
iiiii:
miff
II j
itil-
258 IIL D I S S E R T A T I O N S U R LA
„ les ablutions : la circoncifion même appartient à cette pureté extérieure qui
„ doit être un figne de la pureté intérieure.
De la C R O Y A N C E des COUTUMES
des RUSSES.
{a) On attribue generalement à Nicolas Chryfohrge Patriarche des Grecs la
converfion des Ruflès au Chriftianifine : vers la fin du dixième fiecle le C2ar
(h) WoJodmir fc fie baptifer & cpoufa la foeur des Empereurs Bafiîe lïl. &c Con-
Jîant'm, qui (f) l'avoient follicité par une ambaflade folcmnelle de le convertir.'
Le Patriarche de Conftantinople lui envoya des Prêtres & des Evêc|ues pour
inftruire fes fujets. Ils le firent avec tant de (ùccès , qu'en peu d'années le
Chiiftianifme fut reçu dans tous les Etats de WoloMmir, & depuis ce tems-là les
RulTes ont toujours etc attachés à la Communion des Grecs dont ils ont fuivî
afles conftammcnt les ufâges & la Liturgie. Pour ce qui efl: de la Hiérarchie
des Rups, ce fiit aufii le même Nicolas Chyfoherge qui l'établit fur le modellc
de celle des Grecs. Elle fut immédiatement foumifè à la jurisdidlion du Patriarche
de Conftantinople , jufaues vers la fin du feifieme fiecle. Alors
Jeremie Patriarche de Conflantinople créa lui-même {d) le premier Patriarche
de Mofcovie avec le confëntement du Clergé Ruiîîen :mais [e) leCzar Pierre le
Grand a comme aboli ce Patriarchac à caufe de la trop grande autorité de cette
Dignité Eccléfîaftique.
Il feroit fort inutile de rapporter ici en détail ( ƒ ) les articles de la Croyance
des Rufles : il fufKra donc de renvoyer à ce qui a été rapporté de celle des
Grecs. En l'année 1595. on tenta la reunion des Ruflès avec les Latins,
mais ce projet ne reuflit qu'en partie & il n'ell refté de reunis à Rome que
ccux qui fuivent le rit des Grecs dans la Rufïîe Polonoifè & dans la Lituanie.
En 1717- les Dodeurs de Sorbonne préfencerent aufli un projet de reunion
(a) D'autres for erfion un peu plus Imit."
(é) JVolodimir-BAjîle : il étoit bâtard.
CO Sa mere le folHcita, dit-on, à choifir le Cliriftianifme pour fa Religion."
U) Voy. le P. le Brun dans les Dijfert. fur tes LitttrgUs Tome II.
( f ) Ce Prince, après avoir laiffe mou ris en paix le dernier Patriarche, défendit d'en élire un nouveau
fe déclara C h e f de fon Eglife. Un Evêque s'c'tant élevé contre cette nouvelle autorité , le Czar ordonna
qu'il f u t de'gradé : & comme les Evéques refuferent de faire cette dégradation , il la fît lui-même
& cre'aun autre Evèque. Voy. Pcrry Etat de la RulTîe png. 198. Dans une addition du P. /e
Brun à fon Recueil de Liturgies Tom. I L on lit cet extrait d'une Relation inferce dans le Mercure de
Mars 17a î . „ qu'après la mort du Patriarche, le Czar fe fit déclarer Chef & protefteur delà Religion
„ . . . . que le premier jour de 1 7 1 7 . vieux ftile, S. M . C. fe rendit à l'Eglife à quatre heures du
„ mntin . . . . & y fit l'Office de Chantre & de Soudiacre, coutume qu'il a toujours obfervée depuis
„ la fuppreffion du Patriarche jufqu'à fa mort . . .
(f) Brertwood Chap. X V I I I . de fes Recherches & c , parle delà diférencedans ladiflributionde PEt/cha^
rijlie , qui, comme on fait, fe réduit à peu de chofe, Si de la nécejjîie' qu'ils mpofint à leurs Prêtres
Diacres d'être mariés. Le célébré Claude a fait tous les efforts imaginables pour montrer que les Rufei
ne croyent pas la Tranfubflantiation des Latins. Voyés la Réponfe à la Perpétuité'de la Foi Scc. Liv. I l l,
pag. 5 j o . & fuiv. Cette matière paroit plus claire depuis que cette Nation s'eft rendue plus communicative
par les voyages de Pierre le Grand en Europe & l'accès qu'il a donné daus fes Etats aux Nations
étrangères. A l'égard de l'Euchariftie, ils croyent, dit le P. le Brun ubi fup. „ comme les Grecs la
„ préfence réelle de J. C . dans l'Euchariftie & la Tranfubftantiation. Tous les Ruffiens,'qui font ve-
„ nus l Paris depuis pUifieurs années . . . . (on pourroit en dire autant de tous ceux qui voyagent en
, , d'autres païs de l'Europe) ont été fort étonnés d'apprendre que quelques-uns avoient révoqué en dou-
„ te leur croyance fur ces deux articles " . . . . Le Mémoire de la Sorbonne l'attribue aufli formellement
à l'Eglife Ruflienne. On peut lire le détail de cette matière dans le livre du P. le Brun ubi fupra;
R E L I G I O N DES G R E C S . 259
Riôn au Czàr Vierre le Grande fur refperance {a) que ce Prince leur donna de
travailler à la faire reuffir. Mais ce projet n'a point eu de fuite.
