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„ litain delà main du Patriarche des Copines, mépnûnt l'Eglifc Romaine, &
„ maltraitant même les Portugais qui étoient demeurés dans leur pais, fans a-
„ voir égard aux grands fervices qu'ils leur avoient rendus, (a) Alexis Mene-
„ fcs, dont nous avons parlé ci-delTus, crut être obligé de faire tous fes efforts
„ pour reunir ces Peuples avec l'Eglife Romaine, & ayant pris la qualité de
„ Primat des Indes, il precendoit étendre û jurifdiftion jufques dans l'Ethiopie.
„ C'eft pourquoi il y envoya des Millionnaires avec des lettres pour les Portu-
„ gais qui étoient en ce païs-là, & il écrivit en même tems au Métropolitain
„ des Abyllms, qu'il cxhortoit fortement de fe foumettre à l'Eglife Romaine.
„ Il ajouta de plus, qu'il ne devoir pas faire difficulté d'obéir à cette Egli-
„ fe, puifque le Patriarche des Cophtes s'y étoit depuis peu foumis avec tou-
„ ce fon Eglife; ce qu'il prouvoit par les Aftes mêmes de la Legation de cc
„ Patriarche, de la maniéré qu'ils font inférés à la fin du V. Tome des Anna-
„ les de Baronius, dont il lui envoya une copie. Mais il ne favoit pas que la
„ Cour de Rome avoir été furprife en cela, & que Baronius avoir publie trop
„ facilement ces Afles fous le nom du vcnrable Patriarche d'Alexandrie ôc de
„ l'Eglife des Cophtes.
„ Au rette l'on doit remarquer, que Menefés & pludeurs autres fe font
„ trompes, quand ils ont accufé les Ethiopiens de judaïfer en leurs ccremo-
„ nies, parce qu'il s'en rrouvoit parmi eux quelques-uns qui obfervoient {b} la
„ Circoncifîon, (c) qu'ils celebrent de plus le Samedi aulfi bien que le Di-
„ manche, & qu'ils s'abfHennenr de [il] manger du fàng & des viandes e-
„ toulKcs. La Circoncifîon des Ethiopiens ell différente de celle des J u i f s,
„ qui la regardent comme un prccepte ; au lieu que les premiers ne la confi-
„ derent que comme une coutume qui n'appartient point à la Religion : &
„ même l'on circoncit parmi eux (() les femmes. Ce qui me fait croire, que
„ cet ancien ufage des Abyffins n'a été introduit parmi eux, que pour rendre
„ les parties qu'on circoncit plus propres à la generation. A l'égard du Same-
„ di & des viandes éroufees, cela n'eft point fingulicr aux Abyffins : toute
„ l'Eglife Orientale ell dans la même pratique, (ans qu'on la piiiflé acculer
„ pour cela de judaifer, puifque le Samedi, felon les .anciens Canons, cftauifi
„ bien un jour de fête que le Dimanche. Et pour ce qui efl de ne point man-
„ gerdefang, ni de viandes étoufees, c'eft un règlement du nouveau Tcila
„ ment, qm a même été en ufage dans l'Eglife Occidentale, (ƒ) L'on coiv
w ^Itx. Mtnif, mf. Orim. "
(h Cependant feloa k rapport dequelquesRcWoM ,Ies Abyffin, difent qu'lls veulent £lrc circonch
parce qj,e J . C. l'a ete. On ajoute qu'après qu'on eut eblTé le, Millionnaire., on fit circoneire "e" x
qw ne 1 avojentpas eteencore. Cela montre auiuoin, quelaCirconcifioneftde.enuechcEles AijïlTmsune
pr.mque de Retoon, quo,q.|e S r ™ , < & le P. s«,,, croyent le contraire. J'ajoute ici que fuivant la
mdition des Abyirins, leu„ Rois defcendent de Salomon par la Reine de Seba. a » cette Tradition
fo,t vrayeoit fauDé on ne do,t pa, ctre furpris de trouver des Pratiques Judaïques dans la Re&.on
de ces Peuples. Voy. Dfinat. de l'Abbi! l, fur les y „ s du p. L,t„ °
- M Ils fanaficjat le Samedi par b celebration du c'ed-à-dire, du Sacrifice Et,chariftique, &
1 ^ T le% r « ' Sr™ '^P"»"«'!"«- M " " i k dittinguent le Sanurdi duDiv
i a ' n l s Ï f r n d r Ç H a ^ W r j Ê ' ' ' '' "
Ce) Pour la propreté, dir-on , 5rc.
