
334 DISSERTATIONS SUR LA RELIGION &c.
Je ne dois pas oublier ce que la Difcipline appelle {a) la maaim de rece-veif
Ifs Kmieef, qui eft un u(âge allés conforme à la Confirmation des Latins. On
inwnpge lcs" aaultcs, pour lavoir d'euï leur croyance & fur quel fondement ils fe
font evrollés fous l'étetidart deîlhiité. Si l'on les trouve bien inihuits ûc de bonnes
meeurs, on les reçoit, autrement on les renvoye à une autre fois; & cela (è
paffe en particulier dans le Confiftoire, rarement aux yeux du public. En lej
reçevaat comme Chrétiens confirmés on leur repréfente l'état & les devoirs du
Chrétien, les confolations d'un côté, les croix Se les perlècutions, l'opprobre
même & l'ignominie de l'autre, la foumilfion que Dieu exige, la doeilitédans
les occafions qui demandent des remontrances, &c. Enfin ces adultes fe niet-
*ent à genoux, & le Miniftre priant avec eux demande à Dieu qu'il veuille
leur pardonner les péchés de leur jeuneffe &c.
Le mariage & la vifitation des malades n'ont rien qui les M e diftinguer, ex-
«epté qu'à ceux-ci on donne la Cene, s'ils la demandent, mais en préience de
quelques témoins, afin que cela forme une petite afTcmblée de fidelles. Aux
funérailles on a confervé, dit la Difcipline, le pieux ufage de quelques autres
pais, qui eft que le Miniftre à la tête d'une troupe de jeunes étudians convoyé
le mort en chantant jufqu'au cimetiere. Le Miniftre Bit là un Sermon funèbre,
& parce qu'on y mêle quelque choie touchant le défunt, on peut bien l'appellet
auffi oraifon fonebre.
Outre le Dimanche, que la Difciphne ordonne de celebrer très religieufèment,
l'Unité avoit confervé plufieurs Fêtes folennelles, même des Fêtes des
Apôtres & des Martyrs, & des jeûnes quatre fois l'année. Je ne donne point ici
de détail de la maniéré que les Miniftres exercent la jeunelTe commife à leurs
foins, ni de l'extrême régularité qu'ils font obligés d'oblèrvcr en public & dans
leur domeftique, ni de celle que la Difcipline demande dans la conduite des
fidelles du troupeau. Pour mieux conferver l'ordre Se la pureté de la Doârine
& des moeurs, l'Aetifies fait tous les ans la vifite de fon Diocefè.
Il n'y a rien de remarquable dans l'éle£lion de l'Ancien ; & pour les
titmts, que j'ai qualifié plus haut du nom de Matrmts, il eft à remarquer
qu'elles font élues par les Ancienves. La dédicacé des Egliles, lorfque les Freres
^voient encore la permiffion d'en avoir, étoit toute fimple. On affembloit le
troupeau, on lui repréfentoit le but qu'on fe propofoit par ce nouveau Temple.
On chantoit, on fe mettoit à genoux pour prier, le Miniftre faifoit
un prêche convenable à la circonftance & donnoit enfin la benedidlion à
(es fidelles.
Je finis par la penitence & l'excommunication. La Difcipline eft auffi rigide,
auffi exaûe fur cet article que fur tous les autres. D'abord l'admonition
& la correflion fraternelle fuivoit de la part des autres fttr«, ou des Pafteurs
la connoitfance qu'ils avoient des fautes d'un Freri. Tout cela fe faifoit fecrctcment
jufqu'à ce que l'on commençât de s'appercevoir que ces meiiagemens
ne produiloient aucun bon effet. Alors le Confiftoire prenoit connoiflànce de
la faute & fe fervoit du pouvoir des Clefs en fufpendant le rebelle du Sacrement
de la Cene, jufqu'à ce qu'il fut véritablement repentant. Mais (î le pécheur
pcrfiftoit dans fon endurciftement, & fi outre cela le fcandale qu'il avoit
caufé étoit extrême, on l'excommunioit du haut de la chaire, & on le regardoit
chez les Fveres de l'Unité, comme un publicain & comme un Payen,felon
les ordres de Jefus Ciirift, jufqu'à ce qu'une répencance proportionnée au
péché ramenat l'excommunié dans le fcin de
IV. DIS- (<ï) Farma Novhios ncipiendi.
IV. DISSERTATION
O U L ' O N T R A I T E DE LA
RELIGION,
Et des CEREMONIES LUTHERIENS.