Je ne fai fi les Ruffes confervent encore cette forte prévention de leurs ancêtres
pour la Religion de leurs Peres. En ce cas-là il n'y auroit pas lieu de
compter jamais fur la pofTibitité d'une reunion. „ Les Mofcovites, dit Perry ^
j, {h) tiennent que tout homme qui n'eft pas de leur fainte Religion Grecque,
„ eft directement dans la voye de perdition ; avant le Regne du Czar {Pierre
„ le Grand) c'étoic un mérite extraordinaire, parmi les Grands . . . . que de
„ faire des Profelytes. . . . Ils s'accordent fi peu avec les autres Chretiens,
jj que quand quelqu'un embraffe la Religion Mofcovite , il faut qu'il foit rej,
baptifc , autrement il ne paffe point chez eux pour Chrétien, mais pour
„ Payen. Dans la ceremonie de fon Baptême, il faut qu'il crache trois fois
ji par defTus fon épaule gauche , & qu'il répété ces paroles après le Prêtre,
maudits {oient mes pere ^ mere qui m'mt élevé dans la Religion qui m'a été
„ enfeigiée^ je crache fur eux. En prononçant ces paroles, il Éiut qu'il cra-
,, che & qu'il difè, je crache fur eux ^ fur leur Religion Cette ceremonie
n'eft pas moins contraire à la charité que ridicule & grofTiere : mais c'eft un
malheur de Thumanité que cette groffiereté ; ce ridicule & ce défaut de charité
fe trouvent plus ou moins dans tout ce qui s'appelle formulaire d'abjuration, ou
de retour à l'Eglife &c. (c) l'Anatheme des Juifs, l'Excommunication {d) des
anciens Payens, même celle des (e) Chrétiens renferment des chofes aufli terribles
que cette maledidion de fes Peres. Enfin nous exprimons tacitement la
malediction Mofcovite par la maniéré dont nous décidons fur le fâlut de ceux
font morts , fans avoir crû comme nous. A quoi doit-on attribuer cela
[inon à l'attachement (ƒ) que l'on a pour la Religion de fès ancêtres ? attachement
qui pafTe du pere à l'enfânt comme un droit de fuccefTion, qui a été
recommandé dans tous les tems ; attachement enfin que l'on trouve diredement
ou indire<5tcment dans toutes les Religions, même chez les Examitjatis, quoi
qu'ils attaquent fans ménagement cette fucceflion héréditaire.
Les Mofcovites étoient autrefois fort ignorans & fort groflîers, (g) ennemis des
nouveautés & des coutumes étrangeres/uperftitieux au delàde tout ce qui fe peut dire
dans leur Culte Religieux, & comme on vient de le montrer,infolemment prévenus
(a) V o y . ce Memoire pour U reanio» dans les Mémoires Hißoriques c^ Critiftes mois d'Avril 1 7 1 2.
C^) Etat prefent de la Ruße.
(c) V o y . Cerem. des Juifs ^ des Catholiques Tome I. l'Excommunication des Juifs : mais celle des
Effèniens furpalToit tout ce qu'on peut dire. Il fuffit de remarquer que celui qui ctoit chalTé de cette
focieté, pour en avoir violé les L o i x , étoit chargé de mifere & de malediélion.
(d) Les effroyables nlalediftions qui font contenues dans Vlhis à'Ovide peuvent être regardées comme
un foi-mulaire d'Excommunication Payenne.
(e) L'ExcommùnicatioQ des fiecles pafl"és avoit des fuites bien plus terribles qu'elle n'en a aujourd'hui.
Celle des Apôtres a été mal entendue & mal imitée par leurs fucceffeurs. On peut comparer
les pratiques de ces derniers avec ce que St. Paul & St. Jean ordonnent dans leurs Epitres touchant celui
qui doit être retranche'. Certainement les Apôtres n'ont jamais voulu détruire les liens de la focieté
civile-
( ƒ ) Par une Loi des X I I . Tables il efl ordonné que, fàcraprivataperpetuo mahcnta. Une des Loîx
Attiques ordonnoit auffi expreflement cette Religion hereditah'e. Vide Petitum in Legib. Atticis.
(g) V o y . dans Perrj ubi fup. pag. 187. ce qu'il dit de la longue barbe des Mofcovites , & furtout
de celle des Prêtres, de la taxe de cent rubles par barbe, que le Czar Pierre le Grand fit payer à
ceux qui voulurent la conferver, du refpeél religieux que les peuples avoient pour leur barbe , principale«
ment à caufe qu'elle les diflinguoit des étrangers, & les faifoit refTembler auk Saints, qu'ils repréfentent
avec des.barbes. En un mot, le Czar fut accufé de tyrannie & de Paganifme pour avoir fait
couper les barbes, mais les plus dévots conferverent leurs bai-^s coupées & les gardèrent pour les faire
enterrer avec eux*
Tce Î
I ,11
IP
! l '.',
1 : . 1
Jm