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déterminer le lieu où font detenues les ames des morts jufqu'à la refurrection.
Dans cette incertitude, ils ne laiflent pas de prier pour elles, elperant'
que la mifericorde de Dieu fera fléchie par leurs prieres. Cette pieté mérite
d'être louée. Heureux les Chrétiens, qui lans s'arrêter aux drfEcultes qu'on
leur prcfênte dans un grand nombre de points controverfés feroient tranquillement
leur chemin vers le falut avec une femblable pieté : „ Les Grecs font aufli
„ embarraffés à placer l'Enfer que le Purgatoire : ils font très-mauvais Geoj
, graphes, dk Tottrvefort'\ Je ne vois pas que notre Geographie foie beaucoup
meilleure.
Nous voici parvenus à l'Ordination, dont il a été déjà parlé, mais fans entrer
dans un certain détail nécelTaire. Le premier Ordre que l'on conféré à
ceux qui fo deftinent à l'Eglilè ert celui de Ledleur, dont l'Office efl; de lire
l'Ecriture Sainte au peuple les jours des grandes Fêtes ; ces Ledcurs deviennent
Chantres, puis Sous-diacres, & cliantent l'Epitre à la MeiTe. Enfuite ils font
£iits Diacres & chantent l'Evangile. Le dernier ordre efl; la Prêtrilè. Les Prêtres
font divifés en Seculiers ôc Reguliers. (a) Les Papas, nous dit-on , ne
font proprement que des Prêtres feculiers , & ne peuvent parvenir qu'à être
Protopapas, ce que Toiirneforî traduit par Cmês-ArchiprcîYes, „ Toutes ces d it
„ fércntes perfonnes [h) c'eft Ricaut qui parle, font premièrement initiées &
„ benites par l'Evêque, qui leur donne l'impofition des mains , & enfoite
„ fait préfent à (c) ^Anagmßs d'une Bible, &; au (</) Pfaltes d'un Pfeautier,
, , beniflànt ces livres les marquant du figne de la Croix. Après cela les nou-
„ veaux Ordinés fe font faire la Couronne fur la tête ". Voici le détail de
CCS Ceremonies, détail peut être inutile aux gens d'une érudition confomniée,
mais neceflàire dans une Diflèrtation deflinée à les raflembler.
(t) Le Lefteur fe préfente à l'Ordinant en habit de Clerc & tête nue. Cet
habit de Clerc efl; un habit noir, modelte, convenable à l'état que l'on veut
embraflèr. S'il efl: Moine, il (è préfonte en habit de Moine, & cet habit le
Pontifical l'appelle ( f ) Mmdyum, ou Mandyas. L'Ordinant figne trois fois
le nouveau Lefteur, on lui raie la tête en croix au nom du Pere & c . Enfuite
on lui fait donner la tonfure Clericale, & après cela on le prélènte une
autre fois à l'Ordinant, qui lui donne le Phenol'mm. Ce PhenoUum revient à li
Planere, ou à la Chafnhie. Il fe donne à ceux qui ne font pas Religieux. L'Ordinant
&ït encore trois fois le figne de la croix fur la tête de ce Candidat, lui
impofè les mains & prie pour lui. La priere finie il lui met (g) la Sainte E -
criture entre les mains. Le nouveau Lefbeur y Ut pro forma quelques verfèts.
Cet Ordre de Leiäeur ne peut être que très-ancien , & la neceflité feule le
fuppofe tel. Au refte il n'y a point de différence entre l'Ordination du Prêtre
& du chantre. Aulfi n'y en a-t-il point dans leurs fonâions ; car (h) pour
me (èrvir des termes de l'Evêque de Vabres, tm chante Us paroles que l'autre
lit.
Le Ledeur, ou le Chantre devenant Soudiacre fc préfente à l'Ordinant cou-
(a) Tom-nefsrt Voyages Lettre
ib) Etat de l'EgliJe Grecque au Chap. 10.
(c) Le Lefleur.
(d) Le Chantre.
(ej PoHtif. Grxc. Haberti pag. 57. & feq.
(ƒ) La Note du Pontifical dit MAnd-iat, Habit court, & Jlünteatt de A&îneMtmlelm mmßicmr,
(g) Le Livre Apußolicjue. Voy. H/tberti Obrei vation. in Pmificule p. 45.
