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52 D I S S E R T A T I O N SUR LA
3, tâchent de juflifîcr la mémoire de Cyrille Lucar, en oppofanc à Ca. préten-
„ due Confellîon de Foi d'autres de {es (a) Ouvrages, 011 il cft manifdtemenc
„ dans des fentimens contraires. Il y a plufieurs autres chofes dans ce même
„ Synode pour autorifer la Tranfubftantiarion j fur tout, on n'y a pas oublie
„ le mot ^teT8(7iW(s : Sc comme on en a fait une fécondé Edition plus exadte
j, que la premiere, je ne m'y arrêterai pas davantage. J'ajouterai feulement
„ ici quelque cho(è, pour feire connoître mieux l'efprit de Cyrille, dont 011
„ a parle U différemment felon les difFérens partis qu'on a eu à defendre: ce
j , qui (èrvira beaucoup pour éclaircir la créance de la Tranfubftanciation dans
„ i'Eglife Grecque.
(h) „ Cyrille Lucar, qui s'efl: rendu Ci fameux parmi les Grecs & les Laj
, tins, ctoit de Crete, & entra fort jeune au {êrvice de Melece Patriarche
j , d'Alexandrie, qui étoic aufli de Crete, & qui l'ayant reconnu liomnie d'eC-
„ prit & d'application, l'ordonna Prêtre. Il alla enfuite à Padouë continuer
, , {es études, d'où étant retourne à Alexandrie, Melece le fit Chef d'un Mo-
5, rialliere, l'envoya en Valachie: ce qui lui donna occafion en paffanc par
„ l'Allemagne, d'avoir des Conferences avec les Proteflans de ce païs-là, (â-
„ chant très-bien la Langue Latine de la Théologie de l'Ecole. Etant de retour
j , de Cl commillion, il fc (èrvit de l'argent qu'il avoit recueilli pour les né-
3, cefTitez du Patriarchat, à fe £iire élire lui-même Patriarche. Ayant été élevé
3, à cette dignité , il entretint (on commerce avec les Proteftans, fe fervanc
„ pour cela de Metrophanes Critopule, dont nous avons un Ouvrage touj,
chant la créance de fon Eglifè, imprimé à Helmftat. Ce Metrophanes alla
„ au nom de (on Patriarche en Angleterre, & dans une bonne partie de l'Al-
„ lemagne, où il s'informa le plus exaflemenc qu'il lui fut poilible, de l'é-
, , tat des Eglifes Proteftantes, donc il fie fôn rapport à Cyrille, l'étant allé
, , trouver à Conftantinople, où il étoic fbngeant à entrer par quelque voye
„ que ce fut dans le Patriarchat de Conftantinople. Ce qui le porta à lier a-
3, mitié avec les Ambaflàdeurs d'Angleterre & de Hollande à la Porte, princi-
3, paiement avec le dernier, qui lui fut utile dans la fuite pour avancer les af-
3, faires. Cyrille n'étant encore que Moine, avoit fait une connoillànce affèz
„ particulière avec le Sr. Corneille Haga, qui voyageoit alors dans te Levant,
, , & lequel étant depuis retourné à Conilantinople en quahté d'Envoyé de Mef-
„ fleurs les Etats, renouvella fon ancienne connoilfance avec Cyrille, qui dans
,, ce tems-Ià étoic Patriarche d'Alexandrie, & qui le pria de faire venir
Juelques livres des Théologiens Proteflans, témoignant qu'il avoir dé l'inination
pour leurs fentimens. Ce que le Sr. Haga ne lui ayant pu
refufer, en donna avis à fès Maîtres, qui ne manquèrent pas d'envoyer aulfitôt
à Conflantinople afièz de livres pour pervertir toute la Grece, s'ils
euffent été écrits dans la Langue du païs. Il étoic impoflîble que les afFaicl:
ordinaires, On tâche de les réduire par des formulaires, des defaveiis, des rétractations & des Anatliêmes,
fans que pour tout cela on celle de les foupçonner, de les craindre & de les liaïr. Mais c'eft bien
pis lors qu'on ne peut venir à bout de les lier avec ces chaînes.
(a) Ses autres Ou luvrages font des Homelies dont le Concile de Jerufalem 1
. fait des extraits. On les
trouve à la fuite du Chapitre premier de ce Concile p. 184. & fuivanc. des MonHmcns auteHti^Ho &c.
