . enfuite la MelTe. . . . l'Epoux & l'Epoufe y communièrent
J, . . . la Meffe finie ils retournerent chez eux ". )
De la CREANCE if des COUTUMES des
ABYSSINS ou ETHIOPIENS.
Comme l'on a traité aflcz au long de la Religion des Cophtes, & que
„ les Abyffins ne différent point d'eux en cela, l'on ne s'étendra pas beaucoup
„ fur ce fujer.
„ L'ancienne Ethiopie eft aujourd'hui nommée Abaffie, & les Peuples qui
„ l'habitent font appellés Abyffins. Ils n'ont qu'un (a) Evêque qui les gouver-
„ ne, &qui leur eft envoyé p.ir le Patriarche d'Alexandrie, lequel refide au
„ Caire: de forte qu'ils fuivent en toutes chofes la Religion des Cophtes, à la
„ referve de quelques ceremonies qui leur font fingulieres. Ils ont auffi une
„ Langue p.aniculicre, qu'ils nomment Chaldcenne, parce qu'ils croyent qu'el-
„ le tire fon origine de la Chaldee, quoi qu'elle foit pourtant fort différente du
„ ciialdéen ordinaire ; c'eft pourquoi on l'appelle Langue Ethiopienne, ils le
„ fervent de cette Langue dans leurs Liturgies & dans les autres Offices divins,
„ bien qu'elle foit ancienne, & qu'elle foit affez différente de l'Ethiopien vul-
„ gaire. Ceux qui fçavent l'Hebreu peuvent apprendre facilement cette Lan-
„ gue, parce que l'une & l'autre ont plufieurs mots communs : elle a nean-
„ moins des carafteres particuliers; & au lieu que dans la Langue Hébraïque
,, les points qui fervent de voyelles ne font point attachés aux confones, dans
„ la Langue Ethiopienne il n'y a point de confone qui ne faffe en même tems
„ fa voyelle.
„ Les Abyffins ont témoigné plufieurs fois de vouloir fe reunir avec l'Eglife
„ Romaine ; 8c il y a plufieurs de leurs lettres écrites aux Papes, dont une des
" plus confiderables eft (h) celle que David., qui prend la qualité d'Empereur
de la grande Se haute Ethiopie Se de plufieurs autres Royaumes, écriai
vit à Clement VII. à qui il fait de gr.andes foumiffions, & piotefte vouloir
lui obéir. Mais il eft conftant que les Ethiopiens n'ont eu recours à Rome
& aux Portugais, que pour rétablir leurs affiires, lorfqu'elles ont été en de-
'„ fordre. Se qu'ils s'en font mocqués auffl-tôt qu'ils ont eu quelque fuccés,
'„ ainfi que l'on peut voir dans les Hiftoires des Portugais, fans qu'il foit be-
„ foin de les rapporter ici. Tout le monde fait ce tjui arriva à Jean Bermu-
„ des, qui fut fut P.itiiirche d'Etliiopie, & confacré à Rome à la follicitation
même des Abyffins, qui feignoient de ne vouloir plus avoir à l'avenir d'au-
„ très Métropolitains que ceux qui leur feroient envoyés de Rome. Mas ils
„ ne font pas fi-tôt venus au deffus de leurs affaires, qu'ils ont rejetté ces
i, fortes de P.atriarches, & qu'ils ont envoyé au Caire pour avoir un Metropo-
„ litain
M Mctropolitain de toute l'Ethiopie. On l'appellec'ctl-i-dire, mm Pm.
(S) Fpi/I. D^vid. M Clm. ril.
Tome IW. Part. 1, Ddd