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270 III. D I S S E R T A T I O N SUR LA
„ plats, mais perfonne n'en mange, & on lailTe au haut bout de la table uiie
„ place vuide pour le marie. Pendant qu'il s'entretient avec les parens de la
„ mariée, un jeune garçon occupe la place, & n'en fort qu'à force de préfens.
„ Le marié ayant pris fâ place, on lui amene la mariée parée & voilée. Un
„ rideau de tafètas cramoifi tenu par deux jeunes garçons les fépare & cmpê-
„ elle qu'ils ne fe voyent. Alors la Simcha de la mariée lui trèfle les cheveux ,
„ réleve les deux trelTes fur la téte, & y met une couronne d'or ou de vermeil
„ mince, doublée d'une éto{Fe de foye & riche à proportion des moyens de
„ ceux qui fe marient. . . . L'autre Smdm pare aulll le marié : pendant ce
„ tems-là des femmes. . . leur chantent mille fotifes. . . (des filles de la no-
„ ce jettent du houblon fur l'aflemblée, ) deux jeunes hommes entrent. . . .
„ portant un grand fromage & des pains fur une civiere, d'où pendent des
., Zibelines. On en apporte autant de la part de la mariée. Tout cela fe porte
„ à l'Eglife, après avoir été bénit par le Prêtre. Enfin on met fur la table un
„ grand baflin d'argent, plein de petits morceaux de fatin & de tafetas. . .
„ de petites pieces ^'argent carrées, du houblon, de l'orge & de l'avoine, &
„ le tout mêlé enfemble. La Suacha, après avoir recouvert le vifage de la
„ mariée, prend quelques poignées de cela & le jette fur la compagnie. . . .
„ L'échange des anneaux fuit, les peres des mariés le font. USuacha conduit la
„ mariée à l'Eglife. . . . Le marié fuit avec le Prêtre, qui d'ordinaire prend
„ fi bien fa part du vin de la noce, qu'il le faut tenir à deux tant a cheval
„ qu'à l'Eglife, pendant qu'il bénit le mariage.
„ Dans'l'Eglife, où la benediaion fe doit faire, on couvre une partie du
„ pavé de tafetas rouge cramoifi, & par defliis d'une autre piece de la même
„ étoffe, fur laquelle les maries fe tiennent debout. Avant que de benir le
„ mariage, le Prêtre les feit aller à l'offrande, qui confifte en poilfon, patifle-
„ rie &c. Le Prêtre les bénit en fuite & tient fur leur tête les Images des Saints
„ qu'ils ont choifi pour patrons, après quoi prenant la main droite du marie
„ & la gauche de la mariée entre fes mains, il leur demande trois fois s'ils
,1 confententde bon gré au mariage, & s'ils s'aimeront l'un l'autre comme
" ils le doivent. Après qu'ils ont repondu oui, tous ceux de la compagnie
fe prennent par la main, (pour danfer tandis que) le Prêtre chante le Pleau-
„ me 1 1 8 . (à compter felon l'Hebreu) qui renferme une partie des benedictions
du mariage. . . Le Pfeaume fini le même Prêtre leur met fur la tête
" une guirlande àe rue, ou la met fur l'épaule, fi c'efl: un veuf ou une veuve.
La ceremonie fe fait en difant ces mots, croiffés & multiplié!, après quoi
il acheve de marier en ajoutant ces paroles, ( que les Mofcovites ne prennent
j a m a i s à l a . d e r n i e r e r i g u e u r , ) \hmme ne féftirera point ce que Dieu a joint.
