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140 IL D I S S E R T A T I O N SUR LA
mêmeRicaut, „ s'emKiraflènc fort peu (a) fi ces Calyers Anifims (àvent lire,
„ ou non. De cent à peine en trouvera t'on un, dont la capacité aille juf-
„ cjiies-là. Tout ce qu'on exige d'eux eft, qu'outre le figne de la croix, ils fa-
„ chent faire leurs {h) Meta^'m^ (c'cft-à-dire qu'ils fâchent (ê profterner j ut
„ qu'à terre après avoir recité certains Pfeaumes, avec le Gloria Patri au bout.
„ Quelques-uns de ces Moines reitcrent cette forte de devotion jufqu'à trois
„ cent fois. )
„ Les Prêtres (Regiiliers) font d'une plus haute claffc. Ils favent tous lire &
„ écrire, depuis le Prêtre jufqu'au moindre Diacre: mais il s'en trouve très
3, peu qui entendent raifonnablement le Grec de l'Ecole, & même les plus
j, habiles d'entr'eux le trouveroient fort embarafles de rendre raifon de chaque
„ mot de leur Liturgie, quoique du rede ils la fâchent fi bien par routine,
„ qu'ils la liront d'un bout à l'autre fins s'arrefter ôc lâns héfiter, ju(ques-!à
„ même, qu'il faut avoir l'oreille bien bonne, & quelque connoiflànce du
„ Grec, pour diftinguer les diflerens Ilôns des paroles qu'ils prononcent. Après
„ cela leur étude principale eft d'apprendre les hymnes de Saint Jean Damafce-
,, ne, de chercher les leçons de chaque jour, les Offices &c. . . fi l'on eu
„ trouve parmi eux de plus éclairés, leur fcicnce ne confifte qu'en la Icflure
„ des Peres & des Conciles de leur Eglife & des Auteurs Ecclefiaftiques du
„ premier fiecle après Conftantin le Grand. . . . Ils méprifent la Philofophie
„ & les Mathématiques comme des fciences purement humaines & inutiles à
„ ceux qui menent une vie purement fpirituelle & mortifiée, " à qui par conféquent
la le£lure de toute autre matiere que celle qui conduit direétement à la
regeneration & à la pieté doit être abfôlument interdite. Je remarquerai ici,
à 1 occafion de ce goiàt aflcs general parmi les Religieux, que ceux qui font
un bon ufage de la Philofophie & des Mathématiques lavent afles,que ces fciences
enfeignent une forte de mortification de foi-même, qui vaut tout au moins
les fombres contemplations des Moines. Peut-on ignorer auffi que les fciences
éclairent l'ame & fortifient plus furement la raifon que des aufterités violentes,
qui ne dérangent que trop fouvent l'oeconomie d'un corps fi étroitement uni à
notre ame? Mais on doit rendre cette juftice aux Couvens, que fi tous les
Chrétiens ne font pas des contemplatifs ignorans, ce n'eft pas leur faute.
„ Chaque Couvent à fa (c) Bibliothèque dans une haute tour. Le Biblio-
„ thecaire qui en a le foin eft auflî Intendant du Couvent, & tient compte
„ de la recepte& de la dépenfe. . . . Chaque Couvent a des cloches, les unes
„ petites. . . & pour tous les jours, les autres plus grandes & de quatre, ou
„ cinq cens pelant pour les jours extraordinaires. On les fonne aux Fêtes pour
„ fê réjouir & pour faire beaucoup de bruit. Ces cloches font fixes com-
„ me celles d'Angleterre. . . ". Il eft difficile de dire en quel tems le Mont
Athos commença d'être habité par des Religieux: on pourroit peut-être faire
ia) Du tems de Matt, ils étoient fi generalement ignorans, tjii il aurait ât, dit-il, impifflble ^n'e» tout
te Mont'Atim on eut trouvé en chAtjttt Mon^iflere plut d'un feul Culoftrt f^itvant. . . . Etitre tout les Jix
mille Catojeres, cjui font par la motttai^ne en fi grande multitude, à peine en pourroit on trouver tleux ou trois
ele chatjue Monajlere, cjui fçachent lire ne ejcrire &c. V. Selon Cii. ;<j. & 40. des Obferv. fingularitts
& c . Dans le Voyage de M r . de ia H a y e , on dit auiTi qu'il y en a fort peu qui fâchent lire.
