
f l
mm-)
314 D I S S E R T A T I O N S SUR LA
des Ecrivains Cir Tcfprit dcfijuels k &ux zélé de parti & même l'ignorance du tems
n'a pas eu aflcs de pouvoir pour les obliger à confondre injuîiemcnt les Vaudois
avec les autres ennemis de l'Eglife Chrétienne d'alors, comme cela s'eft
fait tant de fois, & fè fait encore aujourd'hui dans tous les partis, malgré les
lumières de notre Siècle?
Suppolânt donc qu'il eft prouve que les Vaudois des Vallées ne font ni les
Picarts, ni les Albigeois, ni les Petrobufiens ou Sedateurs de Pierre de Bruys,
ni tant d'autres Sedles confondues juftement ou injuftement fous le nom
odieux de Manichéens, voici les points qui féparerent d'abord de l'Eglife Catholique
une partie de ceux qu'on a pii ranger légitimement fous le nom
generique de Vaudois. Outre (a) la Pamjreté A^ofiolique, qui les diftinguoit
des autres Chrétiens, ils méprifoient la Prêtrifè & croyoient (au moins on
leur attribue cette opinion 6natique) „ qu'il étoit permis aux Laïques de
3, prêcher, de confeflêr èc de faire les autres Sacremens". Ils croyoient aufli
qu'on ne devoir point obéir aux Prélats médians & de mauvaifè vie ; qu'il
n'étoit point permis de jurer pour quelque caufe que ce fut, & qu'il n'«oit
non plus permis de faire mourir les hommes. On dit encore qu'ils étendoient
le pouvoir de prêcher aux femmes, & qu'ils refùfoient aux Prêtres
la qualité de fiiccefleurs des Apôtres, parce qu'ils polfedoient du bien en
propre : mais on ne trouve pas que ces Vaudois ayent hefité fur le &it
de l'Euchariftie, au moins il ne paroit pas que les liiiloriens contemporains
leur imputent rien là deiTus. Seulement (h) un d'eux met entre les erreurs des
Vaudois ; que la Tranfùbilantiation fè devoir faire en langue vulgaire, qu'un
Prêtre ne pouvoir pas confàcrer en péché mortel ; qu'en communiant de la main
d'un Prêtre indigne la Tranfubflantiation ne fe faifoit pas d.ins la main de celui
qui confâcroit indignement, mais dans la bouche de celui qui recevoir dignement
l'Euchariftie ; qu'on pouvoir confàcrer à la table commune, c'eft-à-dire
dans les repas ordinaires. . . &c. S'ils rejettoienr la Mefîè, ajoute M. BoCfuet,
(c) c'etoità caufè des ceremonies, ils ne la faifoient conlifter que dans
les paroles de J . C. recitées en langue vulgaire. Les Auteurs qui vinrent
long-tems après les commencemens de la Seâie ne lui ont attribue non plus
aucune nouveauté fur l'Euchariftie, excepté ce qui vient d'être rapporté. Se
les cenfures ameres qu'ils faifoient de la conduite du Clergé Se de l'Fghfe
(Romaine) jufques-là qu'ils l'appelloient X'imfuiii^iie de l'Apocalypfe, fon Pape
l'AnîechriJl^ le Chef iles errons, fès Doéleurs, des Scrihes ^ des Pharijiens.
Pour les Vaudois des Vallées, Claude Seyflèl Archevêque de Turin, qui
vivoit au commencement du feifieme Siecle, (d) les accufè de rejetter le Pape
& les Prélats comme mauvais, & ne ménant p.is une vie Apoftolique ,
n'ayant par conféquent aucune autorité de Dieu ni pour confàcrer, ni pour abfoudre
f a ) Cela regarde feulement les Seftateiirs de Valdo.
(i) Voy. BolTiiet apiri d« L. XI.
( 0 Le P. Aexandre s'exp! rimc plus fortement j fur l.i foi des auteurs qui ont écrit contre les snciertî
Vaudois. „ I l s regardent laMefTe,dit-il, comme une vaine ccremonie, qui n'eft nullement Apoflolique &
„ que l'amour du lucre a fait inventer." . . , Mijfaminanem riinm ejfc (afTerunt) ab^poftolis minimétnt-
^'tum, fed ijHajlusgrati» adinve»ium. Je tire ces paroles du Tome V I . de fon Hiftnire Ecclefiaftique.
