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134 II. D I S S E R T A T I O N S U R LA
les Philolôplies doniioient aux Ecoles de Philofopliie, Se que l'on peut traduire
par ceux-ci, (a) Lieux oit l'oi7 prend fohi de la jemep. J'y trouve de la
conformité avec celui de Seminaire.
Commençons d'abord notre détail fur (h) les Caloyers (dans l'ulâge ordinaire
ce mot comprend tout ce qui s'appelle Moine) par ce que nous apprenons
de [c] Ricaut & de Touniefort. Ceux d'entre les Caloyers qui difent la Mcffe
font Prêjm Reguliers. Nous marquons par ces mots la Regie & le Mnijere.
Ces Prêtres ReguIiers deviennent Moines làcrés , {Hierommachi) & ne celebrent
qn'aux grandes Fêtes. Pour cet effet il y a toujours des Papas entretenus
pour fetvir les Eglifes & les Couvens. , Celui qui gouverne le Couvent
s'appelle Archimandrite, terme qui traduit à peu près littéralement doit fignifier
Chef de gens retires dans une (</) cache ou dans une caverne. : Moins
littéralement il fignifie berger ou pafleur. L'Hegumeiie ou condufteur ne d it
fereque peu de l'Archimandrite, ou même n'en différé .point du tout, & ces
deux termes fe trouvent lynonimes à celui i'Alhé, & de Supérieur de Couvent.
L'Exarque eft fuperieur à l'^refomWrHe : cette Dignité a quelque rapport à
celle de GeiKiW, & quoi qu'il e n f o i t , c c t Exarque eft au-defl'us de l'Abbé.,
On a remarqué que le Supérieur ou l'Archimandrite le trouve qualifié de
Pere du Cou-vent, Pere des Moines &c. les fimples Moines font aufli appellés
Peres dans quelques Auteurs très-anciens , comme St. Cyrille d'Alexandrie.
Mais cette qualification eft plus ancienne qu'on ne penfe, puis qire les Grecs
l'ont fouvent donnée à leurs Philolophes.
L'Regumene ou Supérieur eft changé tous les deux ans par éleâàon, au rapport
de Mfheler. Quand il fort de charge il n'eft dépouillé que de ion autorité.
On l'appelle alors Prôegumene ou Ex-Superieur : c'eft ainfi que le rapporte
Tournefort, qui ajoute, que ce Supérieur eft forcé d'ufcr du pouvoir de û
charge avec beaucoup, de circpnfpeaion, furtout par rapport aux pénitences
que meritent les fautes de fes Moines. La feverité, dit-il, les difpoferoit à
prendre le T u r b i n , au lieu du bonnet de Monte SantÇ^.
L'Ordre de St. Bafile étant le fcul qui fcit reçu parmi les Grecs, les Prêtres
ReguIiers Grecs font neceffairement de cet Ordrié. Leur habit efl: une
longue robe de drap couleur de poil de chameau, ceinte autour du corps.
Ils ont fur la tête un bonnet de feutre ou de laine couvert de noir & qui
leur cache les oreilles. Voilà ce que dit Ricaut, & voici ce que Tournefort
nous apprend plus en détail de l'habillement Monaftique, &; par conlequent avec
plus de clarté, (c) L'habit des Caloyers, eft noir ou d'un brun foncé. C'eft
une e(pece de foutane toute fimple, fur laquelle on met une ceinture de mê-.
me couleur. Pour, leurs bonnets, le dcffus en eft plat, ils font noirs & à
deux oreilles. ( f ) Une piece de drap noir eft attachée au dedans du bonnet
& leur pend fur le dos. A tout cela il faut ajouter, que pour les trois divers
dégrés de perfedion dans la vie Monaftique, il y a auffi trois fortes d'habit.
Les Moines fimples, c'eft-à dire les Caloyers du plus bas degré, n'ont
qu'une fimple tunique d'un drap grollîer : les profés l'ont & plus aniple &
plus
( f l ) fppoeiTjtwpnï.
Ci) Ce mot eft comporé de deux autres qui fignifîent fo« Vrhre. Il peut être auflî compofé de deux
mots qui fignifient bm p^ieiUard.
. (c) L'un & l'autre ubi fup.
(<ƒ) Mmdra Uiekra, enfuite bercail par analogie aux lieux où fe retirent les bergers,
(e) Mattdyumou/'-- '
^ PArtimnijdj^.
