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„ de preuves , ôppolâ à Mir. Claude l'autorité de Gabriel Archevêque de
„ Philadelphie, cjui établit en termes formels la (a) Tranfubftantiarion de
„ la même maniéré que les Latins. Mais comme il n'avoir pas le livre de
„ cet Auteur, îl s'en ctoit entièrement rapporté au témoignage du Cardinal
„ du Perron, qui l'avoit cité dans fon livre de l'Euchariftie ; (h) d'où Mr.
„ Claude a pris occafion de rejetter cette autorité j comme lui étant fufpec-
„ te, d'autant que le Cardinal qui rapporte ordinairement les paroles Grec-
3, ques des Auteurs qu'il cite , s'étoit contenté de produire en François le
„ témoignage de cet Archevêque. Mr. Claude éludoit auffi le témoigna-
„ ge du même Gabriel rapporte en Grec par Arcudius, prétendant qu'il
„ n'avoit pas traduit les paroles de cet Auteur Grec, mais qu'il les avoit é-
„ tendues en les paraphralànt à là maniéré. C'eft ainli que ce Miniftre a
„ éludé plufieurs autres preuves de fait par de pures fubtilités, jufqu'à ce
„ que le P. Simon fît imprimer en Grec & en L.itin les Ouvrages de Ga-
„ briel de Philadelphie & plufieurs autres pieces tirés de bons Originaux
3, qu'on n'a pu révoquer en doute.
„ Depuis ce tcms-là Mr. Smith , Proteftant de l'Eglilè Anglicane qui â
„ voyagé dans la Grece , a compofé une Lettre touchant l'état prélent dé
„ l'Eglife Grecque, où il n'a pû s'empêcher d'avouer, que la Tranfubftan-
„ tiation eft reconnue par les Grecs , & que même dans une Confef^
3) fion de Foi , qui a été publiée depuis peu fous le nom de toute l'E-
„ glilè Grecque, le mot ^eraffiWiî, qui eft le même terme que le Latin transfuh'
„ tiatio, y eft employé. Voici les paroles de cette Confeffion. (c) Le Prê-
„ tre n'a pas plutôt récité la priere , f i m appelle l'inmcation ilu St. Efprit ;
, , ^ue la Tranfuhjîantiatim fe f a i t , ^ que te pain f e change ait 'véritable Corps
„ de Jefus Chrijl, dr ic nin en fon véritable Sang, ne rejlatit plus que tei fiules
efpeceSj ou apparences. Il n'y à rien de plus clair, ni de plus formel
„ que ces paroles , qui fe trouvent dans (m livre approuvé geheralernent
j , dans toute la Grece. Cependant Mr. Smith , bien loin de fe tendre à
3, une Confèffion Ci autentique fi publique, ne pouvant pas s'infcrire en
3, fiiux contre les Auteurs, comme Mr. Claude a ùxz peu judideiifèment,
„ il a recours à d'autres fubtilités qui ont quelque apparence de raifon, &
„ auxquelles il eft nccefTaire de repondre, pour mettre entier.ement à cou-
„ vert la Foi des Grecs. U prétend que le terme (d) fitruaicoais i a été in-
„ ven-
(a) Mais quand même il feroit vrai que les Grecs rte fe fervent pas du terme de Tranfuùjfantldtioit;
il n'y auroit ici qu'une difpute de mots. On trouve dans leurs Auteurs ceux de chaK^er Se de chan^
eement, d'être fait autre chofi cju'on n'était auparavant &c. Ces termes fuffifoient alors. Tranffthftaniia-»
tien eft un mot imaginé par les Latins des derniers fiecles , pour tâcher de mieux donner l'idée d'une
chofe inconcevable à Tefprit humain, & que toute la fubtilité du terme n'a pu cependant nous rendi
e plus claire. Les anciens Grecs ayant beaucoup moins fubtilifé fur cette matiere ne fe font pas avi-"
fés d'une femblable invention,& fe font contentés de termes qui ne donnent qu'une idée générale,fans
travailler inutilement ï la donner plus précife & plus exaâe; Il feroit i fouhaitcr qu'on fc fut tenu à
cette généralité. Un mot inventé fous prétexte de donner plus de force au Dogmes, ouvre fouvent le
chemin à de nouvelles objections j qui demandent enfuite de nouveaux détails : & voilà comment lâ
Religion eft devenue infenfibkment plus obfcure & plus embaraflee.
(h) Voyez Reponfe I la Perpétuité de la Foi &c. Chap. 7 . du Liv. I I I . & Reponfeau s. Traité&c.
n . Part. Chap. 8.
( 0 Ces mêmes paroles font auffi rapportées par le Chev. Riciut Chap. p. de PEtdt de l'Eglife Grecc<
0 Voyez la Remarque ubi fup. à laquelle le mot de TrMfuhfiamLttion a donné lieu. Elle repond
à ce qu'on peut dire au fujet de iiitimuim. Au refte c'eft une chofe remarquable que Cyrille Lucar
llii-même, s'eft fervi de ce terme dans une de fes Homélies dont le Concile de Jerufalem rapporte un
extrait. Voy. les Mommens aatentr^ues (^c. p. 195. Cet Extrait où Cyrille nous dit que dans le
reMs mjfiiqHc T. C. voulut que nms reculions la vertti en la fttiJfaMe infinit tie la Divinité dam h Tran-
Aib-
R E L I G I O N DES GRECS. 45
3^ vente depuis peu pour autorifèr un nouveau Dogme : que Gabriel de Phi-
„ ladelphie eft le premier , au moins un des premiers qui s'en foit fervi:
3, que cet Archevêque ayant demeuré long-tems .à Venife, & s'étant rempli
„ l'efprit de la Théologie Scholaftique , & ayant même été gagné par les
„ rufes & tromperies de ceu* de l'Eglilè Romaine, avoit étabh, par un nou-
„ veau mot, ce que Jeremie Patriarche de Conftantinople, & p.-ir qui il a.
