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246 m. D I S S E R T A T I O N SUR LA
„ que terns après la mort de Mahomet les petlecutions des Califes Tes fuc-
„ ccffeurs les obligèrent de fe retirer dans la Mefopotamie & la Chaldée, Ils
„ y forent foumis au Patriarche de Babylone, mais ils fe féparerent de lui à la
„ fin du quinzième ficcle, ou au commencement du feixième. (<i) Ils n'habi-
„ tent ni ville, ni village qui n'ait tout auprès une riviere, & leurs Evêques
„ affurcnt que ces Chrétiens font en tous ces lieux (h) près de vint-cinq mille
„ maifons. . . . leur croyance efl; remplie de fables, & d'erreurs groHiercs
„ tirées d'un livre auquel ils donnent le nom de Dmn. . . . Les Perfins &
,, les Arabes les nomment M : " (on montrera dans la fuite, (c) que les Saiiens
font fort differens de ces Chêticns de St. Jem) „ Pour eux, ils fe donnent le
„ nom il Mevdd-Jahia c'eft-à-dire, D/Jcip/« de Saint Jem, Se alTurent qu'ils ont
„ reçu de lui leur f o i , leurs livres & leurs coummes. Tous les ans, ils célebrent
„ une fete qui dure cinq jours. Alors ils vont en troupes fe prefentcr à leurs
„ Eveques pour recevoir, ou plûtôt pour reiterer ce Baftême de St. Jem. Ils
„ ne baptifent que dans les rivieres & feulement le Dimanche, c'ell de ce jour
„ que depend toute la validité du Baptême, quand même l'enfant fcroit en
„ danger de mort. Avant le Baptême on porte l'enfimt .1 l'Eglife, un Evêque
„ y lit quelques prieres fur la tête de cet enfant. De là on le porte à la riviere,
„ ou les hommes & les femmes qui l'accompagnent entrent dans l'eau juf-
„ qu'aux genoux avec l'Evcque. La formule du Baptême confifte dans cesparo-
„ les. [d) Au mm du Seigneur, le premier é - tmcieK du mmde, le tout p u i f m t ûui
„ comoifmt toutes nos aSions a-vmt le commencement de la kmiere &c. En-
„ fuite il jette jufqu'à trois fois de l'eau fur l'enfant, & après cette troifième
„ alperfion, pendant que cet Evêque (ou un autre Prêtre) recommence à li-
„ re, le parrain (celui qui tient l'en&nt) le plonge dans l'eau. (Telle eft la ce-
„ remonie de ce Baptême, qui, comme l'on voit, fe fait au nom de Dieu feul,
„ parce qu'ils ne rcconnoiflênt. J . C. ni pour Dieu ni pour fils de Dieu, (s)
„ & qu'ils le regardent même comme fort inférieur à S. Jean Haptifte. On affu-
„ fure pourtant qu'ils l'appellent (ƒ) YEjjrit de Dieu, comme les Mahometans
„ Ils reconnoiffent mênic frfon tes termes de Ta-nernierJ que J . C. s'eft fait
„ homme, pour nous délivret de la coulpe encourue par le péché,: mais qu'il
„ .1 ete conçu dans le fein de la Sainte Vierge. . . . par U moyen de l'eau
„ d'une certaine fontaine, dont elle but; qu'enfuite les Juifs voulurent le cru-
„ cifier, mais qu'il difparut & ne leur laiffa qu'un fantôme qu'ils crucifièrent
„ pour lui. (En un mot tout ce qu'ils difent de J . C. S: de 6 Million eft un
„ tiffu d'extravagances & d'al/urdités contenues dans leur Vi-van. Ils ne con-
« noilfent pas mieux la troifième per&nne de la Trinité.)
„ Ce DràOT eft, dit on, le feul livre qui leur refte: ils ont perdu leurs an-
„ ciens livres facrés, qui étoient en Syriaque. Il renferme leur Dodrine «c
„ les Mylleres de leur Religion. Dieu, (g) dit-il, eft corporel, il eut un fils
„ nomme Gdnel. Les Anges & les Demons font corporels, maies & femeU
„ les.
(a) TAmrnhr nomme ici les Villes où les Chretiens de S. Jean s'e'tablireor.
, , cette Sede eft fi fort dimmuee, que Ton ne trouve prtfque plus perfonne, par c|ui l'on puiOi
.... , —... . . . ,, UIIIIIIIUCC , que 1 Ull lie iiouve prei
> en bien apprendre la créance & les opinions. Ceux qui en I
,vresgcns,ouvrier?,laboureurs font profelîion aujourd'hui font i'
{ loe Cl"!
