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318 D I S S E R T A T I O N S SUR LA
porte pour montrer que !es Vaudois, qu'on veut faire palTer pour Reformés
pluficurs ficcles avant la Reforme, n'onc reçu la Religion qu'ils profeflcnt maintenant
que depuis Luther & Calvin. Tout cela (è peut lire dans l'onfième livre
de fon Hipoire des Variations: mais quoiqu'il puifîc être ou de la fuppofition
entiere, ou de la fimpk ôlfification, ou de l'entiere autenticité des pieces que
les Vaudois produifent, ou leurs Wftoriens pour eux, je vais rapporter quelques
autres témoignages de leur Croyance,(èlon les ConfelTions qui font parvenues
jufqu'à nous.
Une Confefïion de Foi datée aufTi de 1 1 2 0 raporte le Canon de l'Ecriture,
conformément à la Bible des Protellans. Les Apocryphes y font ranges dans le
même ordre. On y rejette le Purg.uoire, & toutes les Traditions ; on n'y
reconnoit pour Sactemens ijue le Baptême & l'Euchariilie. La Confeffion de
Foi de l'année r y ; 2. raportee par Leger &c autres convient atTés à la reunion
que les Vaudois firent avec les Proteftans. Le franc arbitre y eft nié, le ferment
devient licite,toute bonne oeuvre, excepté celles que Dieu a commandées
expreflêment, n'eft plus reconnue pour bonne , la Confeffion auriculaire eft
rcjettée. Le Chrétien peut exercer la magiftrature & la juftice, il n'y a plus
de détermination pour les jeunes, ni d'exclufion du mariage pour'qui que ce
lôit, le Miniftre peut polTeder du bien propre, & l'on ne reconnoit pour Sacremens
que le Baptême & la Communion.
Les Vaudois reconnurent aufli pour orthodoxe une autre Confeflïon intitulée
dans l'BiJIoire de Leger, Cmftjjion Je Foi Jrtfmtée (a) m Roi de Boheme par
fes fujets les Vaudois tan r 5 j 5. (ces Vaudois font ici ou les defoendans des HuCfites,
ou des Vaudois réfugiés parmi eux.) On trouve dans le même tems des
témoignages d'union & de fraternité donnés par Melanchton , Buccr & Oecolampade
aux Vaudois tant de Provence que des v.allées. Depuis cela les
Vaudois n'ont plus différé des Proteftans de SuifTe & de Geneve. La ConfelEon
qu'ils oppofêrent en 1551? aux perfécutions de la Cour de Turin &:
celle qu'ils préfcntèrent au Cardinal Sadolet, font abfolument conformes à la
Croyance des Proteftans. On rejette toutes les traditions, toutes les ceremonies
de la Meffe, du B.iptême, des funerailles, & tout ce que l'Eglifè Romaine
enfeigne touchant l'Euchariftie &c. Il feroit inutile d'en dire davantage
fur cette matiere. On peut lire dans Leger la ConfelTion des Vaudois de Provence
préfentée à François L en l'.innce 1 5 4 4 la déclaration des Vaudois de
quelques vallées faite en 11S05 & la Confeffion de l'année 1 6 5 5 . Dans toutes
ces Confeffions & dans pluficurs autres que Leger raporte,les Vaudois attribuent
conftammcnt à la do&ine de leurs Egliles, à cette doûrine fi Calvinifte,
l'antiquité que l'Evêque de Meaux lui difpute fur des raifons appuyées
d'autant d'efprit que d'érudition. Quel parti faudra t'il donc prendre ; Celui
de croire qu'outre Valdo & les defcendans de fa Seae,long tems avant la Reformation
, long tems même avant Valdo, il a pu s'être réfugié dans les vallées
& dans les rochers de Piémont, de divers endroits de l'Europe des ennemis
de l'Eglife Romaine chafTés & perfécutés, ou pour des erreurs & des opinions
contraires à la doftrine de l'Eglife, ou pour leurs déclamarions contre les Eccléfiaftiques
& contre les abus qu'ils prétcndoient s'être introduits dans la Religion
Chrérienne ; qu'avec le tems ces gens affemblés de tous côtés .avoient
entretenu.leurs difîérens fêntimçns au millieu de beaucoup d'ignorance & de
groP
U) Ferdinand. Luther & Bucer parlant de ces Boheraiens que Leger appelle ici Vaudois, leur don^
ïient le nom de Frertt PiCArli,
RELIGION DES PROTESTANS. 319
groffiereté ; que cette ignorance pouvoir y avoir ajouté beaucoup de variation
& d'incertitude i que ces vallées avoient toujours continué d'être l'azile de ceui
qui fe feparoient du corps de l'Eglife , jufqu'à ce qu'enfin ils s'étoient reunis
aux Proteffans.
