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202 m. D I S S E R T A T I O N SUR LA
„ nonçoit au peuple Se à l'armée qu'ils faifbicnt régner un tel . . . . les
„ cris de joye & les benedidtions fuccedoienc à la proclamation". Peut être
que l'ulàge de ces ceremonies fe conferve encore. Le Prince qui fut couronné
en i(>o<ï. étant arrivé à quelque diftance de l'Eglifè d'Axuma, où le fait
le couronnement „ trouva de jeunes filles qui tenaient un cordeau tendu à
„ travers de la rue, pour l'empêcher de palfer. Elles lui demandèrent juf-
, , qu'à trois fois qui il étoit : il fc retira en arriéré à la premiere demande, &
„ repondit qu'il étoit le Roi de JeruCilem . . . les filles repondirent qu'il
„ n'étoit pas leur Roi. A la troifieme demande le Roi tira fon cpée , cou-
„ pa le cordeau, & toutes les filles crierent qu'il étoit véritablement leur Roi,
„ e Roi de Sion. Alors on entendit le bruit des tambours, des tronipet-
„ res &c. & l'on fit des décharges de l'artillerie. UAhma qui l'attendoit
„ accompagné de tout le Clergé . . . le reçut, & on commença .à chanter
3, plufieurs Pfeaumes en conduiiànt le Roi à l'Eglilê . . . Enfuite le couron-
„ nement le fit de la maniéré qu'il a été dit. Le Roi étant couronné entra
„ dans le fanûuaire, entendit la MelTe & communia . . . . la couronne
„ de l'Empereur d'Ethiopie eft un chapeau chamarré de galons d'or & d'ar-
„ gent, furmontc d'iuie croix & doublé de velours bleu. . . . Les Abyffins
„ s'imaginent que cette couronne eft tombee du ciel, à caufe que dans les
„ tableaux du couronnement de leurs Rois on voit un Ange qui tient la cou-
„ tonne fufpendue".
Les Rois d'Abyflinie prennent le titre d'Empereur ou de Roi des Rois. En
montant fur le trône ils prennent un nouveau nom , & l'ajoutent à celui
qu'ils ont reçu au Baptême. Leur fceau efl: un lion tenant une croix, avec
cette Legende, k liait de la Tàhu de Juda a 'vaincu, (a) ils ont fait autrefois
les fondions de la Prêtrife, Bc ils ne perdoient ce droit qu'après avoir eu le
malheur de tuer qnelque chofë de vivant de leur propre main. Ce malheur
étoit d'une terrible confequence pour le Souverain , puis qu'après ' une faute
de cette nature iês fùjets fe trouvoient difpenlés de l'obéïlTànce qu'ils lui devoient,
& n'étoient plus obligés de le reconnoitre.
Les Empereurs d'Ethiopie peuvent cpoufcr plufreurs femmes, mais il n'y en
a qu'une qui porte le nom de Reine: Ce titre lui eft donné avec quelque
cérémonie. La proclamation de la Reine eft conçue dans ces termes j le Roi
a fait Reine me telle fa fervante. Cependant elle ne mange pas avec le Roi
fon Epoux. Ce Prince eft très peu communicatif, imitant en cela l'ufâge
des Souverains Orientaux. On dit pourtant qu'aujourd'hui il lé montre au
moins trois ou quatre fois par an, mais perfonne ne le voit manger que ceux
qui lui portent les morceaux à la bouche. Lors qu'il donne audience il eft
caché derrière un rideau.
J e ne dis rien de l'autorité dcfpotique de ce Monarque , par laquelle
il eft le Maitre abfolu des biens & même de la liberté de fes fujets, ni de
la maniéré dont il autorilê le pillage des provinces 5c les vols publics. La
tolerance qu'il accorde à ce crime h contraire à la focieté, va fi loin que le
chef des voleurs achete iâ charge, l'exerce lâns oppofition &: paye tribut au
Souverain. Au millieu de ce defordre on trouve un bien confidcrable ; c'eil:
qu'on ne connoit en Abyflinie ni Avocats, ni Procureurs, ni procès.
