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nent fous la tutelle & perdent l'cmancipation que leur avoit donnée le mariage»
qu'en Suéde les mariages font fort tardifs, fur tout les mariages des perfonnes
de qualité, & ne fe font gueres avant trente ans, non feulement parce que
t'amimr ptnetre amc ftine dans le cccur îles feptmtrimmx, mais aulTi parce que
de part & d'autre les peres & meres ne donnent que peu de chofe à leurs enfans,
en forte que ceinc-ci font obliges d'attendre la mort de leurs parens pour
jouïr du bien. ^ Enfin on ajoute que les querelles domeftiques, les divorces
& les infidélités y font fort rares. L'autorité des maris & la foumiflion des
femnres prévient les premieres , & peut être que le firoid du climat joint à
cette foumiffion des femmes prévient les autres. Un auteur nous dit pourtant,
„ que parmi les Suedoifes il y en a qui font en reputation d'avoir plus
„ de chafleté avant que de fe marier, que de fidélité après qu'elles le font".
Pour moi, je crois de ce que je rapporte ici ce que j'ai toujours crû de tout
ce qui s'.ippellc moeurs & ufages ; fitly a par tout des exceptions.
On avoit autrefois en Frife une coutume affez plaifante, qui etoit d'empê-
. cher la nouvelle mariée d'entrer dans la maifon de fon mari. Lors qu'elle étoit
prête d'entrer, un des plus proches parens du mari barroit la porte avec
une perche ou un balai; la mariée, après avoir enjambé par delTus la perche,
frouvoit une autre peribnne qui s'oppofoit encore au padàge avec une épée
nue à la main, & la pauvre femme ne levoit ce dernier obftacle qu'avec un
préfent qui lui procuroit enfin la liberté du paflage. Cette coutume s'eft prafiqtiée
de plufieurs maniérés différentes. En quelques endroits on tendoit une
corde d'un côté de la rue à l'autre, & pour la fianchirlafemmefaifoit unprélènc
a celui ou à ceux qui avoient tendu a corde. Ces coutumes ont été abohes
pat divers arrêts que l'on trouve dans un livre {a) que je cite ici à la marge.
Je ne faurois oublier encore une coutume remarquable des anciens {l) Frifons.
Ils marioicnt le„„ ,„ Wabie Jo VCUÏC, pour les faire teffouvenir que les lien»
du manage lont mdiflolubles & que la mort feule les doit jiomprt -
Après une aCTés longue defcription de plufieurs ceremonies nuptiales, il eft
bien jufte de parler des accouchemens. Dans la Reforme de Calvin je trouve
les femmes en couche recommandées tout fimplement aux prieres de l'Eghfe,
& de même celles qui font leur premiere fortie après les couches. Dans le
Lutheranifme. au moins en plufieurs endroits, par exemple en Dannemarc,
je trouve des formulaires de prières tout exprès pour ces femmes accouchées;
je les trouve introduites en ceremonie dans l'Eglife, & je trouve enfin à la'
fuite de l'introduaion un préfent en argent fait au Miniftre ou Curé qui a la
commiffion de les introduire. Mais entre les ufages civils qui peuvent regarder
les accouchées, il y a quelque chofe de plus fîngulier à remarquer en
Hollande : c'eft cet ufage que je trouve appellé par les gens du Pais (ir) Vm
Beier, qu'il faut ce me femble traduire par le -verre ou plutôt le gohelet de l'accmchemm.
On préfeme en ce païs-là aux Dames qui viennent rendre vifite
a la femme en couche & à fon en&nt un gobelet plein de vin de Rhin où
l'on a mis beaucoup de fucrc & un bâton de canelle. Ce gobelet eft préfentc
a la ronde, & la ceremonie fe réitéré pendant le tems des vifites. Je m'imagine
W dl,pUg,igh,J, Ch. 4j. pig. & f„iv. C'eft-à-dire, G « « é im-m,, J,
uUi irm^uas dans te tm-ia,. . ».