(d) Bojfuet ubi fup. Dans l'extrait que Leger donne du Traité de Claude SeylTcl on trouve qu'ils
nioient auflî l'Invocation des SS. qu'ils rejettoient les Images, les Indulgences & la plâparr des Ceremonies
de l'Eglife. Le même Leger rappor te l'extrait d'une lettre écrite à SeylTel par un certain Claude
CoulTard ou Coflart, qui dit des Vaudois, qu'ils croyoient i,que le corps & le fang de Chrift n'efl
„ pas un vrai Sacrement, mais du pain beni, qui eft appelle le corps de Chrifl:. " Mais on ne peut
faire aucun fond fur une lettre que Leger dace du l y . Fevrier 1 5 4 7 . tandis que Se/fTel ctoit mort vint
ans avant cette prétendue Lettre.
m
RELIGION DES PROTESTANS. 915
foudre &c. Ils foutenoient qu'ils étoient (culs la vraye Eglifè, parce qu'ils obfërvoientfeuls
l'Evangile, & que tous ceux qui adheroient au Siege Romain compofoienr
la Synagogue de l'Antechrift : mais comme il ne dit rien de leurs erreurs
fur l'Euchariftie, on en veut fuppofer qu'il ne les connoiflôit pas. Seulement
il infinue que quelques-uns d'entre eux en parloient d'une maniéré qui
ctoit plutôt incomprehenfible qu'erronée. Dans un autre endroit il fait dire à
un Vaudois, „que la prière du mauvais Prêtre n'étant nullement efficace, il
„ ne peut auffi tranfubflantier les efpcces du pain Se du vin par fa parole. "
A ce que je viens de rapporter il faut ajouter ce que le même Auteur («)
cite d'une interrogatoire fait à un Vaudois du Piémont, où i'oii trouve la
Trmfubftantiation foutenue fins aucun détour, la penitence, la confeffion Se
l'abfolution foiitenues tout de même: mais on y rejette l'invocation des Saints,
la priere pour les morts, le Serment, le Miniliere des Ecclefiaftiques Romains,
8c cela pour les raifons déjà alleguées. On trouve dans le même interrogatoire,
que les Vaudois c.ichoient leur Dodrine, que leurs Barbes (c'eft ainfi
qu'ils appellent leurs Pafteurs) leur défendoient de dire qu'ils fulTent Vaudois,
& enfin qu'ils communioient au moins tous les ans à Pâques, après s'être bien
confeffés. A l'égard de ce qu'on a pû leur imputer fur le nombre des Sacremens,
leurs mifteres & leur validité; voilà felon ce que je viens de rapporter,
l'Euchariftie & la Confeffion reconnues. Exceptons l'Ordre qu'ils renverfoientt
il paroit que les Vaudois ont tout au moins aprouvé le fond des quatre autres,
s'ils en ont rcjetté la forme Se les ceremonies.
Mais les Vaudois produifênt de leur côté divers Traités fort anciens
écrits en leur langue, lefquels, difent-ils, contiennent la croyance de leurs
ancêtres conforme à celle d'aujourd'hui felon Leger, qui ajoute, ^ à ce qui
eß enfeigné ^ crû â prefent ès Eglißs Reformées, Un des plus anciens de ces
livres porte le titre (&) de Nohle Leyçan, On trouve dans un extrait de ce livre
cité par Leger des plaintes affes vives fur les abus commis à la Confeffion
& fur l'avarice criminelle des Prêtres de ce tems-là. L'Auteur nie, conformément
à ce qu'on a rapporté de la Doärine des Vaudois, que depuis Sylveftre,
(il entend Sylveftre premier) aucun P.ape, aucun Cardinal, aucun Prélat &c,
ait pû abfoudre ni pardonner un péché mortel, farce que Dieu feul peut pardonner
é" «ul P™'- » Les Pafteurs, ajoute-t'il, doivent prêcher au peu-
„ pie, être toujours en prieres, & nourrir fouvent les fîdelles delà véritable
„ Doftrine. Ils doivent châtier les pécheurs par la difcipline ( c'eft apparem-
„ ment la penitence) & par les admonitions. . . Les fîdelles doivent fë ga-
„ rantir de l'Antechrift, de fon exemple & de (â Doélrine. Selon l'Ecriture
„ il y a déjàplufieurs Antechrift,& tous ceux qui violent les commandemeBs
,, de J . C. font des Antechrift. " Dans les fragmens de quelques paraphrafès
de l'Oraifon Dominicale, on n'y voit rien de contraire à la foi de l'Eglife Romaine:
mais elles marquent beaucoup de fimplicité, fort peu de juftefle dans les idées j
felon le genie du fiecle, & la même crédulité fi ordinaire à des Ecrivains peu éclairés.
Par exemple les auteurs de ces paraphrafès citent & recommandent (c) les Vies
des Saints, ils adoptent les hiftoires fabuleufes, ou du moins (d) fort incertaines
du martyre de quelques Apôtres. L'expofitiori du Decalogue tirée (f) du Linre
des
(«) Hiß. äti fmM. ubi fup.
( 4 ) Daté de l'an. n o n . dit U i f r p. 1.6. de fon Hiltoire.
( t ) Leger ubi fup. p. .^o.
W) Pag- Î9-
( e ) Leger &c. p. j l j
K k k k i
'wm. mw