
! i i
? BWJl!
268 III. D I S S E R T A T I O N SUR LA
le Baptême le Prêtre baife len&nt & les parrains. Il fiut remarcjuer i . que
l'alliance des parrains avec les en&ns qu'ils ont préfentc au Baptême eft défendue
audi chez les Ruffes î . que pour chaque Baptême, on change l'eau de la
parceque les Ruffes la croyent chargée du péché originel de ceux
on a chez
que 11
cï ^ pechc
qu'on baptife ; . que l'on baptife dans un torrent, ou dans une riviere les perfonnes
qui embraffent la Religion des Ruffes. On les y plonge.trois fois, Se
fi c'eft en hiver on Bit un trou dans la glace pour les baptifer. Si' cependant la
perfonne qui doit l'être n'eft pas d'une complexion affes forte pour fubir cette
rude kitiéition, [a) on lui verfe jufqu'à trois fois un tonneau plein d'eau fur la
cete.
L'auteur {l) que je cite à la marge dit, qu'après le Baptême „ l e Prêtre
„ [irend Tenfant nouvellement baptife, & avec la tête de cet enfant, fait une
„ Croix à la porte de l'Eglife, qu'il frape trois fois avec un marteau. . .
„ il faut que tous ceux qui ont été témoins du Baptême entendent le bruit, au-
„ trement, on croiroit que l'enfint n'auroit pas été bien baptifé."
A l'égard du mariage; le divorce ell fréquent & autorifé'en Mofcovie, &
la polpamie défendue. Le premier eft un heureux fuplement à celle-ci, mais
'lez eux (comme nous l'avons aufli) cette autre efpèce de polygamie, (c)
Chriftianifme n'a pas détruite, & que l'ancienne Loi ne défendit pas (d)
auA Juifs. Comme chez les Grecs les Prêtres Ruffiens fe marient : il eft même
néceffaire, difent les Rudîens qu'ils foient mariés, & ils n'en reçoivent
point qui n'ait une femme legitime, ou qui tout au moins ne faffe voeu d'en
prendre une. L'Ecclefiaftique doit la prendre vierge, de bonnes moeurs &c.
& s'il devient veuf il ne lui eft plus permis d'en prendre une autre. Selon la
pliîpartdes Relations, l'amour conjugal a peu de force chez les Mofcovites;
mais il ne faut pas aller fi loin pour le trouver fans vigueur, & il eft du
moins fâcheux qu'un mariage fans amour, fouvent même afforti de haine, de
querelles & de débauche, ne foit pas un bail à terme comme chez divers peuples
très raifonnables. Car après t o u t , pourquoi fe damner en damnant les autres!
La Religion Chrétienne veut, il eft vrai, que l'on fe régénéré au milieu
des Croix des tribulations, mais elle ordonne en même tems d ; fuir les perfécutimis.
Outre que les Mofcovites font mauvais maris du côté de l'amour
conjugal, ils tiennent leurs femmes fort refferrées. Il eft vrai pourtant, que
Pierre
(a) Religion dts Mofioviies,
{b) Le même Auteur.
CO Voy. O k a r i m , qui ajoute pourtant qu*ou ne Touffre pas les maifens publiques
M II faut y mettre une r c f t r i a i o n confiderable : elle n'e'toit permifc qu'ayee les femmes i-rrancera-
La chaleur d u climat & les moeurs conompues des peuples voifins des Juifs l'autorifoient en quelqu^
façon. Elle leur feryoït de barnere contre 1 adultéré, & quelque chofe de pis que cela Des
raifons aufli folldes r a u t o n f e n t de même chez les Chrétiens. Catholiques, Evanseliques, Illuminés tons
teconnoiilent qu'elle doit être tolcree pour le bien publie, pour empêcher les J-^m, „„u,
fuppléer aux rigueurs du cehbat &c. & malgré cela une dc'prayation de eoiit ne caufe t'elle nas de, de
reglemens monllrueux.^ O n a dit de R o m e , ^
OKtt l n fieltai, tel h/tbet luit
Eumft [lUfUns,
E t l'on a a j o u t é,
Pafeiia ijumque hedji, tor hnber t
Roma cinadoi.
l i a fallu t o m e la féyerité des Loix pour empêcher que la dépravation ne deyint prefque épidemique
1 plus de trois cens lieues de Rome tirant vers le N o r d . cpuamquo
R E L I G I O N DES GRECS. 269
Vierre le Grand, au retour de Ces Voyages (a) a un peu changé cet ufage tyrannique.