Tiré de Vlntrad. >tu ctromnUl dts tr.ttrrtmtni par M. van Alkemade.
w GMl, _dt ! • , » « / / & » , d. fafcU :fad,n m», Jir, en hnçuc Gothique,
t. elt la peut être 1 onginc Is plus nltmtllc. Crm. dt tMi Icc. ubi fap. Tom. H Ch. XV
RELIGION DES PROTESTANS. 375
gine que cette coutume leur eft reftée du Paganifmc; que f^m Beker pourroir
avoir fignific le gohekt de Fan, c'eft à dire du Seigneur , & que ce vin écoit
bîî à l'honneur de Fm, Divinité champetre fi relpeftcc dans le païs, que
Ibn nom (a) fignifioit le Seigieur par excellence.
Avant que de toucher à ces dernieres ceremonies qui dans toutes les Religions
terminent toujours avec plus ou moins d'apareil le bon ou le mauvais
fort de l'homme, il ne fera pas inutile de le confiderer malade te mourant
dans la Communion Luthcriene. Ici l'on ne trouve ni extrême onâion, ni
application de Reliques ou de Scapulaircs, ni confolations données par un Crucifix
embratfé pieulement, ni elperancc de le revêtir de plufieurs vertus religieufes
en fê revêtant d'une robe monaftique , ni afTurance de le fôuLager .1-
près là mort par beaucoup de Méfies. Tout fè réduit à des remontrances &
a des exhortations paftorales, à des confolations entièrement fpirituelles, à des
lectures ôc à des prieres. En quelques Païs Reformes on a des Confôlateurs,
qui ne font d'ordinaire que des Laïques d'une capacité alTes mediocre, d'ailleurs
gens de bien , qui lilènt affiduement l'Ecriture Sainte, & qui,par cette
leiture fouvent repetée,fè font faits la même routine dans leur Religion, qu'un
medecin fe pourroit 6ire auprès des malades par la lefture réitérée d'une Pharmacopée
compleîte ou d'un Recueil de remedes domejliques. Cependant il ne
faut pas trop prefTer la comparjifon : il y a de la différence entre eux. Les
difcours des confôlateurs, quand même ils fèroient fans effet, ne fàuroicnt jamais
tuer l'ame. Au refte ces confolateurs ne font pas toujours des L.iïques !
il s'en trouve auffi parmi eux qui ayant été reçus Miniftres n'ont pas eu en-
Ciite les talens que demande la Reforme pour prêcher & pour defTervir une
Eglife. Mais revenons aux Luthériens : lorfque le malade eft à l'agonie ils redoublent
leur zélé envers le mourant, comme dans toutes les Communions du
Chriftianifme, & ce zélé, qui n"a plus -dauui. oUj^L v . « l'»mo de l'oeonifânt,
n'elt pas ccrt.iinpmpnr un arte de ceremonie : cependant il n'eft pas impofîiblc qu'il
fc modifie felon les ufages 6c la Religion du Païs, & il l'eft encore moins qu'il
change de forme & de maniéré , félon l'âge & le temperament des perfonnes.
Quoiqu'il en fôit ces remarques tendent à montrer qu'il y a par tout
une regie &: une méthode à obfêrver pour la mort comme pour la vie : & le
genie des hommes cft tel, qu'ils ne jugent que trop fouvent de la deftinée du
mort par la régularité avec laquelle les ufages religieux ont été obfervés à fon
agonie. Beaucoup de Lutheriens donnent la benediélion au mourant en lui
prenant la tête, ou en le touchant feulement au front, faifànt en même tems le
figue de la croix fur lui.
On voit dans cette figure la maniéré la plus ordinaire d'enterrer les morts
à Augsbourg : mais cela feul ne fatisferoit pas le leûeur. Entrons dans un
plus grand détail & commençons par ce que nous fournit M. Maichelius fur
cette maticre. (h) Les funérailles font toujours accompagnées de beaucoup do
„ devotion 8c de pieté, quelquefois aufli de beaucoup de magnificence. C'eft
„ outre cela l'ufâoe de faire une oraifon funebre à chacun , de quelque ex-
„ tradion qu'il toit & quelque baffe que fbit fâ naiffance. (On en fait même
aux enfàns qui meurent au berceau. Que peut on dire fur de tels fujets ? rapporter
des confolations tirées de l'Ecriture Sainte, citer des exhortations aux vivans.
^a) Voy. Ketpri ^nti. Sefttntr,
{b) JiitttiHjir.mthmt les Luther, cité plufieurs fois »bi fnp.
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