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j , tôt que le Prêtre a prononcé ces paroles, Ce^i eji mm corps. Comme les
„ Grecs ne font pas conliller la conlécration dans ces paroles, mais dans qucl-
„ ques prieres qui fuivent, il ne faut pas s'étonner fi Caucus, qui pour juger
„ des erreurs des Grecs, avoir pris pour règle l'ulàgc de fon Eglile, a dit qu'ils
„ n'adoroient point l'Eucliarillie : outre i^ue même après qu'ils ont confacré,
„ ce qui le Êiit, felon leur opinion, après l'invocation du St. Elprit, ils n'ont
„ point cette adoration cérémoniale de la maniéré qu'elle s'obferve dans l'Egli-
„ fe Latine ; mais ils fe contentent d'adorer Jefus Chnll: qu'on leur prélentc,
„ en l'élevant à leur façon peu de tems avant la communion. On ne peut
„ néanmoins excufcr Caucus, de s'être réglé entièrement fur les ufagcs de fon
„ Eglife, fi ce n'efl: qu'rl avoit apparemment ordre de reformer toutes chofcs
„ fur ce pied-là.
„ En quatrième lieu, il ell: de notoriété publique, que les Orientaux com-
„ munient fous les deux efpèces, & qu'ils prétendent même être fondés en ce-
„ la fur les paroles de Jefus Chrili Cell ainfl que le Patriarche Jeremie parle
„ dans Cl premiere réponfe aux Théologiens de Wittemberg. Foki j / t o ^ii'i/
„ faai cmmmmer fias les Jeux efptces, e^ ra cela vous a-vez raifoti : ce qu'ils
„ étendent jufqu'aux en&ns, aufquels ils donnent la communion après leBap-
„ tême, en leur donnant avec une cuilliete le fang de Jefus Chnll:, qu'on
„ prend dans la coupe où eft ce fang avec les miettes de pain qui contiennent
„ fon corps, (c'eft par le moyen de ces miettes qu'ils prétendent communier fous
„ les deux efpèces.) En un mot, toute l'Eglife Orientale eft dans cet ulàge, &
„ même nos premiers Théologiens Scholaftiqucs demeurent d'accord, que cette
„ coutume de communier fous les deux efpèces a été gardée religicufement
„ dans l'Eglife Latine jufqu'à ces derniers fiecles, qu'on a trouvé à propos de
„ la changer pour de bonnes raifons.
„ En cinquième lieu, à l'égard de la ConfelTion, l'on ne doit pas trouver
„ étrange qu'ils ne la croyent que de droit pofitif & Eccléfiaftique, puifqu'ils
„ font dans cette petfuafion, qu'il n'y a (a) proprement que le Baptême &
„ l'Euchariftie, qui ayent été inftitués par Nôtre Seigneur, & que les autres Sacre-
„ mens ont été inftitués par l'Eglife ; comme on peut voir dans la fécondé réponfe
„ du Patriarche Jeremie aux Théologiens de Wittemberg. Caucus n'a donc
„ rien avancé fur ce fujer, qui ne Ibit conforme à la véritable créance des
„ Grecs. On ne peut cependant nier, que l'ufage de la Confeffion auricu-
„ faire ne foit dans l'Eglife Larine, & que les Grecs ne confellcnt en détail leurs
„ péchés, pour recevoir une penitence conforme à la nature de ces mêmes
péchés, dont il flut par conléquent découvrir la nature & l'efpèce au Con-
„ felfeur. Il ejl nécejfaire, dit le Patriarche Jeremie après St. Baille, iexfofer
„ tous fis péchés à fon Confeffeur. Et c'eft ce qu'on peut voir plus au long dans
le livre de Chriftophie Angélus (h) de la Difcipline de fon Eglife. Il y a
„ cette différence néanmoins, fi nous nous en rapportons à Metrophanes Cri-
„ topule, que le Confelfeur ne s'informe point du lieu où le péché a etecom-
„ mis, ni i s perfonnes avec qui la chofe s'ell paffée, ni même de la manrie-c.
