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050 III. D I S S E R T A T I O N SUR LA
de, fans craindre ni dragons, ni galères, ni Inquifition, qu'il eft fort croyable
que le Voyageur a forme Tes Ahraharnites fur ce modelle. A cela il
ajouter le carai5):cre de cec Auteur A^uanturier, (a) & de ceux qui lui
ont aidé à mettre (on ouvrage en ordre. Quoi qu'un tel caradère ne prévienne
pas pour la fmcerité de l'Ouvrage, je renfermerai pourtant dans une
note (b) la croyance de ces Ahrahamiîes imaginaires.
-(f) De la C R E A N C E des COUTUMES
des MAHOMETANS. •
. „ La Religion des Mahometans n'étant prefquc qu'un meflange de la Reli-
„ gion des Juifs & de celle des Chrétiens, nous avons jugé à propos d'en
„ donner ici un abrégé, afin que ceux qui voyagent en Levant, fê defàfiènc
„ de quantité de préjugés qu'ils ont contre cette Religion, & qu'ils confide-
,, rent qu'elle eft redevable aux Juifs & aux Chrétiens de tout ce qu'elle con-
„ tient de b o n , principalement pour ce qui regarde la Morale. Mahomet, qui
„ étoit perfuadc que chaque Religion doit être fondée fîir la Parole de Dieu, &:
3, non fur celle des hommes, a été obligé de prendre la qualité d'Envoyé de
„ Dieu; & pour impofer davantage aux Chrétiens, il a feint d'être ce Paraclet
,, ou Confolateur promis dans l'Evangile, il a même pris une partie de leurs
j, maximes, &: a reconnu nôtre Seigneur comme un grand Prophète qui a-
3, voie l'Efpric de Dieu. D'autre parc, voulant auflî attirer les Juift à lui, bc
,, ne faire de ces deux Reliions qu'une feule qui fut plus parfaite, il a intro-
„ duit dans là prétendue reformation une bonne partie du Judaïfme : & c'eft
„ ce qui fait que les Mahometans prétendent, que les deux Loix, tant celle
„ de Moïfè que celle de notre Seigneur, font aujourd'hui abolies, & qu'ainfî
„ l'on eft obligé d'embralîèr le Mahometiûne, fi l'on veut être véritablement
5, Fidele. Ils avouent que ces deux Loix ont été appuyées fur la Parole de
„ Dieu 5 mais ils ajoutent en même tems, qu'elles ne fubfiftenc plus, depuis
5, qu'il s'eft communiqué a Mahomet pour reformer la Religion. Il y a même
„ des Mahometans qui affirment, que ni les Juifs ni les Chrétiens ne peuvent
„ avoir de principes certains & infaillibles de leur Religion, parce que leurs
5, Livres Saints ont été corrompus. Les Juifs, di(ènt-ils, ont perdu leur
„ Loi & tout ce qu'ils avoient de Livres Saints pendant le tems de leur cap-
,, tivité à Babylone^ èc ce qu'ils nomment les Livres Canoniques, ne le
- : • - , „ font
{a) Voy. Bihlictkeque Françoife au Tome IV. premiere partie. Un de ces Avanturiers ^toit le nouveau
Guzman d'Alfarache ci-devant B. . . . du M. . . . d'. . . .
{b) Les Ahrahumites, qui font en fort petit nombre, ne connoi/Tent que la loi naturelle, telle que Dieu
]a donna, difent-ils, 9 Abraham, dont iU prétendent être defcendus. Ils lifent continuellement les livres
fàints qui renferment l'hiftoire de la cr6tion &c. (fort différens de ceux de Moï/e, qu'ils regardent
comme une efpcce de Roman.) A l'égard de Moïfe, ces ^bmhamite; croyent qu'il étoit le plus" liabile
Phyficien, & le meilleur Cîiimifte qui eut paru jui^u'alors: il devoir Tes miracles à laPhyfîque & îk la
Chimie. Ils ne le tiennent pas pour Propliete, mais ils croyent que c'étoit un grand Legifl.iteur & le
comparent à celui des Chinois, j . CHRIST, dont nous avons corrompu la Loi, ne s'efl; Jamais donne
pour Dieu, mais il eft vrai que f j Morale eft fore raifonnablc & très épurée. Les Peres de l'Eglife e'-
toient des gens d'une trop grande fimplicité ou de très mauvaife foi. Les ^hrahnmnes inveélivent beaucoup
contre les ufages des Chrétiens, leur culte, leurs Fêtes. Ils mcprifent & rendent ridicules les mi(lcres
dw Chriftianifme. Enfin ils affeftent de n'adorer qu'un feul Etre louverain,de le fervir fans partage,
d'aimer le prochain comme foi-même, incertains pourtant de leur fort, & ne regardant Vimmorralicc de
l'Ame que comme un fyftême moins ancien que confolant &: raifonnable.
