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296 D I S S E R T A T I O N S SUR LA
bourg ne le fut aufiî des Evangeiiques de Berne & de Bafle. Ces négociations dilroienc
encore en 1 5 5 5. Il y eut alors une conférence à Callcl devant le Lantgrave.
Bucer déclara qu'en recevant le Sacrement, où le pain & le vin ne font que
des lignes exhibitifs, on reçoit véritablement & fubftantiellement le corps & le
{àngdej. C. fans melange de fubilance. On metauflià l'année i 5 3 1 . les commencemens
de Servet, & ceux de la Reformation de Geneve, ta Faculté de
Paris continua de condamner cette mcme année les propofitions qui lui écoienc
denoncées comme hérétiques, mais les nouvelles opinions s etabliflbient d'autant
mieux en France, que Marguerite de Valois Reine de Navarre fivorifoic
afies ouvertement tous ceux qui les foutenoient. Cette PrincelTe fît traduire
& imprimer les Heures avec des retranchcmens, qui felon le flile du tems fentoietit
le fagot. Elle publia aufiî de fi fiçon le Miroir de l'ame pécherefe, où l'on
ne parloit ni de Saints ni de Purgatoire. Une fi puiflante autorité contribua infiniment
à la propagation de qu'on appella bientôt après Calvinifme.
Ce fut en l'année 1 5 5 3 . que Calvin foupconnc de donner dans les nouvelles
opinions le (âuva de Paris, & (è retira en Saintonge. Pendant fon évafion
la nouvelle Doctrine fit de grans progrés ôc fe glilTa même à la Cour, & dans
l'Univerfité de Paris : mais ceux qui vouloient l'établir entendirent aufiî mal
que les Luthcriens l'intérêt de leur réforme. Au lieu d'imiter l'humilicé des
Apôtres cette douceur fi nécefi^iire & fi utile au Chef de parti qui
veut amener les hommes à fes principes en les dépouillant de leurs
vieilles opinions, les premiers Dodeurs de la Reforme de France le jetterenc
dans une controverlê aigre &: pointilleufè, où l'on donnoit des qualifications
odieufes à la vieille Religion. Les Livres portoient fouvent des titres injurieux.
On y afFectoit fouvent de tourner les dogmes & les ufiges des Catholiques
Romains en ridicule & pour le fnire on y méloit des raiileries ameres & infulcantes.
Les Catholiques accufent aufiî les nouveaux Docteurs d'avoir foufFcrc
qu'il {è repandit des libelles (atyriques , ôc qu'on fit des afiches contre la
vieille Religion & contre fës dogmes. C'eft ainfi qu'on fe prévaloir du génie
de notre Nation qui fe frape des nouveautés, & s'amufe agréablement à des
Vaudevilles & autres petits ouvrages de ce caractère, capables feulement de prévenir
fans inrtruire. Cette conduite revoira non feulement le Clergé, mais aufli
la Cour & les Grands. Les gens dévoués à la Cour de Rome, & generalement
tous les Ecclefiaftiques menacés de perdre leur revenus par une Reforme
auffi riçride que fut celle de Calvin fignalerent leur intolerance fous le nom
de zèle'de Religion. On rechercha ceux qui s'ctoient déclarés pour la Reforme
& l'on en brûla impitoyablement autant que l'on en put découvrir.
Jean Bugenhàgen ou Pomeranus, fut en i j 3 5. le Reformateur de Lubec,
Hambourg &c. Geneve fe déclara cette même année fous la diredion des deux
Miniftres Farel & Virer. Farel prêcha publiquement la nouvelle Religion le
jour de Sainte Madeleine xx Juillet. Il prêcha encore plufieurs fois de fiiitc,
pendant que le peuple abattoit les Images & les Croix. Le Decree qui etablifibit
la Reformation pa fia le xy Août. Cette même année Melanchton, le
plus modéré de ceux qui travailloient à la Reformation, envoya fes douze articles
à François premier, par lefquels il paroifibit propolêr les moyens de parvenir
à une reconciliation, mais qui ne parut pas acceptable à la Faculté de Paris,
comme on peut le voir par la reponld' quelle donna. Cependant on pourfuivoit
d'autre côte le projet d'union entre les Luthériens & les Sacramentaircs.
Il fe fit en 15 3^. une alfemblée à Bafie pour drefièr une autre Confellîon de
f o i , dans laquelle les Minières de cette ville difbient „ q u e le corps & le fing
RELIGION DES PROTESTANS. 297
Ile tbnt pas naturellement unis au pain &
au vin, mais le pain & le
C. nous donne une véritable com-
„ vin font des fymboles, par lefquels J . C.