(ƒ) Voici quel,^ autres pratiques, où les Abydîns judaïfent. l e frere ipoiife la femme de Ton
frère les hommes s'abftiennent d'aller . l'Eglife après les devoirs du mariage, & les femmes d.ins l"
Kms de leur maladie periodlqne. (Cependant ces ufages pourroient auffi bien ven& du Paganifmc que du ludaifme.)
Apres te couches le femmes font quarante |„urs à fe purifier pour un garçon q iatre vint
pour une fi le. Ils jeunent trois fois dans le mois de Février en melioirc du icune de, Ninivitc. •
XmTppLhTbe'roTi'c'eM Ss
R E L I G I O N DES G R E C S . 199
„ clurra de cette derniere remarque, que le Jefuite Roderic ne devoit p.is nnc
„ prelfer les Cophtes dans la conférence qu'il eut avec eux, de quitter routes
„ ces cercmonies; & de plus, que les Cophtes ne lui parlèrent pas lincerc-
„ ment, quand ils lui dirent qu'ils étoient perfiiadés qu'ils erroient dans les
„ fentimens où ils étoient touchant la repudiation des femmes, dans la Cir-
„ concilion des enfins & dans l'abftinence des viandes étouffées. Outre ces
„ remarques Ibn prendra encore garde, qu'on attribue aux mêmes Abyffins
„ plufieurs-chofes qui font éloignées de leur créance. Par exemple, on pré-
„ tend qu ils conviennent avec les Latins touchant la Proceffiion du St. Efprit :
., ce que l'on confirme p.irles Liturgies Ethiopiennes imprimées .a Rome, où
il eft dit que le St. Efprit procédé du Pere & du Fils. Mais il ne faut cas
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" "j ' " ° imprime a Rome : car il efl cert.iin que les A-
„ byftins ne different point du refte des Orientaux dans l'article de la proces-
„ fion du St. Efprit.
„ L'on ne doit p.is de plus ajouter foi à tout ce que Thomas de Tefu a c^
„ cm touchant la créance des mêmes Abyffins; & je ne trouve pas même que
„ les aftcs qu'il a inférés dans (a) fon livre touchant la créance des Abyffins
„ foienc toujours véritables, quoi que la Profeffion de Foi qn'il produit vien-
„ nede Tecla Prêtre Abyffin : car il ell dit expreffément, que le St. Efpric
„ procédé du Pere & du Fils : ce qui efl néanmoins faux. Il eft auffi obfer-
„ ve que les Abyffins croyent que la Tranfubllantiation du pain & du vm
j , e fait lors que le Prêtre prononce les paroles, où les Latins font confilfer
„ la conlecration. Il efl cependant certain, que la Liturgie des Etluopiens eft
„ en cela conforme à toutes les autres Liturgies Orientales, ôc que la confécra-
J, non ne fe fair, felon leur fentiment , que quand le Prêtre invoque le Sr
„ Efprit dans une prière particulière, qui fè trouve dans toutes les Meffes des
„ Nations du Levant. ^ J e p . i f f c fous fifence plufieurs autres points qui ne font
„ pas tout-a-faïc bien énoncés felon la créance des Aby/fins , (J) principale-
„ ment ceux qui regardent les Sacremens. Mais il eff: aifé de corrioer ces
„ erreurs fur ce que nous avons déjà dit ci-delTus en parlant des autres Nations
„ Orientales, fins qu'il foit befbin de nous arrêter davantage fur ce fujer: & il
„ fera facile, en fuivant cette méthode, de reformer ce que Brerewod a rappor-
„ té fur la bonne foi de ces Auteurs.
(Les Abyflins font entièrement dépendans du Patriarche d'Alexandrie Ce
Patriarche choifit Sç confacre à là volonté le Métropolitain d'Abyffmie 'm Se
c'efl pour cela que dans les prières les Prêtres Abyffins nomment le Patriarche
d'Alexandrie devant le Métropolitain , qui après fon cledion eft tou^
jours refponfable de fa condmte & de fbn miniflere à ce Patriarche. Ce Métropolitain
ne peut être Abyffin, il ne peut ni foire , ni établir d'utres Merropolitains.
Ainfi quoi qu'il ait l'honneur d'être nommé Patriarche, il n'en
a pas l'autorité. Cependant il donne feul les difpenfes, & poffede des revenus
confidcrables, qui ne doivent prefqu'aucune redevance au Souverain de
l'Etat.
Ce Patriarche connu en Abyffmie fous le nom d ' ^ h m , ainfi qu'on l'a déja
(.<) rhm. k J,p,.
ib) Voy. ci-après.
(c) Voy. Brercwood RecKerches &c. & le P. fe Brun Liturgies &c Tome II
k & J U f a -Oir™«™ l'Abbé
D d d 1