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2 3 6 IIL D I S S E R T A T I O N S U R LA
dent point leur mediation. Elle n'efl: due qu'à Tefus Chrift comme unique Médiateur.
(a) On leur demande de contribuer a fléchir la mifericorde divine par
leurs prières &c.)
„ Leurs jeûnes font fort différens des nôtres. Ils n'obfervent que le Carê-
„ me, & ils ne commencent à manger en ces jours-là, que deux ou trois heu-
„ res avant le coucher du folcil. ils ne jeûnent point les Qiiatre tems, ni les
veilles des Saints, ni d'aucune autre fête 5 mais au lieu de cela, ils onr
„ d'autres abftinences qu'ils oblervenc rigoureulêmem, car ils s'abftiennent de
j, manger de la chair, des oeufs ôc du lait deux jours de la femainc, fâvoir le
yj Mercredi & le Vendredi, & en ces deux jours-là ils ne goûtent de quoi que
j, ce foit, que midi ne foit paflé j après quoi il eft libre à chacun de manger
„ tant & autant de fois qu'il lui plait, ils jeûnent de la même feçon vint
„ jours avant la Nativité de Notre Seigneur, & les Religieux étendent ce jeû-
„ ne encore davantage. A la fête dé St. Pierre & de St. Paul , ils jeûnent
« tous pendant quinze jours , & autant à la Fête de l'AfTomption de la
„ Vierge.
j, Les Evêques n'attendent pas les Quatre-tems pour conferer les Or-
„ dres, comme l'on fiiit dans l'Eglife Latine; mais ils les adminiftrent in-
, , différemment tous les jours de fêtes: avant que la derniere reformatioa
„ y fut introduite, l'on donnoit en un même jour à une feule perfonne, les
„ Ordres de Lecteur, d'Exorcifte, d'Acolyte, de Soudiacre, de Diacre, de
}, Prêtre, d'Archiprctre & d'Evêque ; & tout cela en deux ou trois heures.
„ On remarquera, qu'ils obfervent d'auflî grandes ceremonies pour faire un
„ Archiprctre , que pour conferer les autres Ordres j & il femble qu'ils le
5, confiderent comme un Ordre diftingué des autres.
,, Ils ne gardent point d'eau dans les Font» Bapci/mauK,qui ait été bénite le
j, Samedi Saint, pour admiuiltrer le Sacrement du Baptême, comme l'on
5, fait dans l'Eglife Latine : mais toutefois & quante qu'il k préfênte quel-
, , qu'un pour être baptifé, ils benifîènt l'eau, en recitant un grand nom-
„ bre de prieres ; puis ils plongent trois fois dans l'eau la perfonne qu'ils
„ baptifent, ou bien ils en jettent trois fois fur elle, ayant 6it un peu
„ chauffer l'eau auparavant. Ils ne prononcent néanmoins qu'une fois les pa-
„ roles néceifaires en nommant la perfonne: ils ne fe fervent point de fel, &
, , n'oignent pas feulement la tête, mais aufli la poitrine avec leurs mains qu'ils
,, tiennent ouvertes. Ils oignent de plus le devant & le derriere du corps de-
„ puis la tête jufquaux pieds. Outre cette ondion, qui fe fait avant le Baptê-
„ me, ils en ont encore une autre après, qui eft proprement la Confirmation
„ parmi les Orientaux : mais ils l'ont abolie , depuis qu'ils font reunis avec
„ l'Eglife Romaine, afin d'adminiftrer le Sacrement de la Confirmation felon
y, la maniéré des Latins". (Au Baptême le parrain ne tient point l'enfant fîir
les f o n t s , mais le Prêtre reçoit l'enfant dans un linge, après l'avoir rire des
fonts.)
„ Ils fe mettoient autrefois peu en peine de fe confefler avant la communion
j, mais les Miffionnaires de Rome les ont obligés à cela. Les Prêtres étoient
j, auflî tous égaux en jurisdiâ:ion dans les matières qui regardent la Pcniten-
„ ce, avant leur reformation. Il n'y avoit aucuns cas relèrvés aux Patriar-
„ ches ôc aux Evêques (Dandini fe plaint que la Confeflion eft fort negli-
Voy. les Remarques du P. Sim» fur k Voyage de Danêni.