Soit jaloufie, ou coutume héréditaire, ou mépris, avant cela il étoic
défendu aux femmes de fe trouver avec leurs maris, lorlqu'ils fe regaloient entt'eux.
Il s'eft confervé quelque chofe de cet ulâge dans les Pais-bas, mais fans
aucune violence de la part des maris, qui paroiffent n'avoir retenu en cela qu'un
refte de la jaloufie Efpagnole. Le Czar voulut que les femmes fulfent invitées
avec leurs maris aux noces & aux autres divertiffemens. (h) Il voulut audi
que les Mariages ne fe fiffent qu'après l'entrevue & du confentement des Epoux,
au lieu qu'avant lui, (c) on ne permettoit point'aux jeunes gens de
le voir, encore moins de s'entreparler de mariage, ou de s'en donner des
promeffcs réciproques. Les peres & meres faifoient entr'eux le mariage de leurs
cnfàns, & ceux-ci ne le voyoient qu'après le mariage, ou tout au plus (d) la
veille des noces. Les amis de l'Epoux (e rendoient à cette entrevue chez le père
de la fille qui s'y trouvoit accompagnée de fes amies. Apres un petit compliment
cette fiancée prélèntoit à fon galant un verre d'eau de vie; ce qui étoit
un témoignage du choix qu'elle fiifoit de lui. Depuis cette entrevue jufqu'au
moment qu'ils mettoient le pied dans l'Eglife, il leur étoit exprcffcmenc
défendu de fe voir. Voilà ce que raporte Periy, mais à moins Cju'Olearius ne
fe foit trompé, il y avoit de grandes exceptions .à cet ufage. Quelquefois, die
cet Auteur, il arrivoit que tel penfoit avoir une belle femme, qui en avoit époufé
une contre&ite. Olcarius a raifon d'attribuer les mauvais ménages à cette
maniéré de fe marier. Pierre le Grand défendit „ de marier perfonne fins le
„ confentement réciproque des deux parties, & voulut qu'il fut permis de (c
„ voir & de fe vifiter au moins fix femaines avant le mariage. "
Un ufage fingulier qui s'eft pratiqué aux fiançailles Rufliennes, c'eft celui que
rapporte l'Auteur de la Religion des Mofcovites. Le voici. Dans la ceremonie des
fiançailles le pere renonçoit à l'autorité paternelle après avoir donné deux ou trois
petits coups de fouet à fi fille, & remettoit en même tems le fouet au gendre futur.
Pour venir aux ceremonies qui tendent à la conclufîon , un peu avant le jour
des noces les perfonnesdiftinguées, & tous ceux qui les imitent louent deux 5/mchas,
c'eft ainfi que les Ruffes appellent les deux infpeûrices qui préfident à leurs
noces, l'une du côte de la fille, l'autre du côté du garçon. La Suacha de la fille doit
fe rendre chez le fi.ancé pour y faire préparer un beau lit nuptial fur quarante
gerbes de feigle ou de blé, autour defquelles on met divers tonneaux remplis
de froment, d'orge & d'avoine. Cela fignifie l'abondance & la fécondité.
La veille des noces eft principalement delHnée à fiire des préfens à la fiancée.
Cela eft du département de la Suacha du fiancé. Entre ces préfcns les Dames
Ruftienes eftiment fur tout le f l r d , & même on affûte que les plus belles
ne craignent pas de l'employer, ou par une (uite de la coutume, ou par l'ef^
fer de cette dépravation dégoût, qui aujourd'hui cache également fous un rouge
épais les be.iutés & les défauts du teint de nos Dames Françoifès. °
Le jour de la noce le marié (ort de chez lui vers le foit, fê rend chez iâ
maitreffe, accompagné de fes parens ôc de (es amis, précédé d'un Prêtre qui
marche à cheval devant lui. Apres ces préliminaires de joye & de com^imens,
qui font de tous les païs, on k met à table. „ (e) On y fert trois
„ plats,
( a ) Ftrry vhi fiip. p. 190.
(b) Pcrry iibi fiin. p. 191.
I Okanus & autres.
P^'y^ ubi Tup.
(e) Ole-'riui dans r?s Voyages.'
Tome 111. Part. 1. Yyy
Sf^
i^': ''H
f i , 4 iiiii
i . g