{b} En Grec ancien Metanoiai pénitences : le Pontifical Grec p. 7 0 . explique ainfi le mot it^haiu ; une
ttdaraiion ejtii eonfifle ttt eles intimations, 011 des revireneei très profondes. Dans un autre endroit Kicaut nous
d i t , q u e chaque Caloyer eft obligé de faire ces Metaontai jufqu'a trois cens fois en v!n|it & quatre heures,
à moins qu'il ne foit malade: auquel cas fon Santolo, ou le Prêtre qui lui â donné l ' h a b i t , e f t obligé
de les faire pour lui.
CO rappone Ricaut des Bibliothèques du Mont-Athos n'en donne pas une haute idée.
R E L I G I O N DES G R E C S . 141
itmoncer l'origine des Couvens de cecte Montagne au tems de Conftantin
le grand.
On montre par curiofite aux ccrangers un collier de fer duquel pend une
croix de fcpc ou luiic livres. Ce collier avoit appartenu à ua Saint Athanafè
du neuvième fiecle., lequel procura la fondation de Sainte Laure, un des
principaux Couvens du Mont Athos. On (è fèit de ce collier quand on reçoit
un nouveau Caloyer dans l'Ordre. On montre aulîi la cellule de S. Athanafe,
& une pierre de marbre blanc fur laquelle il avoit accoutume de prier
Dieu. Cette pierre a un creux de quatre ou cinq pouces, & les Caloyers affûtent
que les genoux du Saint ont creufe ce marbre.
Il fàudroit terminer ce qui concerne la Hiérarchie & les Religieux, par U
Degradadon des Evêques & des Prêtres, les Cenfures Ecclefiaftiques &c,
Mais on nous alTure que tous ces uCiges de l'ancienne Difcipline font fi négligés
aujourd'hui, & même fi dangereux à obfêrver, que qui voudroit en renouveller
la (èverité feroit plutôt des Mufulmans que des pénitens.
Divers USAGES Superflltieux des GRECS.
Je finis cette dillèrtation par certains u^ges fiiperftitieux que les Grecs obfervent,
ou par une foibleffe d'efprit affés ordinaire dans une condition balfe &:
miferable, ou par l'ignorance dans laquelle ils vivent generalement. J'ai déjà
remarqué quelques-unes de ces fuperftitions : en voici que je n'ai pû placer
encore, (a) Ricaut nous dit, que les Grecs attribuent une efpèce de iàintetc à
quelques fontaines dont ils croyent les eaux miraculeufes, fur-tout quand elles
(ont dédiées à un Saint. Il fe peut fort bien que ce foit-là un refte de Paganifme.
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Ils ne croyent pas devoir manger du &ng ni des choies étouffées, mais l'Anglois
ajoute, qtt'avec tout ce forupule, ils n'examinent pas de fort près ce qu'on
îeur fett. Si cet ulàge eft exaftement vcrit.able, ils tiennent en cela du J u -
d.lifiTie.
J e parle feulement en pal&nt de leur opinion fur le Nil, qu'ils appellent le
Roi des fleuves. Ils s'imaginent que le débordement de ce fleuve eft une benediction
que Dieu a particulièrement accordée à l'Egypte, parce qu'elle fut l'azile
du Sauveur & de la fainte 'Vierge contre les periécutions d'Herode.
Leur Medecine, fi generalement exercée par des ignorans, eft aufli fort expofre'
_e aux fr uperftitions. E"Cn... v«ro^iic^ii ui mne« dAaers pï-%l1 uns remarquables que je tire de
Tournefort. {i) Lorfque la tête d'un malade fe brouille: i& c que le tranlport c ommence
, on le traite de poflede ; ce n'eft plus l'aflaire du Medecin. On le remet
à l'Exorcifte. Un Papas s'approche pour reciter plufieurs Or.aifons & pour verileèrr
ll''EEaauu bbeenniittee.. IIll llaa rrééppaanndd aà ggrraannss fflloottss ddaannss llee lliitt dduu mmaallaaddee ôôcc ddaannss
la chambre. Les Exbrcifmes f u i r e n t , les Papas conjurent gravement des demons
imaginaires, ou ceux qui ne reconnoiflent pour véritables ennemis que
les reiiiedes d'un habile'Medecin. On peut voir dans Tourtiefort un i
des fuites de ces ridicules Exorcifmes.
On nous dit que les Grecs aiment beaucoup à vifiter les Eglifes & 1
pelles, fur tout celles qui font dans des lieux efcarpés & difficiles, où l'i on n arrive
W Etat &c. Ckp. XX.
(è) Tournefort ubi fup. Lettre I V.
Tome III. Part. I. N n