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it profeffion de cau-
), vrcs gt-i!», ouvriers, jaooureurs &c. "
de S E i t i o n i n ' " f ' " ^
( J ) rhevtm Voyages L . 3. Ch. XI.
CO Thevmot ubi fup.
( f ) Chardin Tom. V I . Edit, in i j .
(g) Chardin & Tavernitr ubi fup.
R E L I G I O N D E S GRECS. 247
i, les. Ils («s) fe marient, ils engendrent. Dieu créa le monde par le miniftere
de Sabriel, & fut .lidé dans cet ouvrage (i) pair cinquante mille Demons,
„ . . . le Monde flotte fur l'eau comme un balon. Les Spheres celeftes font
„ entourées d'eau, le foleil & la lune voguent toiit autotlt; chacun dans un
„ grand navire. La terre etoit fi fertile au moment de la création, que l'on
„ cueilloit le foir ce qui avoit été femé le matin. . . Gabriel enfeigna l'agricùl-
„ ture à Adam, mais le péché fit oublier à célui-ci tout ce qu'il avoit ai
, pris de Gabriel, & il ne pût retrouver que ce que nous en lavons encore
„ aujourd'hui. . . L'autre vie eft un monde comme celui-ci, mais infiniment
„ plus charmant & plus parfait : à cela près fort femblable à celui-ci. On y
mange, on y boit: Il y a des Villes, des maifons & des Eglifes, où les Ef-
„ prits prient, chantent & jouent des inftrumens. Les Demons afliftent i
„ l'agonie d'iin mourant & conduifent l'ame par un chemin remph de bêtes
,> feroces, fi c'eft l'ame d'une honnête homme, elle arrive heureulèment devant
), Dieu, après avoir foulé aux pieds tous ces animaux. Au contraire l'ame
i, d'un méchant homme eft fort maltraitée : avant qu'elle fbit en état de fe
j, préfenter, les bêtes feroces l'ont prefque détruite. Dans le jugement dernier
„ deux Anges peferont les aûions de tous les hommes. . . mais il y aura un
„ pardon general pour ceux de la Seûe. Ils feront fauves un jour, après avoir
„ fouffert [es peines de leurs péchés. C'eft-là le precis de leur Dodrine.
On ajoute (c) qu'ils ont beaucoup de veneration pour la croix, & qu'ils
en font fouvent le figne. . . . ils difent que le monde eft une croix, parce
qu'il eft divifé en quatre parties, {d) Ils mettent des croix dans le foleil Se
dans la Lune i même le maft du vaiffeau dans lequel le foleil navige eft une
croix.
„ St. Jean Baptiftc eft, comme je viens de le dire, le. plus grand Saint
Ç, qu'ils connoilTent, mais cependant il n'eft pas le feul, puifqu'ils reconnoif^
i) fent aulTi la làinteté de Zacharie, d'Elizabet, de la bienheureufe Vierge, des
„ douze Apôtres. (Je ne mets pas ici les miracles extravagans qui précederenc
J, ou accompagnèrent la naiffance de St. Jean , ni ceax qu'ils attribuent à Za-
„ charie & Elizabeth pere & mere de St. Jean, ni le t<.oman abfurde de la
„ vie de ce précurfeur de J . C. Je renvoye pouf cela à Tavemier.) Selon leur
„ tradition, le fepulcte de St. Jean eft près de Chujler dans le Chafijhm, où
„ l'on trouve un grand nombre de ces Chrétiens de St. Jean.
(e) L'habit Sacerdotal de leurs Prêtres eft une efpèce d'étole rouge fur une
chemife blanche. Ils obfervent les dégrés de Prêtre & d'Evêque ; mais pour
faire cette différence des Miniftres fuperieurs aux inférieurs, on n'a établi ni reo-le,
ni cetemonie, ni aucun autre ulàge connu dans le Chriftianifme. Les enêns
fuccedent aux peres dans le Miniftere. (ƒ) Si le Prêtre ne laiflè point d'enfànt,
on prend fon plus proche parent, (g) Souvent l'Evcque préfente lui-même foa
fils au peuple, qui l'élit, & enfuite le préfente à fon tour au pere pour le confàcrer.
Cette ordination confifte en certaines prieres que l'on fiiit durant fix
ou fept jours fut le poftulant, qui doit jeûner tout ce tems-la. Le fils peut
fucce»
(a) Ce Mariage des Ames paroit tiré des principes du Manicheilmç.
ib) Trois cent trente fix mille dans la Relation de Tmtrniir,
(c) Oyarditt ubi fiip.
id) T,ivernter ubi fup.
( 0 Chardin ubi fup.
( f ) Tavcrnier ubi fup.
( g j Chardin ubi fup.