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5 4 D I S S E R T A T I O N SUR LA
„ loufie de cec Envoyé de Rome : de force que ce dernier parti fut trcs-maltraité
par les Turcs , & Cyrille fe vangea cruellement de tous les Grecs
, , qu'il croyoit lui ctre oppofè:^. Cyrille néanmoins, qui (e rendit odieux par
„ fes grandes vexations, & qui avoit un parti à foutenir audi puilfuu que-
,, toit celui des Jefùices de Conftantinople appuyé par la Cour de Rome, {a)
„ fuccomba, & fut étranglé par un ordre exprès du Grand Seigneur.
„ Voilà l'Hilloire du Patriarche Cyrille Lucar , fous le nom duquel les
„ Proteftans ont fait imprimer une Confeflion de Foi, ofant fe vanter qu'ils
„ convenoient de fentimens avec l'Eglife Grecque. Mais il n y a qua jccter
,, les yeux fur cette Confcflîon de Foi, pour en juger {h). Il ell vrai qu'cl-
„ le a été écrite par un Patriarche de Conftancinople fous le titre de la créan-
„ ce de l'Eglilê Orientale^ mais elle n'a pas été écrite au nom de cette E-
„ ^lifê, & elle n'a aucun témoign.ige public. Cyrille la donna en particu-
„ lier à l'Ambafladeur de Hollande , dont il avoit befoin pour le proteger
„ contre les Jefuites de Conllantinoplc. Il eft à peu près la même chofe de
„ cec Ouvrage de Cyrille , que du livre qu'on dit avoir été compofé par
„ Guillaume Poftel pour une Nonne, à qui il perfuada, afin de tirer qucl-
„ que argenc d'elle, que le Meffie n'écoic venu au monde que pour les hom-
„ mes, & qu'elle Dame Jeanne devoir être la McdîefTe des femmes. Il y a
„ aucanc d'apparence de vérité à tout ce qui eft rapporté dans cette Contef-
„ {Ion de Cyrille (bus le nom de l'Eglife Grecque, qu'aux impoftures de ce
„ fameux Normand Guillaume Poftel : & je m'étonne que les Protelbns o-
3, {ènt encore aujourd'hui oppolêr aux Catholiques cette prétendue Confeflion.
„ Grotius en jugea beaucoup mieux dans un livre qu'il publia quelque tems
, , après que cette Confeflion parut, où il dit librement, (c) que Cyrille a
„ forgé un nouveau Symbole , fans ctre aflifté d'aucuns Patriarches , ni
„ d'aucuns Archevêques & Evêques. Au refte, j'ai rapporté cette Hilbire
„ de Cyrille le plus exadtemenc qu'il m'a été poflible , (ans avoir égard à
„ ce qui en a été écrie par les Hollandois dans la Relation qu'ils en ont fai-
„ tC', ni même à ce qu'en a dit Leo Allatius , qui ne garde pas aulîi aflcz
„ de moderation. Je n'ai prelque rien avance, dont les deux partis oppofés
„ ne demeurent d'accord encre eux.
,, Outre Cyrille, il y a encore quelques autres Grecs d'une moindre conlî-
, , deration, qui ont écrit en faveur des Proteftans, & entre autres un certain
, , (d) Gergan Evêque d'Arte, qui a publié un CatechiliTic, où il nie ouver-
„ tement la Tranfubflantiation , avec cette difFércnce néanmoins de Cyrille,
„ que ce dernier ne fuit pas la Confeffion de Geneve , mais celle d'Augs-
„ bourg.
(a) Hottinger dans fes Analedes a donné une relation fore circonftanciée de cette mort de Cyrille,
fur la foi de Nathanaël Conopius.
(b) Cet endroit n'eft par tout à fait exaft. Il auroit fallu dire , pour juger Ji t'cfl tfeElîvemcnt la
croyance de l'Egjife Grecque, ou plutôt, four être convaincu que ce n'cjî p^s la cro^atce &c. Au refte
Groriiss, qui vivoit du tems de Cyrille, & qui ctoit infiniment meilleur juge que la pliàparc des Contrpverfiiles
qui l'ont f i i i v i , a dit hardiment de cette Confeflion & de fon auteur , fuminda e/l ecclejia
(Graca), «o» qualém ex fuo capite Cyrillus nuptr indu^lus prerh coafinxerat, fed qualis revcrà tft. Cmra
Rivetum.
Ce) Nuper Confiant impoli CjriUus ,Jiae Patriarchis, ftne Meiropolitis, fine Epifcopis tiovura noùi: propinavit
Symbotum, Grot, de Antichr.
(rf) Zacharie Gerganus Gentilhomme Grec , Evcque fclnn Allatius. Caryophile , Archevêque titulaire
d'Iconic, Grec latinifé, a refuté le Catechifme de ce Gerganus , & après l'avoir accablé d'injures
, il lui donne l'cpirhete de Luthérien, comme ne pouvant lui dire pis. On peut voif dans Claude,
qui me fournit cette Remarque, L. I I I . ch. i i . de la Reprnfe à la l'erptiuiit de U Fui &c. fi ce Grec
ctoit véiitablement Luthérien, ou Calvinifte.
