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228 III. D I S S E R T A T I O N SUR LA
J'ajoute ici, que felon Tourtieforl, les Arméniens ne baptifent que le dimanche,
excepté en danger.de mort; que le Prêtre impofe toujours le nom du
Saint du jour, ou de celui duquel on doit faire la fete le lendemain & que le
parrain rapporte l'enfant à la mere au fon des trompettes & des tambours,
quoiqu'il ait été porté à l'Eglife par la fage femme. La mere (è profterne en
recevant fon enfant. En même tems le parrain baife le fommet de la tête de
la mere.
L L'adminiftration du Chrême, ou la Confirmation, iîiit le Baptême : avant
les onaions, le Prêtre noue un cordon de coton blanc Se de lôye rouge,dont
il a tordu lui-même les fils & le palTe au col de l'enfant. Cette ceremonie (è
Bit en mcmoire du fang ôc de l'eau qui lortirent du côté de J. C. lorfqu'il reçut
le coup de lance fur la Croix. Il n'y a rien de plus à dire fiir ce Sacrement,
finon qu'après les onftions le Minillre du Sacrement met une couronne
fur la tête de l'enfent & que la benedidlion du Chrême eft attribuée au
grand Patriarche des Arméniens. Il en envoye tous les ans une certaine quantité
auï Evêques & ceux-ci en fourniffent aux Prêtres, {a} qui le falfifient pour
augmenter leur profit. Autrefois ce Patriarche avoir fèul le droit de faire le
Chrême, mais depuis long tems un Evêquc Arménien lui a enlevé une partie de
cet avantage, après s'être (h) érigé en Patriarche dans la Paleftine. On prépare
ce Chrême depuis les 'Vêpres du Dimanche des Rameaux julqu'à la Meffe
du Jeudi Saint. On n'erriploye ni bois, ni charbon ordinaire pour faire bouillir
la chaudiere qui fert à la preparation de huile fàinte. Il faut pour cela du
bois bénit, & même, dit Toumefort,àt vieux ornemens de l'Eglife, de vieux
Rituels, des Images ufées. Non feulement le Patriarche bénit cette huile, il
la fait auffi lui même revêtu de tous fes Ornemens Pontificaux, allîfté de
trois Prêtres en habits de ceremonie, qui prient (ans difconriiiuer en préfence
d'un grand nombre de hdelles.
L'u&ge de la ConfeiTion auriculaire chez les Arméniens non reunis n'eft
pas même révoqué en doute par }<icaut Proteftant Anglois : mais fuivant Tournefort,
la plupart des Confeflions Armenienes font autant de (âcrileges. Les Prêtres
ignorent l'eflêntiel du Sacrement, & les pénitens ne ûvent pas diftinguer
le péché de ce qui ne l'efl: pas. Suivant le P. Manier, les Confeffeurs font également
ignorans, negligens & interefles. Tous les deux affûtent, qu'un Confeffeur,
pour avoir plutôt expedié fon pénitent. Ce contente de lui prefenter
une longue lifte de péchés & même de crimes enormes. A la levure de chaque
péché le pénitent, coupable du peche ou non, repond, fai péché contre
Dieu. On paffe legerement,ajoutent ils, fur les péché capitaux & même fur ces
péchés qu'on doit mettre au rang des crimes, comme le vol, le meurtre &c.
Mais que le penitent ait rompu ton jeune, ou mangé du beurre un Mercredi,
le Confcffeur ordonnera la pénitence la plus rigourculê. Il ordonnera même des
mois entiers de pénitence pour avoir fumé, ou pour avoir tue un chat.
Voici la formule de l'abfolution „ que Dieu, qui a de l'amour pour les
„ hommes, vous fàffe mitèricorde ; qu'il vous accorde le pardon des péchés,
„ que vous avés confeffe & de ceux que vous aves oublié. Pour moi par l'au-
„ torité
pas diJEcile de lui appliquer la fable enriere & la penfée de cette ancienne Epigramme.
Std ijMmfits mtli eji humanam vinccrt fantm.
In membrii tincli dant J!bi fitiit laCHm.
(d) Voy. la ReUiioi de l'Arménie par le P. Minier.