(a) Himm. Putriar. Cyrille dans fa ConfelTion Art. X V . ne reconnoît que deux Sacvcmcns inftitue's
par Jefus Chrift. Cet Article eft entièrement Catvinille.
ib) De Statu HoduTKo Grtcorum cap. i i . Tout le verbiaee mêlé d'injures & de chicanes de l'Allcman,
qui a commenté j l n g i k i , n'empêche pas que la Confcifion des Grecs ne foit i peu de chofes près
femblable ï celle des Latins. A la ve'rité elle eft beaucoup plus rigoureufe, & l'on prétend qu'à caufe
de cela les Grecs évitent de fe confelfer, outre que leurs Papas leur vendent bien cher la Conleflion. La
mifere excufe le commerce de ces Prêtres & la négligence des Laïques.
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, re, parce que, felon le même Auteur, cela eft inutile & trop curieux: ce
, qui fuffît pour juftifier Caucus. Car à l'égard de la communion Pafchale,
, qui le doit taire tous les ans dans l'Eglife Latine, cela eft fingulier à cette
Eglife.
„ En fixième lieu. Caucus n'attribue rien aux Grecs, pour ce qui eft du
mariage, qu'ils ne foûtiennent avec opiniâtreté, & qu'ils ne prétendent être
conforme au Nouveau Teftament, aux Peres, au Droit Canon Oriental,
Se aux Ordonnances des Empereurs. Ils difent qu'il n'y a rien de plus clait
que ces paroles de l'Evangile, (a) §luiconpe répudiera fa femme, finon pour
cas dadultère, ^ tti époufira une autre, ammet adultère. Il eft donc
manifefte, difent ils, que l'Evangile permet de rompre le mariage dans le
cas allégué; & ne s'en rapportant pas là-delfus à l'autliorité de St. Auguftin
& de quelques autres Peres Latins, ils affûtent que les Peres Grecs n'ont
point autrement expliqué ce paflage, & de plus, que toute l'Eghfe Orientale
convient en cela avec la Grecque. Il eft même aifé de prouver par Içs
Hiftoires du Concile de Florence & (h") du Concile de Trente, que toute
l'Eglife Grecque eft dans cet ufâge. Ce fut pour cette raifon.que les Ambafladeurs
de Venife préfenterent leur requête au Concile de Trente, afin
qu'on ttouv.ât quelque temperament au Canon que l'on étoit prêt de publier
contre ceux qui dilbient, que l'adultere rompoit le mariage. Et ce qui fàifoit
agir la Republique de Venilè en cette adion, étoit qu'elle avoit dans
fa dépendance les Grecs de Candie, de Cypre, de Corfou, de Zante &c
de quelques autres lieux, qui étoient dans cet ufâge contraire à celui que le
le Concile vouloit condamner. En effet, l'on donna fâtisfaftion à ces Ambaffadeurs,
parce que leurs raifons furent trouvées bonnes, comme le Cardinal
Palavicini en demeure d'accord dans fon Hiftoite du Concile. Il eft
pourtant vrai, que les Grecs rompent trop facilement leurs mariages. Se
non feulement dans le cas d'adultere ; mais ils prétendent encore fe conformer
en cela aux Loix Canoniques & Civiles, qu'on devroit moderer,parce
qu'ils fe font trop émancipés. Mais Caucus n'ayant fait mention que du
cas d'.idultere, lèmble avoir été trop retenu, d'autant qu'il pouvoir rapporter
pltificurs autres cas de moindre importance, où les Grecs ne font
, point fcrupule de rompre leur mariage.
„ tn feptième lieu, l'on ne doit pas trouver étrange, que les Grecs ne
, mangent point de viandes étouffées, de fang, & d'autres chofès qui ne font
pas feulement dcffenducs dans le Vieux "Teftament, mais même dans le
Nouveau, comme il paroîr des Ades des Apôtres : ce qui n'eft point fingulier
aux Grecs de Corfou. Tous les Orientaux ont généralement confervé
cet ufage, & il n'y a pas fort long-tems qu'il eft entièrement aboli
dans tout l'Occident.
„ En huitième lieu, pour ce qui eft de l'article qui regarde la Primauté de
Rome, il y a lieu de s'étonner, que Leo Allatius fe foit II fort emporté làdeffus
contre Caucus, comme s'il étoit le plus grand importent du monde.
Il n'eft que trop vrai, que les Grecs qui ne font point latinifés, ic même
tout le refte des Orientaux, ne reconnoiffent point aujourd'hui cette Primatie
de Rome fut les autres Patriarches, de la maniéré qu'elle eft reconnue
„ dans
(.1) Jliittih. 19. 9.
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