R E L I G I O N DES GRECS. yy
„ bourtr. Si l'on compare la doiflrine de ce Catecliifme avec celle de l'Eglife
„ Grecque, on trouvera qu'il en diffère pre(que par tout , pour s'accommo-
„ der avec les lèntimens des Protcftans^ comme quand il d i t , que l'Ecriture
„ (eule fuffit fans le fecours de la Tradition, pour prouver les Articles de no-
„ tre créance; que cette même Ecriture efi: claire dans ce qui regarde la
„ foi, & que l'Ecriture Ce doit interpreter par elle-même. En un moc,Ger-
,, f^an efl: un Proteftant qui n'a de Grec que les paroles, & encore font elles
„ 3'un très-méchant Grec vulgaire. Il oie néanmoins Ce vanter , de n'être
„ point du nombre de ces faux Freres, ^ui ont été mpoifomés à Rome. Mais
„ il ell de notoriété publique, que les Grecs mêmes qui n'ont aucun com-
„ merce avec Rome, n'appuyent dans leurs livres ni la Confeflion d'Augs-
„ bourg, ni celle de Geneve. Les Procertans peuvent aufli mettre au nom-
„ bre des Grecs de leur Communion {a) Nathanacl de Crete, qui promit il
„ y a quelque tems aux Hollandois , de traduire en Grec rjnIHcution de
,, Calvin, &: d'enfeigner le Calvinifme à ceux de {à Nation , pourvu qu'on
„ lui donnât une fomme d'argent qu'il demandoit.
„ Mr. Claude ajoute à tous ces Grecs Calviniftes, le témoignage d'un cer-
3, tain Melerius, Métropolitain d'Ephelè, dans une réponfe qu'il fit il y a
,, environ 30. ans à quelques Théologiens de Leiden fur plufieurs queftions
„ qui lui avoienc été taites. Le P. Simon avoit déjà répondu par avance à
,, Mr. Claude , qu'il ne doutoic point que cette piece ne fiit de quelque
„ Grec gagné par les Théologiens de Hollande , & qui répondoit à leurs
„ demandes comme ils le fouhaitoient ; & que pour jnger de la réponfè,
„ il étoic à propos de la donner entiere au Public, & dans la Langue de
3, l'Auteur. J'ai fait demander à Mr. Claude par un de fes amis, un ex-
5, trait de cette réponfe, qu'il n'a pu refufer ; & après l'avoir lûë , j'ai
, , trouvé que ce que le P. Simon avoit avancé comme une çonjedure ,
„ étoit la vérité même. Car Melece , qui prend dans fa lettre la qualité
,, d'Archevêque d'Ephefê, ne nie pas (êulement la Tranfûbftantiation, mais
„ même l'honneur qu'on rend à la Vierge &c aux Saints, & plufleurs au-
, , très articles que les Grecs croyenc du commun confèncement de tout le
„ monde. Et afin qu'on en puiife mieux juger, je produirai ici {h) l'ex-
„ trait que j'ai eu de Mr. Claude, &c qui eft écrit de la main d'un de fes
„ amis. Il fuffit de renvoyer les Proteftans à la Confeflion de Foi compoj
, fée par Metrophanes Critopule qui étoit de leurs amis, & qui a même
„ été écrite à leur foUicitation par ce Grec , qui vivoit dans ce tems-là
„ parmi eux. ils pourront juger par cette Confeflion de Metrophanes, fi
„ ce que Mr. Claude a pubhé fous le nom de Melece Archevêque d'E-
„ phefe, a la moindre apparence de vérité. Mais il efl; rems que nous re-
„ tournions aux objedtions de Mr. Smith.
„ On objede donc encore contre la créance de la Tranfubftantiation dans
3, l'Egliiè Grecque, que le mot ("iTBcrjao-is ne (ê trouve ni dans les Peres, ni
„ dans
(d) Nathanaël Conopius Proto-Syncelle.
(b) mis vero qui rogant me, utrum neceffe fit Religionis cultu preces offerte Beat® Virgini, vel
Angelis, vel Joanni Baptifts coeterifque Sanftis; fique oporteat credere in Euchariftia, hoc eft in cce-i
ni Domini fieri tranfubftantiationem in pane , aut putire oleimi , exorcifma & exfufHationes expellere
Dxmones, aut adorare imagines Sanftonma, tam piftas quàm fculptas , refpondeo ac dico , nihil
horum obfcrvandnm effe, quandoquidem non licet opiniones humanas prc>fiteri, fed ea foliim placita,
quoe à Domino & ab illius Difcipulis atque Apoftolis Spiritu Sanfto afflitis nobis tradita funt,
cum pietate & inviolabiliter obfervare debemus. TraduBion Jidelle du Greq. rapporté dans l'Ouvrage du P.
Simon.
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