
170 III. D I S S E R T A T I O N SUR LA
4'il' f
Il faur compter au rang des Ulàges Religieux des Chrétiens Syriens le
Bain du Jourdain, qtii efl: une ceremonie alTcs ridicule, laquelle paffe pourtant
pour un afte de Religion chez ces SchifmaHques. (a) Toutes fortes de Chrétiens
, Grecs, Neftoriens, Coftes Scc. fe baignent devotement tout nuds dans les
fleuve à l'honneur de Notre Seigneur & de fbn Baptême. Là on s'embaraflè
auili peu de la différence des Sexes, que de la diveriîté des Sedles, puis
•qu'hommes & femmes entrent péle mêle dans le fleuve, & s'en font verfer
l'eau fur la tête. Les plus dévots y trempent des linges ; d'autres emportent de
l'eau du Jourdain dans des bouteilles, & n'épargnent pas même la yafe du fleuve,
ni la terre qui ell fur fes bords, ni feulement ce qui croit autour, parce que
tout cela Élit des Rehques. Devroit on douter après cela que des gens d'un
tel ordre aimaflent Notre Seigneur!
Si depuis la (h) Relarion d'un MifGonnaire, qui n'eft pas des plus modernes,
les ufâges nuptiaux n'ont pas change en Syrie, on peut dire qu'il
s'y en obfèrve d'affés fiugiiliers. Le marié eft conduit chez la mariée à cheval
entre deux épées nues que deux hommes portent, l'un devant & l'autre
dcniere. Les parentes & les amies de la mariée le reçoivent avec des flambeaux,
au fon des inftrumens mélés aux chans & aux cris de joye de cette
troupe nupti.ile. Le foir des noces le mari donne un coup de pié à là femme,
& lui commande de le déchaufler, pour marque de la fouraiflion que l'Epoufe
doit à fon mari.
A BagJ^it & ailleurs quand un Chrétien meurt , on s'aflèmble pour
fon enterrement ; au retour de la fépulture on trouve un repas tout prêt
à la maifon du défunt. Tous ceux- qui s'y rendent font les bien venus, en forte
qu'on s'affemble quelquefois jufqu'à cent cinquante perfonnes & plus. Le
lendemain on va prier fur la fofTe du défunt, & le troifième jour de même.
Alors on prépare un autre repas, où tout le monde eft bien venu comme auparavant.
Ces ceremonies, fûivant (c) Tamrnier, le rdtercnt le feptième, le
quinzième, le trentième & le quarantième jour après la mort.
A Damas les femmes Chrétiennes pleurent les morts en criant & en chantant.
The-venot {d) vit une troupe de ces pleureufès que deux hommes eclairoient
avec des chandelles, pendant qu'elles hurloicnt de la forte, en fe frapant
la poitrine. De tems en tems elles s'arrctoient, fê rangoient en rond, & fài-
Cint claquer leius doits comme fi elles euflent joué des caftagnettes, elles danfoient
& chantoient au bruit, andis que d'autres hurloient & crioient. La
ceremonie fe termina par des civilités réciproques, après quoi elles s'en allèrent
toujours chantant &c claquant des doits. A Rama elles font à peu près de même.
{£) Le Bra» dit, qu'elles pleurent environ demi-heure fur le lepulcre, après
quoi elles fe levent & font un rond comme pour danfer un branle. En.
p,
fil
fuite deux d'entr'elles quittent le r o n d , & fe mettant au milieu y font des contorfions
en criant & en frapant des mains. Après ce bruit elles s'afleient pour
pleurer encore. Toutes les pleureufes que le Brun vit fe relaioienc. Celles qui
avoient achevé leur deuil retournoient chez elles : il en venoit d'autres. Lorfque
ces femmes Ce levoient pour le mettre en rond, elles fè couvroient d'un
voile noir. Je renvoye à l'article fuivant plufieurs remarques importantes.
Pes
W r m s Llv. ni.
(4) f^.jOfr, L. I. ch. V.
(£) raja^ef Tome II. Edit, in 4.
(d) Syne Saintt dit P. Bejjm.
(0 Tkvemt Pietro délia Fdle.
!l
lii: •
• M