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5J8 D I S S E R T A T I O N S SUR LA
les Catholiques, qui Bifoient encore tous leurs efforrs pour (c maintenir fous
l'autoritc d'un Roi déclare pour eux, furent enfin obligés deceder entièrement au
Lutheranifme, après la more de ce Prince. La Liturgie enqueftion fut impri-
• mée à Stocholm & mife en ufàge en 1 5 7 0 environ huit ans après Tavenement
du Roi Jean à la couronne de Suede. On la reimprima en 15 8 S. {a) &c cela
prouve que l'on s'en (êrvoit encore alors. Elle eft précédée d'une préface
où l'on infinue d'abord , qu'il eft à craindre qu'en voulant bannir la
lîiperftition, l'on n'ait Ihré le troupeau â firréligion, rnonjîre plus cruel que cette
fûperftition. On s'y plaint aufTi du libertinage des Luthériens. Von aime mieux
fuivre fc{ f a j j î o n s qu'écouter des remontrances. Exhortés l'ous les gens à la Canfefjîon,
ils s écrient qu'il -ne faut contraindre perfontie Scc. Les apôtres ^ leurs
Difcipks a'voient ordonné des jeunes ^ des prieres â certains jours ^ à certaines
heitres j pourquoi rejettofis nous ces regies anciennes f i recommandées par l'Eglife ?
On repond, Dieu veut une pieté libre . . . mais f t l'on abandonne les regies de la
Difcipline, qui pourra fe flaîer de retenir les hotnmes dans les devoirs de la Religiofi?
On établit aulïî dans cette préfice la nécelTitc des ceremonies, les hommes
ne f e frappent pas a j f é s de fimples préceptes. . . . la pieté f e décUre par l'extérieur
. . s'il ne la manifefle pas, comment fera fon perftmdé quelle ejl dans le
coeur ? C'ejl afm que le Clergé r e t a b l i f f e cet exterieur, dont la f u p r e j j ï o n a ruiné la plus
grande partie de la devotion, que vous lui rendons la Liturgie dans une forme plus
convenable, p'incipalement dans tadwiniflraîion de la Cene du Sei^eur j j y retranchant
ce qui paroit trop éloi^ié de la véritable maniéré de l'adminijîrer &c. Le
motif de vos exhortations, continue t'on, ejl de r e f i j î e r à la prophanation . . . ,
que les Sacrament aire s ont répandue dans plujieurs pais , ^ d'empêcher quelle ne
gagne les Got s ^ les Suédois. . . , Après cela on prévient X'injufîice de ceux
qui s'oppofèront à cette Liturgie & qui la taxeront de n'être ni Catholique,
ni Apoftolique. Nous fommes toujours prêts, ajoute t'on , à repondre à ceux
qui nous demanderai des Koifems, ^ ftmr •iem>jftt~'ndus' ia^ons~mjere dans cet
owvrage beaucoup 'de remarques qui ferviront à i f i j î r u i r e les tgnorans ^ ceux qui
ont quelque doute dans l'efprit. . . . On ne donne point ici de nouvelles Confiitutions
inventées par des Pontifes Romains. Ce font des pratiques que l'Eglife
orthodoxe ^ la f a g e Antiquité ont conjlammeut ohfervées Cejl par ces .
motifs que f exhorte les gens de bien à f e foumettre â f e réjouir de ce qu'au
millieu des troubles l'Eglife Suedoife f e trouvera conforme autant qu'il e j i (maintenant)
p o f f b l e à l'ancienne Eglife Catholique ^ orthodoxe On peut
voir cette Liturgie toute enticrc dans le Recueil de Liturgies dti P. le Brun.
Un des endroits le plus remarquables de ce formulaire fe trouve dans la priere
du Canon, {b) où le célébrant, en demandant la bcnedidion de Dieu fur le
pain & le vin de la Communion, fcmblc éluder la Tranfubrtantiation, ôc fe
conformer au (<r) fentiment des Luthériens par ces paroles [d) „ Benillés, Sei-
„ gneur, & fanclifiés par la vertu du Saint Efprit, le pain & le vin qui font
„ deftinés au faint u f a g e (de la Communion) afin que par ce faint u f a g e,
„ ils deviennent pour nous le corps & le fâng &c. " A cette remarque il en
faut joindre quelques autres, qui ne font pas moins dignes d'attention : je les
tire
(a) Cette Liturgie, dit le P. fo Bru» Tom. I V . p. 1 1 3 . a tcc: en ufage en Succte pendant fcize où
dix-kpt ans.
(è) Voy. une remarque du P. le Brun Tom. I V . & c . fur ce palTagc pag. 170. i 1 7 2 . i8d.