Ces paroles prononcées, les gens de la Noce allument tous des bougies, &
l'un d'entr'eux ptéfente au Prêtre un verre plein de vin. Le Prêtre le boit
'„ les mariés lui font raifon; chacun le vuide trois fois, après quoi les m.iriés
„' jettent le verre, & le foulent aux pieds avec des imprecations contre ceux
' ' qui travailleront à mettre la difcorde entr'eux. En même tems des femmes
i jettent fur ces mariés de la graine de hn, & de chanvre. " A la fuite de cela
i è s fouhaits reviennent avec ce'débordement de joye, qui caraftcnfe toujours les
noces. Te ne dois pas oublier une coutume afles plai&nte. „ Ces mêmes
„ femmes, dit Okmus, tirent la mariée par la robe, comme pour rarr.ichcr
„ au marié " , mais il ajoute aufll „ que la mariée fe tient Ci bien à lui, que
„ tous leurs effors font inutiles. "
Telles font les ceremonies du mariage jufqu'à l'Eglife inclufivement. La ma-
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riee retourne au logis (a) dans un traîneau environné de (ix flambeaux î le marié
s'y rend à cheval. Les gens de la noce les {îiivenc. D'abord le marié (è met
à cable avec eux, mais les femmes enmenenc la mariée dans (k chambre pour
la mcccre au lie. Après cela plufleurs jeunes hommes vont chercher le marié,
qu'ils çonJuifent aulli dans cette chambre nuptiale à la lueur des flambeaux
qu'ils ont à^la main. Entrant dans la chambre, ils mettent leurs flambeaux
dans les (h) tonneaux, qui entourent le lit nuptial & (è retirent enfuite : mais
la nouvelle époufe fort de fou lit enveloppée dans fà robe, va au devant de
fon mari, & lui fait une reverence fort foumife. „ C e f t , alors fuivant O/ea-
3, rius, que le marié la voit pour la premiere fois au vifâge. Ils fe mettent enj,
lemble à table 5 o n l e u r f e r t , entr'autres viandes, une volaille rôtie, que le
„ marié déchire, jettant enfuite le morceau qui lui demeure à la main, (bit
5, cuifle ou aile, par defllis l'épaule, & mangeant le rede." C'eil ici le dernier
Ade. Chacun (è retire, les mariés vont (è coucher. Un vieux domeftique
flic fentinelle à la porte de la chambre. Les plus fuperftitieux mettent alors les
charmes en oeuvre pour l'heureux (uccès de l'expédition fècrete. On ajoute que
le domeftique doit s'approcher peu de tems après de la porte de la chambre,
pour s'informer du fuccès de l'expédition. Sur le bon témoignage du mari
l'on flit entendre aufli-tôt les trompettes & les timbales, ôc Ton prépare les
bains pour ces nouveaux mariés. Les jours qui (uivent fe paflent en réjouïflîince,
ou l'ivrognerie domine (Iir'tout: pendant que le mari s'amufe à boire
julqu'à s'enivrer, l'Epoufè,s'il faut en croire les voyageurs, profitant habilement
de ce refl:e de liberté s'amufe avec un galant.
Je me fuis un peu étendu fur ces Ceremonies Nuptiales. La fingularité le
demandoit. Cependant on ne doit pas s'imaginer que tous ces ufiges fe trouvent
& s'arrangent toujours auflî méthodiquement dans toutes les noces. Cela
varie là comme ailleurs, même jufqu'à l'ivrognerie & au cocuage inclusivement.
On trouve en Rulîîe, tout comme en France, des maris qui ne font
pas ivrognes de des femmes qui ne font pas coquettes.
J'ajoute à cette defcription quelques remarques, qui ont du rapport au Mariage.
La rterilitc eft un fujet de divorce, mais fi la fterilicé n'a pas lieu, pour
{è défaire de f i femme on peut lui fupofer un excès de dévotion, Ôc fous ce
prétexte l'enfermer dans un Couvent. On peut aufli fe la fupofer à foi-même,
ôc fe punir ainfi de l'ennui du chagrin que l'on a trouvé dans le mariajre.
(c) J e mets en Latin la précaution que les Mofcovites obfervent avant que de
s'approcher d'une femme, ôc j'ajoute c]u'après cela les plus religieux s'abiliennent
d'entrer dans l'Eglife, même après le bain. Tout au plus, dit Olearius,
ils sarréunt au portail poiir y faire leurs prieres. Pour les P r ê t r e s , ils n e leur
cft pas permis de s'approcher de l'Autel. Les femmes relknt ordinairement à
la porte pendant le fervice. Le carême fufpend entièrement les devoirs que le
mariage a droit d'exiger.
Les funérailles ne font pas moins remarquables que les noces. „ Dés que
„ le malade cil decedé, (cell Olearius qui parle) l'on envoye chercher les pa-
„ rens fie les amis du mort. Ceux-ci le rangent autour du corps & pleu-
„ xcnc s'ils peuvent. Des femmes (qui font là aufli pour pleurer) demandenc
„ à ce
(a) Olearius ubi fup.
(l>) Voici deOus.
(c) Oui concumbendi liùidine tentamr, anteejaam concumbiU, fanSiorum fi adfint, imagines eperit, ^ d4
ctllo appcnfam cmcm dimit, ne proph.wo atlu polluAtur facntm chrifiiant lujlruthnis pi^nns.
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