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alors. En fix j o u r s , il fut fait (a) M o i n e , L c a c i i r , Soiidiacre, D i a c r e , Prêtre
& Patriarcb:, malgré le refus que fit Ignace de donner la renonciation ,
ce qui lui attira la pcrfecution de Photius & de fes autres ennemis. Cependant
par une cfpece de deference, ou plutôt dans Icfperance de mieux autotifer
fa conduite le nouveau P.ittiarche crût devoir envoyer des Légats a Rom
e , pour inftruire le Pape de tout ce qui s'étoit paCe entre Ignace & lui. Une
Lettre de Photius au (è) Pape montre à quel point ce Patriarche portoit la fourberie
& l'hypocrifie. Pour mieux autorifer la dépolition d'Ignace par la prelence des R o -
m a i n s , il demanda des Légats au Pape: ces Légats partirent avec des inlhuctions
qui ne furent pas abfolument favorables à Photius ; mais on les intimida par
les menaces & le mauvais traitement qu'on leur fit, pour les forcer de ie (oumet-
. tre aux volontés de l'Empereur Grec. On les rendit témoins des violences
& des indignités qui furent fiites i Ign.ice dans un Concile de trois cent dixhuit
Evéques allèmblés par Photius à Conftantinople pour depofer ce Prélat
Les Leaats Romains y procederent comme les autres , fans égard pour
la R e l i m o n , pour la jufcice & leur propre confcience. Rien ne pouvoir les
e x c u f e r q u e la f o r c e , qui ne doit jamais prelcrire contre la droiture. Ignace
fut dé<Jradé avec i g n o m i n i e , & perfecuté par Photius avec toute la fureur poff
i b l e , l u f o u d ce qu'on lui eut 6 i t tracer par force une croix fur un p a p i e r , au
defTus de laquelle Photius écrivit la renonciation d'Ignace. Cependant cette
foufcription ne les fatisfaifant pas encore, .1 demanda à l'Eiypereur qu'Ignace
lut en public fa depofition & qu'il-s'anathematifat lui menie après quoi
o n devoir lui arracher les yeux & couper la m a i n : mais il eut le bonheur d e -
cliaper de la barbarie de fes perfecuteurs. , , ^ j r
Q u o i q u e Photius plaidât fa caufe auprès du Pape avec toute ladreffe de fa
R h e r o r i q u e , & qu'on ait des lettres de lui qui montrent .avec qut4 artifice il
favoit faire jouer les refforts de l'hypocrifie, quand ils étoient neceffaites a fes
Yuës- le Pape Nicolas defavoua la conduite de fes Légats, & réfuta par des
Lettres aflés vives celle de Photius & de fon Concile. Par une autre lettre ,
qu'il écrivit aux Eglifes d ' O r i e n t , il déclara nulles la depofition d Ignace &
l'ordination de Photius. Après cela il affembla un Concile a R o m e , dans lequel
il defavoua la prévarication de fes Légats depofa & excommunia Photius
avec fes adhérens, & rétablit Ign.ice dans la d i m i t e de Patriarche de Con-
Ihntinople. Ces adions hardies furent fuivies de menaces de la part de
l'Empereur Grec. Nicolas répondit avec beaucoup de viguetir : on doit
avouer qu'il diftmgue fagement les droits & lautorite des Pmffinces
dans une (.) lettre digne d'être Itië : mais il en (d) ecnvit une autre
au même E m p e r e u r , qui n'efl pas fi f a g e , a beaucoup pres. Les Légats
porteurs de cette lettre & de quelques autres pour Phonus, & pour les principaux
de l'Etat 6 : du C l e r g é , furent maltraites par ordre de 1 Empereur 6:
contraints de s'en retourner à R o me
Tufques là Photius avoir confervé les aparences. Un incident lu. fervit a lev
e r ^ o u t à fait le mafque. Les Légats envoyés par le Pape aux Bulgares nouvellement
convertis avoient rejetté le crème de P h o t i u s , S: fait une nouvelle
W Suivant h maniéré d'ordonner dans l'Eglifc Grecque.
S ï S ' & r ' j r Ï r e m p e r e u r Grec. H .e parla pas fi bien touchant la foumiffion due au. Prince,,
dans
' ^ ^ j ' I l ' ^ Ï Ï ^ J . i t r S S n ^ ' s i r h tonde le fur en 8 « . & donnée aux irois L.gacs ,ue le
Pape envoyoit à Conftancinople.