(c) Comme on a inféré dans cette Diflèrtation tout ce qui précédé de l'Ouvrage du P. Simon, on n';i
pas criî devoir rétrancher ce Chapitre, bien qu'il traite uniquement de la Religion des Mahometans, à
laquelle on doit revenir dans le dernier Volume.
R E L I G I O N DES G R E C S . 251
, font point en effet, mais feulement quelques reftes de ces anciens Li-
, vres, que les Juifs ont rétabli du mieux qu'ils ont pû après cette capti-
, vite. A l'égard des Chrétiens, ils difenr que les Livres du Nouveau Tef-
, rament ont été corrompus par les différentes Sc(5tes qui ont été parmi les
, mêmes Chrétiens.
, „ Mahomet donc a feint, que Dieu lui a envoyé pendant l'efpacc de 15.
, ans par le miniftere de l'Ange Gabriel, un certain nombre de Cahiers d'é-
, critute, dont il a compofé le livre qu'on appelle Alcoran ; & ce livre leur
, tient lieu d'Ecriture Sainte, faifant le principal fbndcment de leur Religion. Mais
, comme parmi les Juifs, outre les 2,4. Livres de l'Ecriture, il y a encore le
, Talmud, qui explique ce qui regarde la Tradition ; les Mahometans one
, aulfl leur Alfonna, qui contient toutes les Traditions qu'ils doivent fuivrc.
, Ils ont auffi des interpretations de ces livres, aufquelles ils fe founiettent ; Se
, ils dillinguent de plus, auflî bien que nous, ce qui eft de précepte d'avec
, ce qui n'ell que de confeil.
„ Le principal article de leur creance efl fondé fur l'unité de Dieu ; c'efl
, pourquoi ils difent fans ceffe, Il n'y a pomt d'autre Bien que Dieu : Dieu efl
, m: Se ils traitent d'idolâtres ceux qui reconnoilfent quelque nombre dans
la Divinité, condamnant par l.i avec les Juifs la Trinité dfes perfonnes que
les chrétiens reconnoiffent en Dieu.
„ Le fécond ardcle fondamental de leur Religion confîfte en ces paroles,
, Mahomet ejl l'Envoyé de Dieu. Ils prétendent par là excliirre toutes les autres
, Religions, parce qu'ils difent que Mahomet efl: le plus excellent & le dernier
de tous les Prophètes tiue Dieu devoir envoyer aux hommes: & comme la
, Religion des Juifs a été abrogée par la venue de Jefus Chtill, de même la
, Religion Chrétienne, (èlon eux, ne peut plus fubfifler depuis leur Prophète
Mahomet.
„ Ceux qui introduifent une nouvelle Religion, doivent faire paroitre quel-
, ques miracles, afin qu'on ajoute plus de foi à leurs paroles. C'eft pour-
, quoi les Mahometans en attribuent quelques-uns à leur Legiflateur. Ils af^
, fiirent qu'il fit fbriir de l'eau de fes doigts , & qu'en marquant la lune de
, fon doigt, il la fendit. Ils difent aufll, que les pierres, les arbres, les bê-
, tes le reconnurent pour le véritable Propliete de Dieu, & qu'ils le faluerent
, en ces termes. Vous êtes le véritable Enfoyé de Dieu. Ils affirment de plus,
, que Mahomet alla en une nuit de la Mcque à Jerufalem, d'oii il monta au
, ciel ; qu'il vit là le Paradis & l'Enfer ; qu'il parla avec Dieu, quoi que ce-
, la foit refèrvé aux Bienheureux après leur mort ; qu'enfin il defcendir du ciel
, cette même nuit, & qu'il fe trouva dans la Meque avant qu'il fiit jour.
„ Outre les miracles de Mahomet, les Mahometans en attribuent auflî à
, leurs Saints, avec cette différence né.anmoins, qu'ils ne font pas à compa-
, rer à ceux de leur Prophcte. Ils parlent très-bien de Dieu & de fes perfec-
, rions, en éloignant de lui tout ce qui peut marquer quelque imperfeélion.
, Ils icconnoifl'cnt des Anges, qui font les executeurs des comm.andemens de
, Dieu, Se ils avouent qu'il n'y a parmi ces Anges aucune diflinaion de
, fèxe. Ils ajoutent de plus, que ces Anges différent en dignité , Se qu'ils
, font deftiiiés à de certains Offices tant dans le ciel que fur la terre , &
, qu'enfin ils écrivent les aftions des hommes. Ils attribuent un très-grand
, pouvoir à l'Ange Gabriel, fàvoir de defcendre dans l'efpace d'une heure du
, ciel en terre. Se de renverfer une montagne avec une feule plume de fbn
, aïle. L'Ange Afrail efl deftiné pour prendre les ames de ceux qui meu-
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