(k) Pmtif. &c. ubi fup.
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vert du Phemliam & s'il efl Religieux, du Mandyum. On le dépouille de l'un
ou de l'autre pour le revêtir du Stichariuw, qui eft une eipèce de Dalmatique
à quoi l'on ajoute la ceinture. On apporte un baflin à laver & un linge blanc.
L'Ordinant f;iit trois fois le figne d e l à croix fur fà tête, lui impofe les mains
& prie pour lui. Après la priere, l'Ordinant prend ce linge, le lui met fur
l'épaule gauche,lui donne le baflin. • Le nouveau Soudiacre baife la main de
l'Ordinant, lui verfe de l'eau fur les mains. Enfuite il reçoit la benediftion
& récité trois fois le Trifagium &c. Ainfi le Miniflere du Soudiacre confifle
principalement à préfenter à laver .à l'Officiant, & à lui donner la ferviette pour
s'efluyer. De plus il allume les lampes, il entretient l'ordre & la netteté dans
l'Eglife. On &it remonter l'origine du Soudiaconat au tems de St. Cyprien,
& celle de fe laver les mains avant la celebration des myfteres &c. à celui de
St. Denys l'Areopagite, & de Sr. Clement. Le premier parle de ce pfeux ufâge
comme d'un fymbole de la pureté de l'ame dans fes Conjlitutims, & l'autre
dans Oi Hierarchic : mais ces deux Ouvrages font rejettes par la plus grande
partie des Critiques. Je ne dois pas oublier ici la fubrile découverte du prétendu
St. D e n y s , qui trouve dans le Lavement des mains l'image des (a)
dernieres penfées de l'ame; c'eft-à dire de celles qui la déterminent. Le preuve
de cetteingenieufe découverte e f l , que les mains font les extrémités du corps,
& tout de même les penfées qui déterminent font les extrémités de l'ame.
Qui ne feroit convaincu »
Au Diacre, c'eft-à-dire à celui qui va paflèr du Soudiaconat au Diaconat,
on ôte la ferviette de dcfliis l'épaule, & la ceinture d'autour du corps. Il
fléchit le genou droit devant la Sainte Table : l'Ordinant lui impofe les mains
& la ceremonie eft fanûifiée par les prieres convenables à l'Ordre de Diacre.
Après cela l'Ordinant donne l'Eventail à ce nouveau Diacre Se le baife. Les
autres Diacres baifent aufll leur nouveau Confrere, qui prend aufla-tôt pofleffion
de fon Miniftere.
^ Pour le Diaconat, on ne peut lui difputer fon antiquité, puis qu'il efl: parlé
des Diacres & de leur premiere rnftitution dans les ASles des Apôtres. Je
dis leur premiere infliturion, parce que leur Miniftere n'y paroit pas abfolument
le même qu'il a été dans la fuite. Cependant on trouve que peu de
tems après les Apôtres ils font appellés Minijlres des E-vêques , ce qu'on doit
expliquer du fervice que les Diacres leur rendent à l'Autel : mais ils ne font pas
feulement les Miniftres des Evêques ; ils doivent l'être de tout Prêtre Officiant.
Pour repondre à ceux qui ne les croyent établis diabord que pour vaquer aux charités
, on fuppofe (l>) que fi on ne les avoir deftines qu'à fervir les pauvres,comme
cela eft dit dans les A d e s , il n'auroit pas été befein de l'impofition des
mains, qui efl l'cllentiel de l'Ordination.
J'ai dit plus haut que la ledure de l'Evangile eft du Miniftere du Diacre.
J e ne dis rien des autres fondions, qu'on a piî remarquer déjà dans l'extrait
que j'ai donne de la Liturgie des Grecs. On y aura vû aufli l'ufatje
de l'éventail. ^
Deux Diacres conduifent, ou doivent conduire, fuivant le Pontifical, jufqu'aux:
Portes Saintes celui qui pafl'e de leur Ordre à la Prêtrife. C'eft là que ces Diacres
le mettent entre les mains des Prêtres. Le Protopapas & celui qui le fuit
en rang lui font fiiire trois tours autour de l'Autel en chantant l'Hymne des
Martyrs. Cette même ceremonie eft obfcrvée aux deux Ordinations précédentes.
Ce
Er^âT««.
i^) lUbert. ubi fup. pag. 188.
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