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(a) V o y . un paflàge remafquabîe dans la Dijfcriat'm de l'Abbé (e Grand fur le Prêire Je*n,
R E L I G I O N DES GRECS. 203
: reviens à des ufages plus liés à la Religion, & je commence par le ta)
Baptême, dont voici la ceremonie felon les Coptes, (f). „ La mere parée
„ aullî proprement qu'il lui eft poflîble fe prelente à la porte de l'Eglifè avec
„ fon enfant. Là . . . le Miniftre du S.icrement fait de longues prieres
„ fur les deux, commençant par la mere. Enfuite il les introduit dans l'E-
„ glife & fait fur l'enfant fix onaions d'une huile bénite pour les exorcif-
„ mes. Ces premieres onaions, font fuivies de trente (!x autres avec du
„ GaliUum fur autant de diflerentes parties du corps : après quoi il bénit les
„ fonds baptifmaux , y verfànt à deux reprifes de l'huile benite , Se fàif-inc
„ à chaque fois trois formes de croix avec du Me/ran, & tout eft accompa-
„ gné de longues prières. La benediaion des fonts finie , il y plonge l'en-
„ tant trois fois. A la premiere il le plonge jufqu'à la troifième partie du
„ corps, en difant, je te haftife au nom du Pere, enfuite jufqu'aux deux tiers,
„ & ajoute, yc te haftife au nom du Fils. A la troilième, il le plonge entiere-
, , ment & dit, je te haftife au nom du Saint Effrit. L'adminiftration de la,
„ Confirmation &: de l'Euckiriftie fuivent immédiatement après. . . . Ils
„ celebrent le Baptême avant la Melfe, & à la fin ils communient l'enfant
„ baptifé".
Le Meiron dont on a parlé c'eft le Crème, le GaliUumM l'huile des Catechumencs.
Le Patriarche confacre le premier avec beaucoup de ceremonies
qu'il^ eft inutile de décrire , parce qu'elles ne diflérent pas alTes de celles des Grecs.
Après la benediflion du nouveau Meiron, le vieux eft diftribué aux Evêques.
Le Patriarche Copte en envoyé au Métropolitain d'Abyllinie. L'Empereur de
cet Etat efl facré avec ce Meiron. Pour le GaliUum, c'eft une huile, qui, après
avoir fervi à rincer les vaiffeaux où étoit' le Meircm , demeure fànaifiée
par le mélange des goures qui reftent de ce Meiron.
Comme les femmes ne fottent point du logis que quarante .jours après être
accouchées d'un garçon, ou quatre vingt après l'être d'une fille , le Baptême
eft différé jufqu'à ce tems-là, & quelquefois aufll plus long tems. Si l'enf-int
eft malade, on le porte à l'Eglife , & on l'étend fur un drap près des fonts.
Le Prêtre y trempe fès mains trois fois & frote autant de fois avec fes mains
mouillées le corps de l'cn&nt depuis le deltas de la tête jufqu'au bout des pieds,
S'il arrive que l'enfant foit porte le foir à l'Eglife ou à toute autre heure
qu'il n'eft pas permis de dire la Meffe, la mere & l'enfint demeurent là jufqu'au
lendemain , afin que l'enfint fbit communié. La raifôn de cet ufàge
eft, que le Baptême ne peut jamais s'adminiftrer que dans l'Eglife & par "le
Miniflere ou de l'Evequecu du Prêtre. Si l'enfint n'eft pas en état d'être porté
à l'Eglife, le Prêtre va au logis, & après avoir recité les prieres fur la mere
&fait les fix onaions de l'exorcifinefur l'enfant, il lui demande trois fois s'il croit
en un feul Dieu en trois Perfonnes. Qiiand on a repondu ouï pour l'enfant, il continue
de faire quelques prieres, leur donne f.i benediaion, & fe retire. Cette
pratique eft fondée fur un Canon des Coptes, pie fi un enfant ment à mourir
afrh la derniere motion, ou mime après la premiere, l'onSion lui tient lieu de
Boftéme . . . il ejl fauvé. . . . Cette defcription, ainfi que je viens de
le
M Ou ne parle point ici de la diftinaion des fept Sacrcmens : les Abyffins les rornioilTcnt & les obfervent
à peu près comme les Grecs.
et) E x m i t de la premiere D i f c t . fut les Sacrem. par l'Abbé U Gm«4 ubi fup. Cet extrait regarde
plus particulièrement les Coptes que les Abyffins ; cependant il ns s'jccoide pas tout à fait avec
ce que rapporte le P. Simon.
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