3, voit été cdnfâcré Evêque, avoit entièrement ignoré. Il ajoute de plus^
„ que depuis Gabriel de Philadelphie , on ne voie pas que le mot /jersiîojis
3, ait été fort en ufige dans les livres des autres Ecrivains Grecs : que les Sy-
3, nodes tenus contre Cyrille Lucar s'en font abftenus : que ce même mot eft:
3, inconnu aux anciens Peres : qu'il ne fe trouve ni dans les Liturgies , ni
3, dans les Symboles ; qu'enfin, bien loin que la créance de la Tranfubftan-
„ tiation foit reçue parmi les Grecs, on prouve évidemment le contraire par
3, leur Liturgie, où les Symboles, après même qu'ils ont été confacrés & ap-
3, pelles le Corps & le Sang de Chrift, font nommés en mêmes tems (a) les
„ antitypes du Corps & du Sang de Chrift. Voilà ce que les Proteftans ont
3, de plus fort à oppolêr aux Grecs d'aujourd'hui qui reconnoiffent la Tran-
3, fubftantiation ; 6c par là ils croyent rendre inutiles tous ces gros volumes
3, que Mr. Arnaud a compofés fur cette matiere. Et c'eft ce qui m'oblige
3, d'examiner en particulier toutes ces reponfes, & de Elire voir qu'elles n'ont
„ rien de folide.
„ Premièrement il n'eft pas vrai, que Gabriel de Philadelpliie foit le prej,
mier auteur du mot iMrnirimis parmi les Grecs. Gennadius, qui vivoit plus
„ de cent ans avant cet Archevêque, & qu'on croit être celui qui a été le
„ premier Patriarche de Conftantinople après la prilê de cette ville par les
j. Turcs , fe fett indifféremment dans (h) une de fes Homelies , des mots
fiiTa.ea\ii & fiiTB<rîùKjis. il explique de plus, comment il (è peut &ire, que
„ dans cet admirable changement, il ne refte Ce) que les accidens du pain
„ fans la fubftance du même pain, & que la véritable fubftance du Corps
„ de Jefus Chrift foit cachée fous ces mêmes accidens. Je ri'examine point
„ ici les qualités particulières de Cd) Gennadius, & s'il étoic du nombre des
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fubriantiatioti fpEiiil-fftiiitO «iu pain; prouvent, ou que Cyrille n'ctoit pas encore Calvihifle, ou que la
Confeflion de Foi qui porte fon nom eft une piece fuppofee, ou enfin que Cyrille étoit uli fort maihonnete
homme : j'ai de la peine à croire que les Reformés vouluITent employer les paroles de Cyrille
fur l'explication que le Sieur Aimon s'avifc de leur donner.
fa) A l'oecafion du mot Aititjfe, il y auroit bien des chofes à remarquer : mais jl faut en laifler- le
de'rail aux Conrroverfiftes. bifons feulement que les Grecs, de l'aveu même des Proteftans, & furtout
du célèbre Claude, n'ayant pas depuis long-tems des notions fort diftiniftes du Sacrement de l'Euchat
i f t i e , il n'eft pas étonnant qu'ils ayent pris & donné le change aux Conrroverfiftes. II fernble mêiïle
que bien fouvem-ils n'ont pas trop fû ce qu'ils vouloient dire. C'eft aufli par des mots équivoques ou
qui avoient plus d'une fignification, qu'ils ont pû favorifer également des opinions oppofées. En voici
un exemple: au Concile Florence les Grecs fe fervirent d'un mot qui fignifie , foir , fairs
fftrfMlemeM. Les Latins l'expliquèrent TrfinfubfiMtliari. Dans la fmte les Proteftans l'ayant voulu expliquer
à leur avantage, ils ont foutenu que ce mot fignifioit feulement cofifitrirparf.mement.
ib) Voy. le paflage de Gennadius Maximum &c.
Ce) Vacddtnt du pw fubffie fanl la /ithflance du pain, ta viritablf ftihjlançe du corpi ejî cachet foui ht
accidfui d'une autre fubfiance.
(d) Dans l'Extrait de la Creance de VEglife Orientale &c. par le P. Simon Tome V. p. i^g. de la
Biblioihéque Vtiverfelle, on a remarqué que ces paroles, jf tiexamitte point fi Gennadius étoit du nombre del
Greet Latinifet, ont été retranchées du cette Créance. Pour mieux mettre au fait la Lefteur, il faut lui
apprendre que ce dernier ouvrage renferme une partie de \'H,fioire Critiaue de la Créance &c. avec quelques
additions, beaucoup de changemens & de corredions, & même, h l'on veut, avec det altérations.
L'Auteur de VEltfe MJÎ.ri^oe de Mr. Simon , qui eft à la tîte de fes Lettres publiées en vol. en
1750. n'a pas remarqué cela. En tccompenfe U nous apprend, que Mr. Simon pijui de [rnfdétiii det
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