
- Il
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chanter des Pfeaumcs & des Cantiques au fon des inftrumens & des voix qui
chantent ait Choeur ^ à prier Dieu & à écouter un prêche compofë exprès pour
la circonftance du cems. Les Eglitès font parées de fleurs &c. ëc fouvent on
communie pendant la celebration de ce Jubilé. Il n'cft pas non plus d'égale
durée par tout. En 17 3 o les Luthériens d'Augsbourg celebterent pendant
quatorze jours entiers celui de leur Confeflîon.
Le premier Jubilé des Luthériens a été celui de 1 6 1 7 . Ainfi on l'a déjà célébré
deux rois. Les jours deilinés à cette fête furent le ; i Oétobre & les deux premiers
jours de Novembre, en mémoire de la Refbrmacion commencée deux cens ans
auparavant par Luther. Ce Jubilé de la Reformation ell généralement obfervé
dans tout le Luthcranifme. A ce Jubilé il faut joindre celui de la Confeffion
d'Augsbourg, qui n'efl pas lî generalement obfèrvé, & les Jubilés particuliers
des Etats qui ont reçu le Lutheranilhre, par lelquels ils celebrent les fiecles
révolus de leur Reforme.
- Tel fut celui que la Suede ordonna en i « s ; après cent ans révolus depuis
le Concile d'Upfal, qui avoit achevé d'établir le Lutheranifme dans toute
la Suede & d'en bannir l'ancienne Religion. L'ouverture de ce Jubilé (è fit le
1(5 Fevrier par le ion des cloches. Dès le matin tous les fidelles iè hâtèrent
d'aller aux Eglifes entendre les prêches du jour, qui furent fiiivis d'une prière
d'Adtions de graces que le Roi Charles X L avoit fait compoler pour être
lue ou recitée après ces prêches. La prière fut fuivie auffi tôt du chant des fidelles
; &: pendant que les timbales & toute forte d'inllrumens fe mêloient avec
les voix dans l'Eglilè, le canon tonnoit fur les remparts de Stockholm, comme
il Luther fiit revenu foudroyer le Pape. Le foir & pendant la nuit il y
eut partout des illuminations & des feux dejoye. Les jours fuivans furent auffi
des jours de rejouifTance.
Lorfqu'en i <r 1 7 la Ville d'Ulme célébra le grand J u b i l é , on fit une priefe
exprès pour cette folemnité, toute >EcoIes^&Ja Ville fut conduite
en cdremonfe ^1'EgI^e7 & catecliifée après le fermon devant toute l'at
(emblée. Enfuite on pria Dieu pour leur perlêverance dans la Religion Lutheriene
& pour celle de leur poftérité. La femaine d'après la fête on regala chaque
écolier d'une médaille &c d'un exemplaire de la priere du Jubilé. Ces ufages
ont fijbfifté plus ou moins d.ans les Jubilés qu'on a célébré dans les Etats
Luthériens. Joignons à ces trois fortes de Jubilés ceux des Univerfités
& celui du formulaire de la Concorde.
Avant que de venir à la Communion, il eft bon de parler im peu en détail
des Liturgies Lutherienes. J'ai déjà dit quelque chofe de certains (a) changemens
faits par Luther. Ceci pourra mieux inftruire notre lefteur. En i j i j
Luther donna uneformulairede Meflc & de Communion à l'Eglife de Wittemberg.
Dans la Préface de ce formulaire il appelle la Mcflè & la Communion du
p.Tin & du vin un rite divinement inftitué par J . C. mais il déclame contrc
\Autel de l'impie Achaz, cet ahominahle Camm, qui ejl m Recueil de lacunes hourheufes
&c. Voilà comme il traite le Canon de la Meffe : & niant cnluite
qu'elle foit un làcrifice, il veut que l'on n'en conferve que ce qui (îiit {h) On
„ confervera, dit-il, les mtroits des Dimanches, & des Fêtes de N o ë l , de
, , P.îques Se de Pentecôte. . . . On renverra aux Sermons des Dimanches
„ les
(<î) Ubi fup. pag. III.
Ib} Ex Hofpiniano Hijî, Sucmm. p. i. pag. 27.'& feti.