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gce chez les Maronites. Il cil vrai qu'elle l'efl: beaucoup plus & chez eux & chez
les autres Orientaux cjue dans l'Eglile Latine. Pour ce qui ell de la maniéré, les
uns Ce confedènt debout, les autres affis, plufieurs à genoux. LesconfeCTcursimpolént
des pénitences publiques aux péchés publics & de fecretes aux péchés fecrets.
Les pénitences confident en jeûnes, prières, aumônes, pelerinages & profternemens.
Les confelTeurs fe règlent en general fur leurs Livres penitentiaux. Entre
ceux qui negligent de k conteflér, il y en a qui fous prctexte de fe confeffer
à Dieu feul s'en vont marmoter leurs péchés dans les trous des murailles
d'une Eglife.) "Ilsneportoient pas auffi avant leur reform.ition, grand refpea au
„ Sacrement de l'Eucharillie, qu'ils confervoient dans les Eglrlês {ans aucune
„ lumiere, renfermé dans une pedte boëte, ôc caché dans un trou de la mu-
„ raille, ou dans quelque autre endroit.
„ Ils ne publioient point auffr alors le mariage dans les Eglifes , avant
,, que d'en taire la ceremonie: ils prenoient même pour cela toutes fortes
„ de Prêtres indifféremment, ne croyant pas qu'il fflt néceflàire d'avoir rc-
„ cours au Cure. Il y en avoit de plus, qui fe marioient avant l',îge de
„ I I . & de 14. ans. Et pour ce qui regarde les empêchemens du mariage,
„ ils croient dans un u&ge bien différent de celui qui ell maintenant reçu
„ dans l'Eglife Romaine : car en contant les degrés, ils ne les prenoient pas
„ feulement du chef qui commence la ligne , mais ris y rentermoient les
„ deux branches qui fortent du chef, croyant que deux perfonnes en même
„ dégréj comme font deux frcres, filifoient auffi deux dégrés ; de forte que
„ s'imaginant ne fe marier qu'au fixième degré , ils fe marioient en effet
„ au troifieme. Ils prenoient au contraire pour empêchement ce qui ne
3, l'etoit point ; car ils ne permettoient pas à deux treres d'époulcr les detu
„ foeurs, ni à un pere Si à un fils d'époufer la mere & la fille.
„ Ils ont en ufage une certaine onftion pour les malades, laquelle ils ap-
„ pellent lampe , parce qu'en effet ils fe fervent pour cela de l'huile de h
„ lampe en cette maniéré. Ils font un petit g,âtc.ui un peu plus grand qu'u-
„ ne Hoftie, où ils dreflènt fept mèches entortillées à de petites pailles. Se ils
„ mettent tout cela dans un baffin avec l'huile ^ puis recitant un Evangile ôc
„ une Epitre de St. Paul avec quelques prières, ils allument toutes ces mé-
„ ches. Après cela ils oignent de cette huile au front , à la poitrine & aux
„ bras tous ceux qui fe trouvent préfens Se celui qui efl malade, en dilant à
, , chaque ondion : Que Dieu par cette ondion te pardonne tes péchés, qu'il
„ affermilTe & fortifie tes membres, comme il à affermi & fortifié ceux du
„ paralytique. On laiffe enfùite brûler la 1 ampe , tant qu'il y a de l'huile;
„ & comme cettc huile n'a été benite que par un fimple Prêtre , cela a tai:
„ croire à plufieurs perfonnes, que cette ceremonie n'eft pas le Sacrement de
„ l'Extrême-Ondion, puis qu'on le donne à des perfonnes qui ne font pas
„ fort malades. Mais ceux qui fàvcnt la Théologie Orientale n'auront pas
„ de peine à être perfuadcs,que ces peuples n'avoient point d'autre Sacrement
„ d'Extrême-Onction que celui-là, avant que les Latins les euffent reformés :
3, auffi le mot d'Extrême-Ondion ne fê trouve-t-il en ufàgeque parmi les La-
„ tins, parce qu'ils n'oignent les malades que quand ils font à l'extrémité , ce
j, qui n'eft point obfervé par les Chrétiens du Levant.
3, Avant de finir ce difcours touchant les Maronites, j'ajouterai ici en abre-
„ gé ce que le [a) P. Beffon Jcfuite en a remarqué dans Ibn livre intitulé !a Sy-
(4) P. Bejfon tn ft Syrie Saint!.
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