, , munication de fon corps & de fon läng, non pour (èrvir au ventre d'une
„ nourriture periffable, mais pour être un aliment de vie éternelle. " Luther
ne le paya pas de ces expreflions. Il voulut qtrelque choie de plus précis^
Bucer avoua „ que le vrai corps & le vrai lang de J . C. étoient rendus préfens,
„ donnes, & pris avec les lignes-vifibles du pain & du vin, qu'ils croyoient
„ auffi que le Minillre offre le corps 6: le fang de J . C. à tous ceux qui
„ les reçoivent &c. " Enfin Luther s'engagea de reconnoitre Bucer & les fiens n: fes freres, pourvu qu'ils aprouvaflèiv les fix articles d'Union qui furent
es par Melanchton. Ce Proteftant naturellement doux & pacifique avoittoujours
le genie conciliateur. Un de ces articlesportoit „qu'encorequ'on
„ rejettat la Tranfubftantiation &c lès fuites, il ne filloit pas lailler d'avouer
,, que le pain eft le corps de '. C. par une union ficramentelle, qui veur
„ que le pain étant prefenté, le corps de J . C. foit prcfent ôc donné tout
j , enfemble." Strasbourg accepta la formule d'union, mais la Suiflè la rejerta
; ce qui ne decouragea point Bucer. il revint à la charge en 1 5 3 8 . & on
s'aflèmbla pour l'examen des points en difpute : mais les Suiffes ne voulurent
(e réunir, qu'à condition qu'ils conlèrveroient la doctrine qu'ils avoient reçue
de Zwingle fur la Cene.
Le Pape (Paul III.) indiqua un Concile general à Mantoue pour le mois
de Mai de l'année 1 5 5 7 . Sur quelques difficultés faites parle Duc de Mantoue,
qui étoient un véritable refiis, il fut indiqué enfuite à 'Vicenze, inais on ne
le tint pourtant qu'à Trente, & le Pape donna (à Bulle de convocation au
mois de Mai de 1 5 4 z . En l'année i s j i î . Calvin publia (ou lnflitutim de la
Religion Chrétienne, & fe fixa la même année à Geneve: en forte que cettE
•Ville a toujours été regardée depuis cet étabhlfement de Calvin, comme une
Rome Proteßante, ou du moins comme le centre du Calvinilme. Ce fut encore
cette même année ou la fuivante, que le Lutheranifhie devint tout à
fait dominant en Dannemarc par les foins de Bugenliagnen.
Les Vaudois s'unirent alors avec les Zwingliens & les Calviniftes. Farel fît
cette union. Calvin fe donnoit beaucoup de mouvement pour fortifier la Reforme
à Geneve, en Suiflè 8c en France. Une cabale qui fe fit à Geneve contre
lui le chaffa de cette 'Ville avec Farel, qui fe retira à Neufchatel. Calvin
alla à Strasbourg, y fut Miniftre & y epoufâ la veuve d'un Anabaptifte. Il revint
à Geneve en 15 4 1 . lorfciue fon parti fut devenu le plus fort.
On date de l'année 1 5 5 5 . l'établiflèment du Lutheraniliiie dans la Mifnis
& la Thuringc, par la mort de George de Saxe ; le changement de Joachim
Eleileur de Brandebourg, par l'exemple de fes voifins, ou felon les Ecrivains
Catholiques, parce que fes uijets lui offrirent d'acquitter fes dettes,pourvu qu'il
renonçât au Papifme-, la Reforme de Magdebourg 8c d'Halberftad, par la mollefle,
dit-on,du Cardinal de Mayence, oncle de cet Eleileur. On vit alors im
phenomene de Religion extraordinaire, le Lantgrave de Heffe mari de deux
femmes. Il envoya aux Reformateurs (o) fâ déclaration compofée en Latin
moitié barbare, d'un tour nouveau & fmgulier, par laquelle il leur dilôit
làns façon, que fon inclination, là volonté, {h) fon temperament demandoienc
qu'il
iA) Voyés cette piece i h fin du (S. Livre de VHijt. dis farUt.
0) Il étoit Trhrchiu Cette qualité jointe sux excès de la bonne chere lui avoir donné des forces
d'Hercule.
Tme III. Part. IL Ffff
J y i i i i î i s u i m