Avant que de pafler à la Difcipline des Vaudois, je raporterai une chofe affés
remarquable ic'eft qu'ils avoient la Bible en langue Françoife des le tems de
Rainier, («) qui ajoute même que plufieuts Vaudois favoient le NouveauTeftament
par coeur, & qu'il avoir vô un paifanfortgroffier, qui recitoit le livre dci
Job mot à mot. Mais continue t'il,comme ce font des Laïques idiots, ils expliquent
mal l'Ecriture Sainte & la corrompent. Je n'ai pas de peine à cioire
cela. Il y a tant de Dodeurs qui ne font pas mieux.
DISCIPLINE ifes VAUDOIS ANCIENS
d'MODERNES.
Desquclepeupleeftimbudcfàuxpréjugés,ilnemanquegueres c
de haïr, & Ii
lion oùlepeu-
haine écoute ordiaiirement la calomnie. Je ne connois point de Religtun ou te peuple
fort exempt de ces dé&uts. Les Payens prévenus haïrent & calomnièrent lespremiers
Chrétiens: ceux-ci devenus les maitres les hai'rent & les calomnièrent à leur
tour. Le Judaïfmeavoiteulemêmefort, & dansl'occafionils n'avoient pas mieux
traite les Religions voifmes de la Judée. Les caufes ordinaires de cette conduite font t
i . ïincapacitéde cmnoitre, & l.krefas d'apprendre â comioitre: mais ces caufes ne
feroient gueres de mal, fi dans l'un 8c l'autre état les hommes prenoient le parti
du filence Se de la charité. - Malheureufement l'orgueil humain s'accommode
fort peu du premier, & la (S) bigoterie, qui eft le partage du peuple dans toutes
les Religions, ne s'accommode pas mieux de l'autre. C'eft à cette bigoterie
, dont peu de gens font capables de fe garantir, qu'on doit attribuer les faux
expofcs de plufieurs opinions, qui fe trouvent fi odieufement détaillées dans un
fi grand nombre d'Ecrivains des fiecles pafTés, Se. ces&uffes idées qui font parvenues
jufqu'à nous des moeurs & du caraftere de quelques Seûes, par exemple
de celle des anciens Vaudois.
: Valdo Se fes Difciples ont été accules par (c) quelques Moines d'avoir établi
la communauté des femmes. On a imputé aulTi aux Vaudois les crimes &
les débauches noaurnes dont les Payens accuferent autrefois les Chrétiens, & les
anciens Catholiques (d) ceux de la nownelle Religion en France. Un des (e) perfécuteurs
des Vaudois avance hardiment, „ qu'ils s'aflèmbloient dans la nuit,
„ qu'après le prêche le Barbe prononçoit ces paroles, le premier qui éteindra la Inmit-
„ re gagnera la me étemelle ".Ces paroles éroient le Ggnal des abominations que cette
aflèmblée alloit commettre. On fè gardoit, ajoute cet Ecrivain peu judicieux,
pour ne rien dire de pis, un inviolable fecret dans ces affemblees, afin d'atrirer par ce
moyen beaucoup de gensàlafeae,&pournepas révolter ceux qui n'auroientpu
U) Afdivi é- v'idi ijUCTiidins nißtcam Uimm, f f i Job récitavit Jt virba ad virhum , pturei qui
tiluiTt NQVHm Ttfiamfitftm fcrfiSt fiivcrmi. Et jwrf frnit Ldici idkti fallh f^ corrHprè ßriptttrnrt) tx.
(l>) Fauffe idée de ce que l'on doit à Dieu.
(0 Hiß. EcdtpfitjK dts Eglifis fmdilfis par Gilles pac. (.
{d) Voy. Beze aß. d„ E^l.fi, R.fimti,, de Fnnce.
Mtitioircs hißori^Hti tenchm l'Hereße des randeis cites par Leger ubi fup^ pagi i&j^
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