l ' A i donné dans la premiere de ces DilTertations une idée générale du
® Lutheranilme & de fon origine. J'ai montré quelques-unes des
variations qui ont fuivi Ces commencemens; & fans louer ni bla-
^ mer indifcretement les Catholiques défenfeurs de {'Autorité ahfolue
de l'Eglife, invariahle dans fa DaSrine dans fes décrets, & de celle de fon
Chef, ou les nouveaux Religionnaires qui jufïifient leur féparation pat l'indifpcnfible
néceffite de {a) l'examen, qui expofe aux v.iriations & ne manque
gueres de multiplier les Seftes & les partis ; j'ai fuivi en hiftorien les progrés de
la Reforme jufqu'au Concile de Trente, LiilTant toujours au ledeur la libettc
de donner fes fuffrages au parti qui lui plairoit le plus. Un Auteur qui fait profeffion
d'être Chrétien & de reconnoitre J, C. pour maitre ne doit pas écrire
c'eft
pas 1
autrement : fi malgré cela il s'épre dans les préjugés un défaut de l'humanité.
^ J'avoue pourtant qu'il feroit fort a fouhaiter que l'EgUfe n'eut point
été divifce & que l'on fe fut fuporté les uns les autres avec autant de charité
dans la Bergerie du grand Pafleur, que l'on eft obligé de le faire dans un Etat,
où l'on (ê reconnoit tous fujets d'un fcul Mairre. Mais puiCjue les chofês font
venues à un tel point que les Catholiques ne fàuroient cedet aux Proteftans fans
abandonner leur Autorité abfolue, âc que d'autre côté les Proteftans ne fàuroient
fe pafTer de l'examen pour foutenir la juftice de leur Reforme, il me fera bien
permis de biffer à J. C. lêul la decifion du falut des uns & des autres, Se de
déclarer cependant, ^um Lutherim ou un Cahinijle honnête homme ^ bien 'vertueux
ejî infiniment preferable de'vant Dieu à un Catholique'vicieux y i^ui fe couvre du bouclier de
la foi qu'il ne cmmo'it fas e^ fait gloire de haïr tous ceux qui ne portent pas ce nom de
Catholique qu'il deshonore. Avec cette même liberté je continuerai de rapporter le bon
& le mauvais des partis : la Religion de J. C. ne perd rien à employer cette vérité
qui expolè fimplement le bien èc le mal ; mais il n'en eft pas ainfi chez les hommes.
Plus ils fe croyent depofitaires des droits divins, plus ils la maltraitent : &
c'eft à caufe de cela qu'elle n'ofe peindre les vices cachés fous le Diademe des
Rois, fouvent même fous la Tiare des Pontifes, & fous la Mitre des Prélats.
Dans cette même Diffatition j'ai rapporté pluficuts reunions prajettces entre
les
(a) II y a un cx:\mcn nccefTiire dans h Religion, Se fans lequel la foi cft aveugle. C'eft celui dont
j'si parlé .'»illcurs. C e fi: Vexamen det Motifs ejui mènent k U crcdibilitt. J'ai allégué en même tems un paffage
de l'ilvangcliftc S. Jean, qui contient ces motifs. „ Ce n'eft plus fur ce que vous nous avcs dit,
„ que nouî croyons en l u i , ( Jefus Chrift) car nous l'avons oui nous mêmes, & nous &vons qu'il eft
,, vtaimeac le Sauveur du monde. " Ce palTage rervfeFme le raifonnement, & l'examen oppofés à la foi
aveugle. Tous les Chrétiens font auiïi capables de cet examen, que d'abfemei les pràâptes du De«»-
loguc.
P p p p X
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