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516 D I S S E R T A T I O N S SUR LA
dfs Verms at conncnt rien non plus que les Catholiques Romains n'admettent,
fut ce même ce qu'ils difent contre les Images : rien n'étant plus vrai, „ qu'au-
„ CHU Chrétien ne doit avoir des figures ou Images, pour leur attribuer contre
„ le Commandement de Dieu l'honneur & la reverence qui n'appartient qu'à
„ un feiil Dieu. " J'en dis autant du formulaire de leur Confeffion rapporté
par l'hiliorien des Vaudois.
Paffons à leur Catechifine. Dans celui que Leger rapporte comme contenant
la Doûtine des Vaudois, datte auffi de l'année 1100. ils établiffent la Trinité,
la juftification par la grace, la foi vive, c'eft-à-dire accompagnée des bonnes
ceuvres, l'adoration rapportée à Dieu feul. Ils y confiderent l'Eglife Chrétienne
en deux maniérési en fa véritable fubftance, (clon laquelle, l'Eglife ne renferme
que les Elus, {a) elle n'a point d'excommunié. En fon minillere, &
alors l'Eglife contient ratremblée entiere de fes Miniftre & du peuple. Les vrais
Minittres fe connoiffent par leur bonne vie, pat la predication de l'Evangile,
par une jufte adminiftration des Sacremens. Entre les marques qui carafterilènt
les mauvais Miniftres le Catechifme Vaudois met l'obfetvance des (5) inventwHs
hmumes. Un des caraftères de la mauvaife doârine c'eft d'enfeigner
l'Idolâtrie, ou le Culte de la Creature, quelle qu'elle foit, en forte que les
hommes croyent avoir fatisfait à Dieu, par cette faullc Religion, & par la
Simonie des Prêtres. Par l'adminiftration des Sacremens, qui eft iitjiijle ou indue,
le Catechifme defigne celle où le Prêtre ne connoit point (ou plutôt
n'obferve point) l'intention de J. C. c'eft-à-dire, en foutenant ^iie la grace
dr la -virile font renfermées dans les ceremonies extérieures, fans amener les Chrétiens
à la foi, à tefperance dr i la charité, <pi font tame des Sacremens. Voici
qui eft plus remarquable. Le Catechifme étabht deux la parois
& deux Sacremens, qui font le Baptême, & \Euchmfiie. La Foi vive & Tefperance
ou la confiance en Dieu accompagnées d'une véritable pénitence nous
conduifent à la Grace par J. C. mais ce qui nous détourné de cette confiance
en J. C. c'eft la foi morte, la ÈduAion de l'Antechrift, la confance
en daetres que J. C. affanioir aux (c) Saints é- en la puifance (d) de l'Antechrifl
Sec. aux Reliques, au (e) Purgatoire qui efl me chofe in-ventée, m fon'
ge, & autres moyens qui s'oppofent direSement i la nerité, pour lefquels on
abandonne les eaux ^i-ves de la Grace pour s'attacher à des jeunes, à des Offrandes,
â des Pelerinages, â des invocations &c. Enfin le Catechifme déclare au
fujet de la Vierge Marie, qu'elle eft remplie de grace en elle même (ƒ) (par 1î
gloire qu'elle a eu de porter le Sauveur du monde, ) mais non pas pour cmmu-
Tiiquer cette grace à dautres.
Sur
r^J Non rcmantùH frofiritt, dit le Vaudois ubi fup. p. 60.
(h) Li atrcbuTHem htman p. 61.
( 0 Un antre fragment nportc pir k Miniftrc Vaudois Ltger & qu'il dit être de l'anne'e i i - o aopellefcCulte
desSS. 7,. On autre encore date aufll de 1120. & qui a pour titre i
eImincamn dis Sms, rejette cette Invocation comme isduifant le peuple i l'Idolâtrie, & l i fiifant préfoer
te Saints à Dieu : ce qui pirolt par les offrandes & les ceremonies qui accompagnent ce Culte des'
Saint!. Il eft inunie de fare un plus long extrait de ce fragment; puis qu'on y allégué feulement tout
ce que les Reformes objeaent fur cette matiere.
« Dans le fragment que Je viens de citer on décrit les ceuvres de l'Antechrift d'une maniéré fi conforme
a la doctrine de la Reformation, qu'il femble que celle-ci ait été' puife% dans les livres des Vaudois.
W Voy. dans tmjl. de Leger p. 8 j , un fragment intitule Pm-gmirt fingé. qu'on date de l'année
I t î « . J'j- trouve un endroit qui marque également la grofliereté de ces Vaudois & l'ignorance des
Prêtres: c'eft la defcription de quelques peines que fouffrent les ames dans le Purgatoire, & le grand
feftin qu'on leur fait le jour des morts, quand le peuple a fait de bonnes offrandes pour ces aracsf f, -
lors elles font alfifes & mangent à table &c.
