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248 m. D I S S E R T A T I O N SUR LA
faccedcr à (on pere, dés qu'il a atteint l'âge de iêize ou dix fêpt ans. Tous ces
Ecclefialliques font obliges au mariage, mais ils ne peuvent fc marier qu'à une
Vierge, & l'on ne {croit point admis aux Charges Ecclefiaftiques, 11 l'on n'étoit
né d'une mere trouvee telle. Tous ces Eccldiaftiques portent les cheveux
lont^s, une (a) petite croix lut l'habit.
Leur EuchariiHe & leur Melle, Ci l'on veut l'appeller ainfi, confiftent en ce
que je vais dire. (6) Ils prennent un petit g.îteau paitri avec du vin fait de
raifms fees humeâés dans l'e.au, & avec de l'huile. La farine & le vin repreientenc
le corps & le fang du Seigneur, l'huile, qui cil lefymbole de la charité, & de la
grace qui accompagne le Sacrement, repréiènte le peuple. Pour toute confécration,
ils prononcent fur ce gâteau de longues prieres,qui tendent à louer Dieu,
(c) {ans y Bire mention du corps &; du lâng du Seigneur, cela n'étant pas néceflaire,
parce queDieu, difent-ils, connoit l'intention. Enfilite oniporte le gâteau
en proceflion, & après la proceffion le Prêtre officiant en &it la dillribution
à les fidelles.
Outre cette grande fête dont j'ai parlé, laquelle dure cinq jours, ils en ont
une de trois, qui cil la commémoration de la création du monde & du premier
homme. Se une au mois d'Août auffi de trois jours qu'ils appellent la fête
de S. Jean. Je ne dis rien {(/) de leurs jeiines, ni (e) de ce facrifice d'un
bélier, qu'ils immolent dans une cabane faite de branches de palmier, & purifiée
auparavant avec de l'eau, de l'encens & des prieres. Une des plus importantes
ceremonies de leur Religion, c'eft le facrifce de la fmk. Un Prêtre
reconnu Vierge ^ ôc fils d'une mere époufée vierge efl: le ièul à qui il apartienl
îe de l'immoler. Pour Élire ce iàcrifice, le Prêtre le rend iiir le bord d'une riviere,
dans fes habits &cerdot.iux, qui font (ƒ) un linge dont i l f e couvre, un
autre dont il {ê ceint, un trbifième, qui eft fon étole. Ainfl paré il prend la
poule, la plonge dans l'eau pour la mieux purifier, & fe tournant enfuite vers
l'Orient, il lui coupe la tête, tenant toujours l'oilèiu par le cou, julqu'à ce qu'il
ait rendu tout fon fang.
Pendant que la poul
Imgne, le Prêtre répété plu-
Ceurs fois cette prière avec : beaucoup beaucou]
de rervei
•eur & en levant les yeux au
ciel.
^u nom de Dieu que cette chair fait en hentdiSim â tous ceux qui en mangeloule
ront. Il n'eft permis ni aux femmes, ni aux fécuhers de tuer des poules,
l'égard des femmes , c'eft parce qu'ils les regardent comme fouillées ; & à c
fe de cela, dit Tanemier, il ne leur eft pas même permis d'entrer dans l'Eglifc.
Ils cbfcrvent à peu prés la même ceremonie pour tuer des moutons, (g) & des
poiifons, excepté pourtant qu'ils n'y regardent pas de fi prés qu'aux (h) poules.
I l lêmble que ces Miniftrcs de la Religion deSt.JeanCom en même tems les bouchers
du peuple. Perlûadés qu'il n'y a qu'eux au monde qui foient purs, {(') ils ne
boivent point dans un valê ou un autre qu'un de leur f e â e auroit b î i , & fi le va(ê a
fervi à un étranger, ils le mettent en pieces, afin qu'aucun des fidelles n'ait
le malheur de fe fouiller en y buvant. Ils ont auffi une avetfion extraordinaire
• (a) Tmernitr le dit ainfi , mais Ckitrdin dit qu'il ne leur a point vu de croix.
ihy Chardin & Tdvirnitr.
(c) Tavernitr ubi fup.
( d ) Ta'vernrer dit qu'ils n'ont ni jeûnes, ni pénitences.
(e) Chttrdin ubi fup.
i f ) Tavcrnier ubi fup.
Tbevem Voyages L. 5. Ch. XF.
(A) Thevenat rapporte qu'ils regardent la poule, oomme un animal beaucoup plus immonde, à canfi
qu'elle mtnge des faleie'i, marche foHVent e U f f u ! .
( i ) Tenernier, dit qu'ils ne pratiquent cela qu'i l'égard des Turcs, & des autres Mahonietans.
