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1 2 2 II. D I S S E R T A T I O N S U R LA
mariages paflîigers, & par d'autres infidélités réciproques, quelquefois même
autorifécs, fi l'on peut le dire, pat le confentement inutuel des femmes & des
jnaris.
M ; A tous ces u&ges il faudroit joindre ceux dont Ricaat nous parle encore -, de
bercer enfemble les mariés, de les lier l'un à l'autre avec une jarretiere. Dans
les endroits de la Grece, oii les deux fexes ont plus de commerce enfemble, il
fe fait des parties de pkifir, des amourettes Bc des infidélités, que les metcs
vangereflès de l'honneur de leurs filles punillènt, dit-on, par un nouement d'aiguillette.
(a) Pour {è retrouver foi même, & {cntir ce que l'on doit erre auprès
d'une femme, il faut avoir recours à celle qui a fait le mal, 8c s'en faire denoiier
à force d'argent.
Je viens à ï'Euchelaion, c'eft-à-dire, huile de priere, ou plutôt huile auec priere.
Cell ainfi que les Grecs appellent leur Extrême Onftion. Selon (h) Toimefort,
les Moines de Mmtefmto, avares & limoniaques comme tous les Ecclefiaftiques
Grecs, autant par cette corruption inveterée, qui n'a épargné ni le Sanctuaire,
ni fes miniilres, que par la mifere & la profonde ignorance du peuple
& de fes Dofteurs; ces moines, dis-;e, „courent la Grece, & même la Mof^
„ covie pour vendre cette huile. Ils vont dans les maifôns entendre les con-
„ fefïions & donnent l'Extrême onélion, mèm aux perfonnes qui Ce portent
„ parfaitement bien. Ils oignent l'épine du dos du pénitent pour chaque pe-
3, ché qu'il déclare, bien entendu qu'ils ne perdent ni leur huile, ni leur pei-
„ ne. La moindre onéMon ell: d'un ecu: celle qui fe fait pour le péché de la
„ chair efl; la plus cherc. . . . Ceux qui appliquent cette oniftion le plus re-
„ gulierement (ê fervent d'huile fâcrée, & prononcent à chaque fois ces paroles
„ du Pfeaume l i j . le jileî a été hrifé, vous a'vms éïé deliurés". Un peu
plus bas il ajoute, „ que les Grecs confèrent plus fouvent l'Extrême Ontflioiî
„ aux perfonnes en fânté qu'aux malades, A ceux ci ils ne gr.aiflenc que le
„ front, les joues, le menton & les mains avec de l'huile commune, qui n'a
„ pas été benie. Enfuite ils barbouillent avec la même liqueur toutes les cham-
,, bres de la maifôn en recitant des oraifôns, & tracent avec la même huile
„ de grandes croix fur les murailles & fur les portes, tandis qu'on chante le
„ Pfeaume 50 ".
Par-tout ce récit il paroit r. que l'onélion fè Bit aux pénitens & aux pécheurs
coupables de quelque péché mortel i . qu'elle fê fait aufli aux malades,
aux perfonnes languillàntes, & aux mourans. Peut-être que celle-ci ne reffemblc
à l'autre onûion que par la matière. L'Evêque, ou l'Archevêque, affifté de
fepc (t) Prêtres adminiftre cette Extrême Onftion, qui commence par une
priere. L'autre oniftion s'appelle auffi chez les Grecs Apomurm. Ils drent l'origine
de cet Afonmron de la parabole du Samaritain, & pour rendre la conformité
plus parfaite, ils mêlent du vin à l'Afmumi, (d) parce que le Samaritain
employa de l'huile & du vin à la compofition, dont il fe fêrvit pour la gucrifon
du voyageur bleffé par les brigans.
Avant que de marquer les différences qui fe trouvent entre les Grecs & les
Latins dans la maniéré d'adminillrer l'Extrême O n d i o n , je décrirai quelques u-
(àges
(a) Non intelligo me vimm efe, m» fe/itio, dit un mari w«f dans Pecrone in Sai^r.
(é) ToHrnefort f^oyages & c . Lettre 5.
CO C ' e f t la regie: mais fouvent il y en a moins de fept, & quelquefois auflî il n ' y en 3 q u ' u n,
quoiqu'il devrait y en avoir au moins trois. Ce n'ell: pas non plus une regie indifpenfable que TEvêque
a f f i f t e à cette Extrême O n d i o n.
