
i l "
jTJîr-iii|
j i ; '
é s r ^ ' U
- • ^ l l i
l i s
i ' i i i
tr
iJi
116 II. D I S S E R T A T I O N SUR LA
mplche de remkr 'vos pèches. Je fuis home cj- fkheur corme vous. Pendant que
le Pénitent fe confeffe, le confeffeur continue de l'exhorter à ne rien cacher. L'impolîtion
de la pénitence fuit la confellion. C'eft de jenner un certain nombre de
jours, &: de faire des aumônes, {a) Ricaut y ajoute les pclerinages & l'impofition
de cjuelc^ues autres femblables pra[ic|ues. Les peines c|ite le Confefièur impole
font beaucoup plus douces qu'elles n etoient autrefois.
{h) Après la Confedion le Pretre prononce l'abfolution en ces termes. E«
'vertu du pourvoir que les Apôtres wit reçu de J. C. ^c. de celui qu'ils ont remis aux
FjvÊqueSj ^ que wm E'vêt^e m'a accordé préfentement, je 'vous ahfous au 710m du
Pere, du Fils du St. Efprit, & je 'vous déclare que 'votre portion efl avec les
jufles. Enfuite il lit une priere fur la tête du Pénitent, qui lailfe quelque argent
au Confeiïèur.
Les Prêtres & tous ceux qui font dans les Ordres font obligés de le confefier
une fois le mois, & le peuple une fois l'année, avant le commencement
du grand Carême de Pâques. J'ajoute que les Grecs recommandent expreflèment
la Conteflion aux malades & aux infirmes, comme un remede efiicace
& nécedaire, qui confole l'ame & apaile la confcience.
Voilà ce que je devois apprendre au Lefteur de la Confellion des Grecs :
mais s'il faut croire (c) un Voyageur judicieux & éclairé, la pratique de laConfeflion
eft abfolument vicieufe & irreguliere de la part du Confeffeur, & de la
part du pénitent „les Papas, qui font l'office de Confeffeurs, ne lavent pas
„ feulement la forme de l'abfolution. Si un pénitent s'accufe d'avoir vole, ils
„ demandent d'abord fi c'eft à un homme du pais ou à un Franc. Si le péni-
„ tent répond que c'eft à un Franc, il n'y a point de péché, dit le Papas,
„ pourvil que nous partagions le butin ". Telles font les fuites de l'ignorance
& de la mifere des Grecs. Le préjugé que la premiere produit en eux les
porte - auffi à douter de la validité de la Confejffion des Latins, & même à
la regarder comme un péché. Mais on ne doit pas trop fe recrier fur cette
ie;norance. Combien de' gens ne voit on pas parmi nous qui rejetteroient les
(d) : plus cvi4entes vérités, li elles leur venoient de la bouche d'un Prédicateur
hérétique! Combien d'Ecdcfiaftiques portes à foupçonner d'héréfie, même à
excômmunier ceux qui {e) fréquentent les gens d'une autre Communion, ou
qui vivent parmi eux, ou qui parlent avec cette liberté Pbilofophique, cpx dans
le fiecle paffé a fait découvrir les plus lumineufes vérités î
Le refus de fe foumettre aux devoirs de la Religion, &: même fimplemenc
aux Loix de l'Eglife fait l'impénitence, & la defobéïffance: l'une & l'autre attirent
l'Excommunication. Chriftophle Angélus ( f ) donne en peu de mots la formule
de cette Excommunication, qui (épare l'Excommunie du corps de l'E.
glife, le friiie de l'union amec le Pere-, le Fils & !e Saint Efprit, le retranche de
toute
U) EiM de l-Eilifr Gncme Ch. V I I.
(b) chr'fiopkt Angélus de i l a tu Groecorum cap. 23.
(c) Tmrtstfùrl Libi fup. _ , ^
(ri) On doit à ces préjuge's une infinite d'crreui^ cliimcriques, qui fcïviront i augmenter d'ici a
la derniere pofterité les nouvelles Editions du Catalogue des Héréfies.
(e) Parce que DefcarÊei f u t deux ou trois fois au préclie pendant qu'il demeiiroit en Hollande , certains
bons Catholiques voulurent lui en faire un crime. D ' u n autre c ô t e , yoetiKS, Théologien^ Protelt
a n t , elTaya d'armer le bras feculier d ' U t r c c h t contre ce même D.-fcartes, qu'il t n i r o i t d ' A t h c t Si ds
foidaicur d'une Selie monflrueiife. Sur la nouvelle qu'eut Defcartcs do la comdamnation fiite à Utrecht
de quelques-uns de fes é c r i t s , il dit alTes pbifammcnt. ^ue f^oetins avoir déjà tranpgéavec (e Bowre/if*,
fin (ju'd fit m Jigrandfen en les bruUwti que l.i fame en fut vne de plus loin. Voy. Tome I I I . des Leltru
de Defcarics.
( f ) Chripph. A'igeliis ubi fup. cap. a f.
R E L I G I O N DES GRECS. 117
toute communion a'vec les trois cent dix-huit Peres du premier Concile de Nicée,
a-vec les Saints , le renvoye à celle du Diable éi" du traître Judas , ^ enfin le comdamue
à refier après fa mort dur comme une pierre ou comme du fer, s'il ne fe repent.
