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378 D I S S E R T A T I O N S SUR LA
fur le cercueil de leurs morts : mais comme l'on couronnoit generalement tous
les morts, on changea bientôt la couleur & l'arrangement de ces couronnes,
felon la condition ou l'état dans lequel le mort avoit vécu. On obferve encore &
dans cette Province & dans les autres qui lui font unies plufieurs dillinaions
pour les garçons & pour les filles. P.ir exemple en quelques endroits on donne
des bouquets de fleurs aux porteurs, l'on en jette (ur le cercueil & le poiflc
eft garni de rubans. Souvent même de jeunes hommes portent le corps du
jeune homme ou de b jeune fille. Je vais rapporter dans la defcription fuivante
la plus grande partie de leurs autres ceremonies funebres. On ferme
les portes & les fenêtres des maifons 011 il y a des morts : après que le mort a
été enfeveli & couché dans fon cercueil, on pofe ce cercueil fur deux tretauï
dans le veftibule que l'on tend ordinairement de noir, de même que l'apartement
où les parens du défunt attendent debout,en habits de dueil & de la
manière la plus méthodique & la plus grave, les vifites de leurs a m i s , & fouvent
auflî d'un grand nombre de gens qui n'ont d'autre affiiire dans la vie que
que celle de s'amufer, ou de faiisfaire cette vaine curiofité que nourrit l'ennui.
Ceux qui annoncent les morts ont aulfi en même rems la commiflion
d'annoncer le jour & l'heure de ces complimens de condoleance, Se l'annonce
de l'un Se de l'autre fe fait ordinairement par des billets. Le jour defliné
à cette condoleance precede ou fuit l'enterrement du défunt , felon que
les parens le jugent à propos. Pour ce qui eft du convoi, il eft fixé en quelques
endroits à vingt & quatre perfonnes, toutes vêtues de noir, qui font des
parens & des amis choifis du défont : & fi l'enterrement fe fait de nuit le convoi
eft éclairé d'autant dç lanternes qu'il y a des rangs. Chaque lanterne renferme
deux bu trois cliandelles, & des gens gagés exprès les portent i côté
des rangs. A la Hsyç & en quelques autres 'Villes le mort eft porté d.-uis
un clwriot dcftùié Aitîc owtprFpnr'nç ^ ^rnnvprr de dueil, fùîvi de plufieurs autres
caroflis où font les parens & les amis. Je dois- remarriner enc»«^ que le
deuil de ces RcpubUcains eft generalement plus long & plus lugubre ciu'en
France. Ourre les habits de deuil & le manteau noir, ils portent afféslong
tcms au chapeau un crêpe fort large, qui defcend jufques fur le millieu du dos.
Si les femmes des coifes de deuil qui leur cachent absolument le vi&gc des
mois entiers. Ils ont aulfi la coutume d'inviter un certain nombre d'amis à
(«) aflifter en grand dueil au convoi de leurs parens, c'eft à dire le (l) crêpe pendant
au chapeau 8c en longs manteaux de dueil. Autrefois les femmes du
Pais affiftoient aulU aux enterremens, mais aujourd'hui cet u&ge eft reftc chez
Lpaï&ns & à quelques endroits de la Frife.
Te ne dis rien des repas funebres, dont il refte encore des traces en Allemagne
5: en Hollande dans la manière dont on donne i boire à ceux qui ont conduit
le mort au tombeau.
Finif.
( a ) On a repréfenté i c i les enterremeas d'AmCtetdara & de la Haye , avec quelques deuils remarquables
des Allemandes & des Frifones. ^ . , , ,. r j
(É) L'Auteur Hollandois de \'J?ilro4uttion an dremontsl dis merrmens croit que l ulage de pnrtcr
des crêpes pendans ne s'eft introduit qu'alon qu'on a celTé de porter de ces chapeaux de feutre à bords
abatus.tels qu'on les voit repréfentés dans plufietuï anciens monuraens. Les gens diftingués, dit-il, avoicnt
Teuls le droit de rélever les bords de ces feutres, & après eux les perfonnes i qui la permifliou
de les rélever e'toit accordée en vertu de leurs emplois, ou pour quelque autre raifon. Quand on croit en
deuil on laifToit les bords de ces chapeaux bailTcs : mais la mode de ces chapeaux étant paffce, l'ufage de
porter des feutres baiffés pendant le grand deuil ne lai Ifi pas de continuer, jufqu'à ce que les cripcs peudans
fuccedétent à ces chapeaux, qui étoient aparemment reliés en partage au deuil. Il remarque auffi
qu'autrefois les manches & le corps des habits de deuil fe faifoient fort amples. Cela eft t ï f t c en partie
aux manteaux de deuil : au lieu de longues manches on me: des pleureufes fur le revers de la manche pendant
le grand deuil.
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