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plus propre. On appelle Religieux du petit haUt les plus fervens , mais on
donne la cuculle & le (a) fcapulaire aux plus parfaits , que l'on enterre même
avec ces marques particulières de leur perfeaion : & ce dernier état fait
les {h) Religieux du grand haUt. La vie de ces derniers Religieux eft , felon
les Grecs, une vie pure & angelique. On peut les regarder comme des Hermites
ou comme des Anaclioretes. En tout ce qui porte le nom de difcipline
& d'aufterité, ils vont infiniment plus loin que les autres Religieux.
Ceci me conduit naturellement aux afceriques ou contemplatifs, elpece de
Quietiftes fauvages, qui non contens de fe retrancher les plus petites commo.
dites de la v i e , fe fcroient peut être un plaifir de reffufciter Se enfuite s'immortalifer
d.ins les fouffrances pour l'amour & à la gloire de Dieu, s'ils le pouvoient. Tournefort
dit que les aufterités , la retraite &c la mifere leur font fouvent tourner
la cervelle, & que la plupart de ces Afcetiques donnent dans des rêveries
pitoyables & bien éloignées de la connoiffance de nos devoirs. C'eft ainfi
rrt que la veritable Religion eft fituée entre deux extrémités qui arrêtent la plû- des hommes ; l'une cft le fanatifme & l'autre le hbertinage. Autrefois
y avoir des reglemens de l'Eglife pour retenir les Monies dans leurs Couvens
& les empêcher de fe mêler d'affaires étrangères à la Vocation Monaftique.
La mifere a enervé ou fait éluder en Orient des reglemens fi neceffaires.
L'autorité que nos Moines fe font acquife ou par rjn faftueux appareil de devotion.
oupar l'adreffe avec laquelle ils fe font infinucs dans les intrigues du fiecle,
nous a rendu d'auflî mauvais fervices en Occident. Nous avons des Moines
Négociateurs, des Moines de Cour, des Moines qui fe rendent arbitres
du fort des Etats. Ce n'eft ni l'efprit d'intrigue, ni l'ambition qui ont contribué
au relâchement de la difcipline des Moines Orientaux. Ils ne le doivent
qu'à la dureté du joug & à la mifere de leur état. On nous dit que la plïîpart
font, obligés de gagner leur vie à la fiieur de leur corps Se de s'appliquer
aux ouvr.iges les plus vils,comme (c) le labourage, la culture de la vierne. (d)
La plupart, excepté les Prêlres ReguIiers, & les tlieroJioinai^iies font des artifans
ou des bergers qui font un an de fervice auprès des troupeaux, après quoi
ils peuvent retourner au Couvent. On en trouve, dit Wheler, qui font des
cllapcaux & d'autres ouvrages auffi méchaniques. Enfin les Voyageurs nous
repréfentent ces Moines comme des gens fans moeurs & fans éducation, qui le
prêtent pour peu de chofe aux plus maiivaifes intrigues, & qui dans toutes leurs
adions marquent toujours beaucoup de mauvaife foi. Tout cela n'eft que
trop fouvent la fuite de la (èrvitude & de la mifere.
Ceux qui veulent fe faire Caloyers s'adrcffent à un Hierommaque pour en
recevoir l'habit, & cette ceremonie, nous dit Tournefort, coûte environ une
douzaine d'écus. Avant la décadence des Grecs le Supérieur examinoit celui
qui vouloir fe faire Moine, & pour éprouver Ci vocation, il l'obligeoit à réf.
ter trois ans dans le Monaftete. Aptes cette épreuve on (c) procedoit à la ton*
fure;
U ) l'on traduit par Scapulaire , c f t u n c tunique longue & fans maneties que l'on pourmit
appeller aulii Supcrhuntcrale : la Circulle ou la feoucouUe eft une longue robe qui a des manchcSi.
V o y . entr'autres fur cette maticre le P. Bonanni ne' gli ardiiti de' Religiojt.
(i) JHagiii ^ angelid hahitm.
f O Cependant il eft bon de remarquer, que les anciens Moines trïivailloient â ga-'ner leur vie. Entre
leurs travaux manuels on trotrve lunout le labourage & l'agriculture. Il ne faut pour cela que remonter
au feptième flecle.
id) CUiJlupb, Atteins Cap. ij. Lib. de Statu &c.
CO Pu»!*/- Gritc. in Edido ad Exarchas.
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