{h) Voy, Toiiïnefort Voyage du Levant Lettre ao. Cette ufurpation forma un Sdiifme entre les Ar-
R E L I G I O N D E S GRECS. 229
-„ torité que me donne l'Ordre Sacerdotal, felon les divines paroles, tout ce
„ que vous aves délié fur la terre fera dclle dans le Ciel : avec les mêmes
•„ paroles je vous abfous de tous vos péchés &c". Mais, dit Ricaut, „cen'eft
pas alfés de s'accommoder avec Dieu Se avec fa confcience: il faut en-
„ core adoucir l'indignation du Miniftre de la Religion. L'argent a du
,, pouvoir dans cette occafion. . . . L'abfolution ne s'accorde qu'après l'of-
; „ frande. . . . fi le Prêtre n'étoit fatisfait, le refte feroic inutile. . . l'Evê-
-„ que, le Patriarche même n'auroit pas afles de pouvoir pour dilpenfer de la
•„ pénitence qu'un fimple Prêtre auroit impofée. "
Je-lailTe le Sacrement de l'Ordre, où les ceremonies & les ufages n'ont
-rien -de plus remarquable que ce qui a été die, Se je paffe au Mariage. Les
enfàns fe raportent ordinairement à leurs peres Se meres, où à leurs plus proches
parens du choix de la perfonne qu'ils doivent époufer Se auffi des conventions
matrimoniales. C'eft-à-dire que ceux qu'on marie ne fe mêlent véritablement
que du dénouement de la piece. Selon Toumefort les mariages fe font
conformément à la volonté des meres qui ne confultent ordinairement que
leurs maris; encore eft ce un grand effort qu'une telle deference. Après qu'on
eft convenu des articles, la mere du garçon vient au logis de la fille, accompagnée
d'un Prêtre ôc de deux vieilles femmes : pour commencer les fiançailles
«Ile préfente une bague à la future. Cette bague eft le gage muet du futur qui
fe montre en même tèms avec toute la gravité qu'il lui eft poifible d'obferver,
-ou peut être avec tout l'embarras d'un homme qu'on n'a pas mis en état de
choifir. Quoiqu'il en foit, Toumefm-t d i t , que la gravité eft portée au point de
ne pas même rire à cette premiere entrevue. Mais auflî,elie doit être fortindifféïentcccctc
entrevue, „ puiftjiitr U la larde j i e montre pas même le blanc
„ des yeux , tant elle eft voilée. On prefenté, continue t'il, à boire au Curé
qui fait les fiançailles. " Les Arméniens n'ont pas l'ufage de publier des bans,
comme nous. La veille des noces le fiancé, ôc la fiancée fe font des préfens
réciproques. La jour des noces „ o n monte à cheval. . . . le fiance fottanc
„ de la maifon de fa future marche le premier la tête couverte d'un raifeaa
„ d'or ou d'argent, ou d'un voile de gaze incarnat, fuivant fa qualité : ce voi-
„ le, ou ce mifeau defcend jufqu'à la moitié du corps, (a) Il tient de la main
„ droite le bout d'une ceinture, dont la fiancée, qui le fuit à cheval couverte
„ d'un voile blanc, tient l'autre bout. Ce voile tombe jufques fur les jambes
„ du cheval. Deux hommes marchent à côté du cheval de la fiancée pour
„ en tenir les rênes. Les parens, les amis. . . . la jeuneffe à cheval ou à pied
„ les accompagnent i l'Eglife au fon des inftrumens, en proce/lion, le ciergc
„ à la main Se fins confufion. On met pied à terre à la porte de l'Eglife, Se
„ les fiancés vont jufqu'aux imrches du fanduaire tenant toujours la ceinture
„ par les bouts. Là ils s'approchent de firont. Se le Prêtre leur ayant mis la
„ Bible fur la tête. . . . prononce les p.aroles facramentelles, fait la ceremo-
„ nie des anneaux Se dit la Meffe. " La benediftion nuptiale ell exprimée en
ces termes. „(J)Beniffés, Seigneur, ce mariage d'une benediâion perpetuelle,
„ & accordés leur par cette grace, qu'ils confervent la foi, I'eljjerance & la
„ charité, donnés leur la fobrieté, infpirés leur de pieufes penfées, confervés
„ leur couche fans fouillure ôcc. "
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(.<) La ceremonie n'eft pas toujours la même. La fiance'e eft aum menfc à l'Eglife entre deux Matroncs,
felon la figmeplacc'e à page î j j . & le &ncé va de même i pied accompagné d'un homme qui
porte fon fabre. Dans les Cent Eftampes il eft appellé Cmj>ere.
(£) Le P. Manier dans fa Rilution de Cjirmcme.
Tome III. Part. I. M m m
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