R E L I G I O N DES GRECS. 249
dinaire pour le bleu, à eaufè, difènt ils, que les juifs {àclianc par leur revelation
, que le Baptême de Se. Jean dévoie ruiner leur loi, jettercnt quantité
d'indigo dans le Jordain pour gâter Tes eaux. Cette prophanation auroit empêché
St. Jean de bapdièr J . C. fi Dieu^qui prévint les J u i f t , n'eiit envoyé
" un Ange puifêr l'eau fleuve, qu""
puuêr de l eau dans le Heuve, tandis qn'
: l'opinion du vulgaire : mais la véritable
re pures. Telle efl:véritable caufe de cette ar
verfion (a) eft, qu'il entre de la fiente de chien dans la compofition de cette
couleur. Le chien pafle chez les Chrétiens de St. Jean pour un animal
immonde. La haine qu'ils ont pour les Mahometans leurs anciens pèrfécuteurs
réfléchit auffi fur l e v e r d , qui eft la couleur facrée de Mahomet.
Voici leur mariage, (c) Le Prêtre & les parens du futur Epoux vont demander
àl'Epoufê defignée, fi elle eft Vierge. On s'attend à la repo'nfe ; elle dit oui,
mais on ne la croit pas fur une fimple affirmative. Il fiut qu'elle jure : la
femme du Prêtre la vifite, & va faire enfuite (à depoficion avec (erment, après
quoi on mène l'Epoux & l'Epoulë à la riviere : le Prêtre les y baptifè. Arrivé
près du logis le nouveau marié prend la mariée par la main, la mène
qu'à la porte du logis & la ramène enfuite à l'endroit, où il a commencé li
ceremonie, qu'il répété delà même maniéré jufqu'à (èpt fois, le Prêtre les (ùivant
toujours, & lifant quelques prieres dans ton Rituel. Enfuite ils entr'ent
dans la maifon. Le Prêtre les y fait aflèoir de telle façon fous un pavilloft , qu'ils
ont la tête & les épaules ferrées l'un contre l'autre, pendant qu'il leur lit un
long Office, qui eft fuivi de la ledture du (J) FaaL Ce F W eft un livre' de
Divination. Le Prêtre y cherche le moment favorable à la confbmmation du
Mariage. Quand elle eft l&ite, les parties vont à l'Eveque, le marié depofe devant
lui qu'il a trouvé fa femme vierge, fi rfïèflivemem elle étoit telle-,
pour lors l'Evêqùe les marie leur mettant des anneaux aux doits, & les réba^
tifânt de nouveau. Si le nouveau marié n'a pas trouvé fa femme pucelle, & Çt
refout à la garder malgré cela, ce n'eft plus l'Evêque qui achevé la ceremoniei
Il faut s'adrefler à un Prêtre : mais le peuple eft fi jaloux d'etre marié par l'Evêque,
& il y a tant de deshonneur à ne l'être pas, qu'il eft fort rare qu'un
mariage avec une perfonne qui n'a pas été trouvée vierge puiflè tenir.
Ta'vernier donne pour raifon de cette exacte recherche de la virginité des filles
le droit de l'époux qui doit être maintenu à toute rigueur : ajoutons y l'honneur
& l'intérêt des fimilles. Par un fi prudent examen, ils prétendent tenir
leurs filles en hride. C'eft l'expreffion de ce même Voyageur. • • • c
il eft permis à ces Chrétiens de St. Jean d'avoir plufieurs femmes, îTiais feulement
de leur race & de leur tribut. Cela tient des J u i f s . Les veuves ne peuvent
fo remarier, & les hommes ne jouïfl'ent pas du beau privilege de pouvoir
répudier leurs femmes.
J e devrois finir cette Differtation par certains prétendus ^ahdmites, qui fc
trouvent encore en Egypte, s'il f^ut en croire (e) un Voyageur anonyme
qui a imprime fâ Relation en 1 7 1 4 . mais la foi de cet écrivain m'eft d'autant
plus fufpede qu'avant lui, que je lâche, aucun Voyageur n'a parlé de ces Deiftes
d'Egypte. D'ailleurs la manière de penfer des Ahrahamites me paroît fi conforme
à celle de ces independans qui dogmatifent en Angleterre & en Hollande,
(w) Thcvenot ubi fup.
(i) Ils !a foulent aux pieds oour la prophaner. Chardin ubi fup.
(c) Le même, Tave'mtr &r Thtvewt.
( d ) Faal, dir CWrfi», flgnifie f'>rr.
ô) Nouveau royale de Grèce, d'Egjpc &c.
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