( 0 Qui n'admettent ]a Prc'fcnce re'cllc que dans l'ufage.
(d) Benedic cjr fiinUifica Spiritus Semcli m vîrtHie prepoftn ^ facri tt/ii difiinat«, pancm ^ vimm, ut
Vtro ufn nobis Jînt cwpus ^ jungiiis Sic.
RELIGION DES PROTESTANS. 559
tire (a) auffi du P. le Brun. „ On ilit-il, omis les fignes de croix . . .
„ on n'a mis dans l.i Liturgie aucune priere pour les morts, à caufê que les
„ Etats de Suede affembles en 1 5 1 9 avoient défendu de prier pour eux. . . .
„ Cette Liturgie marque la Communion des fidelles avant celle du Prctre, ce
„ qui eft oppole à hiCige de toutes les Eglifes Latines, Grecques & Orienta-
,, les &c. . . . Au lieu qu'en retouchant on devoit, autant qu'il etoic polTible,
„ s'appliquer à rétablir les anciens ufages & fupprimer les nouveautés, on au-
„ torilè au contraire pluficurs nouvelles pratiques, (comme celle-ci) que (h) le
3, celebrant peut le repondre lui même, & faire ainli le Prêtre &c le Clerc
„ &c. . . . . "
J e viens prélentement à la Communion, & je décris principalement la maniéré
de la celebter felon le Rit des Saxons. Mon (c) Auteur commence ainfî
le Chapitre qui traite de ce Sacrement. „ Nos petits enfans même n'ignorent
„ pas qu'à la Sainte Cene nous recevons certainement le vrai corps & le vrai
„ îang de N. S. J. C. & quoi que ce millere foit tellement au-deifus de no-
„ tre intelligence que nons ne puiffions abfolument le comprendre; nous
^ croyons avec confiance la vérité de ces paroles de notre Sauveur: prenéï ^
„ mcm^éî^ ceci e(l mmi corps &c. Celui qui avec un peu de pain a pû raifafier
, , plufieurs milliers d'hommes, qui a marché fur la mer &c. peut auffi effeiluer
„ à la Cene les paroles qu'il a prononcées" {quand il étoit avec fcs Apôtres. )
Certainement un CathoHque s'exprimera dans les mêmes termes pour défendre
la Trandibilantiation. „ Depuis quelques années , dit enfuite l'Hif-
„ torien Saxon, le Confeil Ecclefiaftique a réglé, que ceux qui fe deftineroient
„ à la Communioa (croient auparavant examinés par un Palleur, ou par (d)
„ un Confelfeur fur la Religion, fur l'état de leur confcience, & fur la nature,
„ le mérite & la force du Sacrement de la Cene &c. Et comme tout cela ne fe
„ pouvoir pas fiire commodement (ni même avec une certaine bienféance) à
3, la Confèilion, (oie à caufc cics -lucrp^ pénitens, on parce qu'on pouroit pu
„ s'apercevoir qu'il fe paffoit quelque chofe de plus entre le Confelfeur & I.-
„ pénitent qu'une Contèlfion toute finiple; il fut arrêté que ceux qui vou-
„ droient participer à la Cene fe feroient annoncer pour cet elFet au Confelfeur
„ ou Diredeur quelques jours avant que de communier." Cependant maigre
ce reniement il fe commet encore beaucoup d'abus & de négligences dans la
Communion, tant de la part de ceux qui veulent communier, que de ceux
même qui doivent examiner ; mais les diredeurs vigilans choiliifent ordinairement
le Mercredi ou le Jeudi de la femaine qui precede la Communion,
parce que ce font des jours de priere publique, jours par conféquent très propres
pour cette annonce. Le Dimanche auquel on communie, le Minillre, aprcs
avoir fiit le prêche, prie Dieu pour tous ceux qui doivent recevoir la
Communion: mais il n'y a point de formulaire de cette priere, & il cil permis
au Minillre de dire ce qu'il juge convenir en cette occafion. On chante
aulIi après le Sermon un Cantique, ou des Cantiques propres à la dévotion
; pendant le chant, les fidelles qui doivent communier fe rendent devant
l'Autel ôi s'y mettent à genoux, autant du moins que l'efpace le peut
permettre, car felon l'Hillorien Sa,xon, „ceux qui ne peuvent pas s'agenouilj
, 1er
frf) U b l flip. pafT. i S ; . Imv.
ib) Atmjiri adfiÀmct rcfian-Mtu, ipf fi'af^/i Minijiri ira» afucrint, p'efe^HÎlnr ommA.
(c) 1-Jiji. det Cerema'iiti EcclcJùjlijitu de Saxe Cliap. 27.
{d) Sctlferger, En Alleman c'eft proprement un Divedenr.
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