(è) On peut comparer, fi l'on veut, tout ce qui f u i t , avec ce qui fe trouve de Cvrillc dans la
Eéponfe RéoonÇe à A U la Perpétuité par Claude,, dans . les MoKHtnem ameitiaues ^ du Sr. Aymon,^ . dans la pre'l
.
l'Etat de l'Eglifi Grectjue par le Chevalier R i c a u t , dans Smitli de fiant hodicrno Gracorum, dans la Perpctuiié
de la foi par Arnaud. On ne renvoye qu'à ces Auteurs, parce qu'ils rapportent tout ce que d'autres
ont dit pour & contre, en l'examinant, ou lerefutant. Cette hiftoire ae Cyrille a été retranchée
dans l'Ouvrage de la Crtmce de l'EgUfe Orientale imprimé à Paris 1687,
R E L I G I O N DES GRECS.
res de Cyrille n'éclataflent au dehors , principalement ayant pour ennemis
les Jefuites de Conltancmople , qui s'oppoloient en toute choie à ies de(-
fèins, publiant hautement qu'il étoit Heretique : & ils en donnèrent même
avis aux Jefuites de Paris, afin que le Roi en fut averti. On ne manqua
pas d'en parler à l'AmbafTadeur des Etats qui écoïc à Paris, & qui en écrivit
à Conlhntinople. Depuis ce tems-là Cyrille ne fê ménagea plus tanc
qu'auparavant à l'égard des Jefuites. Il ne fit même aucune difficulté de
donner au Sr. Ha^a une Confeflion de Foi écrite en Latin & de la main,
qu'il mit quelque tcms après en Grcc. C'eft cette même Confeffion qui a
été imprimée à Geneve en Grec & en Latin, & qui fit dire aux Proteflans,
que l'Eglifè Grecque s'accordoit avec eux dans les principaux points de leur
créance, lur tout dans tout ce qui regardoit l'Euchariftie. Cyrille cependant,
qui avoit un parti puilEint dans Conlhnnnople contre les Jefuites &:
contre la Cour de Rome, fut élu Patriarche, & pendant cinq ou fix mois
il ne fit rien paroitre dans fes adions, • qui marquât qu'il eût abandonné la
Religion de ies Peres. Mais comme il avoit les Jeluites pour ennemis, il
crut être obligé de fe déclarer pour les Hollandois, afin d'en être appuyé.
Il attacha aulîî à Ion parti un bon nombre d'Evêques Ôc d'Ecclefiaftiques
qui goûtoient fes fentimens, & qui étoient dans la même difpoficion que
lui, d'introduire des nouveautez dans i'Eglife Grecque. Mais ils ne furent
pas les plus forts, parce que les Jefuites, {a) qui ont un College à Conftantinople,
où ils inflruiicnt les enfans fans en recevoir aucune retribution,
gagnerent ailément le peuple, qui fe loûleva contre Cyrille. Les Grecs fi-
. rent une Affemblée en i c î i i , où il fut dépofc du Patriarchat , relegué
, dans rule de Rhodes. On élut un autre Patriarche en (a place, qui s'étoit
, fournis par lettres à la Cour de Rome , qui avoit appuyé fon élection.
, Mais comme Cyrille entretenoit toujours un parti dans Conllantinople, &
, que les Hollandois lui fourniffoient de grandes fommes d'argent, il ne fuc
, pas long-tems (ans être rétabli dans fbn Patriarchat. Ce fut alors qu'il fè
, vengea des Jefuites & de ceux qui avoient appuyé les intérêts de la Cour de
, Rome, & que le Calvinilme régna dans Conftantinople : ce qui apporta
, un grand delbrdre dans cette i glife, parce que Cyrille mettoit tout à prix,
, afin de rendre aux Hollandois les fommes qu'il avoit empruntées d'eux.
, Les Jeluites & la Cour de Rome voyant que Cyrille ctoit entièrement le
, maître, tacherent de le gagner, en lui propofànt des accommodcmens, 6c
, en lui reprélèntant le pciil où étoit Ion fcgli(e , s'il contmuoit (es liaitons
, avec les Calviniftes. Il témoigna qu'il donneroit volontiers les mains à un
, accommodement. Mais comme il continuoit toujours fes pratiques avec les
, Hollandois, on fit un nouvel effort du coté de Rome pour le chaffer de
, fon Siege: ce qui reuifit, mais pour fort peu de tems, parce que l'argent
, des Hollandois le rappella bientôt dans fbn Patriarchat. La Cour de Ko-
, me redoublant fes efforts contre Cyrille, envoya à Conftantinople une per-
, fonne en qualité de Vicaire du Patriarche , pour conferver la Foi ortho-
, doxe dans cette Eglife, qui fembloit être proche de fa ruine. Le parti de
Cyrille ne manqua pas de fe fervir de cette occafion, pour rendre les Jelui-
" ' ~ de la )a-
„ loufie
tes & ceux de leur parti odieux auprès des Turcs , qui eurent
{a) Tout c?ci fc trouve i peu près de mcnie dans Allatius , mais en termes bien moins menages.
L . I I I . cap. 1 1 . ^ « pcrperna Ecclef Occid. ^ Oritnt. conf. à l'endroit qui commence, Jefmx Bix^mûy
mulios ante titinoi fixtrum fedim Sec.
Tome m. Part. 1. O
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