
142 IL D I S S E R T A T I O N SUR LA
rive cju'aprcs beaucoup de fatigue. C'eft dans cette peine que confifte une
bonne partie de la devotion du peuple. Arrives à la Chapelle ils y font grand
nombre de fignes de croix, de genuflexions & de profondes inclinations. On
baiÈ l'Image tjui s'y trouve, on la regale de trois ou quatre grains d'encens.
On fe recommande à la iainte Vierge ou au Saint, que cette Ima^e repréfence:
mais G le S.aint n'exauce pas les voeux du dévot, il efi; expolc a de facheufès
apoftophes. Ici, comme ailleurs, les pelerinages & certaines fondations de
Chapelles ont quelque mérite, & deviennent les effets de l.i fuperftition toute
feule, quand les mouvemens intérieurs de l'ame ne tendent pas véritablement à
reparer les defordres de la volonté.
Ajoutons ici en deux mots la pieu(è fraude de l'Urne (a) d'Amorgos,qui
eft regardée comme un Omcle de l'Archipel. Elle a cela de cornmun avec les
Oracles de l'ancienne Grece, que fes prédirions font dues aux (J) fourberies
des Prêtres. Cette Urne qui ell près d'une Chapelle dédiée à Saint George,
fe remplit d'eau & fe vuide d'elle même plufieurs fois le jour, & fouvent
même dans l'eipace de demi heure; ce qui efl; regardé comme un miracle
dii à Saint George, (c) C'eft ce même Saint George qui à Scyros faute fur
les gens qui n'accompliflènt pas leurs voeux. Son Image, nous dit-on, les attrape,
quelque part qu'ils foient, s'attache à leurs épaules, leur donne des
coups fur la tête& fur le dos, jufqu'à ce qu'ils fe foient acquittés. On la voit
en l'air faifent fâ ronde. Secourant de côté & d'autre : elle repofe fur les épaules
d'un Moine aveugle, qui la porte fins favoir où il va. Ceux qui viennent confulter
l'Urne d'Amorgos, avant que d'entreprendre quelques affaires d'importance,
ne manquent pas d'être malheureux, fi lorfqu'ils arrivent, l'eau eft plus
baflè qu'à l'ordinaire. On peut lire dans Tournefort un plus grand détail de
cette fuperftition. Le P. Richard {d) rapporte auffî que les Infulaires vont confulter
tous les ans à Pâques l'Urne d'Amorgos, qui, felon qu'elle eft pleine ou
yuide, leur apprend fî l'année fera fertile, ou non.
Je rapporte, non comme une fûperfHdon, mais comme un ufàge qui n'imite
pas affés l'humilité de J. C. ce qui fe pratique dans l'Ille d'Andros. (j)
A la Proceflîon de la Fête Dieu l'Evêquc du Rit Latin, qui porte le corps de
J. C. foule aux pieds les Chrétiens profternés dans les rues, de quelque Rit
qu'ils foient. La même chofe fè pratique à Naxos & le (ƒ) Miffionnaire qui
le rapporte ajoute que ceux qui ont des malades les expofênt fur fe chemin du
S. Sacrement.
La fuperftition que j'ai rapportée (g) au fujet des morts' m'oblige de parler
de celle de Chio, qui en derive certainement. On croit (i) en quelques
endroits de cette Ifle, qu'un corps mort qui ne (ê corrompt point en quarante
jours, eft converti en eîprit follet. Cet efprit eft fort incommode & va frapper
aux portes des gens, qu'il appelle même par leur nom. Si l'on s'avife de
lui répondre on ne manque pas de mourir au bout de deux ou trois jours.
Si la fuperftition ne fe trouve pas dans l'uûge que je vais décrire, on y trouve
du moins un ridicule qui oblige de le remarquer. A Nicaria, près de Sa-
U) Voy. T e K r ^ t dans la defcriptîon de cette Ifie Lettre VI.
ih) On peut lire dans la Relat. de Sam-Erità, par le P . Skhitrd tout le fecret de cette inipofturei
(c) Dans Tournefort ubi fup. Lettre X.
U) Selat, &c. ubi fup.
CO Tournefort ubi fup. Lettre V I I L Thevemt. prem. Paix.
(ƒ) Mtjfio»! Levant. Tome prem.
( p Voy. ci-devant touchant les Bmcola^nei,
(h) Thtvenot pr. Part. Ch. ö j.
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