RELIGION DES PROTESTANT 355
„ les Aâes des Saints qui mériteront la commemoration de l'Eglilê. Outre les
„ fêtes de Noël &c. on mettra auiTi au nombre des Fêtes de J . C. (a) la Cir-
„ concifion, l'Epiphanie &c. On confervera les Kyrie ékifm avec les chants
„ différens félon ies tems, \z Gloria iii excels, la Colle<Se, pourvu qu'elle
„ Ibit felon la véritable pieté , comme la pliipart des Colleges du Dimanr
„ che. Cette Oraifon (era fuivie de la leâure de l'Epitre : (on taxe en
paQint l'auteur de l'Ordre des Epitres d'avoir été un (J) infime i^orant, ^ tm
epmxiteur fuperfitieux des oemres. Il aurait iietl mieuxvalu, dit-on, mdimner la leSlure
de ces endroits des Epitres, qui enfei^ent la foi en Chrijl. C'eft ici un de
ces excès que les difputes théologiques ont établi, Se qui jettent dans les contradidlions.
Suivés la foi au préjudice des oeuvres, ou les oeuvres au préjudice
de la fi^i, les extrémités font également dangereufès , les deux principes
peuvent devenir également vineux. L'un peut nous aiTervir à cette pieulè ignorance
que certaines gens ont canonifee fous le nom d'Orthodoxie : l'autre
peut nous alTujettir à cette belle & pompeufe fuperftition, qui trompe beaucoup
de Chrétiens fous le nom de ReHgion. Mais ne dogmatifons point
fur cette matiere, & pendant que nos maitres ne fe debatent que trop fouvent
entr'eux pour aflbrtir leurs contradictions, foyons conftamment fidelles
à cette vertu qui ne ^uroit avoir d'autre principe que Dieu (èul, ni d'autre
mérite que l'irait.uioii de l'Etre fuprème.) Luther ordonne enfuite, „ de chan^
J, ter le Graduel compofé de deux verlèts de l'AlIeluja ou d'un feul, à la volon-
, , té du Surintendant, il n'aprouve que la courte proie de N o ë l , qui commen-
J, ce grates nunc ormes , il n'y en a pre(que point de (pirituelle que celle
,3 du St. Elprit, & le ^^ti Spiritus Smth, avec fort peu d'autres. . . . Le
„ (ymbole de Nicée ne lui deplait pas, de pour le (èrmon en .langue vulgai-
„ re, il eft indifférent qu'on le faflè avant le Symbole ou avant l'Introite de la
„ Meffe, . . . il rejette l'OfTertoire, qu'il appelle abomination. J'exclus, con-
, , tinue t'il, tout ce qui reilènt l'oKl.irion avec le Canon. Nous retenons fêuj
, iement ce qui eft pur & & i n t , 8c nous commençons ainii notre M e f f e . . ..
„ Pour la Communion, j'incline .à ne mettre que du vin pur fans eau, par-
„ ce que, felon (c) le reproche qu'Ifàïe fait aux Juifs, l'eau ne me paroit fi-
„ gnifier rien de bon. Le vin pur fîgnifie admirablement la pureté de la Doc-
„ trine Ev.ingelique &c. Le pain Se le vin étant préparés, on dira, Dominus
„ uohifcum. çj. é" cum Spiritu ttio, furfum corda, çi. hahemus ad Deminum &e.
„ avec les paroles de J . C. Je fouhaite qu'elles fuivent la Préface après une
„ petite paufe, Si qu'elles (oient recitées du ton de voix dont on chante l'O-
, , raifon Dominicale dans le Canon. La Benediiftion finie le Choeur chantera
„ SanSus Se BenediBus, finiflànt BmediSus on [d] élèvera le pain Se le cali-
„ ce . . . après cela on dira l'Oraifon Dominicale . . . on ne rompra poinc
„ l'Hoftie, on ne la mêlera point dans le calice. D'abord après l'Oraifon
„ Dominicale on dira pax Pomini, qui eft une abfolution publique des pèches
„ des Communians. . . . Enfuite le celebrant Ce communiera lui même Se
,, communiera le peuple. Pendant la Communion l'on chantera Agms Dei
,, See. . . . On chantera, fi l'on veut, la Communion, mais au lieu de la
„ der-
(rf) Voy. ci-delTus.
(h) Infigni/ir wdtiEïns c^" fipe>/lftiofui optrum fondcrAtw.
(c) Ifaïc Cliap. I. 7".» èoifvrt ej} mêlée ^eau.
(d) Cctce élévation, dir-U, reftera cncoie, pour ne pas fcandalifer les ames trop foiblès, qu'un changement
fi important fait tout à coup pourroit furprendre.
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