( j ) Et! qumi i Ufmhpgna, c'eft ce qui cil puraphrafé dans la parentliefe,
RELIGION DES PROTESTANS. 517
Sur le Baptême, un autre fragment [a) établit la neceffité du Baptême, p.irce
que celui qui le reçoit, efl réputé é" tenu de tous pour frere é" Chrétien, é' que
tous prient pour lui qu'il foit Chrétien de coeur, comme il ejl extérieurement ejUmé être
Chrétien : mais ce Baptême materiel ne fait la perfonne ni homje ni mauvaife. Outre
cela le fragment rejette toutes les ceremonies pratiquées par l'Eglife Catholique
Romaine, comme inutiles, & capables d'induire à terreur & à la fuperfiition,
au lieu de fervir r! l'édification ^ au faluî.
Sut l'Euchariftie, un Extr.iit {h) du livre de l'Jntecimj d'it, que manger le
pain du Sacrement, c'ejl manger le corps de ChriJI m figure, après quoi il rejette
la Mclfe & toutes fes ceremonies depuis l'Introite jufqu'à la fin. Il eft pourtant
remarquable que dans cet extrait on parle de la Confecratim de tEuchariJlie.
Un autre fragment pris de \'Almanac fpirituel ne dit autre chofe des Ordres
fnion qu'on appelle Ordre la puifance de Dieu donnée à l'homme pour adminiflrer
légitimement dans l'Eglife la parole é" les Sacremens : mais en même rems on ne
reconnoit cet Ordre que pour une inftitution de l'Eglife , ainfl que les ceremonies
qui y font annexées. On juge de même de la Confirmation & de l'Extrême
Ondion. On ajoute, en parlant de la Confirmation, qu'on y hlaf
phême conIre'Dieu é" qu'elle a été introduite par un mouvement diabolique.
Voilà à peu près à quoi fe réduit la croyance des anciens Vaudois dans
les fragmens que le Miniftre Leger a rapporté dans fon hiftoire. Si Ton fuppofé
que ces extraits font bien autentiques, on ne pourra s'empêcher de mettre
la léparation des Vaudois d'avec TEglife Catliohque Romaine au moins au
commencement dii douzième fiecle ; puis qu'après un aflés long détail des oeuvres
de TAntechrift & des abus de l'Eglile Chrétienne de ce ilecle, on déclare
formellement (c) qu'on fe fêpare de cet Antechtift tant intérieurement
qu'extetieurcment. La caufe de notre feparation, continue-t'on, c'eJl la vérité
efentielle de la foi. Après quoi Ton recapitule encore (d) les erreurs (jf les impuretés
de l'AntechriJl. Cela fuppofé il feroit encore vrai que Valdo a été
le Difciple des Vaudois, au lieu que Ton croit generalement que ces Vaudois
ont eu pour maitte V.lldo. M. Bojfuet ne paroit pas faire beaucoup d'attention
à ces (f) firagmens cités par Leger, qu'il appelle le plus hardi, comme le
plus ignorant de tous les hommes. On recufe aulfl ces fragmens, à caufe que
le language en paroît moderne & affés conforme au Provençal d'aujourd'hui : ce
qui eft très véritable. Or quelle apparence y a-t'il que les jargons du voifinage
ayent varié, comme cela paroît par ce qui nous relie du vieux patois de Provence,
de Dauphiné, de Savoye &c. tandis que le Vaudois s'eft conlèrvé fans
aucune alteration pendant cinq ou fix cens ans î Avec cela il y a beaucoup d'uniformité
dans le ilile de tous ces dilFérens fragmens. C'eft par tout le même
tour, le même genie. A ceci il faut ajouter ce que remarque M. Bofluet (ƒ)
du Milleloquium de S. Auguftin , que Texttait du Livre du Purgatoire, daté
dans Thiftoire de Leger de l'année m « , cite fous le nom de Mille-Parlement,
quoique cette compilation ait été faite au treidème fiecle. La bevue eft remarquable.
Je patTc les autres objeftions de ce célébré Prélat, Se tout ce qu'il rapporta
w Ubi flip. p. Sï.
(l>) Ubi fup. p. 66.
to depitrtimnt txtiriour luttrloHT ds lui ^HS ttas crtzin jinticlirifl Sec. p^
(4) L.1I erroHrs "a" manditUs. . . . de l'Antechrift.
( 0 Avant Leger Perrin avoir cité mie partie de ces vieux fragmens dans fon Hijloire dts FfMdoit tf
des yltbigeois.
(ƒ) Bo/«« ubi liip.
tome III. Part. IL LUI
f II 11
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