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J, prier Dieu pour lui. Cette lettre efl: datée de l'année itfi«?. Le Pape
„ Urbain récrivit à ce Prince, ôc joignit une lettre pour le Metropolitam
j , nommé Zacharie.
„ Ce que le Prince des Géorgiens écrit au Pape Urbain touchant la Foi tju'il
f, prétend être dans fes Etats depuis l'Empereur Conllantin, fe trouve confori,
me à (a) l'Hiftoirc de Socrate. (h) Et Balfamon met audi au nombre
), des Eglifes principales & qui font maitreflcs, fans reconnoitre aucun Chef
j , d'où elles dependent , celles d'iberie ou Géorgie. Il remarque que cela
,, fè fit au tems de Pierre Patriarche d'Antioche , par un Statut Synodal;
„ & qu'alors cette Eglife étoit dépendante de celle d'Antioche. Ce tut pour
„ cette raifon que le Métropolitain de Georgie prit la qualité de Patriarche.
„ Galanus joint aux Iberiens ceux de la Colchide ou Mengrelie , & dit,
„ que comme ils font voifins, ils ont la même créance, avec cette différence
j, néanmoins, que les Mengreliens demeurant dans les montagnes & dans les
1, bois font plus méchans que les Géorgiens. Ils font fi ignor.ins dans la
„ Religion, qu'ils ne favent pas même les paroles necelTaires pour le Bapj,
tême, lequel ils adminillrent à la maniéré des Géorgiens, & pour le renj,
dre plus (olemnel, ils baptifent quelquefois avec du vin (ans eau. Mais c'eft
„ affcz parlé des Géorgiens. L'cxpofition qu'on a faite de leur Foi confirme
j, la créance des Grecs, il ne feroit pas difficile de jurtilicr qu'elle e(l fort an-
„ cienne, & de montrer même que la maniéré dont ils adminillrent le Baptê-
), me, le Mariage & les autres Sacremens eft legitime, quoi qu'elle foit difj
j férente de l'ulage de l'Eglife Romaine. Ce que nous appelions aujourd'hui
), matiere & forme des Sacremens parmi nous ne doit pas regier les autres
3, Nations Chrétiennes qui ignorent ces noms. Il eft conftant que les Orien-
5, taux ne reconnoiflent point d'autre forme de ces Sacremens que les prieres
„ qu'ils font en les adminiftrant.
„ J'ai lû depuis peu une (c) Relation écrite d la main , attribuée au Perc
„ Zampi Religieux Theatin , où il eft traité affez au long de l'ignorance & des
„ erreurs de ces peuples , & fur tout des Mengreliens, dont la piûparr des
„ Prêtres, fi nous nous en rapportons à cet Auteur, ne peuvent être affûtés
„ qu'ils ayent reçu véritablement la Prêtrife, parce qu'il arrive fouvent, que
„ ceux qui les ordonnent n'ont point été baptllés. Les Evêques, qui font
„ pour l'ordinaire plus ignorans que les Prêtres, n'examinent pas leur capaci-
„ té, mais feulement s'ils ont dequoi payer l'Ordination , ce qui fe mon-
„ te à la valeur d'un cheval ". (Entre ces Evêques encore plus vicieux
qu'ignorans , il y en a plufieurs qui ne (avent pas même lire , &
pour fe tirer d'aflaire, ils apprennent des Melfes par coeur. Encore ne les
dlfent ils qu'en fe feifant bien payer.) „ Les Prêtres peuvent non feulement fe
j , marier, felon l'ufage de l'Eglile Grecque, avant que d'être ordonnés, mais ils
„ peuvent aulli pafler aux fécondés nôces, en prenant de leur Evêque une dit
J, penfe, qui leur colite une piftole". (Ils peuvent même paffer aux troifièmes
& aux quatrièmes nôces, moyenant le double, le triple & le quadruple
du prix.) „ Le Patriarche n'ordonne pomt auUi d'Evêque, qu'il ne lui
„ paye
(4) Sffir. Lik /. cap. ttf.
(b) Balf. Armât, m ùt». 2. Orne. î. Centrât.
(o Brcvt Cottjptndio nel ^tMle ft racbintU ttt'to cia che tt' fa'rt rlt't t ni iliuino cttlto t'alpttta dclU Nttthitt
dt' Co'cbi dettt MtngrtU e Gtargiitni, La Trad, de cette Relation le trouve dans le Tome VU. du
Stctteil tit yà^ttgti nu Norti.