R E L I G I O N D E S G R E C S . 7
o n â : i o n pour confirmer les G n n à s & le Peuple. Le Pacriarclie de Gonftannnoplcfentic
l'atteinte que l'action da Pape ailoit donner à l'autoricc patri.ucale ;
&c cette atteinte etoit déjà dans fon efpric un degré vers l'iierefie. Photius, pour
fevanger de Nicolas, refolut de le dépofêr lui-meme. Il aficmbla pour cetefFec,
ou pour mieux dire il (upofîi un Concile prétendu cecumenique, o u l'on voyoic
toute la momerie de Phorius. Nicolas y etoit accufe folemncllement par des
gens qui lamentoicnt pitoyablement fur les crimes de ce Pape & en demandoient
juftice au Concile. Photius faifoit fêmblant de le defendre. On le
refutoit. il cedoit enhiite, recevoir les accufations contre le Pape, & examinoit
fa caufe. Enfin il le» c o n d a m n o i t , prononçoit la (èntence de depofition,
& l'excommunioit avec tous ceux qui communiqueroient avec lui. Les a d es
d u Concile étoient foufcms par vingt & un Evêt|ues, mais on alTiire que Photius
y mêla tant de faudcs foufcriptions, que le pretendu nombre des finnans ailoit
à mille. Après cela Photius ne gardant plus de mefures avec Nicolas,
s'adreflà aux Orientaux , &: compofà une lettre circulaire qu'il envoya au Patriarche
d'Alexandrie & aux autres. Il leur dit, (a) qu'après que les Herefies
fembloient éteintes, que la foi fembloic (è repandre de la Ville Imperiale fur
les Nations infidelles ^ les Armeniens ayant quitté l'herefic des Jacobites , &
les Bulgares les fupcrlHtions Payennes, pour s'unir à la foi de J. C. des hommes
fortis des tenebres d'Occident étoient venus ravager ces nouvelles plantes
&; corrompre la pureté de la foi par leur erreurs, ordonnant de jeûner les Samedis
retranchant du carême la premiere fèmaine, permettant d'y
manger des laitages du f r o m a g e , fuivant les erreurs de M a n é s , en deteftanc
les Prêtres engagés dans un mariage l e g i t i m e , eux chez qui l'on ^oit pîufieurs f i l -
les de'vemes femmes fans maris y fhtßeurs en fan s dont cm. ne fait point les feres.
i l ajoute ,, ils ne craignent pas de reïterer l'ondlion du St. Creme à ceux qui
„ l'ont reçue des P r ê t r e s , difant qu'ils font E v ê q u e s , & que ron6lion des
„ Prêtres cil inutile pour comble d'impiété , ils ofent ajouter des pa-
„ roles nouvelles au facré S y m b o l e , autorifé par tous les Conciles, en diianc
„ que le St. Efprit ne procédé pas du Pere foui, mais encore du F i l s " : doctrine,
tjui (elon lui établit deux principes dans la T r i n i t é , confond les propriétés des
Perfonnes divines, en un mot eil contraire à l'Evangile & à tous les Peres.
Ce détail d'erreurs eft accompagné d'exclamations vagues, & des qualifications
fi ordinaires dans la bouche des Théologiens paiïîonncs. Cependant des herefies
fi étranges auroient été tenues pour indifferentes, fi le Pape eut voulu ceder
aux intérêts de Photius. Le récit de la conduite du Grec &c de fon parti
prouve cette vérité.
La mort de l'Empereur \ l i c h e l , que Bafile fon affocié à l'Empire fit tuer,
& la depofition de Photius laquelle fuivit cette m o r t , fembloient devoir rétablir
la paix. L'Empereur Bafile croit porté à la reünion : {h) il fit d'abord
toutes les avances d'un f i s de tRglife au Pape Adrien focceffeur de Nicolas. Le
Pape aifembla un Concile où les A d e s de celui que Photius avoit fupofé comme
convoqué à Conftantinople contre Nicolas (c) furent brûlés. Dans le
Concile tenu aufii à Conftantinople en l'année & qu'on appelle le huitième
(<i) On fc fcrt ici des paroles de l'Abbé Fleuryy en les abrégeant un peu.
0) F.n m.
(c) Les dccrets de ce Conciliabule furent brûles devant k pone de l'Eglife de St. Pierre. " Le feu,
„ bien loin de s'cteindrc par une grofle pluye, qui furvint en même rems, en devint plus grand & plus
„ violent, comme fi l'eau fe fut changée foiidmnemcnt en huile &c. C'eft ainfi que s'exprime l'Hiftoi'ien
Mai »bourg Livre L du Schifmc des Grccs.
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