(«0 s . L u c Cliap. X.
^ R E L I G I O N D E S G R E C S . 123
figes qui appartiennent particulièrement aux deux onâions des Grecs. L'Archevêque,
ou en fa place l'tvêque, conlâcre le Mercredi faint l'huile de l'oncSion
pour toute l'année, (a) Le jeudi faint le Patriarche ou l'Evêque adminiftre
l'ondion en public à tous les fidelles. C'eft l'Oeconome qui fait l'onition au
Prélat, & le Prélat l'adminiftre enfuite à tous les fidelles. On fait remonter
cet ufage autcms de S. Jean Damafcene. Les Grecs vont plus loin encore. Ils
oignent les morts prefque avec les mêmes ceremonies que les vivans. Sept Prêtres
font cette ondion. Chacun d'eux prend un papier imbibé d'huile & l'allume,
comme pour purifier par cette efpèce de facrifice l'ame du défunt, 8c la
délivrer des peines qu'elle a mérité. Il faut regarder cet ufage fuperftitieux,
comme un refte des luftrations du Paganifme. On attribue même aux Grecs
de croire que l'onaion des morts a fauvé des gens de la damnation éternelle,
& c'eft de cette maniéré qu'ils raccontent que Trajan & un certain Theopliile
Jonoclafte ont été fauves.
. Les autres chofcs particulières dans l'ondion & l'Extrême Onflion des Grecs
Ibnt, que le Prêtre,après avoir plongé dans les faintes huiles le coton, dont-il
fe fert, qui eft attaché au bout d'un bâton, oint le pénitent ou le malade en
forme de croix fur le front, fur le menton, fur chaque joue, fur le delfus 8c
dans les paumes des mains. .Après quoi il prononce une courte priere. Les fept
Prêtres, s'il y en a fept prefens à la ceremonie, oignent tous le malade l'un après
l'autre :1e plus diftmgué des fept met l'Evangile fur la tête de celui qui reçoit
l'onélion, pendant que les autres ont les mains pofées fur lui.
De ces ufages je paftè aux differences que l'on a remarquées entre l'ondlion
des Latins & celle des Grecs. Je ne dis rien des differences dans les prieres,
ni des vaines objeftions que l'on fait fur le nom de Sacrement, donné à l'Extrême
Ondion par les Latins, & fur celui de mjfire que les Grecs lui attribuent,
de même, qu'aux autres Sacremens de l'Eglilè d'Occident. Les Proteftans
ont fait quelque cas de cette difference, qui à la rigueur ne confifteroit
tout au plus que dans une fàuffe application des noms. Voici donc les véritables
differences. Chez les Latins une feule perfonne fùfKt pour adminiftrer
l'Extrême Ondion ; chez les Grecs l'oncftion efl irreguliere, fî tout au moins
elle n'eft faite par trois Miniftres de l'Eghfe. Le Ceremonial Latin veut qu'il
appartienne au feul Evêque de conlâcrer l'huile ; chez les Grecs les Prêtres la
confacrent auffi. Outre la différence (h) dans l'onaion des parties du corps du
malade, les Grecs ont la coutume d'oindre aulfi toute la maifon, en faifanten
même tems beaucoup de fîgnes de croix.
De l'Extrême Ondion je viens aux Ceremonies fùnebres. La tranfition efl
dans l'ordre; & quoique le fidelle malade rappelle plus d'une fois de la premiere
, il eft toujours vrai que l'Extrême Oncïtion a pour but de cruerir les infirmités
de l'ame fidelle plus capables de l'affliger dans les fuites incertaines de
la maladie, que dans la tranquilité de la lânté, oii l'efprit fe donne fi rarement
le loifîr de regarder vers l'avenir. L'Extrême Ondion a auffi pour but de
confoler les Chrétiens dans les fouffrances du corps, & de tourner fes elperances
vers l'éternité. J'en dirois bien dav.intage, mais il ne s'agit pas ici de dépouiller
les prieres des Euchologes Se des Rituels. Je reviens donc aux Ceremonies
qui .iccompagnent l'agonie du mourant, & les premiers momens qui fuivent
(«) Le P. Gonr, in Eiicbola^.
( i ) Les Latins oignent les y e u x , les oreilles, les narines, la b o u c t e . l e s inains,les pieds & les reias.
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