R E L I G I O N D E S G R E C S . 153
,, p.iye auparavant la fômme de cinq cens écus". (Ils donnent le nom de
Catholicos à ce Patriarche, qui exerce fâ jurisdiaion Eccléliailiquc fur la plupart
de ces peuples, fans aucun égard pour le Patriarche de Conftantinople.
C'eft ainfi que le dit le Pere Zamfi ) „ Aufti-tôt que quelqu'un eft mala-
„ de, il appelle un Prêtre, pour lui fervir plutôt de Medecin que de Pere
„ fpirituel, lequel ne parle point à ion malade de confèftioni mais en feuil-
„ letant un livre avec beaucoup d'apphcation, il Elit femblant de chercher
„ la véritable caufê de la maladie, qu'il attribue à la colere de quelques-unes
„ de leurs Images : car ces peuples font dans cette croyance , que leurs
„ Images le mettent en colere contre eux. C'eft pourquoi le Prêtre ordonne,
„ que le malade fera fon offrande à cette Image pour l'appaifer. Cette of-
„ fraude confifte en beftiaux, ou en argent, & le Prêtre feul en profite.
„ Il eft de plus remarqué dans cette Relation, qii'aufli tôt qu'un en&nt eft
,, venu au monde, le Prêtre fè contente de l'oindre du Crème, en lui faifanc
„ une croix fur le firont, & qu'on différé fôn Baptême jufqu'à ce qu'il ait
„ atteint environ l'âge de deux ans. Alors on le baptife en le plongeant dans
J, de l'eau chaude , & en l'oignant prelque par toutes les parties du corps.
„ Enfin on lui donne à manger du pain qui a été bcni, & du vin à boi-
„ re: ce qui paroit être l'ancienne maniéré de baptiler, où l'on adniiniftroic
„ en même tems le Baptême, la Confirmation & l'Euchariftie. Ces peuples
„ croyent que le Baptême confifte principalement dans l'ondfion de l'huile
„ qui a été confacrce par le Patriarche : ce qui n'eft pas éloigné de la doftri-
,, ne des Orientaux , qui appellent cette ondtion la perfection du Baptê-
„ me.
(Comme le P. Simon ne parle de cette ceremonie qu'en gros, j'extrairai de
la Relation du P. Zamfi, les ceremonies & les ufages que les Mingreliens ob-
(érvent à leur Baptême. Immédiatement après la nailTance d'un enfant, le
Papas fait le figne de la Croix fur fôn fi:ont, huit jours après il l'oint du Mi-
Ytme, qui ell: leur huile fàinte ; mais on ne le baptilë qu'environ deux ans après
de cette maniéré. On meine l'en&nt à l'Eglife devant le Papas, qui d'abord
demande le nom de l'enfant & allume une petite bougie, après quoi il
fait une longue ledure & recite des prieres. Enfuite le parrain deshabille
cet enfint, le met tout nud dans un baquet plein d'eau tiède, où l'on a verfé
de l'huile de noix, & le lave par tout le corps, fans que le Papas le touche,
ni qu'il prononce aucune parole. Mais après cette ablution generate , il
s'approche du baquet Se donne le Mirme au parrain pour oindre l'enfant. Le
P.irrain l'oint au front, au né, aux yeux , aux oreilles , à la poitrine, au
nombril, aux genoux, à la plante des pieds, aux talons, aux jarrets, aux
fedês, aux reins, aux coudes, aux épaules, & au fommet de la tête. Enfuiil
le remet dans le baquet, lui donne à manger un morceau de pain beni. Se
du vin à boire. S'il mange &boit, c'eft un bon fîgne. L'enfant fera fort
Se vigoureux. Enfin le Parrain remet cet enfant entre les mains de la mere,
en lui difant jufqu'à trois fois, i/oiis me îams datmî Juif, éf 'vous le rends
Chétien. Pendant ces ceremonies le Papas continue de garder le filence. Je
laifTe quelques autres particularités moins remarquables, qu'on peut lire dans
la Relation du P. Zampi.)
„ Le Pere Zampi, qui n'étoit pas moins rempli des préjugés de la Théo-
„ logie des Latins, que les autres Millionnaires dont on a parle ci-defTus,
„ leur fit plufieurs queftions par rapport à cette même Théologie. Il leur
„ demanda entre autres chofes , fi lors qu'ils adminiftroient quelque Sacre-
Tome m. Pan. I. Qq „ment.
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