Les Grecs comptent d'étranges chofes de ces pauvres excommuniés, mais avant
que d'en parler, je dois indiquer la formule d'Excommunication qui fe trou^
ve dans Ercaàf. {a) Elle eft remplie des plus terribles malediftions, & fi elle
ne prive pas direaement l'excommunié de la jouïffance des quatre Elemens,
elle lui envoye au moins beaucoup plus de maux qu'il n'en faut pour trouver
cette jouiflânce infupportable : après quoi elle les prive encore de la fépulturc
après leur mort. Je fuis perfuadé que des idées fi effrayantes contribuent beaucoup
à coniêrver clans l'efprit des Grecs quelque idée de leurs devoirs; à quoi
il faut ajouter ce qu'on racconte de ces corps d'excommuniés morts (ans penitence,
qui ne peuvent fe diffoudre jufqu'à ce que l'Excommunication foit levée.
Le Diable, à ce que difent les Grecs, entre dans ces {h) excommuniés,
les anime, & les fait agir comme il lui plait. On appelle ces corps aiufi animés
Vroucola^ues , mot compofé de hourca ou Vrauca, qui, dit-on, fignifie
iourbe, & de laccos qui veut dire une fofe. L'hiftoire de ces revenans renferme
autant de fourberies & de tours d'adreflè que celles de nos fpeûres & de nos
lutins. Mais quoiqu'il en foit, cela rend le peuple fi docile & fi obéïffmr,
qu'il fuffit que les Papas menacent d'Excommunication, pour tirer de lui tout
ce qui leur plait : & d'autre côté la pauvreté de ces malheureux Papas eft fî
grande, qu'ils font obligés dans leur indigence de vendre &: la peine & l'abfolution,
& d'inventer toutes ces friponneries, pour fè conferver un refpeâ:
qui, comme je viens de l'infinuer, ne lailfe pas que de rendre fervice au
Chriflianifme de la Grece.
(c) Chrijlophle Angélus nous parle aufli de ces m^rts excommuniés, qui au
bout de l'an deviennent (d) Tympanitiques. C'eft-à dire., que leur ventre, quand
on le frappe, refonne comme un tambour : outre cela ces morts font durs,
comme tous les Vroucolaques, Se fe tiennent debout contre un mur fins au^
cun foutien. Tous ces excommuniés deviennent noirs; ils ont les cheveux
de même, & les ongles blancs. Ces corps fe diffolvent, comme les autres,
par l'exorcifme, qui confifte dans la ledure de quelques prieres prononcées
par
(«) EM &c. Cliap. XVI.
Pour ôter au Diable le pouvoir d'agir fur les corps des excomtnuniés, Ricaut nous dit „ qu'on
, , les deraembre, & q u ' o n les conpe en plufieurs morceaux que l'on fait bouillir dans d u > i n ". Let
Grecs s'imaginent auffi q u ' e n brûlant le coeur du m o r t , ils empêclient le Diable d'agir fur lui. Ces mdines
Grecs alTurent, qu'il n ' y a que les Grecs du Rite Grec, dont le Diable ranime les cadavres : pourquoi
cette diftiniaion ? C ' e f t que les Papas & ceux qu'ils employeur n'oferoient -envoyer le Diable daijs
les cadavres des T u r c s , & ne trouveroient pas des diipes chez les Latins. On peut lire dans les i^rïjag»
de Taurnefort an Lev-int l'hifloirc d'une de ces fourberies des Grecs. Au refte rien n'eft plus araufant que
les pieufes exclamations d u Pere Richard fur ces rrcHColajues. D'abord il crut que c etoient des amcs de
(jHtlejHes trépajjés cjtii revenoien: pour demander ditJêcoHrs, afin de finir plutôt des peints dit Purgatoire. . . .
Mais ajoHte-t-il, le Purgatoire n'cjl pas pour ceux qtii ne le aojent p.u, (^r le: urnes qui fortent du Purgatoire
ne viennert j.mais aii.v excès cjne ceux-ci commettent. Il raconte enfuite plufieurs lùftoires de ces hottcalaques,
qu'il croit de la meilleure foi du monde. 11 nou5 apprend encore „ q u e plufieurs attribuent â
„ la bonté des fiintes huiles des Francs, &: à la vertu de leur eau benire la raifon pourquoi aucun Franc
„ qui foit mort dans la crcance & h foi de l'Eglife Romaine ne devient Vroucola^ue ". V. R.elation d»
i'Ijle de Sant-Erini par le P. Richard.
Ce Pere nous apprend auflî une particularité que je ne dois pas oublier. C'eft que pour exorcifer ces
colactjs les Pnpés s'afferablont le Samedi, crojant qu'un autre jour ils ne trouveraient pas au tenéeau le corps
qui firt de retraite au Demon,
Ce) De Staut Gracor. ubi fup.
{d) AlUtius in Hpiftol. de quorundar» Grtcor. opinât ion. nous donne avec fou emphafe ordinaire 1 la
defcriptinn d ' u n de ces Tympanitiques. Elle eft trop longue pom-être inferée ici. Je me contente de remarquer,
q u ' à en juger par la dcfcription, le Tjntpanitique n'étoit q u ' u n corps pétrifié dans la terre.
Tome m . Part. L G g
B B